Lars, une fois l'entretien de son mousquet terminer, se cala dans son coin, visiblement prêt à dormir.

Gezh posa sa main dans le dos de l'homme pour le réconforter et commença à s'éloigner tout en lui parlant à voix basse :

« La morale d'Irori est un phare pour chacun de nous, je suis certain que ce fardeau pourra être éclairé à la lueur de cette dernière. Je ne dis pas qu'il s'envolera, je ne dis pas que ça ne nécessitera pas d'effort mais nous travaillerons ensemble à ce que votre vie emprunte un juste sentier si ce n'est pas déjà le cas. Et si c'est un problème plus pragmatique... ma foi, je verrais ce que je peux faire. »

Plus fort, il s'adressa aux autres:

« Je vous fais confiance pour gérer les villageois, il semble de toute façon que nous devions passer la nuit ici... »

Il échangea à cette occasion un regard avec Filip et hocha la tête en signe d'assentiment réservé.

Gezh suit l'homme ou se dirige vers l'aire tranquille la plus proche.

Modifié par un utilisateur vendredi 15 janvier 2016 20:04:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Filip continua d'écouter discrètement la conversation sans se faire remarquer et en faisant en sorte que personne ne vienne déranger le fidèle d'Irori et le déserteur auquel lui-même ne pouvait guère faire de reproches, tant lui-même n'avait pas servi l'Ordre du mieux possible et l'avait trahi à la fin...

Gezh réfléchit quelques secondes à ce qu'il venait d'apprendre et à ce qu'il allait dire, il n'en fallut pas plus à Filip pour intervenir. Il eut un instant de frayeur en voyant l'air déterminé et agressif de son compagnon mais il se rasséréna à ses propos. Gezh prit la suite de Filip et tapota dans le dos de l'homme :

« Les choses n'auraient pu aller mieux, eut-il fallu un signe divin qu'il vient de t'être donné. Pleure tant que tu le peux Oui, tu as fauté. Tu as fauté par méconnaissance et par manque de discernement. Tu as fauté par conformisme et par manque d'esprit critique. Toutefois, on ne revient pas sur le passé et il ne faut pas te rendre responsable de ce massacre. Les vrais responsables sont ceux qui ont ordonné le meurtre de tes compagnons. Ressasser cette faute ou culpabiliser éternellement ne t'aideras pas à évoluer. Cette épreuve ne doit pas te détruire mais t'aider à te construire. Tu ne dois ni oublier, ni chercher à revenir en arrière. Qu'est-ce que cette faute t'as appris ? Qu'est-ce que tu peux en tirer ? La connaissance est le meilleur guide, la moralité ne doit pas se fonder sur l'ordre établi mais sur une lumière intérieure. Tu n'as pas fauté en voulant faire le mal, c'est aussi un riche enseignement. Le mal se cache dans le manque de raison, il se cache dans une ignorance que l'on croit vérité. Tu dois mettre en œuvre une stricte discipline personnelle, autant physique que mentale. Tu dois méditer sur toi-même et arrêter de naviguer dans les eaux sombres de la culpabilité. Tu dois voir tes plaies et les accepter pour ce qu'elles sont. Tu dois voir la réalité telle qu'elle est, à savoir complexe et nuancée. C'est une étape difficile que de s'interroger mais tu dois parcourir ce chemin. Tu as le droit - et même le devoir - de faire appel à Irori durant cette réflexion. Irori sera un soutien dans ta propre évolution, son absolution sera la tienne. Quant à ce que tu vas faire ensuite, c'est toi seul qui doit le déterminer. Cette décision devra être éclairée, raisonnée, elle ne devra en aucun cas occulter la réalité. Elle doit mettre en balance tes capacités que j'imagine martiales, tes responsabilités dont je ne connais pas l'étendue et la situation du monde actuelle que je sais en proie au trouble et à la violence. Je te met ici autant en garde contre une soif de vengeance aveugle que contre une fuite perpétuelle.

Es-tu prêt à marcher dans cette voie ?  »

L'air légèrement songeur, Gezh répondit sans arrière-pensée :

« Très bien, qu'Irori accompagne votre réflexion. Je ne le connais que depuis peu, il ne m'avait jamais parlé de ça.  »

Il alla ensuite voir Filip :

« Ça va ? Je pense que nous en avons fini, il serait judicieux de ne pas rester éloigné des autres trop longtemps, allons les rejoindre. Je suppose qu'il vaut mieux ne pas parler de tout ceci aux autres ? Je l'ai promis à cet homme et je ne suis pas certain que tu ai toi-même voulu me révéler autant de ton passé. Les autres n'ont pas besoin de tout savoir... avec les traqueurs et leur magie, moins les secrets traversent d'esprits, moins ils sont vulnérables. »

Ernest retourna avec le reste des villageois, dont la plupart s'étaient endormis, sûrement plus de fatigue morale que de réel sommeil. Lors de la soirée, FIlip et Gezh purent à de nombreuses reprises sentir son regard se tourner vers eux, sans pour autant qu'il ne cherche à communiquer.

Le reste de la nuit se passa sans encombres, mis à part des cris et des pleurs de personnes se réveillant en sursaut de cauchemars plus horribles les uns que les autres. Le réveil fut difficile pour chacun, mais la vie devait continuer...

Les villageois offrirent au groupe le petit déjeuner avec ce qu'il leur restait, arguant que c'était le moins qu'ils pouvaient faire. Ernest vint s'enquérir de leur destination, et de s'ils allaient pouvoir délivrer son message, comme il l'avait demandé la veille au soir. Si son ton semblait plus assuré que la veille, il paraissaient épuisé, ses traits tirés et les cernes sous ses yeux attestant qu'il avait probablement très peu dormi.

Il était temps pour le groupe de repartir. Sterenn souhaitait se diriger vers Belle-Espérance, au nord-est. Carte S'ils n'avaient pas trop dévié de leur trajectoire la veille et qu'ils avaient bien gardé le cap au nord par rapport à Avancée Écarlate, ils devaient être très légèrement au sud-est du lieu où son père avait été retrouvé, et, chose à prendre en considération, probablement à moins d'une demi-journée de la nouvelle frontière avec le Belkzen.

Gringalet avait passé une partie de la soirée à étudier ses notes sur les langues élémentaires, afin de parfaire ses connaissance.
Il déjeuna rapidement avant de vérifier son paquetage, puis se tint près pour le départ, laissant Sterren décider.

Si generalement la nuit porte conseil, pour autant le dieu que venere Draegloth n'a pas ete des plus bavards, laissant une fois de plus le pretre dans l'expectative. Au matin, il mange bien volontiers sa part et celle de Valentine, sans en laisser une miette. Puis il fait le checkup de son materiel et celui de sa soeur.

Modifié par un utilisateur mercredi 27 janvier 2016 17:24:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ernest accepta l'équipement orque proposé par Filip. Il prit un cimeterre à deux mains, regarda Filip, lui dédia un léger sourire de complicité, et entreprit d'effectuer quelques enchaînements dans le vide pour éprouver l'équilibre de celle-ci. Si visiblement il était quelque peu rouillé, il sembla rapidement reprendre ses marques, démontrant un certain savoir-faire assez encourageant. Pendant ce temps, les villageois le regardèrent faire, visiblement à la fois interloqués et impressionnés. Il termina ses passes d'arme en se tenant très droit, tel un véritable soldat, et s'adressa à Filip. « Merci. Je... J'essaierai de faire au mieux, mais je crains que seul, même armé, je ne puisse pas faire grand chose pour nous protéger... » A cet instant, Tilia, l'adolescente que le groupe avait sauvée, s'avança vers Ernest et Filip. « Tu ne seras pas seul ! Moi aussi je veux une arme ! Je me battrai pour nous protéger ! Je ne veux plus fuir ! Ernest, apprend moi à faire comme toi ! S'il te plaît ! » L'homme regarda la jeune fille un instant, l'air stupéfait, puis se tourna vers Filip. « Si vous voulez bien nous laisser quelques armes et armures, je formerai ceux qui le souhaiteront. Je crois que c'est un bon début pour ma nouvelle vie, qu'en pensez-vous ? » Tilia observa les deux hommes, sans visiblement comprendre le sens de la question d'Ernest, mais attendant avec impatience l'aval de Filip.



Les adieux furent brefs. Les villageois semblaient à la fois effrayés et soulagés à l'idée que le groupe les quitte, craignant de ne plus bénéficier de leur protection, mais heureux de ne plus avoir à faire à autant de non humains, si on en croyait les regards peu rassurés qu'ils leurs lançaient. A l'opposé, Ernest semblait avoir gagné en sérénité, et ne manqua pas de remercier Gezh et Filip une bonne dizaine de fois. Tilia et Sasha restèrent à ses côtés sous l'œil vigilant de leur mère, qui préféra garder ses distances avec les aventuriers. Ils furent les seuls enfants, et même les seuls villageois, à démontrer une réelle reconnaissance et une réelle déception de les voir partir, sans qu'on y décèle le moindre racisme dans leur regard. Le regard méfiant et empli de crainte qu'ils avaient eu la veille vis à vis de Draegloth et Jortok avait totalement disparu.

Enfin, le groupe reprit la route, se dirigeant vers le nord est. De nouveau, ils traversèrent des champs trempés par le déluge de la veille. Si le sol demeurait imbibé et un peu spongieux, il était bien plus aisé de s'y déplacer et la gêne n'était que mineure. Le ciel restait couvert, mais il ne menaçait pas de pleuvoir, et la luminosité était satisfaisante pour la saison. La température n'avait pas augmenté, mais il semblait faire plus chaud - ou, du moins, moins froid - sans la pluie qui s'infiltrait dans les plis des vêtements.

Le relief de la région demeurait accidenté, quelques promontoires rocheux aux couleurs rouges parsemant les plaines dont les terres gorgées d'eau ne tarderaient pas à s'assécher totalement dans les jours à venir. La vie animale reprenait ses droits maintenant que le temps était plus clément, des animaux de toutes sortes buvant dans les flaques, se nourrissant de la rare végétation, ou chassant, mais se tenant toujours loin du groupe.

En milieu de matinée, Sterenn demanda à chacun de redoubler de vigilance et de chercher tout ce qui pourrait leur paraître étrange dans les environs, ou qui pourrait leur faire penser à un affrontement. Elle leur parut particulièrement tendue durant cette période, mais elle dût se rendre à l'évidence : chercher ainsi au hasard ne mènerait à rien. Peu après midi, elle demanda de reprendre une allure normale et de cesser les recherches, l'air tout de même déçue.

Enfin, Belle Espérance apparut. Si ce n'était pas encore une ville, de village elle n'en avait guère que le nom, sa dimension étant bien supérieure à celle des villages croisés jusqu'à présent, y compris Avancée Écarlate. Se dressait devant le groupe un village fortifié par des enceintes de pierres rouges parsemées de tours de guet, et sur lesquels se découpaient des arbalètes à tour, tandis que des sentinelles effectuaient des rondes. Au pied du mur nord ouest, sur la gauche du groupe, se tenait un campement de tentes militaires comptant probablement au moins trois cents soldats. Des enclos abritaient de splendides chevaux de guerre, largement suffisamment pour deux sections de cavalerie. L'ensemble paraissait vivant et actif, mais calme. Incrustée dans le mur sud ouest du village, une double porte épaisse en bois renforcée d'un bardage de métal s'ouvrait sur des lices menant à un deuxième jeu de murs d'enceintes, dans lesquelles une seconde double porte de même facture permettait l'entrée dans Belle Espérance. Deux gardes stationnaient de chaque côté de chaque double porte, observant les passants, qui, le groupe put le remarquer, étaient presque tous armés.

Modifié par un utilisateur dimanche 31 janvier 2016 01:06:22(UTC)  | Raison: Non indiquée