Le nain avait également réagit sur la façon de prononcer le nom de Grem Tessanou. Effectivement cela semblait étrange mais il ne connaissait pas l'homme ni sa façon de s'exprimer ni même si à travers la mort la perception des choses n'en était pas déformée. Il chercha tout de même dans ses souvenirs si cela lui rappelait quelque chose de particulier. Après cela pouvait être un anagramme, les dires du mort prenait alors tout leurs sens : « J'ai remis de l'ordre dans Grem Tessanou, il y a peu être là-dedans un jeu avec les mots à trouver ? »

Il avait répondu ses mots dans un murmure comme Fergus l'avait lui-même fait mais pas forcément dans sa direction de manière aussi à ce que Kar'Uz qui se trouvait également proche puisse entendre aussi. « Si vous pensez que c'est une bonne piste peut-être pourrions nous orienter la question suivante dans ce sens mais il vaudrait mieux trouver par nous même pour ne pas gâcher une question en trouvant un nom que nous connaissons déjà ! »

La Maréchale secoua la tête puis leva les épaules d'un geste las. C'était peut-être la relative obscurité de cette crypte, mais les ombres sur son visage semblaient accentuer les indices de la fatigue qui l'affligeait. La Maréchale mit un moment avant de répondre.

« Je… je ne sais pas. Plus nous avançons dans cette histoire et moins je me dis que nous trouverons jamais une preuve vraiment utilisable. Je déteste cela mais nous allons peut-être devoir prendre des risques et… des initiatives que la Garde ne pourrait normalement pas se permettre. »

Visiblement, la Maréchale n'avait aucune envie de trancher…

Kar'Uz avait regardé avec intérêt le rituel du prêtre. Puis la première question fut posée et la réponse était pour le moins déconcertante. Du coup il devenait difficile de savoir exactement à qui il avait eu affaire. Ce qui était certain, c'est qu'il les avait identifié, ce qui signifiait que leur identité pouvait leur nuire et était une preuve quant à leurs activités malfaisantes. De toutes façons il allait falloir jeter un coup d’œil à ces souterrains de la contrebande qui passaient sous l’entrepôt, là ils auraient probablement là une adversité de taille et ils pourraient récolter d'autres preuves s'il en fallait.

Abbaêr sursauta soudain, comme si une illumination venait de le frapper. Le nain chauve avait probablement résolu l'énigme de l'administrateur défunt. Le shoanti attendit de voir comment il allait formuler sa prochaine question, sommes toutes perspicace. Pour Kar'Uz, ce mystère là était à ranger parmis les énigmes du Corbeau dont les éclaircissements se faisaient une fois devant le fait avéré. Il détestait toujours autant les énigmes...

Grigan, après les événements du Manoir Carrowyn, était tombé dans une sorte de catatonie brumeuse, suites peut-être de sa brave blessure, de la chute d'adrénaline qui avait suivi le terribles combat qu'ils avaient menés et la terrible déception de n'avoir pas retrouvé le jeune Varisien. Même s'il ne figurait pas parmi les victimes du manoir, son absence laissait ouvertes bien des hypothèses, dont aucune n'augurait quoique que ce soit de bon pour lui.

C'est donc dans un état second, qu'il avait suivi ses compagnons jusqu'à la forteresse et sa salle souterraine où ils avaient retrouvé la Maréchale et un jeune prêtre.

L'interrogatoire du cadavre ne semblait en aucune manière l'intéresser, et il ne semblait même pas avoir entendu la Maréchale lorsqu'elle s'était adressé à lui.

Restant légèrement en arrière, il s'était simplement assis sur les dernières marches et se tenait appuyé contre le mur, perdu dans ses pensées, noires, proches du néant.

Vu que personne d'autre n'avait réagi, Arlandeth posa la question qui lui brûlait le bout des lèvres : qu'est-ce que Steegles avait bien pu cacher dans sa manne à linges, qui avait été visiblement retournée par l'assassin ? Une nouvelle fois, la voix d'outre-tombe résonna dans la gorge immobile du cadavre. Et la réponse qu'elle donna fut plutôt courte et peu révélatrice : « Rien. Rien de particulier. »

Puis le corps redevint muet.

Théobald avait entendu parler des Mantes Rouges, comme un peu tout le monde. C'était un de ces sujets mêlant vérité et mythe à un tel point qu'il était difficile de distinguer ce qui était réel de ce qui n'était que légende et exagérations. On disait qu'il s'agissait de terribles assassins à la disposition de tous, et que les meilleurs de ces assassins connaissaient même des secrets permettant de mettre un terme définitif à la vie de quelqu'un, de telle sorte qu'aucune résurrection et qu'aucun rappel à la vie ne soit possible.

Uktar savait également que, chez les Mantes Rouges, tous (ou la plupart ? ou certains seulement ?) les assassins utilisaient une arme bien particulier, un sabre à lame très fine et dentelée, une forme qui n'était pas sans rappeler la forme d'une patte de mante.

« Je n'y vois pas d'inconvénient ! » Dit Abbaër en pensant parler au nom du groupe. « En ces temps de troubles la folie gagne vite les hommes et il n'y a plus que les dieux comme Pharasma, Iomédaé ou Sarenraé et leurs représentants pour leur rappeler les valeurs morales qui nous permettent de vivre en société. » En citant le nom des dieux, le nain fit un léger hochement de tête respectivement vers Kar'Uz, Théobald et son interlocuteur le jeune Arlandeth. L'homme était direct et disait les choses comme il le sentait, en plus du regard que la Fleur de l'Aube apporterait au groupe par l'intermédiaire de son disciple, ses qualités de lanceurs de sort divin et le respect qu'imposait naturellement sa fonction, les qualités de l'homme seraient un plus dans leur lutte contre le mal.

« Reste à interroger l'elfe que nous avons amené, je pense qu'il y a des chances que cette folle en sache beaucoup plus et se soit retrouvé au plus prêt de nos ennemis dans leur antre. Selon les informations obtenues je pense Maréchale que vous serez à même de prendre la décision qui convient et envoyer les membres de la garde dans ce bâtiment. Je sais que ce choix peut vous poser problème si nous ne trouvons rien et je pense que nous sommes en mesure de nous introduire dans l'hospice discrètement pour ramener des preuves indiscutables. »

Satisfait de l'issue de l'interrogatoire, le chamane Corbeau s'intéressait surtout au respect du mort et de son âme. Les réponses seraient de toutes façons décortiquées par Abbaër, donc Kar'Uz ne se préoccupait guère de la dernière réponse, pourtant décevante. La mention des Mantes Rouges ne lui faisait pas froid dans le dos. Tout ce qu'il en savait était ce que le groupe de héros auquel il s'était joint, lui avait raconté. Un groupe de héros... Il ne restait plus qu'Abbaër, Grigàn et Horiadoc. Les autres étaient partis, dont Maéva qu'il n'avait pu retenir à ses côtés... Le souvenir de la pâle demi-elfe rendit ses yeux quelque peu humides. Tout avait une fin, c'était dans les préceptes fondamentaux de la Dame des Tombes, lui qui n'était pas religieux mais simple acteur dans les rouages complexes de la mort le savait autant que quiconque. Son amour avait dépérit presque aussi vite qu'il s'était enflammé. Il en était ainsi de toutes choses, certains mettaient plus de temps à s'en rendre compte.

C'était comme ce fléau qui frappait Korvosa. Il finirait pas péricliter avec le temps. Eux, ils n'étaient que les acteurs de cette énorme mascarade, ayant pour but de précipiter l'expiration de ce mal qui frappait la ville. Pour le moment la balance penchait en faveur de ces êtres malveillants et puissants, mais leur fin était déjà écrite et il ferait parti de ceux qui viendrait moissonner leurs âmes pour les guider vers l'Ossuaire de Pharasma et les présenter pour le jugement dernier. Il n'avait aucun doute quant à leur destination finale, ils iraient en bas et encore c'était un châtiment bien trop doux encore pour ceux qui répandent la mort-vivance, les maladies et les fléaux à tour de bras. Nul doute que tout un chacun doit mourir, mais eux il répandaient la mort dans la souffrance, comme si chacune de ces souffrance les abreuvait. Ça, il ne pouvait le tolérer. Ces Mantes Rouges étaient des moissonneurs, mais au moins ils ne faisaient pas souffrir. Ceux qui les avait payé pour le crime de ce prêtre si.

A la question d'intégrer le prêtre dans leur groupe, Kar'Uz releva la tête et le regarda de nouveau, sans ciller. Un prêtre oui, dans la lutte contre les maladies et les morts-vivants, ils étaient les mieux placés, sans compter les miracles qu'ils peuvent accomplir grâce à leurs soins. De toutes façons, Abbaër avait déjà décidé au nom de tous, comme d'habitude. D'un ton aussi accueillant que la mort venant faucher une âme - « Soyez le bienvenu. Je suis Kar'Uz, chamane Corbeau de Pharasma. » - Puis sans attendre de réponse, il sortit un peu de cendre mélangée à de la craie et commença à réciter les paroles des rites sacrés des anciens tout en dessinant des symboles mystiques avec son mélange sur le corps du prêtre défunt.

Modifié par un utilisateur dimanche 1 janvier 2012 09:08:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors que ces compagnons se présentaient les uns après les autres auprès du nouveau venu, Fergus, qui était resté à proximité d'Abbaër depuis sa dernière intervention, s'avança d'un pas décidé vers le prêtre. Il rencontrait enfin quelqu'un qui parlait le même langage que lui, celui de la recherche du bien-être des gens. Même si l'un et l'autre exerçaient leur art d'une manière différente - l'alchimiste avait travaillé dur sur la botanique alors que le prêtre avait été touché par la grâce de Sarenrae - Fergus était heureux de croiser un de ses collègues.

Tendant la main au jeune prêtre, il se présenta avec un franc sourire. « Mon nom est Fergus, Fergus Malibran. Je suis chirurgien de mon état et, si mon art diffère du votre par le moyen, nous oeuvrons tout deux pour la même cause. Je suis heureux de vous rencontrer et peut-être aurons-nous l'occasion chacun d'apprendre l'un de l'autre ? »

La Maréchale hocha la tête pour montrer son accord avec les paroles de Théobald. « Je vais en effet faire envoyer une escouade au manoir des Carrowyn de ce pas. Normalement… » — elle hésita — « si je suivais les consignes à la lettre, je devrais les faire accompagner de médecins de la Reine, vu que tout cela a à voir avec le Voile Sanglant mais… disons que dans ce cas, comme il n'y a plus que des morts sur place et que tous les vivants ont été guéris par magie, leur intervention ne sera pas nécessaire. »

Elle hocha de nouveau la tête, comme pour appuyer ce qu'elle venait de dire et ajouta « Oui, c'est mieux ainsi… les médecins de la Reine sont certainement très occupés à l'Hospice de la Sainte Dame et n'ont pas de temps à perdre avec ce genre d'affaires. Ils ont mieux à faire pour occuper leur temps. » C'était comme si la Maréchale tentait de trouver une explication, une justification, pour respecter la lettre des consignes qui lui avaient été données tout en évitant les implications qui ne lui plaisaient pas. Visiblement — et ce n'était pas du tout surprenant vu sa position et les coutumes hautement législatives de la ville de Korvosa —, la Maréchale était habituée à suivre les ordres, les lois et les consignes à la lettre… et c'était un combat intérieur de tout moment qui se déroulait en elle en cette période troublée.

Elle reprit la parole en se tournant vers Kar'Uz, comme pour avoir son approbation. « En fait, je vais envoyer une escouade à la Cathédrale de Pharasma ; des gardes chargés d'assurer la protection des prêtres qui s'occuperont des morts et d'éviter que le reste de la population ne s'aventure dans cette zone contaminée et potentiellement dangereuse. »

Elle observa ensuite les aventuriers et sembla se rendre compte, pour la première fois depuis leur arrivée, qu'ils étaient tous plutôt sales, couverts de taches de sang, et accompagnés d'une intense odeur de chair putréfiée. « Si vous le désirez, je peux vous faire préparer une salle où vous pourrez préparer cet interrogatoire, voire même vous débarbouiller un peu. Nous avons plusieurs dortoirs libres vu les… vu les défections et les malades parmi les rangs des gardes. »