Une des principales occupations d'Adhuzal enfant avait été de rester écouter les conversations des adultes. Ainsi, bien qu'il soit parti à l'âge de neuf ans, il connaissait la plupart des membres importants de la Maison Candren. Dame Alidan toutefois, avait toujours été très occupée de par ces fonctions, aussi ne l'avait-il pas beaucoup vu. Il n'avait assisté en fait qu'aux repas familiaux, parfois exceptionnellement aux réunions que l'un de ses parents avait organisées. Et bien sûr dans le cas d'une femme aussi puissante que Dame Alidan, c'était elle qui invitait. Enfant, il n'avait jamais été convié. Etre assis là dans son bureau lui et non pas sa mère, lui paraissait un peu étrange voire déplacé. Adhuzal n'avait pas l'impression d'avoir fini de grandir, il lui restait tant à apprendre...

Il se surprit même à repenser à son maître Finrod, franchement où irait-il s'il laissait ainsi son esprit divaguer ? Il était là assis dans le bureau de Dame Alidan, il lui faudrait garder l'esprit centré pour sa première rencontre avec elle. Quand celle-ci rentra, il faillit néanmoins se laisser happer par un détail. Elle portait des vêtements à la mode taldorienne. Détail ô combien surprenant, la sympathie de la Maison Candren allait à l'Andoran que le Taldor considérait toujours comme une province séparatrice. Le jeune mage allait songer aux éventuelles implications politiques, mais il s'arrêta net, il n'y connaissait strictement rien à la mode toujours changeante. Et part ailleurs il avait autre chose à penser en ce moment même. D'une impulsion mentale, il altéra sa conscience. Il était désormais sur un mode réceptif, son esprit enregistrait tout ce qu'il voyait, entendait sans analyser, sans idée préconçue.

Lorsqu'elle eut fini de parler, il lui fallut un moment d'introspection avant de répondre. C'était aussi pour lui-même l'occasion de faire le point. "Alors où en es-tu de ta vie ?" En voilà une question fondamentale ! De plus, la remarque initiale de Dame Alidan le poussa à reconsidérer encore la question. L'apprentissage avec Finrod avait constitué la majeure partie de sa vie, et pourtant pour l'elfe il avait été très bref. C'était une évidence, mais Adhuzal n'y avait jamais songé. Le jeune mage se dit qu'il y avait sans doute beaucoup d'autres évidences qu'il lui échappait. De quoi ébranler un peu sa conception du monde. Autant alors revenir sur l'essentiel. Que voulait-il vraiment faire de sa vie ?

Adhuzal avait souvent pensé aux question existentielles lors de ses moments de solitudes dans la tour de Finrod. Peut-être poussé par le dépaysement et le recueillement. Il y resongea là nouveau dans le luxueux bureau de l'une des femmes les plus puissantes de la ville au centre du monde. Mais son interlocutrice attendait une réponse, il n'avait pas loisir d'y réfléchir à son grès. Et qui sait peut-être que sa conversation avec elle pourrait l'aider à avancer dans sa réflexion. En tout cas y porter un nouvel éclairage.

Il répondit d'une voix mesurée, tachant de décrire au mieux ce qu'il ressentait.

« Je crois que l'enseignement que j'ai reçus m'a donner des bases saines. L'apprentissage de la magie exerce l'esprit, et comme il est tenu à des résultats, il conserve une certaine honnêteté intellectuelle. Après je ne crois pas que l'on puisse me considérer déjà comme un mage. Tout diplômé que je puisse être, je peine encore à pouvoir lancer les sorts les plus élémentaires. J'ambitionne de développer une magie bénéfique pour l'humanité. Mais pour l'heure, je manque à la fois de puissance et de discernement. Je suis très heureux que mon éducation m'ai mis sur la bonne voie, néanmoins il trop tôt pour se réjouir. J'ai encore tant à apprendre...
Je crois que nous devons nous transmuter nous-même, pour pouvoir agir de manière réellement bénéfique pour la société. »

Modifié par un utilisateur jeudi 25 août 2016 19:32:50(UTC)  | Raison: Non indiquée

Quand il eut fini de parler, Adhuzal était de fort bonne humeur, il souriait à son interlocutrice, il souriait à la vie. Mais au fur et à mesure que Dame Alidan exposait la situation, son sourire s'effaça et il revient à une expression neutre. Il s'était attendu à ce qu'elle lui confie une tâche, mais il n'aurait pas cru devoir nager en une eau si trouble. Les Celudo étaient une des plus grandes Maisons d'Absolom, c'était des gens respectables. Il n'en demeurait pas moins qu'ils étaient à la tête de la "Guilde des Mystères", une organisation de spadassins et d'espions et dont la nièce en question s'occupait justement de réseau de renseignement. Adhuzal trouvait que se mêler de leurs affaires pouvait s'avérer à la fois risqué et malsain. Un contrat de construction de bateau ? Certes, certes... Après cela pouvait être pour lui l'occasion idéal de nouer une relation avec une personne qui sera amener à jouer un rôle très important parmi l'une des huit plus grandes Maisons d'Absalom. Tout deux était de la nouvelle génération, c'était eux qui construiraient l'avenir.

Après pourquoi Dame Alidan confiait-elle cette mission à lui en particulier ? Que pouvait faire un magicien tout fraichement diplômé, de plus que la propre mère de la victime quand celle-ci était à la tête de l'un des plus grands réseaux d'espionnage de la Cité au centre du monde ? Peut-être était-ce lié à ses relations. Adhuzal ne voyait que cela, il répondit de suite à son interlocutrice.

« Oui, peut-être même que c'est un des concurrents qui a eut l'idée. Quoique les Celedo doivent avoir beaucoup d'ennemis, même s'il faut avoir un certain cran pour oser passer à l'acte face à eux. Nous pouvons tenter quelque chose, c'est risqué, et s'impliquer la-dedans n'est pas innocent ; mais le jeu en vaut peut-être la chandelle, au-delà même de ces contrats.
Et oui si leur ravisseur échappe même à Annasendra Varabelle, il faut probablement se tourner vers une puissante magie. Je peux tenter de demander à mon ancien professeur de divination. S'il accepte, il faudra bien sûr se procurer un témoin : cheveux ou objet personnel, tout ce qui a un lien avec elle. »

C'était sous la tutelle de ce professeur qu'il s'était spécialisé alors que la tendance dominante à l'Arcanamirium était à "l'universalisme". En dépits de ce que pouvait raconter sa grand-tante, Adhuzal avait eu une relation humaine avec son mentor. Il était sûr que celui-ci accepterait de l'aider s'il était libre. Hélas c'était un homme très occupé, à la fois par ses recherches et des travaux dont le jeune Candren ne connaissait pas la nature. Adhuzal espérait le trouver relativement disponible, mais son ton de voix faisait clairement comprendre que la solution qu'il envisageait était hypothétique.

Ainsi la Guilde des Mystères n'était pas impliquée. La dangerosité de l'affaire en était grandement diminuée, même si du coups il allait être en première ligne. Adhuzal se demandait toujours : Pourquoi lui ? Le seul avantage qu'il s'accordait était qu'il était nouveau en ville, tout comme son futur compagnon. Ils pourraient circuler inconito.

« D'informations. Son nom déjà, si possible un portrait robot, les derniers lieux où elle a été aperçue. Et s'il y a toute sorte de documents qui pourraient avoir un lien avec cette affaire, je pourrais les lire rapidement.
A l'avenir un boule de cristal pourrait nous être d'une grande utilité. »

L'objet coutait cher, mais pourrait être ô combien utile à leur Maison. En autres, de quoi trivialiser ce genre d'affaire. Sinon les rouages du cerveau d'Adhuzal tournait à toute vitesse pour tenter de trouver un plan. Mais il ne trouvait rien de probant il lui faudrait improviser sur place. Il espérait se montrer à la hauteur de cette tâche.

Adhuzal ne parlait pas le varisien, toutefois sa mère lui avait appris à saluer et à remercier dans toutes les langues. Quand il serra la main de Greyst Sevilla, il récita avec application une ancienne bénédiction varisienne. Que l'on peut résumer en "Que les étoiles vous protègent et que le sort vous soit favorable". D'ordinaire pas le genre de propos que l'on tient à un mercenaire, pourtant Adhuzal est friant de formule de bénédiction. Il était content de pouvoir placer celle-ci. Il reprit ensuite en commun sur un ton plus familier, en faisant signe de la suivre. Il se dirigeait vers ses appartements.

« Bienvenue Greyst. Garde du corps ? Quelqu'un qui me suit et qui se contente d'éviter que l'on s'en prenne à moi ? Non, non... Cela ne m'intéresse pas.
Par contre, quelqu'un qui sait manier les armes, suivre et parler à toute sorte de gens. Cela oui, cela m'intéresse. Que cela soit clair tout de suite, je ne recherche pas un bouclier, non je souhaite quelqu'un qui prenne une part active dans ma mission. Serais-tu cet homme Greyst ? En un mot un associé. Je souhaite juste mener ma tâche à son terme. A toi la récompense, à moi la gloire. C'est un partenaire que je veux, pas un simple laquais. Serais-tu cet homme Greyst ?  »

Il était parvenu à la porte de son appartement et s'arrêta pour regarder le varisien droit dans les yeux. S'il acceptais, il s'excuserait pour aller enfiler des habit plus passe-partout. Pour sa convocation chez Dame Alidan, il avait misé sur la simplicité question vestimentaire, rejetant tout ses tenues de soirée pourtant dès très sobre. Toutefois le tissu était d'une bonne qualité et Adhuzal voulait éviter d'attirer l'attention. Il était content que Greist soit sobrement vêtu alors que l'on disait que les vairisiens aimaient les vêtements colorés.

Greyst réagissait vite c'était bon signe.

« Il s'agit d'un enlèvement. Si nous la retrouvons saine et sauve, je te donnerais toute la récompense, tu peux t'attendre à au moins 100 PO. Le pire dans tout cela c'est que la famille a les relations pour la retrouver à coups sûr, mais qu'il préfère tenter une action discrète d'abord, trop fier pour demander.
Tu ne veux pas d'ennuis ? Et bien moins non plus ! On m'a confié cette tâche, je compte la mener à son terme, mais hors de question de prendre trop de risque non plus. En outre la consigne pour cette mission est "discrétion". Cela te convient-il ?

A ce propos, il me semble plus sage d'enfiler des vêtements plus passe-partout. Je te pris de m'excuser deux minutes. »

Adhuzal ressorti changé, avec des plans de la ville, il entreprit de copier celui du quartier de la Monnaie. En tant que magicien il avait l'habitude de recopier et de fait il procédait à vitesse éclair, mais il s'agissait de tout un quartier d'Absalom. Pendait qu'il s'affairait, il s'adressa au varisien.

« Avant tout, faisons le point sur nos ressources. Tout d'abord, en ce qui me concerne. Je ne suis pas tout à fait un jeune noble sans défense. Je suis un magicien ...débutant. Rien de très folichon et aucun sort offensif, mais je serais capable de te soutenir un peu en cas d'affrontement, entravant des adversaires quelques instant, en gênant d'autre. Sache toutefois qu'un magicien débutant n'est utile qu'un nombre très limité de fois par jour. Mon principal atout dans cette affaire est mon familier, je l'ai spécialement dressé pour des missions de reconnaissance.
Autre point important, j'ai passé ma tendre enfance dans ces murs, et j'ai par la suite vécu en autarcie total très loin d'ici, avant de rester cloisonné dans l'enceinte de l'Arcanamirium. Donc dehors de quelque éventuels collègues, et des familiers de la maison Candren, je suis un parfait inconnu à Absalom.  »

Le terme dressé de rendait pas justice au caractère symbiotique de la relation avec Ancre, son scorpion vert qui prenait l'air sur son épaule -Il lui faudrait bientôt se tapir sous les vêtements d'Adhuzal. Celui-ci montra un médaillon au varisien.

« Ensuite voici un portrait flatteur de la demoiselle. Elle se nomme Mérille Delatour. A ce qu'il paraitrait un certain Kalr Mespro serait impliqué dans son enlèvement. Il a ses habitudes dans la taverne Le Repos au quartier de la Monnaie. C'est hélas à peu près tout ce que je sais.  »

Après avoir fini de copier le plan du quartier de la Monnaie, ils se mirent en mouvement. Adhuzal expliqua le plan en route. Enfin plan était un bien grand mot. Des vrais plans, il en avait imaginé une dizaine, mais aucun ne lui paraissait satisfaisant. Le cœur du problème c'est qu'ils manquaient cruellement de donner pour projeter un quelconque plan d'action.

« Pour commencer je suggère de commencer par recueillir un max d'info le plus discrètement possible.
C'est-à-dire, en se contentant d'observer en faisant mine de regarder les échoppes. Arrivé à la taverne, nous n'entrons pas, nous faisons nonchalamment le tour afin de bien connaitre la zone et ses issues. Avec un peu de chance notre Kalr Mespro a sa planques dans le coin, mais il ne faut pas trop y compter. Ensuite, il faudra analyser de l'extérieur la taverne en elle-même, les groupes en présence. Finalement, il s'agira d'identifier notre homme. La difficulté sera de le faire sans attirer l'attention. Demander à un mendiant me semble être effectivement une bonne idée.  »

Arrivé à destination, Adhuzal se réprimanda. Il s'était réjouit à la découverte de la drogue, elle allait rendre leur enquête plus aisée. Il reporta son regard sur les échoppes aux alentours et entrepris de quadriller nonchalamment la zone comme convenu. Vu la profusion exotique des lieux, il ne lui était pas compliqué de promener partout un regard curieux.

Je fais 20 au test de perception ? Donc 27.