Øle Einar ne savait trop comment interpréter l'arrivé de l'étranger. Certes une paire de bras supplémentaire ne pourrait pas faire de mal le lendemain, mais comment expliquer l'arrivée bien opportune de cet homme.

Il se lustra la moustache de la main gauche. Sa perplexité se lisait sur les traits de son visage et une personne plus réfléchie que lui attendrait que le nouveau fasse ses preuves. Mais, à la différence de nombre de ses congénères, le nain était prompte à accorder sa confiance. Øle Einar ne doutait pas que la fougue de sa jeunesse - deux notions toutes relatives s'agissant d'un artisan nain - lui jouerait des tours dans le futur. Néanmoins avant de faire plus ample connaissance, une remarque du nouvel arrivant méritait des éclaircissements.

Il se racla la gorge pour attirer vers lui l'attention de l'homme.

« Excusez-moi d'interrompre vos étirements, mérités, j'en suis sûr, mais qu'entendez-vous exactement par associé ? »

Pris au dépourvu, comme tous les autres, par l'arrivée de ce nouveau personnage, Bjorn perçut l'étonnement de la part d'Ours et eut un sourire discret, à peine visible derrière son abondante barbe. Si l'instinct de ses compagnons animaux eux-mêmes avait été déjoué, l'étranger devait être un habitué des bois, quelqu'un capable de survivre en pleine nature en ne laissant pas plus de trace de son passage qu'un loup en chasse.

L'Ulfe musculeux se leva et toisa le demi-elfe qu'il dépassait d'un bonne longueur de main. Prenant une grande inspiration qui fit se gonfler comme un soufflet de forge sa cage thoracique, il tendit une poigne amicale vers celui qui s'était désigné sous le nom d'Amargein.

« Si ceux de Restov vous ont donné le papier, vous êtes comme nous, venus aider les gens de ces terres. Je suis Bjorn Chemise-d'Ours, et voici Ours », ajouta-t-il en désignant le jeune plantigrade qui s'était faufilé à l'intérieur, profitant de l'inattention momentanée de Svetlana Leveton. «  On se connaît pas très bien encore, tous, mais une paire de bras de plus ne feront pas de mal. »

Puis Bjorn se tourna vers le reste de l'assemblée en s'éclaircissant la gorge, signifiant sans ambages que la question était réglée en ce qui le concernait. Il reprit :

« On parlait des bandits... Peut-être pas plus de trois ou quatre, alors ? Et avec un peu de chance, sans la femme dangereuse ? Ça pourrait se faire... »

L'attitude d'Amargein fit remonter un souvenir à l'esprit d'Øle Einar.

C'était il y a bien des années, alors qu'une délégation de marchands de Restov était venue à Brunderton pour tisser de nouveaux accords commerciaux. Son père, un des anciens chargés de l'accueil des commerçants, avait refusé de n'adresser ne serait-ce qu'un mot aux délégués avant que ceux-ci n'aient fait la preuve de leur coup de fourchette. Pour l'occasion, Bjørn Ännœgun avait spécialement demandé aux cuisiniers de servir la bière naine aux arômes les plus prononcés et une purée de champignons germés des profondeurs. Ces mets, de concert, particulièrement appréciés des nains de Brunderton, n'étaient généralement pas du goût des humains de visite à la colonie.

Seul un marchand avait fini son assiette, Boris Tcherchnikov. C'était devenu le seul partenaire commercial de son père à Restov. Partenariat et amitié qu'il avait pu transmettre en héritage à son fils qui lui même les avait transmis à son fils.

« Il n'est pas faux que l'assiette et le marteau permettent de juger des hommes. Cependant Torag est plus sensible au métal du marteau qui broie les orques qu'aux ornementations du fleuret qui impressionnent les demoiselles. »

Øle Einar n'avait pas encore compris tous les ressorts de cet aphorisme inscrit dans Pinces et marteaux, le livre de Torag qu'il avait mémorisé par cœur durant son apprentissage, mais quelque chose lui indiquait que la journée du lendemain lui apporterait des réponses.

La demie-elfe, restait jusqu'alors silencieuse, prit la parole.

« Oui, n's'avions prévus que j'aille sur l'chemin de ronde, après avoir piégé la moitié du groupe à l’intérieur du fortin en r'fermant les portes. Un d'xième arc avec moi n'sera pas de refus. L'maitre nain et not' compagnon à barde s’occuperont sans problème, j'pense, des pélos coincés à l’intérieur.  »

Puis, après avoir plonger ses lèvres dans son verre, elle reprit à l'adresse du nain, avec un sourire.

« J'espère qu'votre Torag aime autant le sifflement d'une flèches que le bruit du marteau. Car si ce n'est pas l'cas, je f'rais pas ami-ami avec lui. »

Modifié par un utilisateur dimanche 6 mai 2012 19:00:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

« J'aligne c'ternement pas les mots aussi bien qu'vous. Mais pardonnez mon langage. J'viens d'un village au sud de Bretov, à sa frontière. Autant v'dire que les sombres rue, j'connais pas vraiment. Mes parents m'ont appelé Calyhissie. Ravi d'faire v'tre connaissance, cousin de sang.  »

La demie-elfe fit une révérence qui avait plus l'air d'un simple signe de la main accompagné d'une hochement de tête, mélange entre un salut militaire et un salut de trappeurs.

« J'ai donc comme nouveaux compagnons Bjorn le chevelu, Calhyssie l'accentuée, Monsieur Nain dit "marteau de Torag", et Monsieur petit peuple dit "cause bref" !!

Si j'en crois notre hôte, ce sont tout de même des bandits coriaces, et si nous ne nous débarrassons pas rapidement de la demoiselle aux hachettes, ils risquent de ne pas se rendre aussi facilement.

Pour résumer, je peux être sur le chemin de ronde avec l'accentuée... », et il regarde Calhyssie comme si ce surnom l'amusait sans que cela ne laisse poindre une quelconque méchanceté,
« ..."Marteau de Torag" serait dans la courette, et vous, le chevelu et "cause bref", où seriez-vous, que feriez-vous ?

L'ours est-il capable d'inquiéter nos adversaires ?

Oleg, savez-vous manier l'arbalète pour nous appuyer tout en restant bien calfeutrée ? »

Amargein regarde le colosse humain.

« Je n'ai pas de commerce religieux avec Calistria.

C'est juste que des expériences amères avec des humains m'ont rendu méfiant à leur égard. Mais je ne souhaite pas m'étendre sur le sujet.

Quant aux surnoms... si Messieurs Nain et petit peuple se présentaient, je serais davantage enclin à les appeler par leur nom, n'est-ce pas ?

Et vous, où vous voyez-vous au cours de la défense du poste contre les bandits ?
Quelles compétences maîtrisez-vous qui pourraient s'avérer utiles pour ce combat ? »

Zat suivit l'élan du nain.
« Zatqualmie Flam pour ma part et je n'ai rien d'humain, si ça peut vous rassurer. C'est plutôt avec les orks habituellement que j'ai des histoires... »

Il se leva en direction de la cour, et dit, avant de sortir:
« Si vous permettez, je vais aller faire le tour du propriétaire... »

Avant de se précipiter, étudions un peu la situation... Si nous commençons à aider tous les paysans du coin...

Modifié par un utilisateur jeudi 10 mai 2012 09:20:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

La demie-elfe regarda son nouveau compagnon serrer la main du nain.
« J'aussi une aut' possibilité. J'vais en lisière de f'rêt, pas trop loin, 'vec mon canasson. Lorsque l'embuscade débute, j'sort et les tir par derrière, coupant ainsi tout' leur retraite. Étant bonne cavalière, j'n'aurais aucun mal à les traquer et les chasser.  »