Gratiano ne prononça pas le moindre mot, laissant ses aînés décider, et Bronto prendre le devant des questions. Toute cette histoire l'inquiétait sans qu'il n'en laissa rien paraître, on leur confiait des taches qui réclamaient de s'afficher ostensiblement, ce qui sous-tendait que sans eux, il n'y avait personne pour le faire, et donc que le baron manquait de soutiens réels et fiables. À moins qu'il ait d'autres idées en tête en procédant ainsi? Y avait t'il un réel risque de révolte? Gratiano avait étudié beaucoup de choses à l'Autoritas mais pas comment mater une rébellion de manière docile. Lui qui était d'un naturel aux antipodes de Bronto serait capable de désirer autant de morts face à une indiscipline si arrogante venant des manants ou, pire, de nobles et autres gens plus cultivés, qui n'avaient aucune excuse.

L'ombre derrière le paravent changeât légèrement de place et répondit à Bronto.
« J'imagine que certain lui resterons fidèles, cela fait maintenant plusieurs années que Staelish est shérif et elle a su s'entourer d'adjoint en qui elle avait confiance. Mais les temps changent. Le Baron comprend qu'il a laissé trop de liberté à ses concitoyens et à sa shérif il lui faut désormais en ces temps qui se troublent savoir séparer le bon grain de l’ivraie. Bien sûr le Baron a ses hommes à lui, mais quoi de plus efficace que de donner à des étrangers les pouvoirs de police ? Cela fera certainement réagir et étant nouveau ici, vous ne serez pas gêné par les liens tissés au fils des années avec les gens d'ici. » La tête tourna avec lenteur vers Cimri avant que Razelago ne continue « J'ai confiance en Cimri et je sais qu'elle saura faire le bon choix en se qui concerne sa tante, mais, c'est dans la nature de chacun, de vouloir protéger à minima ceux de sa famille.  » la silhouette se repositionna comme pour mieux embrasser l'ensemble du groupe « C'est valable pour vous. Mais ici, vous n'aurez pas ces sentiments et le baron a besoin de fermeté et de loyauté. Deux choses dont vous ne semblez pas dépourvu. J'attends donc beaucoup de vous. N'échouez pas dans cette tâche qui vous est confié et n'hésitez pas à répondre à ceux qui vous défient avec toute l'autorité que ces écharpes vous confèrent. »

Ils allaient donc devoir mater une rébellion, si le mot n'avait pas été prononcé il flottait dans les airs derrière chacun des mots de Razelago. Et ils avaient un blanc seing pour agir comme ils le souhaitaient du moment qu'ils agissaient avec, comment avait-il dit cela déjà ? Fermeté et loyauté.
La fermeté ne serait pas difficile, quant à la loyauté, s'ils n'avaient pas encore eu l'occasion de la mettre en épreuve, la loyauté s'obtenait, elle ne s'exigeait pas. Pour l'instant, ils n'avaient même pas encore vu l'arch-baron.

Voyant Renzo hocher la tête discrètement, elle regarda Gratiano puis Bronto, les invitant à parler s'ils le souhaitaient avant de prendre congés de leur hôte.

« Il en sera donc fait comme vous le désirez, mais espérons que les villageois comprennent où est leur intérêt. »
Le sourire qu'elle arborait contredisait son discours, elle avait envie d'en découdre, elle avait envie que sa famille fasse ses preuves et que l'arch-baron soit obligé de les recevoir.

Gratiano fit une révérence courte à leur donneur d'ordres avant de prendre la suite de ses Aînés avec Bronto. Il était partagé, l'occasion était belle, mais les circonstances étranges. Ils devraient faire la police, à quatre ... . Il faudrait permettre à sa famille de se défouler, tout en tempérant leurs ardeurs, glorifier la famille sans trop renier celle de leur commanditaire ... un fragile équilibre se dessiner devant leur avenir. Il regardait sa main gauche, à travers son gant. Oui, il n'échouerait plus, l'ordre serait maintenu.

Il attendit la réponse de Cimri à la question de Bronto, essayant de voir en elle si sa réponse était sincère, à défaut d'être avenir : il n'est pas rare de se convaincre qu'on ferait une chose pour finir par en faire une autre le moment venu.

Modifié par un utilisateur mercredi 30 novembre 2016 14:30:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lorenzo prit les décrets et les roula de nouveau avec toutes les précautions nécessaires pour qu'ils restent intacts. Il demanda à Cimri si elle pouvait également lui fournir un étui à parchemin afin de faciliter leur transport sans qu'ils ne s'abiment, puis acquiesça à sa proposition. Commencer par fermer les portes était la chose la plus prudente à faire.

« La porte du château, puis la prison me semblent être les endroits les plus stratégiques pour éviter tout débordement dans un premier temps. La place de l'église devrait être plus calme maintenant que le discours est passé. La taverne, en revanche, me semble être un lieu à risque. »

Il se tourna vers Cimri. « Quant à ta tante... Où penses-tu qu'elle se trouve en cours de matinée ? Il se peut que nous devions nous y rendre en premier, si nous voulons bénéficier de l'effet de surprise. Il se peut que si elle voit les décrets avant que nous allions la voir, elle comprenne et se prépare à nous recevoir... »

Lorenzo regarda sa sœur, un sourire carnassier aux lèvres. « Oh mais elle ne va pas s'opposer à nous, chère sœur ! Elle va même se faire un plaisir de nous aider ! » Il laissa planer deux secondes de silence après sa déclaration, afin de ménager son petit effet.

Il finit par reprendre. « Je vous propose qu'on aille la voir en premier, et que nous lui demandions de nous accompagner pour l'affichage, "au cas où des citoyens soient récalcitrants". Nous lui présenterons le dernier décret, celui la concernant, tout à la fin. Ainsi, vu qu'elle sera avec nous, elle n'aura ni l'occasion de prévenir qui que ce soit de ses soupçons - car elle en aura sûrement - ni le temps de se préparer. Et par la même occasion, on évite les conflits avec la population avant la passation de pouvoir. »

Il regarda l'assemblée, s'arrêtant un peu plus longtemps sur Cimri. « Qu'en pensez-vous ? »

« Dom... Euh, oui c'est une bonne idée ! En plus, si on se fait bien voir, les gens sauront qu'elle était plus ou moins de connivence avec nous. »

Si ce que proposait Lorenzo fonctionnait, ils allaient minimiser les réactions virulentes. Bronto espérait quand même quelques ratés. Surtout si cela pouvait venir des jumeaux de la pouffiasse aux discours suaves. Le barbare se prit à attendre le jour où il entendrait craquer les os de ces deux probables paladins suivi des pleurs de leur mère. Cela lui apprendrait à servir la déesse intérimaire d'un disparu !

Modifié par un utilisateur vendredi 2 décembre 2016 10:03:23(UTC)  | Raison: Non indiquée

« J'suis pas sûr qu'ma présence apport' d'la sérénité à ma tante... Mais c'est un bon plan Lorenzo ! Super idée qu't'as là ! Elle va en faire une gueule la vioque, hehe. » dit-elle en souriant de toute ses dents à la proposition du jeune noble.
« Allons y ! » Dit une Cimri ragaillardie.




La porte ouest de Longacre dépareille dans l'enceinte de bois de la cité. Elle se dresse là, comme si une main géante l'avait déplacé d'une forteresse bravant les hordes barbares de manière journalière pour la déposer au milieu d'une route de campagne. Une paire de large porte en bois abîmée par les éléments s'ouvrait pour laisser le passage à travers la fortification de pierre.
La Porte du Château comme elle communément appelée aurait pu présenter une réelle défense si elle n'était pas la seule protection de pierre de la ville. Telle qu'elle était placée, elle tenait plus du rocher moussu posé au milieu d'une vieille palissade de bois entourant la cité qu'à une porte de forteresse.
Pour la majorité des résidents de Longacre cependant, cette Porte était le symbole de l'esprit de détermination et de courage de leur ville.


Arrivée devant la Porte, Cimri repris la parole.
« J'vais aller voir Bo et Dent. Qui viens avec moi ? »

Cimri s'arrêta aux paroles de Lorenzo.
« Ben c'est eux qui s'occupent d'la porte. C'est un peu les gardiens quoi.
Mais on est pas obligé d'aller les voir, mais comme c'est des vieux j'préférai les prév'nir avant. Mais si vous voulez passer voir ma tante en premier, ça peut attendre.  »
Répondit-elle.

Le petit groupe traversa le village, ses rues étaient désertes sauf pour les ouvriers qui partaient aux champs. Ils les évitait soigneusement.
Guidés par Cimri ils mirent peu de temps à atteindre la prison. Le bâtiment était fait de pierre, avec ses fenêtres barrées et sa forme presque carrée il ressemblait presque à une petite forteresse. Au dessus de la porte, entouré de fer à cheval était accroché une pancarte annonçant "Prison". A l'extérieur, sur la place, juste devant le prison se dressait deux piloris, pour l'instant vide.

Le bruit de conversations se faisait entendre depuis l'intérieur et l'odeur de café chaud se faisait sentir en s'approchant de la porte.

« C'est là. » Commenta la jeune femme, n'osant pas rentrer.