Horm, qui pour sa part n'en était pas à sa première chope ce soir-là, saisit le sac. Il en vida la moitié sur la table avant de le refermer et de le tendre à Allister. D'un trait, il vida ce qu'il restait dans son verre puis, claqua des doigts en hurlant :

« AUBERGISTE! Remplis nos verres et ceux des autres jusqu'à concurrence de ce que tu vois sur cette table! »

Horm eut un instant un sourire narquois.

«  Alors buvons vite, ça fera toujours ça de pas perdu »

Puis, il éclata de rire, comme si sa blague en valait la peine.

Le lendemain matin, bien après que le soleil fade ait pointé ses timides rayons, Horm et Allister s’en allèrent Rue de la Saumure pour honorer leur contrat.

Le pêcheur édenté se tenait là, les bras croisés et l’air contrarié, sur le perron de son entrepôt.

« Heureusement, que vous ne chargez pas du poisson frais ! » lança-t-il sarcastique « … Enfin, avec 40 pièces d’argent, il ne fallait pas s’attendre… Pfff …. Suivez moi ! »

Il leur désigna un charriot couvert par une toile simple et fonctionnelle. A l’intérieur, douze barils sur lesquels on avait dessiné grossièrement à l’encre rouge un poisson.

L’attelage était composé d’un solide et unique poney à la robe rousse, que l’on avait nommé « Jolie Carotte », sans discernement, aucun…

« Vous irez à l’auberge du Repos du Voyageur, remontez la route pour les Falaises de Piren, vous serez arrivés avant de bifurquer à l’ouest de la forêt d’Arthfell. Vous pouvez laisser le chariot à Ostler, il me le renverra un de ces quatre matins.
Ma femme vous a préparé de quoi boire et manger pour le voyage.

Si vous n’avez plus de questions, hâtez-vous ! Merinwaite attend ! »



Vous récupérez : 1 charriot, 1 poney, 12 barils de harengs, 4 outres d’eau, assez de morue séchée pour le voyage aller.

Modifié par un utilisateur mardi 13 mars 2012 20:41:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Allister a revêtu un long manteau brun à capuche par dessus son surcot au couleur de son ordre, une cockatrice rouge sur champ d'or.

Le destrier qu'il tient par la bride a l'air aussi heureux que son cavalier de prendre la route de bon matin. Ou peut-être est-ce simplement qu'il croule sous le poids des armes et du matériel de voyage.
Toujours est-il qu'à cette charge déjà inacceptable vient s'ajouter un grand gaillard d'au moins 80 kilo, de surcroit en armure.

Le jeune chevalier éperonne sa monture pour qu'elle vienne se poster à hauteur de la charrette et de son poney, réprime un bâillement, et entame la chevauché les yeux mis-clos.

« Allez hop ! En avant Bertrand ! En route pour l'aventure ! », souffle-t-il à son fidèle compagnon.

On ne pouvait pas dire qu'il se passa énormément de choses palpitantes en ce premier jour de voyage. Jolie Carotte faisait de son mieux pour tirer le chargement odorant, la distance parcourue était tout à fait honorable. Non, ce qui était le plus désagréable c'était cette pluie qui n'en cessait pas, qui ruisselait sur la toile, collait, faisait éternuer, cette pluie qui semblait être intarissable.
Le crépuscule arriva et nos deux charretiers purent trouver un abri sous un gros chêne qui semblait se moquer des caprices météorologiques.
Le poney s'ébroua à plusieurs reprises et s'approcha de la chaleur du faible feu qu'ils arrivèrent à allumer. L'avantage de la morue séchée était sans doute qu'il ne fallait pas la faire cuire. Horm et Allister n'en étant qu'à leur deuxième repas de ce mets succulent, peut-être n'en étaient-ils pas encore lassés...
La nuit les entourait à présent, et seules les gouttes de pluies crépitant sur la cime du chêne emplissaient les environs.

Horm veilla au coin du feu, disposant des branches autours afin de les faire sécher pour pouvoir l'alimenter et espérer avoir plus de flamme que de fumée. Quand la nuit fut déjà partiellement écoulée, il s'installa sous le chariot pour dormir.

Horm s'extirpa, couvert de boue, de sous le chariot. Il avait mal dormi... très mal dormi. Maussade, il s'approche de Allister et le poussa du bout du pied pour le réveiller.

« Aller, on se magne... je suis en train de moisir sur place, et nos compagnons équins vont finir cannibales si ça continue... »

Alors que les deux hommes reprenaient leur route monotone, déjà usé par l’inintérêt du transport de harengs, la pluie, comme pour se moquer d'eux, refit son apparition.

Les goutes étaient froides, peu fréquentes mais lourdes, un véritable supplice pour les nerfs.

Il fallut à plusieurs reprises sortir Jolie Carotte de flaques de boues, la cadence ne fut pas aussi bonne que la veille.

Allister était trop occupé à ne pas conduire Bertrand sur une mauvaise trajectoire, ainsi ce fut Horm, qui conduisant le charriot et s'ennuyant en tentant de compter les nuages au dessus de leurs têtes qui aperçût un oiseau voler à bonne altitude, et curieusement de façon circulaire.

Une intuition impressionnante (un 20 nat !!!) plus tard et il reconnut un corbeau...

Le visage habituellement jovial du jeune homme s'assombrit soudain.

« La mort rôde dans ses bois... Je ferais bien d'aller jeter un œil sur les lieux du festin auquel se prépare le volatile !
M'attendras-tu auprès de notre poissonneux chargement ?
Ou bien penses-tu pouvoir manœuvrer l'attelage hors de la route ?  »

Allister opina du chef.

« Dis voir ? Tu penses que cela pourrait être notre chargement qui attire le corbeau ? »

En disant cela, il arma son arbalète et mis en place un carreau.