Vence, Uktar, Sindaré, Piper, Letmas, Burton

Delft n'avait visiblement pas avalé la couleuvre que Sindaré tentait de faire passer, ce qui pouvait se comprendre au vu de l'explication préalablement fournie par Vence. Le demi-elfe se fit foudroyer du regard, mais le constable-inspecteur en chef laissa couler.

Bien que Vence songeât déjà à sa paillasse, tous les constables décidèrent de boire un coup dans une taverne toute proche qu'ils appelaient le mess puisqu'ils passaient de temps à autres y manger un morceau. L'ambiance y était moins délurée que sur les docks et on y croisait pas de dockers poète ou musicien, mais la nourriture y était correcte - sans être exceptionnelle - et les patrons tenaient l'endroit propre. On n’y parlait en général pas des affaires du boulot, bien trop confidentielles pour se discuter dans une taverne, mais l’endroit était calme et permettait de décompresser entre collègues dans les rares occasions où il y avait une heure ou deux à tuer, comme ce jour-là.

Piper rejoint rapidement ses collègues et leur annonça la nouvelle : il avait de la chance, le chef ne l’avait pas étripé. Delft était peut-être trop fatigué par les derniers événements et le surcroît de travail pour se mettre réellement en colère ce jour-là, à moins que le succès de la mission rondement menée par ait anesthésié son mordant. Quoiqu’il en soit, il semblait qu’il y ait au constabulaire une nouvelle recrue qui devait commencer le jour même ou le lendemain, et qui remplacerait Piper auprès des constables. Delft n’en avait pas dit plus à Piper, si ce n’est que le groupe remplacerait un « intello » par un autre, et tieffelin de surcroît, tandis que Piper rejoindrait Zaxim qui se plaignait depuis longtemps déjà d’être complètement débordé. Le ton sur lequel le qualificatif « intello » avait été prononcé avait laissé Piper perplexe quant-à la dose de sarcasme qui s’y trouvait attachée.

Il fallut donc boire un pot de « départ », même si Piper n’allait pas bien loin, mais avec néanmoins une bonne dose de retenue puisque les constables n’oubliaient pas l’absence de leurs collègues portés disparus. On avait assigné à Letmas et Burton une chambre de fonction puis ils étaient venus avec le groupe boire un verre et manger un morceau. Ils ne parlèrent pas ou presque pas des disparus comme par consensus tacite.

Ils commandèrent une assiette de crevettes pochées et une assiette de mangue et de papaye pour picorer ensemble, et comme l’heure passait vite, ils décidèrent de rentrer. Rozenn n’avait pas réapparu. Ils remarquèrent en sortant un tieffelin qui déjeunait tranquillement. Les tieffelins étaient rare, et celui-ci conversait de plus avec son familier, rendant le duo plutôt improbable en ce lieu et à cette heure.

Je vous laisse papoter sur le chemin du retour pendant que j’arrive avec les nouveaux.

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Mikal

Rozenn avait attendu son tour pour pouvoir parler à Stover Delft, apprenant la nouvelle affectation de Piper dès la sortie du pistolier. Lorsqu’elle sortit à son tour, elle fut interpellée par un collègue lui signifiant qu’il y avait une note pour elle au bureau d’accueil. Elle se rendit ensuite directement dans le bureau de Lemeunier au premier étage, montant les escaliers deux-à-deux, et l’aperçut en train de déposer ses affaires pour la journée. Elle frappa puis ouvrit la porte vitrée dans un même mouvement. Elle - belle et froide à la fois - adressa un signe de salutation au prêtre, et l’interrogea du regard, restant dans le couloir, porte entr’ouverte.

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Jean

Jean sortit prendre un morceau avant de s’engager. Grande décision. Il était encore quelque peu dans un état second lorsqu’il se retrouva sur le parvis, respirant l’air matinal. Les questions se bousculaient et chahutaient son esprit encore légèrement vaseux. Son familier, qui n’hésitait pourtant pas à afficher ses opinions à tout va, semblait plongé dans une perplexité sans fond. Jean n’aurait certainement pas le temps de contacter Hortense avant le soir mais il nota intérieurement de ne pas oublier la piste de l’hypnotiseuse. Il y avait en effet de quoi titiller la curiosité.

Alors qu’il entrait dans la taverne la plus proche qu’il ait pu trouver, histoire de se familiariser avec le quartier, il remarqua un groupe de six personnes de races diverses et variées - y compris un gobelin et un oréade - que leurs insignes identifiaient comme constables royaux. Ils mangeaient apparemment des fruits et des crustacés. Ils avaient l’air plutôt calme et se levèrent pour partir environ une demi-heure après que Jean fut entré. Il se fit la réflexion qu’il était plutôt tard pour prendre le service, avant de noter leurs mines tirées, et d’envisager qu’ils étaient peut-être en plein milieu de quelque chose.

Jean nota en outre que le patron n’avait pas tiqué en le voyant entrer dans la taverne, chose qui n’était pas acquise partout où il passait. Pas étonnant peut-être si le type avait l'habitude de voir passer les équipes de constables, dont la diversité raciale surpassait pour une obscure raison largement celle de la population de Flint.

Mikal

La femme entra. Plutôt petite, le visage un peu rond, et les cheveux bouclés ramenés en arrière. Elle n'incarnait pas exactement la douceur et ne respirait pas non plus le calme. Elle fronça les sourcils lorsque Mikal s'adressa à elle. « Appelez-moi Torett, comme tout le monde, ce n'est pas parce que je suis une femme que... Bref, pardonnez-moi, je suis fort fatiguée. Mais... les nouvelles vont vite dites-moi, nous sommes rentrés il y a une heure à peine! »

Elle sembla se raidir encore lorsque Mikal évoqua ce qui l'avait amené à lui laisser un message. Sa mine se décomposa, et elle prit le temps de respirer profondément avant de répondre, serrant la rose de Milani qui pendait en ce moment à sa ceinture. « Ma version - qui coïncide d'ailleurs en tous points avec la pure vérité - est que je devais transmettre leur parole au Premier ministre, je leur ai promis de faire valoir leur point de vue : les heures excédentaires, la paie minable, bref, vous savez, tout ce qui fait que le peuple se révolte. » Elle inspira encore et reprit sur un ton légèrement plus aigu avant de laisser redescendre la tonalité de sa voix :« Et il se trouve que - je dois bien l'avouer - mes devoirs de constable m'ont accaparée. Je n'ai pas encore trouvé le temps de tenir mon engagement. Heureusement, il se trouve que le Premier ministre est ici aujourd'hui. Ce n'est peut-être pas le meilleur moment, mais ce n'est jamais le bon moment pour parler des opprimés n'est-ce pas? » Elle lança à Mikal un regard de défi. Cette femme semblait avoir un caractère bien trempé et fort particulier.

Modifié par un utilisateur mardi 8 novembre 2016 16:58:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

Torett
L'attitude de Torett ne gênait guère Mikal. Il savait que pour tenir un rôle de constable, il fallait avoir un certain tempérament, qu'il était difficile de refréner quand on était face à ses pairs.

Sa dernière remarque chatouilla cependant les oreilles de Mikal.

« Cela n'est jamais le bon moment pour qui ne veut l'entendre pour ne pas devoir agir. J'ose simplement espérer que le Premier ministre n'est pas de cette trempe et a à coeur de voir son peuple prospérer dans toutes les couches de la population.

Ne croyez-vous pas ? »

Dans quelle ménagerie était-il donc tombé pour déjeuner ?! Interloqué, il passa plusieurs secondes à scruter le groupe improbable qui s'agitait sous ses yeux ébahis. Un colosse humain, visiblement un soldat, côtoyait un oreilles-pointus à l'apparence délicate, tous deux entourés par un gobelin minuscule et un mystérieux oréade ! Lorsqu'il remarqua leur insigne, il sourit, l'air réjoui. Ainsi, c'était vrai !

Liz le bouscula en tournoyant autour de sa tête, impatiente de manger. Tout comme l'espèce dont elle avait adopté la forme, son besoin de se nourrir était insatiable... « Oui, oui, allons nous restaurer. »

Il s'installa à une table libre, de telle façon qu'il pouvait observer ses désormais collègues. C'était là l'occasion de tâter l'ambiance, d'évaluer l'esprit de la maison. En admettant qu'il avait là un échantillon représentatif. Il commanda quelques praires farcies, crues pour sa compagne, laquelle s'était découvert une passion pour les crustacés depuis qu'ils naviguaient sur l'Orageux. Entre deux becquetées de coquillages, la grive récitait la longue litanie des lieux qu'ils avaient visités en Risur, en compagnie d'Irène. Le mage notait la liste d'une oreille distraite sur un parchemin, pour Dima. En réalité, son attention restait en grande majorité fixée sur les constables. L'ambiance paraissait détendue.

À la fin de leur repas, ils se levèrent pour partir. C'est alors qu'il remarqua le procédé du disque magique. Un "Oh !" de surprise s'échappa de ses lèvres, interrompant le flot de paroles ininterrompu de Liz. « Ah ! Ainsi, tu te souviens enfin avec regret de cette cage où tu m'avais enfermée ! Soit disant pour m'empêcher d'aller goûter les orchidées de notre hôte floriculteur. Hmmmff ! Comme si j'étais une vulgaire goinfre. Tu... »

Mais apparemment, Jean n'écoutait définitivement plus. Il s'était levé brusquement et se dirigeait de sa démarche dégingandée vers le goblin, qu'il apostropha si maladroitement. « Excusez-moi, monsieur ! Est-ce que le Constabulaire Royal vous oblige odieusement à travailler en étant à ce point estropié ?! »

Torett

Mikal eut un coup d'arrêt dans sa respiration tandis que l'annonce de la qualité de la prisonnière se frayait un chemin dans son esprit. Il avait eu vent de cette histoire, mais pour une raison inconnue son esprit l'avait mise en sommeil. Il venait soudain de se réveiller. Il tenta de masquer de son mieux l'accueil de cette information, mais il doutait d'avoir pu convaincre l'oeil d'un constable.

Il toussota pour forcer l'air de reprendre possession de ses poumons et pour se donner une contenance.

« Oui... Oui...

C'est préférable. Oui...

Le plus tôt sera le mieux, avant que d'autres problèmes ne viennent accaparer son esprit. »

Il prit son manteau, certain qu'ils allaient aller le trouver de suite. Durant ce laps de temps l'information résonnait encore dans sa tête.

Mais ou avais-tu la tête Mikal ? Comment as-tu pu oublier l'enfermement de la Soeur du Roi !!!

Ils'en voulait de ne pas avoir pris garde à la portée de la chose, surtout quand cela sortira dans les journaux. Les problèmes des Dockers accaparaient tout son temps et ses pensées, il s'en rendait compte.

Modifié par un utilisateur jeudi 10 novembre 2016 18:44:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'un des humains s'avança, dominant les autres du haut de ses plus de deux mètres à la carrure d'athlète. « Et donc, Jean... C'est toi qui va nous rejoindre, c'est ça ? »

Il lui tendit sa grosse paluche. « Moi c'est Vence. Dis-moi, si t'es pas sûr de tes convictions, qu'est-ce qui te pousse à devenir constable ? Enfin, toi et ton bavard volatile. »

L'oread avait suivit l'échange légèrement en retrait de son camarade, et aux paroles du petit oiseau, il ne put longtemps retenir un four rire caverneux .... « Eh bien, mes amis, si effectivement nous devons travailler ensemble, on ne va pas s'ennuyer ...  » fit il entre deux rires « ... mais pour la discrétion, ... on repassera ahahaha » acheva t il en ayant du mal à finir sa phrase.

Puis reprenant son souffle il ajouta « Bienvenu parmi nous Jean, moi c'est Uktar. »

Vence, Uktar, Sindaré, Piper, Letmas, Burton, Jean

Un jeune homme au regard et aux cheveux sombres, manteau noir, pistolet au flan, tendit la main à Jean. « Piper, enchanté, mais détrompez-vous, nous avons l'habitude des tiefelins. On m'a parlé d'un tiefelin qui me remplacerait certainement sous peu. Mais allons tirer cela au clair au constabulaire voulez-vous? Nous ferons connaissance en chemin. » Piper semblait avoir du mal à savoir s'il devait s'adresser à Jean et à son volatile ou s'il devait ignorer ce dernier. Comment se comporter face à cet oiseau parlant? Fait troublant, ce familier faisait preuve d'esprit, ce que Piper pensait tout bonnement impossible à moins que le maître soit d'une puissance phénoménale... Ce tiefelin - Jean - possédait-il une puissance phénoménale?

Letmas observait quant-à-lui le familier avec circonspection tandis que Burton grognait quelque chose au sujet de la grive qui était encore plus pipelette que sa belle-mère.

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Mikal

Rozenn ne sembla pas prêter attention à la surprise de Mikal.« Oh... Vous devriez laisser votre manteau, on ne va qu'à quelques portes d'ici, dans le bâtiment je veux dire. Le Premier ministre est là ce matin. Mais dites-moi, avant que nous n'allions au front, est-ce que des gars sont encore sortis de leur gonds? Ou vous craignez simplement qu'ils s’apprêtent à le faire? C'est que je ne voudrais pas arriver mal informée auprès du Premier ministre. »

Mikal n'avait pas entendu parler d'actions violentes menées ces derniers jours, seulement de la colère qui couvait. Quant-à Rozenn, elle revenait de mission, et ses informations n'étaient bien sûr pas à jour.

Modifié par un utilisateur vendredi 11 novembre 2016 18:00:11(UTC)  | Raison: Non indiquée

Torett

Mikal reposa son manteau sur un cintre, machinalement.

« Rien n'a encore explosé, mais doit-on attendre l'incendie pour recouvrir le feu naissant d'un linge humide ? Ils sont nerveux et si quelques bagarres ont déjà eu lieu, elles passent encore inaperçues.

hélas, tout n'est qu'une question de jour avant que les meneurs n'organisent des incidents autrement plus dangereux pour tous. »

Tout en parlant il suivit Torret vers le bureau du ministre.

Le mage cligna des yeux en signe d'assentiment, pour rassurer Piper. Il comprenait, bien sûr. Leur relation ne pouvait se construire que sur des fondations officielles, compte-tenu du contexte de leur activité. Mais tout de même, l'ambiance lui avait paru des plus détendue, au sein de l'équipe, quelques instant auparavant. Est-ce à dire que sa parure d'humanité restait au placard, à la sortie du Constabulaire Royal ? Il se dirigeait déjà vers la table lorsque l'esprit pragmatique mais vif du gobelin appela quelques éclaircissements. Il s'arrêta et revint vers le sceptique avec un petit sourire énigmatique.

« Je ne sais pas si je peux parler... vous comprenez... circulez, y'a rien à entendre, tout ça, tout ça... » Il lui fit un clin d'œil avant de poursuivre, se courbant presque en deux au-dessus de lui, sur le ton de la confidence : « mais puisque tout le monde s'aime, je vais vous donner un conseil : ne lui dites surtout pas qu'elle est intelligente, ou elle va se pavaner à un point ! Infernal. Néanmoins, croyez-moi, les grives ont certes le verbe agile, mais quand il s'agit d'agir intelligemment... » Son index tendu dessina des ronds en l'air devant son front, avant de se poser en travers de ses lèvres, pour intimer le silence.

Heureusement, l'oiseau se dressait déjà à côté de son assiette de praires inachevée, inattentive aux propos tout juste échangés. Jean la rejoignit bien vite et ramassa ses feuilles dans son sac en bandoulière. Plume et encre disparurent dans un étui fixé à sa ceinture. Un instant de réflexion suspendit brièvement la scène, puis sa main replongea dans son sac, en sortit une feuille qu'elle roula en cornet et l'autre bascula le contenu de l'assiette dedans. Sa queue ondula gracieusement vers le haut et vint s'enrouler autour de l'élégante friandise, la maintenant à hauteur de poitrine. Tout en décortiquant un mollusque avec sa dague, il se tourna vers le groupe si hétéroclite, le visage aimable.

« Quelqu'un veut goûter une praire, en chemin ? » « Hééé ! »