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Offline Dalvyn  
#1 Envoyé le : samedi 18 juillet 2020 02:21:23(UTC)
Dalvyn
Rang : Référent
Inscrit le : 15/12/2009(UTC)
Messages : 18,213
Ceci est la traduction d’un billet de blog publié sur le site de Paizo et écrit par Eleanor Ferron.

Au milieu de la forêt, le feu crépitait joyeusement même en l’absence de bois et sans produire aucun bruit de craquement. Quatre poissons grésillaient sur une poêle couleur bleu bronze placée sur le côté pour les laisser refroidir suffisamment pour qu’ils soient mangeables. Des bougies et des bâtons d’encens étaient placés dans la terre, des volutes de fumée s’élevant dans la nuit à partir de leurs extrémités incandescentes. L’occupante de ce campement bien ordonné était absolument époustouflante, ses habits dignes de la première dame de n’importe quelle cour royale, ses cheveux brillant comme des flammes à la lumière du feu. Mais l’élément le plus notable, la chose qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des partenaires de Qiu, était la grandiose demeure verte qui se dressait derrière elle, une maison digne de nobles au milieu d’une forêt.

Faut être idiot pour aller près d’elle. C’est une femme-renard, pour sûr. pensa Qiu en son for intérieur. Et, bien sûr, les partenaires de Qiu, avec leur intelligence bovine, avait décidé de dépouiller la femme de ses biens, et rien de ce que le bandit avait pu dire n’avait été suffisant pour dissuader le reste du groupe. Qiu avait finalement laissé tomber et les avait abandonnés à leur destin, promettant de rester derrière eux. Et de rester bien derrière, loin des regards.

Qiu n’aurait pas dû être si proche. Peut-être avait-il pensé devoir au moins rester sur place et voir ce qui allait se produire, qu’il le devait à ses compagnons pour les victoires et les butins qu’ils avaient partagés avec lui au fil des années. Ou peut-être était-ce à cause de la femme. Cela faisait si longtemps depuis la dernière fois où Qiu avait vu un autre renard se cacher derrière un visage humain, une autre personne qui – Qiu le savait – était vraiment comme lui.

Qiu observa ses compagnons approcher. Yahui prenait un air dramatique, comme d’habitude, tentant d’effrayer la femme avec son acte de gentil-voyageur-devenu-voleur-menaçant, comme si quelqu’un aurait pu croire qu’il avait jamais été gentil. Qiu se glissa instinctivement derrière un arbre quand la femme se leva. Il valait mieux ne pas se trouver dans la zone exposée si les abats se mettaient à voler. Mais, malgré cela, il ne put s’empêcher de se pencher pour jeter un coup d’œil. Les cheveux de la femme semblaient se libérer de l’effet de la gravité alors qu’elle se mettait à conjurer le pouvoir de la magie autour d’elle…

… et s’embrasa alors que sa forme se transformait en celle d’un gigantesque oiseau de feu.

Un phénix, pensa Qiu, sa mâchoire tombant de stupéfaction.

La réaction de Yahui et des autres ne fut pas plus digne. Ils lâchèrent leurs épées, tombèrent au sol, tentant désespérément de ramper en arrière pour s’éloigner de la créature enflammée. C’était des brutes, pas des combattants entraînés. Au moment où ils se relevaient pour fuir, le phénix fit un mouvement d’aile et un mur de feu encercla la clairière. Les flammes magiques engouffrèrent les arbres mais malgré cela, les feuilles et les branches ne noircissaient pas, et ne brûlaient pas. Yahui s’en rendit compte, tout comme Qui, et décida de tenter le tout pour le tout en sautant à travers les flammes. Pour toute récompense, il vit ses cheveux et ses habits s’embraser puis il hurla de panique tout en se roulant sur le sol afin d’éteindre les flammes qui l’enveloppaient.

C’en était trop pour Qiu, le choc lui fit perdre le contrôle de sa forme. Il sentit un museau et de la fourrure blanche sortir de son déguisement d’humain et laisse la transformation se poursuivre, passant par l’apparence d’un humanoïde doté d’une queue avant de se retrouver en petite créature de la forêt à quatre pattes. Avec un peu de chance, il pourrait prétendre être un simple renard. Oh, mais cela avait été une terrible erreur : la chaleur était insupportable dans cette forme, et Qiu ne put s’empêcher de bondir dans la clairière pour s’éloigner des terribles flammes et de la douleur provoquée par sa fourrure et ses moustaches qui se mettaient à brûler.

Quant Qiu cessa de se frotter le museau avec sa patte, la femme semblait à nouveau humaine. Elle l’avait remarqué à coup sûr maintenant, un renard blanc comme neige au milieu de sa clairière, son souffle glacial produisant de la vapeur à la rencontre de l’air chaud. Qiu déglutit et regarda autour de lui vers ses compagnons bandits, même s’ils savaient qu’ils ne lui seraient d’aucune aide. Yahui, au moins, avait l’air de pouvoir survivre, même s’il allait sans doute être bien brûlé et dénué de sourcils pendant un moment.

« Les bandits sont exécutés dans ces terres, » prononça celle qui les retenait prisonniers. « Ou, tout du moins, c’était le cas. La loi a peut-être changé, car j’ai été absente un très long moment. »

La loi n’avait pas changé, mais Qiu ne pensa pas qu’il était vraiment nécessaire de le préciser. Les autres bandits balbutièrent quelque chose d’incompréhensible.

« Mais ce que je suis en train de faire est également contre la loi. Comme pour toutes les tragédies… se retrouver coincé entre l’honneur et l’humanité, » réfléchit la femme à haute voix, décidant visiblement que toute réponse à ses paroles était optionnelle. Elle fit un geste en direction de Qiu puis baissa sa main jusqu’au sol, l’invitant clairement à s’approcher. « Vous êtes un huli jing ? Parlons. »

Qiu n’essaya même pas de feindre l’incompréhension. Cela aurait été futile. Cette femme était ancienne ; cela se voyait dans sa manière de parler, et dans sa puissance, et dans ses yeux.

« C’est un nom que je n’ai pas entendu depuis très longtemps, » Qiu dit, se retransformant dans sa forme véritable, un humanoïde avec deux queues, de sorte à pouvoir plus facilement parler. Il pouvait déjà entendre d’autres noms désignant sa race, plus communs, murmurés par ses collègues bandits. Renard-démon. Dévoreur-de-foie. Qiu ne pourrait plus jamais travailler avec eux après ceci. Cela le surprit de ressentir de la tristesse à cette pensée.

« Je suis Qiu. Qu’est-ce que cet humble huli jing peut pour vous ? » demanda Qiu tout en s’inclinant. Il fit de son mieux pour parler de manière formelle, par respect, mais Qiu eut l’impression que le résultat tendait plutôt vers le prétentieux.

« Je suis Hao Jin, » se présenta poliment la femme, et Qiu comprit enfin, et la crut.

Le Phénix de Rubis. La plus puissante ensorceleuse d’une nation et d’un âge. Peut-être de tous les âges. Il y avait une multitude d’enfants nommés en son honneur, mais Qiu se doutait bien qu’aucun d’eux ne possédait la puissance magique dont il venait d’être témoin.

Elle continua, ignorant gracieusement son expression, « Je cherchez un gens-mort. »

« Un gens-mort ? » répété Qiu. L’expression ne lui était pas familière, et les mots qui la composaient ne lui évoquaient rien. Il y avait des corps à foison dans cette forêt, et sans doute même quelques morts-vivants aussi, mais il n’avait pas l’impression que c’était ce que Hao Jin recherchait.

« Ce n’est plus le mot qui est utilisé pour cela ? » demanda Hao Jin après un moment d’hésitation. « Un peuple que l’empire de Lung Wa a déclaré mort. Leurs demeures doivent être détruites, leurs archives généalogiques détruites. Leur langage ne doit plus jamais être parlé. Leur nom doit devenir un mythe. Ils sont effacés. Ils ne sont plus réels. »

Qiu se mordit les lèvres en ressentant le poids de ces mots. Gens-morts « Je ne sais pas comment qui que ce soit pourrait trouver un tel groupe. Lung Wa aussi est plutôt un mythe ces jours-ci. »

« Je me souviens de leur nom, en mépris de ces édits. Ils étaient le peuple de Xijae. Ils vivaient ici autrefois, » dit Hao Jin tout en se relevant pour rentrer dans sa demeure verte aux nombreux ornements et en faisant signe à Qiu de la suivre. Quand ils entrèrent, ils se retrouvèrent dans un musée renfermant de nombreux joyaux, livres et parchemins écrits dans une langue mystérieuse. Des costumes et des parures dont chaque fil et chaque couleur était vivace et impeccable. Qiu tendit la main sans pouvoir s’en empêcher, les yeux grand ouverts d’émerveillement alors qu’il examinait les broderies et les métaux finement ouvragés. Il n’avait jamais vu de motifs similaires auparavant, ni ce style artistique. Il avait été effacé. Effacé bien avant que Qiu ne naisse, volé sans qu’il ne le sache. Mais… un moment…

« J’ai déjà vu ces choses avant, » dit Qiu après une longue réflexion, tout en faisant rouler une bille de jade et d’argent entre ses doigts. « Il y avait un vieil homme qui les faisait dans un village à quarante lis vers le sud. »

On a dérobé tout son stock, pensa Qiu sans le dire. Il commençait à éprouver des remords à ce sujet. « Je ne sais pas s’il est encore vivant mais… »

« Montre-moi le chemin, » ordonna Hao Jin, avant que Qiu ne puisse trouver comment terminer sa phrase. Elle ressortit afin de ranger ses poêles et ses assiettes dans sa maison, tout en indiquant à Qiu de sortir également. Qiu regarda, émerveillé, le bâtiment se réduire jusqu’à la taille d’une maison de poupées dans ses mains. Elle jeta un coup d’œil en direction des autres bandits, et sembla réfléchir au sort à leur réserver avant de visiblement décider qu’ils n’en valaient pas la peine. D’un geste du bras, elle fit disparaître le mur de feu qui encerclait le camp. Qiu pensait l’avoir entendu dire « Allez, et ne commettez plus de méfaits » ou quelque chose de similaire sur un ton des plus sérieux, mais les bandits étaient déjà en train de courir en hurlant.

« Viens, » dit Hao Jin tout en soupirant dans la direction des bandits. Un souffle de vent éteignit son feu de camp ; un autre les souleva, elle et lui, dans l’air. Ils filèrent au-dessus du sol, atteignant une hauteur qui fit tourner la tête de Qiu… ou peut-être était-ce la vitesse, ou l’air qui se raréfiait. Il avait du mal à rester suffisamment conscient pour montrer du bout d’une griffe le petit point qui se trouvait sous eux. La descente ne fut pas plus lente ni plus facile. Qiu avait le souffle coupé quand Hao Jin se mit à s’approcher à pied du village. Elle avait eu la gentillesse de ne pas troubler les habitants en se posant au milieu de leur ville.

C’est le moment de se mettre à courir, pensa Qiu.

Mais le simple souvenir de l’expressions gens-morts le poussa à suivre l’ensorceleuse, tout chancelant. Qiu se rendit compte qu’elle avait emporté le collier de billes que Qiu avait désigné et qu’elle le montrait à une petite foule de quatre individus, alors qu’un homme sortait précipitamment de sa petite maison, suivi par une femme. Lorsque Qiu atteignit la scène, l’homme présentait dans sa main ouverte un trio de billes de jade similaires, les montrant à Hao Jin.

« Il y a bien longtemps, on m’a remis ces choses pour que je les garde en sécurité, » dit Hao Jin, sortant quelques-uns de ses livres anciens… apparemment de nulle part. Elle les offrit à l’homme en s’inclinant humblement. « L’âge où j’aurais dû les ramener est passé depuis longtemps. Je vous en prie, pardonnez mon retard. »

Qiu pouvait voir les émotions qui parcouraient le visage de l’homme alors qu’il saisissait prudemment le livre et l’ouvrit. Confusion, qui se transformait en reconnaissance, puis en incrédulité. Puis une profonde tristesse incisive, une tristesse qui remontait à plusieurs générations, une tristesse qui ne guérirait jamais, mais qui pourrait peut-être être apaisée maintenant.

« Mon grand-père parlait ce langage, » dit le villageois tout en détournant rapidement le visage pour éviter que les écrits du précieux livre ancien et oublié ne soient entachés et détruits par ses larmes.

L’ex-bandit regarda les villageois se rassembler autour de Hao Jin, leurs voix s’entremêlant au rythme des questions et des exclamations. Une brise parcourut la fourrure de Qiu, et il ressentit tout à coup une froide solitude enfouie au sein de sa poitrine.

Plus d’informations sur Hao Jin et ses reliques du passé dans Lost Omens : Legends, à paraître fin juillet en VO


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