Lancé, le groupe était revenu au complet à l'endroit exact où Sorio et les autres s'étaient arrêtés l'heure passée, lors du premier repérage. Tous pouvaient constater les épreuves qu'ils avaient traversés en laissant le sol dur et rocailleux derrière eux, ainsi que le poing rocheux trônant toujours fièrement au dessus de la végétation. Mais ils pouvaient aussi voir la nouvelle épreuve qui les attendait avec, par delà celle-ci, le but ultime qu'ils s'étaient fixé : la falaise cachée derrière la crête ouest, lieu du nid de ces horribles grindilows, kidnappeurs et (peut-être) tortionnaires de leurs compagnons.

Naturellement, Bessel l'aventureuse fut la première à s'élancer dans cette étendue marécageuse qui alliait tourbières, broussailles, sables mouvants et nuées de moustiques particulièrement voraces. Le milieu ne lui faisait pas peur et ses capacités en faisait une ouvreuse des plus correctes. Fidèle à son statut de Gai'shin, le mwangi lui avait aussitôt emboité le pas, comme si cela était la seule place légitime dans le convoi. A les regarder avancer ainsi de concert, le couple semblait à la fois étrangement comique de la par la différence de morphologie et de gabarit ; et en même temps sauvagement dangereux par la démarche presque féline qu'ils adoptaient tous les deux.

Particulièrement attentif au moment de poser le premier pied dans le marais, Pateba avait d'abord fait la grimace lorsqu'il avait vu sa jambe s'enfoncer jusqu'au genou dans l'eau stagnante. Mais il sembla se résigner et suivit la souris sans regarder en arrière. Les autres suivirent également naturellement en restant sur leurs gardes, car bien vite, les pirates se rendirent compte que le danger était ici multiple.



Au delà des simples nuées de moustiques qui essayaient de leur pomper le sang à tout bout de champ, les compagnons devaient redoubler de vigilance pour ne pas succomber au premier danger : les tourbières profondes. La première fois, ce fut Concobar, un peu moins attentif que les autres, qui s'écarta d'un pas de trop et qui disparu subitement sous l'eau. Passé d'un fond de 20 à 30 centimètres, il avait soudain perdu l'équilibre lorsque son pied ne trouva pas le fond. Et pour cause, celui-ci se trouvait soudainement plus d'un mètre plus bas. Perdant sa dignité et son chapeau au passage, il s'étala dans un énorme "Plouf !" qui eut tôt fait de faire fuir les batraciens et les oiseaux qui se trouvaient à proximité.

Revenant auprès de ses compagnons après quelques brassées, il était néanmoins maintenant trempé des pieds à la tête alors que la plume de son chapeau, totalement détrempée, lui donnait un air ridicule. Mais surtout, il se dégageait maintenant de lui une odeur épouvantable qui semblait attirer les insectes de tout bord. Pestant vertement contre sa malchance, il reprit sa place dans la file sous le rire narquois de Rosie. « Alors, Gueule d'ange ? T'avais un peu trop chaud et tu voulais faire trempette ? »

La réplique lui valu un regard de travers du gnome qui, bon joueur, répliqua sur le ton du mec plus malin que les autres : « Si tu étais si maligne, tu saurais que j'ai plongé dans ce trou d'eau pour masquer mon odeur. Ainsi, je serai moins apte à être détecté par tout ce qui peuple cette île. Et surtout, ce magnifique masque de boue m'offre une protection de choix contre... ces foutus diptères de merde ! » La réplique déclencha l'hilarité générale et Conchobar fit un clin d'oeil discret à Anne-Charlotte avant de reprendre sa place dans la file. Une fois leur sérieux retrouvé, chacun comprit qu'il faudrait redoubler d'attention pour ne pas connaître le même sort peu enviable que le gnome. Comme si le fait d'avancer à mi-vitesse dans ce marais n'était pas déjà assez chiant en soi.



Plus d'une heure plus tard, alors que le groupe estimait avoir réussi à traverser la moitié du marais, ce fut au tour de Sorio de sauver la mise à l'ulfe blonde alors qu'ils fermaient la marche. Et cette fois-ci, le danger fut plus sérieux qu'une petite chute dans l'eau. Inga, croyant pouvoir faire quelques pas au sec en passant par ce qu'elle prenait pour un talus solide, avait commencé à s'éloigner de la file quand Sorio la rattrapa solidement par le bras. Mentalement agacée par cette traversée déplaisante et peu encline à se laisser toucher par un homme depuis sa capture, la jeune femme lui cracha : « Quoi ? Qu'est-ce 'tu m'veux ? Lâche-moi, si tu veux manger avec tes dents ce soir ! »

Devant, le reste du groupe s'était arrêté pour se retourner. Anne-Charlotte, la première. L'éclat de voix les avait interpellés.

Sorio.

Malgré la chaleur qui rendait son pelage poisseux, Bessel appréciait assez bien cette petite promenade. Humidité, odeurs fortes, boue, sol glissant, c'était comme des souterrains et autres égouts à ciel ouverte. Chaque pas, à sa façon, lui rappelait ses longues années où, peu appréciée des siens, elle arpentait seule un territoire assez hostile. Ce groupe hétéroclite ne pensait qu'à sa survie, comme tous les groupes d'humains, mais au moins ici, on assurerait ses arrières (jusqu'à un certain point). Finalement, elle s'en sortait bien. Elle se tourna avec Pateba quand ça commençait à se disputer derrière.

«  V'la un homme qui pose la main sur toi pour te sauver la vie au lieu de te violer, tu devrais le remercier au lieu de l'engueuler. Allez on suit par là, c'est ce que l'animal a dit à Kwurzck. On y met un peu tous du sien, ça sert à rien d'aller en sauver deux si c'est pour que vous vous étripiez avant. »

Dit-elle en reprenant la route avec Pateba.

Le médiogaltien leva le pouce pour conclure l'incident avec Inga et montrer qu'il ne lui en voulait pas. Mais à sa dernière remarque, il se permit d'ajouter, le regard sévère et plein de hargne sanguinaire :
« T'inquiète, je s'rai là pour leur tenir la tête le temps que tu leur enfournes dans le gosier! »
A n'en point douter, Sorio cultivait également une vengeance meurtrière à l'égard de ceux qui avaient osés s'en prendre à la belle nordique. Il en était persuadé : le temps viendrait où les comptes seraient réglés et il serait un allié précieux!





La suite du chemin fut un peu plus aisée mais Sorio resta le plus attentif possible pour éviter que l'un d'eux ne subissent les courroux des pièges naturels. Et c'est justement lorsque Conchobar émit l'idée de traverser sur les pilotis qu'il le rattrapa par le col :
« Hola! Doucement l'ami! J'doute pas de ton adresse même si t'es court sur pattes mais si tu tombes, t'auras pas l'droit à une deuxième chance! » fit-il en pointant du doigts ce qui semblait être deux petits cailloux à la surface.
« Les p'tits yeux qui nous fixent c'est pas juste des croco... J'ai d'jà vu ces saloperies! C'est des grenouilles géantes : ça vous choppe à coup d'langue pour vous tirer dans la flotte!
...
Si ça vous gêne pas, j'préfère qu'on prenne pas d'risque : j'passe de l'autre côté et j'vous envoie une corde, ça évitera les glissades à la baille! »

Accompagnant le geste à la parole, le gaillard resserra son bandana, serra solidement les sangles de son sac à dos et recula de deux mètres pour prendre de l'élan. D'un piloti à l'autre, Sorio rebondit alternativement sur chaque pied en prenant soin d'effectuer des enjambées assez hautes pour ne pas attirer les prédateurs à sa portée! Avec grâce et talent, il termina sa course de l'autre côté de la rivière salée en levant un bras pour faire signe que tout allait bien.

Puis tranquillement, il sortit les quinze mètres de corde en soie de son sac pour les dérouler, y fixa son grappin et, après deux tentatives bancales, parvint à faire faire au bout le tour d'une grosse branche. Tirant deux fois dessus pour s'assurer de la solidité de la prise, il gueula ensuite à ses compères :
« C'est bon! Vous pouvez y aller! »
Et le temps que les autres se préparent à réceptionner sa corde, il observa un peu mieux les bestioles qui rôdaient dans l'eau pour s'assurer de ne pas se faire surprendre.


Connaissance des monstres :

Modifié par un utilisateur lundi 11 septembre 2017 14:37:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le nain grogna en voyant l'obstacle qui leur barrait le chemin.
Maudite mouette à la cervelle d'oiseau, elle aurait pas pu nous parler de ce bras de mer traversant l'île ? En plus l'est piégeux le truc, plein de sables mouvants crevant la surface... qui sait ce qu'il y a dessous.

Tandis que le nain fixait l'onde d'un air suspicieux, Sorio attira leur attention à tous sur des yeux qui dépasseraient de la surface. Le nain scruta de nouveau l'eau plus attentivement sans les voir. Mais alors qu'il se retournait vers le médiogaltien pour lui poser une question, il le vit s'élancer sur les pilotis restant, pesant de tout son poids sur chacun d'eux pour franchir l'obstacle, sans même être certain que ces bouts de bois pourris allaient supporter son poids.
Kwurzk pesta : « Mais quel singe ! Va se faire bouffer et faudra aller le tirer de là je ne sais comment », maugréa-t'il dans sa barbe en dégainant sa hache. La précaution s'avéra inutile et Sorio parvint de l'autre côté en leur envoyant un bout.

Guère rassuré du fait de la présence des grenouilles qu'il n'avait toujours pas repéré, le nain rengaina sa hache et se saisit de sa fronde qu'il chargea. « Maître Cochonbard, puisque vous étiez si pressé, je vous en prie, passez devant pour rejoindre Sorio, nous vous couvrons. » La voix du nain ne semblait guère autoriser de réplique, mais Kwurzk jeta néanmoins un oeil à Anne-Charlotte. L'assentiment de la belle bretteuse à une action lui semblait un gage d'accord des autres.

Totalement inconscient des pensées qui traversaient l'esprit d'Anne-Charlotte mais flatté de l'attention qu'elle venait de lui témoigner, Conchobar lui présenta un éclatant sourire. « Je vous en serai gré. La nature a l'étrange obligeance de me rappeler qu'elle ne m'apprécie guère. Mais avec vous derrière moi, je gage qu'aucune déconvenue ne viendra me surprendre. Grand merci ! » Puis, après une inclinaison gracieuse de la tête, il termina : « Je vous attendrai de l'autre côté. Faites attention à vous. » Prenant soin d'assurer ses prises, le gnome s'élança ensuite avec assez de vitesse pour éviter les éventuels coup de langue des batraciens positionnés plus bas. Le même manège se reproduisit ensuite avec Anne-charlotte qui réussit à traverser avec une facilité déconcertante, ainsi que tous les autres qui attendaient encore.


Pendant ce temps-là, Sorio qui avait été le premier à se retrouver de l'autre côté du marais avait noté un semblant de sentier en s'éloignant de quelques pas. Pas tout à fait un chemin, cela lui faisait plutôt penser à un passage emprunté par un animal (ou quelque chose d'autre) qui longeait le marécage. L'herbe semblait aplatit ici ou là, quand elle disparaissait simplement à d'autres endroits ou que des branchages semblaient tordus ou cassés. Si l'inquisiteur se rappelait correctement les indications données par le nain, il fallait continuer à avancer plein ouest. Mais le chemin, lui, s'orientait plutôt nord-est/sud-ouest. Coupant court à ses réflexions, l'ulfe l'avait rejoint avec Kwurzk pendant que les derniers finissaient de mettre le pied de ce côté-ci de la berge. Peut-être comme si c'était sa manière à elle de lui présenter des excuses, elle lui fit un signe de menton quand il la remarqua avant de lui demander : « Qu'est-ce que t'a noté ? Quelque chose d'intéressant ? »

Partageant sa découverte d'abord avec eux, puis avec le reste du groupe, il souligna les deux informations qui lui semblaient les plus importantes. La première était que cette piste était loin d'être inutilisée. Pour qu'il puisse noter des traces de présence, c'est que ce qui parcourait ce chemin devait encore l'emprunter régulièrement. Il ne voyait pas comment le chemin pouvait encore être observable autrement. La seconde, c'était que même si l'orientation ne les menait pas exactement vers l'ouest, si son flair était bon, poursuivre par le sud pourrait leur faire gagner du temps, plutôt que d'avancer à travers champs en utilisant leurs armes pour se frayer un chemin. Mais ça, c'était son avis personnel. Il restait maintenant à décider si on voulait emprunter ce chemin vers le sud pour rejoindre la plage (ou même vers le nord), ou bien si on continuait bêtement plein ouest pour arriver le plus vite possible vers le versant rocheux.

La décision n'était pas capitale en soi, mais pouvait leur permettre de gagner un temps précieux. Elle n'était donc pas totalement anodine non plus.


Carte de l'île

L'oeil sombre et la fronde à la main, Kwurzk regarda le gnome puis Anne-Charlotte passer avec une facilité déconcertante. Comme il avait ouvert sa grande gueule, il décida de passer juste après la belle bretteuse. Rangeant sa fronde et resserrant rapidement sa ceinture, le nain s'avança et s'élança avec force vers la corde. Si la grâce n'était pas au rendez-vous, force fut à tous de constater une nouvelle fois que la jambe de bois du nain ne lui était pas un handicap si génant qu'il pouvait y paraître, bien qu'elle le faisait se mouvoir d'une façon quelque peu grotesque.

Une fois de l'autre côté, s'étant réceptionné avec une certaine maladresse, le nain se plaça à nouveau de façon à couvrir les autres pendant qu'ils traversaient. Il se surprit à bloquer sa respiration tandis que Rosie passait à son tour et il soupira de soulagement alors qu'elle atterrissait de leur côté.

Kwurzk s'aperçut que Bessel semblait hésitante et nerveuse, la truffe de la souris tressautait lorsqu'elle attérit de leur côté, mais elle se reprit bien vite.

Alors que Sorio expliquait à tous ce qu'il avait découvert, le nain observa leur petit groupe. Fatigués, isolés du reste du monde sur une île perdue et hostile, fonçant vers de mortels ennemis et ayant pour seule issue un navire éventré aux mains d'une bande de coupe-jarrets sans foi ni loi qui voulait leur mort... La situation n'était pas brillante, mais tous donnaient le change jusqu'à présent.

Toutefois Kwurzk se rappelait les tensions et les frustrations qui avaient émergé à plusieurs reprises, menaçant de les désunir. Si l'hésitation et le doute les prenaient au choeur, elles pouvaient leur être fatales.

Il fallait poursuivre en avant, la rage au choeur avec une inflexible détermination. C'est ainsi qu'il avait toujours fait face à l'adversité et il avait pu surmonter bien des épreuves de la sorte. Une fois de plus, il fallait serrer les dents et avancer droit devant. Lui savait qu'il le ferait, mais les autres... Il ne les connaissait pas depuis bien longtemps, et plutôt peu. Voir à peine pour la plupart. Certes l'adversité avait soudé le nain et ses trois compères de fond de cale, ainsi que certains des autres, mais jusqu'à quel point ?

Kwurzk décida qu'il ne fallait pas permettre à l'hésitation et au doute de s'emparer d'eux, il fallait les rassurer, les guider. Il s'humecta le doigt et le leva vers le ciel, puis il se pencha vers le sol et murmura en nain quelques paroles incompréhensibles (des chansonnettes enfantines), puis il se releva et déclara d'un ton plein d'assurance : « Suivons le chemin vers le Sud. Toujours vigilants. »

Il espérait que son pseudo rituel blufferait tout le monde, que personne ne lui demanderait pourquoi et qu'il n'aurait pas à mentir. Il se doutait bien que les pratiquants de magie seraient sceptiques, mais après tout suivre le chemin était le plus logique : même s'il s'agissait d'un prédateur dangereux, ils étaient nombreux et armés et comme les grenouilles géantes étaient vivantes, il ne devait pas s'agir d'une créature trop puissante ou affamé ; en outre, celà pouvait être une créature intelligente avec laquelle communiquer et obtenir des informations ; et puis c'était pratiquement leur chemin. Le détour pouvait même leur faire gagner du temps puisqu'ils n'auraient pas à lutter contre la végétation.

Modifié par un utilisateur mardi 12 septembre 2017 10:35:56(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tout comme Sorio, Conchobar avait d'abord semblé sceptique face au rituel de Kwurzk. Quelque chose dans l'intonation du nain, ou dans ses paroles lui rappelait quelque chose. Néanmoins, comme l'autre s'était plus ou moins imposé comme la figure de guide depuis son arrivée à bord (et en l'absence de la prêtresse de Besmara), le gnome eu la délicatesse de ne pas chercher plus loin et de suivre le mouvement. Lui-même confiant sur leurs capacités à relever les défis, il avait accompagné Sorio à l'avant en abondant dans son sens. Un peu bravache, il avait d'ailleurs ajouté : « Kwurzk a raison. Un peu de prudence ne fera pas de mal. Mais sans vouloir m'avancer, j'imagine déjà nos retrouvailles avec Sandara et les autres avant la nuit tombée. Vu comme c'est parti, on va les retrouver en moins de deux et nous ne ferons qu'une bouchée de l'opposition éventuelle ! »

Les autres opinèrent pour la forme, mais ni Inga, ni Rosie ne se faisaient trop d'illusion sur ce qui les attendait. La première s'était simplement postée en arrière, pour fermer la marche avec Pateba et Bessel, ruminant quelques paroles en scalde dans sa barbe. La seconde décida de se poster aux côtés du nain afin d'échanger deux mots avec lui. Alors que le groupe s'était remis en marche et qu'il s'étiolait par moments, l'halfeline se décida à entamer la conversation avec le nain. « Hey, dis, Kwurzk ? L'putain d'optimisme de l'autre chanteur d'opérette fait plaisir à voir. Mais qu'est-ce 't'en penses pour de vrai ? Si Sandara et les autres sont prisonniers des grindilows, ça va être un sacré merdier. Est-ce que t'as d'jà un début de plan en tête pour te montrer aussi confiant ? Ou bien, on f'ra comme on a toujours fait ? C'est à dire en improvisant sur le moment ? »

Rosie avait enfin posé la question qui la taraudait depuis la disparition de la jolie rouquine. Certes, elle se doutait que l'unijambiste n'aurait sans doute pas de réponse satisfaisante à lui apporter. Mais après ces premières heures passées sur l'île, la grande gueule commençait enfin à s'ouvrir au nain. Du moins, à première vue, c'est ainsi qu'on pouvait traduire cela.



Comme Sorio s'y était attendu, leur progression s'était révélé moins pénible en suivant le sentier vers le sud-ouest. A leur gauche se trouvait toujours le marais, épais et puant. Quelque fois même venait-il se rappeler à leur bon souvenir en leur léchant les pieds. Mais cela n'était rien en comparaison de la traversée qu'ils avaient du effectuer un peu plus tôt. A présent, il n'était plus question de batailler à chaque pas pour soulever leur jambes alourdies par le poids de la vase, l'effet de succion subséquent et la résistance même de l'eau qui les obligeait à forcer à chaque pas. Non, maintenant qu'ils progressaient sur ce semblant de piste, cela leur semblait presque une ballade de santé. Alternant régulièrement entre pataugeoire supportable, jungle rafraichissante et début de prairie, tout ce beau monde avait avancé à bonne allure. De fait, la marche avait duré une petite heure jusqu'à ce qu'un nouvel élément ne les force à s'arrêter.

Si le marais se trouvait toujours sur leur gauche, le groupe avait maintenant en face de lui une clairière marécageuse avec un unique arbre assez large en son centre. La clairière en elle-même n'avait rien de particulier. Elle semblait identique en taille à d'autres déjà traversées. Mais deux choses en revanche avait capté leur attention. La première était l'odeur fétide qui régnait dans l'air, mêlant des fragrances de parfum bon marché et des effluves de chair pourrie. Et la seconde était l'arbre lui-même qui semblait enveloppé d’une sorte de gigantesque toile de tente. C'était difficile à voir avec la distance pour l'instant mais des choses semblaient être peintes dessus.

Voyant le convoi s'arrêter devant eux, Inga rejoignit le reste du groupe pour commencer à demander « Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi on s'arr... » avant de s'interrompre brutalement. « Pouah ! C'est quoi, c't'odeur !? C'est horrible ! Ca put la mort ! » fut tout ce qu'elle put dire avant de commencer à se couvrir le nez de son bras. Quelque chose semblait empester dans toute la clairière, et en toute logique, cela semblait provenir de l'arbre en son centre.


Perception. DD15.

La marche avait continué sans qu'Anne-Charlotte ne desserre la mâchoire. Elle se contentait d'écouter les conversations en restant à l'affût du moindre danger. Au fur et à mesure de l'expédition, les moustiques se faisant moins harassants que dans le marais, elle s'était même permise de rabaisser son foulard de devant son visage en le rabattant sur sa gorge. Mais bien que l'optimisme du gnome fut contagieux, elle n'en restait pas moins sceptique et sur la défensive.

Lorsque l'odeur de putréfaction l'assaillit aux narines comme un poison pernicieux, elle remonta son foulard sur son nez aussi sec et fulmina :

« Ça schlingue la viande froide cette merde.
Ya de la mort dans l'air. »
Conclu-t-elle comme une mise en garde en dégainant son sabre.

Kwurzk ne fit que renforcer sa méfiance. Pendant qu'il s'apprêtait à faire le tour du propriétaire avec Sorio, Anne-Charlotte s'avança vers l'entrée de la tente, restant à bonne distance, mais de façon à se placer en protection entre le groupe et l'origine de cette puanteur malfaisante.

« 'Gaffe à vos culs en regardant par terre. Vous voulez vraiment aller là-dedans ou on se casse d'ici ? Cet endroit m'file la gerbe » dit-elle en réprimant un haut le cœur.

Modifié par un utilisateur mercredi 13 septembre 2017 14:07:05(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kwurzk remercia Anne-Charlotte d'un signe de tête. Alors qu'ils examinaient les traces proches de la tente, il montra quelques unes de celles-ci à Sorio qui secoua la tête et lui en montra d'autres. Le nain acquiesça.
Finalement il se releva et indiqua :
« Pas de Gryndilow, des traces humanoïdes plutôt. Certaines chaussées, d'autres non... certaines semblent récentes.  »
Se tournant vers la tente il ajouta : « Vu l'odeur dois y avoir quelques morts, mais peut-être il y a t'il des survivants effrayés par notre bande, ou trop blessés... en tout cas faut voir ce qu'il en est...
 »
Agrippant un peu plus sa hache, le nain fit signe à Sorio et aux autres et s'avança en parlant fort en direction de l'espèce de tente :
« Ohé de la tente, on s'approche. On vient en paix et sans mauvaises intentions. Y a quelqu'un ? »

Arpentant sereinement le chemin maintenant qu'ils étaient sur un terrain plus favorable, Sorio en profita pour vider un peu sa gourde d'eau : la chaleur tropicale commençait à être violente et le manque de sommeil ainsi que la faim se ressentaient un peu plus, pas au point de défaillir mais suffisamment pour que ses pensées soient perturbées par son estomac de temps à autre. Au détour de chaque arbre, il vérifiait quand même qu'aucun danger ne les guette puis il en profitait pour remplir son gosier, allégeant davantage son outre. Mais hormis ces activités, rien ne vint perturber leur arrivée jusqu'à ce qu'ils tombent sur...
« Bordel, c'est quoi cette merde?! »

La phrase lui avait échappée conjointement à la surprise d'Inga. Puis voyant les uns et les autres s'offusquer de l'odeur, il rit d'un rire franc : « Ahah! ça vous dérange tant que ça l'odeur de la charogne?!
...
Bon bah vous êtes pas à ça près si j'vais pisser à deux mètres! »
Après toute l'eau qu'il avait avalé, le médiogaltien constatant qu'il ne semblait pas y avoir de danger imminent laissa le groupe débattre sur la marche à suivre. Trois pas plus loin il alla se soulager au moment où Kwurzk l’interpellait :
« Rhaa putain, on peut même plus pisser tranquille... » râla le gaillard alors qu'il rangeait son matériel...

S'approchant du nain, il reprit tout son sérieux et son attention lorsque ce dernier lui fit part des empreintes. On pouvait d'ailleurs en distinguer ça et là et supposer que plusieurs humanoïdes s'étaient dirigés vers cette tente. Prononçant sa prière à Achaékek et frottant son tatouage protecteur, il dégaina la lance accrochée dans son dos en prenant soin de s'approcher doucement derrière le nain. Le remarque de Bessel termina de le mettre en alerte :
« Tu penses que ça peut être un rituel magique d'une culture bizarre? »

Hochant la tête au direction d'Ann', il prit position pour intercepter un éventuel assaillant qui bondirait au son des paroles de Kwurzk.



Pour la minute à suivre : assistance divine de +1 sur un jet à venir (que je garde pour un éventuel combat) & Stimulant pour 1PV temporaire.
Action préparée de réception en cas de charge ennemie.