Akin rendit son regard à Nadya. Il n'avait pas pour habitude de s'excuser pour l'utilisation raisonnable d'une magie inoffensive. Il ne comprenait pas en quoi son comportement avait été "cavalier", selon Kalt. Pour lui, l'utilisation de la magie n'était pas un tabou. Tous les êtres vivants bénis par ce don la pratiquaient sans se cacher, sur Golarion. Et particulièrement dans cette contrée, où les sorcières blanches en abusaient sans vergogne. La magie était une faveur de Néthys et la refuser aurait même constitué une offense, à ses yeux.

Les explications du nain le firent s'exclamer. « Un cousin ?! » Il eut un sourire indulgent. « Je ne pense pas que ce soit mes explications qui aient été guère convaincantes. Sans vouloir vous offenser. De toute façon, je ne vois pas ce qui aurait convaincu notre visiteuse que nous n'étions que de simples voyageurs. Elle ne semblait pas née de la dernière pluie. Trois objets magiques étaient rangés dans son sac et une aura d'abjuration la protégeait. Je ne pense pas que c'était pour l'isoler du froid ... En outre, une consœur honnête n'aurait pas eu à s'offusquer de mon attitude, au point de quitter les lieux précipitamment. Une simple détection de la magie n'a jamais fait de mal à personne. Je ne lui ai fourni qu'un prétexte pour s'éloigner plus rapidement. Mais l'issue de cette rencontre aurait été la même, avec ou sans mon intervention. »

Akin se rassit près du feu. « Non, décidément, je ne pense pas qu'elle était là par hasard. Si vous voulez mon avis, les sorcières vont bientôt savoir qu'un groupe d'aventuriers est arrivé sur leurs terres. J'aurais dû la retenir. J'espère que cette faiblesse ne nous perdra pas ... »

Akin avait espéré que Nadya serait d'une autre trempe, lorsqu'il l'avait vue courageusement s'avancer au combat contre la mante. Mais là, il voyait une femme résignée à son sort, abattue et craintive, pliant le genou devant ses maîtres. Le sort de sa fille devait l'inquiéter et il ne lui en voulut pas. Il ne comprit pas trop l'analogie avec le sac de femme. Il ne fouillerait pas non plus dans le sac d'un homme. Il attribua son comportement au stress qu'elle venait de vivre et affirma d'une voix douce :

« Je n'invente absolument rien. Mais il faut vivre selon ses principes. Je vis dans l'amour de la magie, c'est un talent naturel, pour moi. Ne cherchez-vous pas à vous défendre, lorsqu'un ennemi se présente à vous ? Cette femme était de la même nature que les nôtres. Même vous avez été déstabilisée par sa présence, alors imaginez ce que j'ai ressenti, en plein territoire adverse, à l'irruption soudaine d'une fée. J'ai donc utilisé mes armes pour me protéger. Je n'aurais pas dû et me suis déjà excusé pour cela, ne nous appesantissons pas là-dessus plus que nécessaire. Et ne vous inquiétez pas pour nous, nous avons bien compris vos conseils de prudence. Je saurai être plus discret face aux sorcières et à vos congénères. Comme je l'ai dit, elle aurait forcément rapporté notre présence à ses maîtres, tôt ou tard. Mon seul regret est de ne pas l'avoir empêchée de fuir. À ce propos, la Tour Pâle se trouve-t-elle loin de Waldsby ? »

En cet instant, Akin ne pouvait renier un certain héritage maternel, pas si éloigné du comportement hautain de sa mère, même si il ne se l'avouerait jamais.

kin semblait être de ceux qui voulaient avoir le dernier mot mais Nadya ne se formalisa pas pour si peu. Elle ajouta afin de répondre aux différentes questions qui lui étaient adressées :


« La Tour Pâle est à une dizaine de kilomètres au Nord Ouest de Waldsby, qui est encore à quelques heures au Nord de notre position actuelle. Ces distances, la tempête puis le fait que les gardes semblent être à la recherche du Cavalier Noir et non de quelques étrangers me font dire que nous pouvons finir notre nuit... Et sinon, dans la magie comme dans tout ici, mieux vaut ne pas se faire repérer tant que ce n'est pas nécessaire. J'admire les idéalistes mais la vie est plutôt rugueuse avec eux, surtout au Royaume des Sorcières de l'Hiver. »

PJ

Akin retint son souffle. Nadya venait d'apprendre la mort probable de sa fille. Comment allait-elle réagir ? L'esprit froid et calculateur de l'inquisiteur qui sommeillait en lui se réjouit : l'aveu de Ortog pouvait changer la donne et faire basculer la femme dans leur camp. Elle serait plus enclin à les aider, suite à cette nouvelle.

Horrifié, il prit soudain conscience du chemin obscur que lui faisait emprunter sa sombre moitié. Il rougit de confusion et regarda la brave femme avec pitié. Décidément, la journée aura été rude même pour une fière et robuste femme du nord comme elle. Il se tint prêt à la soutenir, si elle s'effondrait.

Modifié par un utilisateur dimanche 13 avril 2014 14:56:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Il y avait des similitudes, les habits, les cheveux... » Aergnaeroka hésita un moment « Elle s'est moquée d'Ortog... Et a demandé pourquoi on la gardait là... Mais je ne connais pas ces histoires de fantômes et de magie. Cela peut vouloir dire n'importe quoi... »

joutant aux réponses de ses compagnons afin de répondre à la question de Nadya, Elzékiel intervint :




« Le phantome avait les traits d'une fillette ulfe de six-sept ans, des cheveux blonds et soyeux, deux nattes attachées par des attaches aux allures de marguerites et une longue robe bleue... »


La somme de toutes ces informations fit vaciller Nadya. Constatant qu'Akin était prêt à intervenir, elle s'en écarta puis se laissa tomber à genoux. Elle posa ses coudes sur ses cuisses et enfouit son visage aux creux de ses paumes. Elle respirait bruyamment mais nul hoquet ni soubresaut ne venait agiter son corps comme un signe que la belle serait en train de pleurer. Elle resta ainsi de longues secondes. Ses compagnons restaient interdits. Ils s'étaient approchés et lui demandaient, en scalde, si ça allait, eux qui n'avaient pas compris cette conversation. Elle ne leur répondait pas. Lorsqu'elle sortit enfin son visage de ses paumes, une froide détermination habitait ses traits.

« Nazhena a donc eu la cruauté de transformer ma petite Thora en poupée gardienne... elle paiera pour cela. Après une pause de quelques secondes elle ajouta : Bonne nuit. »

Puis Nadya s'enfonça sous ses fourrures, vraisemblablement peu encline à poursuivre la conversation.

PJ

Ouiiiii ! ... Tu es vraiment immonde, Akin ! Le mal avait cette faculté naturelle de liguer contre lui les êtres vivants, y compris les pires de ses propres suppôts. Il se réjouit de trouver une Nadya résolue vraisemblablement à réclamer vengeance. Elle utiliserait immanquablement leur équipe pour réaliser cet objectif, ce qui servirait leurs propres desseins. Même s'il compatissait de tout cœur à sa douleur. Nul parent ne devrait affronter la mort de son enfant.

Akin acquiesça à la proposition d'Ortog de commencer les tours de garde. Il distribua quelques soins magiques sur Elzékiel, qui semblait avoir subi autant de blessures que lui. Il hésita ensuite à soigner l'ulfe blessé, mais décida que non. Les villageois de Waldsby s'occuperaient de leur congénère, déjà tiré d'affaires, alors qu'eux-mêmes auront sans doute moins facilement accès aux soins de cette communauté. Il jeta un regard interrogateur à Kalt, afin des savoir s'il voulait qu'il fasse de même sur lui. Dans la négative, il bénéficierait personnellement des pouvoirs accordés par Néthys.

Puis il sortit sa paillasse et s'allongea, emmitouflé dans ses fourrures. Il s'endormit sur une prière à Néthys pour prendre soin de l'âme de la petite, dont la mort servirait le retour à l'équilibre de la magie.

Modifié par un utilisateur dimanche 13 avril 2014 15:40:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kalt accepta la proposition d'Akin avec gratitude, il se sentait affaiblit à la fois par le froid et par les blessures qui n'avaient pas guéries depuis leur combat avec cet horrible troll. Totalement ragaillardi par les bienfaits de Nethys, il remercia son bienfaiteur par une brève prière.

Quant au chagrin de Nadya, il le partageait et connaissait sa souffrance. Il savait aussi que rien ne pourrait l'apaiser mis à part la vengeance, il faudrait donc s'y atteler dès demain. Snjòr vint se blottir contre le nain, sous ses couvertures et s'assoupit presque aussitôt. Kalt la suivit presque aussitôt dans son sommeil.

a nuit se passa sans qu'aucune nouvelle interruption ne vint briser sa monotonie. Les tours de garde s'étaient naturellement enchaînés, un paysan ulfe accompagnant à chacun de ceux-là un des aventuriers du Sud. Au petit matin, le bruit du vent s'était tu. Le froid était lui cependant toujours bien présent. Ils avalèrent un frugal repas, Nadya restant toujours très silencieuse. Elle avait les yeux marqués de ceux qui n'avaient pas pu complètement profiter de leur sommeil. Son petit-déjeuner fini, elle commença à lever le camp. Ses compagnons ne tardèrent pas à lui venir en aide et tous s'affairaient. Alors qu'elle rangeait ses affaires personnelles elle regarda ses sauveurs de la veille :


« Allons à Waldsby. Là-bas vous pourrez un peu récupérer et vous réchauffer. Je vous trouverai également des habits de paysans ulfes. Et je vous mènerai à la Tour Pâle. »

PJ