« Tu as raison Thancrède, mettons-nous en marche vers Nid-du-Faucon, on pourra toujours discuter des points de détails sur la route. »

Joignant le geste à la parole, Licos se dirigea vers Clepsydre, vérifia une dernière fois que leurs nouvelles acquisitions (roues de charrettes et pots de couleurs) étaient solidement amarrées et donna une claque sur le postérieur du quadrupède, lequel démarra dans un braiment sonore.

Sans se l'avouer, il avait hâte de mettre rapidement quelques tournants du chemin entre lui et le lieu de l'attaque. Ces corps sans vie, dont l'un était de son fait, le mettaient mal à l'aise...

«  Tout le monde est prêt alors en route, j'ai franchement pas envie de rester là  » Thancrède pris quelques carreaux pour renflouer son carquois et suivi Clepsydre que licos avait lancé d'un pas soutenu, on dirait que son ami n'avait pas envie non plus de rester à traîner ici.
De temps en temps pendant la marche Thancrède lançait un oeil furtif dans la direction du ou des fuyards.
Je reste derrière le chariot prêt à me cacher si neccessaire

Les jeunes se remirent en route, les esprits chargés des doutes de ce premier combat, qui leur était tombé dessus à l'improviste. Ils n'avaient rien demandé, à personne. Pire encore, on avait tenté de les duper pour mieux les tuer. Quel genre d'hommes s'abassait à ce genre de pratiques pour tuer de jeunes voyageurs ? Des ordures... ou des despérés... Clepsydre se remit en route de son pas régulier et les jeunes vérifièrent presque instinctivement leur intégrité physique et matérielle. A part quelques trous dans les habits, qui n'étaient pas de première fraicheur de toutes façons, ils n'avaient pas eu de gros problèmes. Mais cela aurait pu être très différent. Les Dieux avaient dû veiller sur eux.

Le soleil de l'après-midi commençait à décliner, et loin, très loin devant eux se dessinaient les courbes vertes foncées de la forêt. La route continuait son sinueux tracé suivant le cours d'eau voisin, et la qualité de la voie allait en s'améliorant. Bientôt, un autre cours d'eau se jeterait dans celui qui était devenu presque un "raffraichissant compagnon", et alors il leur faudrait remonter cet affluent jusqu'à trouver Nid du Faucon. Mais selon toute vraissemblance, ils n'y arriveraient pas ce soir, à moins de progresser de nuit sur la route dans la forêt.

Il devint rapidement évident, à mesure qu'ils s'approchaient de l'orée du bois, qu'ils leur faudrait faire un choix: soit ils s'arrêtaient à la tombée du soleil, peu avant ou peu après la lisière de la forêt. Soit ils continuaient leur route de nuit, jusqu'à Nid du Faucon, qu'ils atteindraient tard dans la nuit et où au moins, ils pourraient dormir en sécurité.

Il fallait en parler, et prendre une décision.

La route avait été longue et pesante toute la journée, bien moins joyeuse que celle de la veille, les compagnons ressassant en silence l'attaque qui avait eu lieu, et même les tentatives de bouffonneries de Thancrède, qui parvenaient d'ordinaire à dérider n'importe qui, n'eurent pas le succès escompté.
Alors que l'orée des bois approchait, l'air se rafraîchissant indiqua que le jour touchait à sa fin. Alcandre, le mieux versé en géographie des jeunes voyageurs, avait estimé Nid-du-Faucon à quelques heures encore...

« C'est vrai, on devrait s'arrêter pour la nuit. » Licos, en tête, marchait à côté de Clepsydre, ses yeux affûtés perçant les ténèbres qui s'amoncelaient, et avait écouté les paroles de son ami avant de donner son avis. « On pourrait continuer mais ça ne sert pas à grand-chose de se fatiguer. Et puis, arriver dans un village au beau milieu de la nuit ? On passerait pour des rôdeurs, des vagabonds ou pire... »

Jaugeant un instant la forêt du regard, il poursuivit. « Par contre, ces arbres ne me disent rien qui vaille... J'aime autant monter le camp à côté de la route, si ça vous va... » Nul ne pouvait taxer Licos de couardise, et la forêt était son domaine, mais il savait que certains recoins du monde étaient habités de créatures plus étranges et dangereuses que celles qui se trouvaient dans le petit bois qui jouxtait Gué-Tordu. Et pour rien au monde il n'aurait risqué la vie de ses amis dans une forêt inconnue.

Modifié par un utilisateur mardi 26 juin 2012 11:21:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tous convinrent donc d'un point à un demi-kilomètre de l'orée du bois dans lequel s'enfonçait la route et que longeait la rivière pour établir leur campement.

Licos, le plus habitué à la forêt et dont le paternel avait cotoyé plus de forestiers que quiconque au sein de leur groupe, pensait avoir reconnu cette forêt, la première qu'ils eussent rencontré depuis leur départ. Le doute était difficile possible: il s'agissait de la forêt de Sombrelune. Fées et créatures de la Nature, gobelins et autres saletés se cachant dans les bois, démons ancestraux et diables antiques, il y avait eu des histoires incluant à peu près tous les styles de créatures connues et cette forêt. Si l'immense majorité n'étaient que des exagérations de ces conteurs afin de captiver leur auditoire, ou de minimiser leur honte, il ressort de tout ceci une seule chose, car après tout, il n'y a pas de fumée sans feu: cette forêt n'abrite pas que des biches et des écureuils. Et Licos, regardant cette forêt dans les derniers rayons de lumière, ne put s'empêcher de ressentir le côté un brin surnaturel qui semblait émaner de la masse verte foncée qui les attendait pour leur fin de trajet de demain.

Tout à mesure qu'il pensait et faisait travailler sa mémoire, il avait également préparé le campement, avec ses quatres autres amis. Si l'endroit présentait l'avantage d'être passablement éloigné du bois, il était exposé et visible depuis la route. Mais il était malheureusement impossible de faire mieux, les proches environs étant tous similaires.
D'un pieu dans le sol et d'une corde, ils attachèrent Clepsydre et ils firent un feu, autour duquel furent disposées leurs couches.

A mesure que la lumière décroissait et que la préparation du camp touchait à sa fin, un autre élément inquiétant vint s'ajouter à la relative proximité de la forêt et de ses éventuels habitants: la montagne au pied de laquelle ils avaient passé la journée à marcher n'était pas qu'une simple montagne. Elle était immense, presque sans fin, s'élevant loin, très loin au-dessus de tout ce qu'ils avaient pu voir jusqu'ici. Et son allure extrêmement massive, ses roches de couleurs sombres et les neiges de sa pointe encore dardées des rouges rayons du soleil disparaissant lui donnèrent subitement un air cruel et sa taille était à la fois un avertissement et un appel à l'aventure. Quelle vue depuis ce sommet devait-il y avoir.

Merci de décrire vos actions avant d'aller vous coucher, et votre position dans l'éventuel tour de garde !

Modifié par un utilisateur mercredi 27 juin 2012 16:34:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alcandre n'avait pas touché au vin, il était resté distant et pensif le reste de la soirée...

« Je prendrai le second tour Tancrède. Et si un ours approche, n'hésite pas à nous réveiller  »

Lui dit-il alors avec un clin d'oeil.

« Il me semble alors que je serai le quatrième, si cela convient à tout le monde ? »

Selwynn regarda d'un air amusé ses compagnons plaisanter sur le fameux ours de leur précédent bivouac, et ne s’empêcha pas lui-même de sourire. Une seule journée...une simple vingtaine d'heures pendant lesquelles ils s'étaient fait attaquer pour la première fois de leurs vies par des humains. Ils n'étaient pas réellement dangereux, ces humains-là, mais c'était tout de même autre chose que des animaux sauvages, qui n'agissaient que par instinct...

Qui sait sur quels genres d'énergumènes nous tomberons encore durant nos voyages...ils me faut être prêt à tout ! Je ne me laisserait pas égorger, ni ne laisserait mes compagnons souffrir de la main des hommes. Qu'ils viennent, et mes sorts leurs feront regretter leur audace...

Laissant de côté ces sombres pensées pour le reste de la soirée, Selwynn bu un peu de vin et mangea avec joie, savourant un moment de calme bien mérité après une telle journée. L'alcool aidant, il n'eut aucun mal à trouver le sommeil, et s'endormit lourdement, bercé par le crépitement des flammes et les bruits innocents de la nuit...

Si Thancrède n'aimait pas quelques chose c'était bien la pluie, ça lui rappelai les journées à gué-tordu à tourner en rond, à ne rien faire, son tour de garde se passait bien et il avait peut ^tre un peu forcé sur le vin offert par les villageois, et la fatigue commençait à venir, il alimenta le feu puis alla réveiller son ami Alcandre pour le second tour de garde...