Lukas regarda cette bête. Était-elle humaine ?

«  Et pourriez-vous nous dire ce que vous faisiez dans la bibliothèque où vous avez été arrêté ? Il semblerait que vous étiez là pour subtiliser un objet, je me trompe ?  »

Il regarda ses compagnons. «  Zaonessa connais-tu le sortilège capable de vérifier la véracité des dires des personnes ? Et quelqu’un connait un sortilège autre qu’agrandissement capable de ne toucher que certaines races ? Nous pourrions voir si monsieur La Bête provient de ce plan. La race voyez-vous est notre origine, ce qui coule dans notre sang. Par exemple, ces deux demoiselles et moi-même sommes humains.  » Ne l’embrouillons pas . «  Alors que mes autres compagnons sont ce que nous appelons des Tiefflins. Savez-vous qui sont vos parents ? A quoi ressemblaient-ils ? Et d’où venez-vous ?  »

Souriant de toutes ses dents, Zaonessa se penche à l'oreille de Larissa et lui chuchotte à l'oreille

«  Tu vois ... humaines !  »

Se retournant vers Lukas et le fixe de son regard perçant, tout en continuant de sourire :

«  Je ne connais ce genre de sort. Heureusement d'ailleurs pour certains d'entre nous.
Cela dit, je suis intimement persuadée que M la Bête nous dit la vérité. »

Reprenant son sérieux

« Sa réaction à la mention des crimes ne me semble pas feinte. »

S'adressant à la créatue, de nouveau sa voix se radoucit et se fait enjôleuse.

«  Une question m'intrigue : Pourquoi es-tu retourné au village avec la petite dans tes bras ? »

Zaonessa dresse l'oreille

«  La petite avait besoins d'aide . Pourquoi avait-elle besoin d'aide ?
Et pourquoi étais-tu avec elle ? Quel lien vous unissait-il ? Toi la bête et elle Une enfant fragile ! »

Non, Zaonessa n'a pas dit "Belle".

Après avoir réfléchi quelques instants : "Nous pourrions aller faire un tour au village. Les enfants se confient souvent à d'autres personnes, leurs amis notamment. Si cela est le cas, peut-être trouverons nous des témoignages allant dans ce sens. Qu'en pensez-vous ?" Puis se retournant vers la Bête : "Et pourrais-tu nous dire où tu as mis le corps de l'enfant ? S'il y a des traces de piqures d'abeille sur tout son corps, la véracité de tes dires n'en sera que renforcée."

Zaonessa s'emballe

«  Alors il faut aller au village de ce pas !
J'ai bien peur que la vie d'un innocent, aussi monstrueux soit-il est en jeu.
Et le temps nous est compté !! »

La Bête n'avait malheureusement pas les réponses aux questions de Lukas, le regardant sans comprendre vraiment de quoi il voulait parler. Larissa, jusque là plutôt satisfaite d'avoir réussi à obtenir des réponses de la part de la Bête, intervint.
« Mais est ce que ce cher Gustav n'avait pas mentionné qu'il allait essayer de changer l'ordre du procès, puisqu'on s'intéressait avant tout à la question du village? Il faudrait vérifier ça avec lui, non? »

Elle se tourna vers Lukas.
« Si je me souviens bien du briefing de l'avocat de la défense, Herstag se trouve dans les environs, mais je pense que lui ou peut être Kendra devraient pouvoir nous trouver une carte du coin, parce que je ne suis jamais venue personnellement dans cette région. Il a mentionné que les témoins de l'accusation vivaient à Lepidstadt, aussi. Le crime le plus récent serait l'incendie de l'asile de Sanctuaire, il me semble...Du coup, on commence par où? Les enfants de Herstag me paraît effectivement un sujet brûlant, mais d'un autre côté, ça frapperait les esprits si on réussissait à prouver l'innocence de la Bête là dessus, non? »

Partir mener l'enquête à Herstag avait l'air d'avoir l'assentiment général, malgré quelques objections, et ils laissèrent la Bête dans son cachot pour retourner au Monolithe et retrouver leurs montures, récupérant aussi une carte de la région chez Kendra. La jeune aveugle n'était pas là, mais Gandor put retrouver une carte grossière et à peu près à jour des lieux.



Le village se trouvait à environ huit ou neuf kilomètres vers le Nord Ouest, à vol d'oiseau, mais la route évitait les terres marécageuses de la Moutray inférieure, et les obligeaient à un détour. Cependant, le soleil était encore loin du faîte de sa course, et le trajet ne devrait pas prendre plus de deux heures au trot.


Enfourchant leurs chevaux, ils quittèrent la ville toujours très animée par la porte Nord, suivant la route de terre battue à travers les collines. Le voyage se révéla plutôt monotone, les environs de la ville étaient surtout composés de collines couvertes d'herbes folles, parcourues de ruisseaux qui rendaient le sol marécageux, formant parfois de véritables tourbières. La route elle même n'était pas très fréquentée, Vieland étant déjà à l'extrémité Nord Ouest d'Ustalav, elle devait sans doute mener à la frontière, en dehors des quelques villages endormis par le froid de ce début d'hiver. Ils croisèrent néanmoins quelques voyageurs filant vers Lepidstadt, sans doute pour se joindre à la foule attendant avec impatience le début du procès.

Ils prirent à droite au premier embranchement, s'enfonçant plus avant dans les collines...jusqu'à arriver au village indiqué sur la carte. Arrivant à proximité en passant entre deux collines, ils purent avoir une bonne vue sur Herstag...

Le petit hameau était à demi en ruine, et envahi par la végétation. Cela devait faire des mois que personne n'y avait vécu. Quelques maisons décrépites étaient dispersées au milieu d'immenses champs de maïs redevenu sauvages, envahissant les pentes de la colline proches et les alentours des demeures. Une rivière paresseuse serpentait entre des rives marécageuses, formant une tourbière qui débordait parfois les abords du village, comme un fongus tentant de coloniser l'endroit. Deux ponts, l'un directement dans le prolongement de la route, l'autre plus loin le long de la rivière, permettaient de traverser. Outre le murmure du vent dans les champs de maïs, en revanche, et les croassements des corbeaux, aucun bruit n'animait la campagne.


Herstag, le village fantôme

Lukas acquiesça aux paroles de Melfur. «  Oh oui, les cimetières il n’y a que ça de vrai… Zaonessa et dame Mikilitzi s’y connaissent. En tous cas cela sera plus simple si nous décidons d’exhumer le corps du pauvre enfant pour innocenter quelqu’un.

Sauf si vous, en tant que représentantes des autorités, estimez que cela ne se peut ? Mais vu que vous connaissez les ames en peine et les fantômes vous savez que cela est nécessaire pour le repos des morts.  »

Zaonessa réfléchit puis répond à Lukas

«  Pour moi, soit les âmes des défunts n'ont pas été présentés à la Dame des Tombes et daans ce cas, il faut les conduire à le faire, que ce soit par la force ou par la pitié, soit elles l'ont été et il n'y a plus dans les tombes que des corps inertes qui peuvent être dérangés.

Tu en dis quoi Miki ? »