Andreï était surpris de voir arriver à la place de l'ours hibou un lièvre, pourtant il était sur d'avoir bien entendu, peut-être que la bête avait eu peur et avait préféré contourner la clairière.

Dans tout les cas tout ses muscles se relâchèrent d'un coup. Il posa son écu, près du feu , rengaina son épée et bu une gorgée d'eau à l'outre qu'il avait mise à coté de sa place.

Puis il se rassis regardant Allister, jouer avec le forêt.

« Bon, vous pouvez ranger vos armes. Ce doit être nos petits amis grigs qui font encore des leurs... Ils ne doivent pas être très loin pour observer nos réactions... »

Allister prenait la situation comme un jeu, peut-être les grigs cherchaient-ils à les jauger ? Et à entendre les rires, la première prouesse d'Allister leur avait visiblement plu - du moins Allister le pensait-il - et il cherchait un moyen de répondre à leur nouvelle illusion. Le barde savait en revanche que si les grigs lançaient une illusion de plus forte puissance, il ne pourrait répondre et le duel se terminerait ainsi. Il espérait que les petits êtres se montreraient suffisamment curieux pour se découvrir et s'offrir à la vue des explorateurs.

Il essaya de reproduire la forme d'ours-hibou que les grigs avait fait apparaître et et la renvoya vers la lisière de la forêt. L'ours-hibou avait à nouveau un radis de lune dans les serres, le tendant vers les bois comme s'il le proposait à une créature invisible. Allister espérait que les grigs verrait ce geste comme un appel à partager quelques radis de lune parmi ceux que les explorateurs avaient cueillis l'après-midi même.

Allister lance image silencieuse. J'espère qu'ils n'iront pas à un niveau supérieur car je ne pourrai pas suivre...

Allister était déçu. Il n'y avait pas eu de réponse à sa dernière prestation. Mais peut-être qu'en leur parlant, il pourrait les inciter à se montrer. Il ne savait pas si les créatures comprenaient le commun, mais il se rappelait que la plupart des créatures féériques comprenaient le sylvestre, la langue des bois. Il s'approcha du feu, pour se mettre dans la lumière et montrer qu'il n'avait pas d'arme apprêtée et se tourna dans la direction d'où venaient les derniers bruits qu'il avait entendu. Puis s'adressant à un public imaginaire, il dit en sylvestre « Aimables amis de bois je vous souhaite le bonsoir. N'ayez pas peur, approchez. Nous ne vous mangerons pas. L'ours-hibou vous proposait de partager quelques radis de lune par nous trouvés. Auprès du feu venez vous réchauffer. »

Gaëlan avait l'air nerveux.

«  Je vous laisse vous occupez de ces... choses... Je ne veux surtout rien avoir à faire avec ces ... avec ces.. énergumènes !!! Je retourne dormir. »

Note à moi-même, penser à acheter le sort de protection contre le Chaos...

Au bout de quelques secondes, une voix demanda, d'abord en sylvestre puis en commun, « Vous avez encore des radis ? Des vrais hein, pas des images fausses? » Puis une étrange créature à six pattes sortit de la forêt lentement et prudemment.

La chose faisait à peu près la taille d'un chat domestique et avait le corps d'une sauterelle géante. Son torse et sa tête (si on omettait les deux longues antennes qui se dressait au sommet de son crâne) ressemblait à ceux d'une elfe. Des tatouages aux traits délicats et aux motifs incurvés garnissaient la poitrine et le ventre nus de la créature. Une mince ceinture de cuir faisait la tour de sa taille. On y avait accroché une minuscule épée et un arc de taille similaire. Visiblement, la créature était prête à s'enfuir et à regagner les ténèbres de la forêt dès qu'elle aurait perçu une menace.

Quand on lui proposa enfin un des radis récoltés plus tôt, la grig s'avança et saisit le légume avant d'y mordre à belles dents. Vu la taille du radis, cela allait sans doute lui faire un bon repas. La bouche pleine, la créature indiqua « Au fait, ça fait un petit bout de temps qu'on vous a vus dans la forêt. Au début, Perl et moi, on pensait que vous étiez avec les sales types ou encore avec l'homme cruel qui mettait des pièges partout, mais on vous a vu les enlever, puis on vous a vu aider le petit pêcheur, alors on a su que ce n'était pas le cas. C'est pour ça qu'on vous a suivis depuis qu'on a vu que vous êtes revenus dans la forêt. »

Malgré sa taille réduite, la grig débitait les mots à toute allure et parlait pour quatre (ou peut-être six !). Avant que quiconque ne puisse répondre, un coup de vent se fit sentir descendant du sommet d'une des tentes et arrivant près de la grig. Une voix désincarnée lança « Hey, Tig ! Laisse-moi en un peu ! » Puis une sorte de minuscule dragon aux ailes de papillon apparut soudainement aux côtés de la première créature. Le mini-dragon étendit le cou et mordit dans le radis que l'autre créature féerique tenait encore.

« D'abord, tu prends tout le radis, et en plus, tu ne t'es même pas présentée ! » dit le mini-dragon avant de se tourner vers les explorateurs et d'indiquer « Je suis Perlivash le dragon ! » — il ponctua sa phrase d'un rugissement qui était… proportionnel à sa taille — « et l'horrible petit goinfre là, c'est Tyg-titter-tut. »

Le mini-dragon jeta un coup d'œil au radis que son compère tenait entre les mains et adopta soudainement une expression exagérément triste. « Vous n'auriez pas un autre radis ? Parce que là, elle va le finir, je le sens bien ! »

La Gerboise était émerveillé, il se pinça à plusieurs reprises pour être sûr qu’il n’était pas, depuis quelques minutes, dans un étrange rêve où la forêt était remplie d’ours-hiboux mauves, de sauterelles elfes et de dragons papillons.

Aïe Non ben non, ça doit être vrai.

Les explorateurs étaient restés somme toute assez stoïques pensa le halfeling : Gaëlan était même retourné se coucher ! Quel sang froid !

Pour sa part, Évan n’avait jamais croisé de créatures féériques, et même s’il savait qu’elles pouvaient être dangereuses, il restait bouche bée devant leur aura. Il observa avec intérêt Allister leur parler.
Il regretta de ne pas connaître leur langue pour converser avec elles en leur inspirant le respect.

Puis on parla en commun, le noble le présenta ainsi que ses compagnons. A l’appel de son nom, Évan fit une petite courbette maladroite, ne sachant trop comment respecter l’étiquette féérique.

Enfin, il alla chercher quelques baies sucrées pour compléter leur offrande de radis et de l’eau.
Il n’osait pas aller se recoucher pourtant ses jambes courbaturées lui rappelaient que la journée avait été rude et que le lendemain serait a priori du même acabit.

Tant la grig que le dragonnet coloré se jetèrent tous les deux avidement sur les baies qu'Évan leur amena. En fait, ils les dévorèrent avec une rapidité extrêmement étonnante pour des créatures de leur taille. Le visage barbouillé de jus de baie, Perlivash le dragonnet répondit « Ben oui, on sait où leur camp est. C'est pas très loin d'ailleurs. Après tout, on vit dans la forêt depuis très longtemps hein, bien avant que les sales types n'arrivent, ou même que le chasseur aux pièges ne vienne s'y installer, hein Tyg ? »

Tyg-titter-tug, qui avait la bouche pleine, se contenta de hocher la tête pour montrer son accord avec son compère dans un premier temps. « Oui, on connaît bien la forêt, forcément. Y'a la rivière qui passe là on habite, l'autre rivière, les radis, la cabane du pêcheur, la grotte de l'ours maudit, puis le camp près de la rivière. Mais c'est des affaires d'humains tout ça ; nous, on n'aime pas les sales types mais ils ne nous embêtent pas. »

« Roh, allez, Tyg. Ca sera marrant. » interjecta Perlivash en produisant en même temps un espèce de roucoulement. « Puis, si on chasse les sales types, peut-être que d'autres types sympas et rigolos viendront par ici hein ? » Le dragonnet donna quelques coups d'ailes amicaux à la grig, jusqu'à ce que celle-ci finisse par céder. « Bah, allez… Pffft. D'accord. On veut bien vous aider. » finit par dire Tyg-titter-tut en reprenant une nouvelle baie sucrée qu'elle avala goulûment.

Gozreh 24, à l'aube

La veille, malgré la visite des étranges et mystérieuses créatures féeriques, tout le monde était reparti se coucher relativement vite. Il fallait avouer que la conversation était plutôt difficile à lier : dans un premier temps, Perlivash et Tig-titter-tut avaient eu la bouche pleine quasiment constamment puis, dans un second temps, sans doute gavés par l'impressionnante quantité de radis et de baies qu'ils avaient dévorés, les deux compères s'étaient rapidement endormis à proximité du feu de camp. Ils avaient passé la nuit à ronfler paisiblement sans même se réveiller lorsque les explorateurs de faction allaient réveiller ceux qui devaient prendre leur relève.

Au petit matin, c'est seulement lorsque l'odeur du casse-croûte commençait à remplir la clairière que les deux créatures féeriques se réveillèrent enfin, s'étirant longuement.

Fidèle à son habitude, Allister s'était réveillé avec le soleil, profitant de son apparition pour saluer Shélyn et la remercier de ses beautés. Durant la nuit, le barde avait fait des rêves remplis de grigs et de mini-dragons qui assaillaient une troupe d'humains. Les tours des uns envers les autres étaient tous du plus bel effet comique et rendaient ridicules l'effort vain des hommes pour se défendre.

Le barde était content, le premier contact de la veille avec Tyg et Perl - ainsi qu'ils aimaient à se nommer eux même - avait été encourageant. Les deux petites créatures connaissaient visiblement parfaitement bien la forêt et ce qu'on pouvait y trouver. Elles avaient parlé du campement des brigands et du temple perdu d'Erastil - ou du moins d'un lieu qui s'en rapprochait. C'était justement deux des objectifs du groupe, et avec de tels guides à leur disposition, il ne faisait aucun doute au barde que ces lieux seraient découverts rapidement et sans embûche. Il restait le problèmes de leurs occupant, mais c'était là une autre histoire qui restait à écrire.

Lorsqu'il vit les deux créatures s'étirer, Allister leur approcha de quoi se sustenter. « Bonjour mes petits amis. Avez-vous bien dormi ? Aujourd'hui, après avoir fini de visiter cette partie de la forêt, nous allons nous diriger vers le campement des sales types. Êtes-vous prêts pour leur faire certaines de vos farces ? »

La dame aux haches... Allister se remémorait la description qu'en avait fait Svetlana plusieurs semaines auparavant lors de l'arrivée du groupe au comptoir d'Oleg.



« Si nous pouvions arriver par le nord est, nous resterions dans la touffeur des bois jusqu'à proximité du camp. La dame aux haches doit être notre priorité. Elle semble être leurs responsable. Si elle tombe, je pense que les autres seront moins vindicatifs. » Alliser avait exprimé ses pensées tout haut pendant qu'il recopiait le plan des lieux sur un coin de parchemin. Puis il s'adressa aux deux créatures féériques « Avez-vous chacun les capacités de distraire un groupe d'homme ? Cela nous permettrait d'atteindre le camp sans qu'il soit prévenu de notre arrivée et ainsi de profiter de la touffeur des bois pour l'investir par surprise. Les gens sont en général beaucoup plus moins vindicatifs lorsqu'ils sont surpris. »