Arrivée à Amegawa


Amegawa

Pour le trio qui passa la porte d'Etain quelques dizaines de minute après Eri et Fai, Amegawa présenta une image discordante. Au premier abord la ville était l'image même d'une cité commerçante animée, les larges allées pavées destinées au commerce ouvrant de larges passages à travers le labyrinthe de ruelles, les toits aux tuiles peintes de rouge, noir et orangé donnant à la ville un aspect perpétuellement automnal, les arbres bordant les avenues bourgeonnant tout juste avec l'arrivée du printemps, les commerces aux devantures colorées, le gong des temples et l'odeur de l'encens; les coups d'oeil intrigués des passants à leur petit groupe.

Comparée à son allure accueillante, la ville était bien calme.... Les étals et les passants étaient toujours là, mais les visages et les conversations étaient tendus, et l'oppressante atmosphère était contagieuse. Les trois voyageurs étaient, malgré eux, sur leurs gardes...Quelque chose rampait sous la surface de la ville, comme un parasite contaminant la cité d'Amegawa toute entière.

La présence de ce qui devait être la garde d'Amegawa était notable... Apparemment les soldats de la porte d'Etain avaient du être parmi les premiers équipés, les autres patrouilles dans le reste de la ville portaient surtout des brassards du même noir et bleu nuit que les uniformes, mais leur équipement était par ailleurs assez hétéroclite. Les visages n'étaient pas non plus familier...quoi qu'ait fait Luoyang en arrivant en ville, elle n'avait apparemment pas eu le temps de consolider une garde à ses ordres, ou en tout cas ça devait être très récent. Cela importait sans doute peu, en revanche, car chacune des patrouilles était accompagnée de l'immense silhouette mécanique d'un Légionnaire de Bronze, les mêmes automates de métal et d'ivoire dont Fai leur avait parlé après le massacre de Mianshan.

Trouver le temple de la Tisserande ne fut pas trop difficile, les passants leur indiquèrent volontiers la direction. Ils remontèrent avenue du Matin, mais bifurquèrent avant le marché vers un quartier qui se trouvait dans l'ombre de la montagne. Le temple était visible de loin, deux larges cloches de bronze suspendues dans les tours jumelles aux tuiles peintes de gris et mauve surmontant le temple, la spirale associée à Pharasma emblasonnée dans les dalles à l'entrée.


Lorsqu'ils entrèrent à l'intérieur, une moniale portant les robes grises et mauve du monastère vint à leur rencontre, les saluant poliment à la manière Tian Shu, un poing pressé dans la paume opposé et une légère inclinaison du buste. Elle s'adressa à Kuma le premier.
« Soyez le bienvenu au temple des Lueurs Orientales, disciple du Maître des Maîtres. Pouvons nous vous prêter assistance? »

Avant qu'il ne puisse répondre, en revanche, le regard de la moniale fut attiré par Lyn. Elle l'examina de plus prêt, fascinée par...quelque chose qu'elle percevait chez l'elfe.
« Voyageuse...qu'est ce qui vous est arrivé sur les routes d'Aihuang? »

Modifié par un utilisateur jeudi 22 février 2024 14:40:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kuma rendit son salut à la mondiale et alors qu'il allait répondre a sa question, se mit de côté lorsque celles-ci fut attirée par l'Arpenteuse. Satisfait d'un côté que la femme d'église reconnaisse que l'état de l'elfe était préoccupant et de l'autre que l'Arpenteuse se confie a la mondiale. Il resta en retrait, aux aguets... Il ne se sentait pas en sécurité dans ces murs

Thème de l'Arpenteuse : Les fleurs poussent même parmi les ruines

Lyn fixa la moniale d'un regard empreint de gratitude mêlée d'appréhension. La suggestion de se faire examiner par les moines lui procurait à la fois un soulagement et une anxiété croissante. Elle sentait le poids de la cicatrice qui marquait son âme, mais elle redoutait également ce que les moines pourraient découvrir.

Elle inspira profondément, laissant son regard errer vers ses compagnons, puis revint à la moniale avec détermination. «  Je vous suis reconnaissante pour votre offre d'aide, même si je crains que ma condition soit... compliquée.  » murmura-t-elle, sa voix tremblant légèrement.

Elle hésita un instant avant d'ajouter, avec une pointe de détermination dans sa voix.
«  Dites moi ce que vous voyez, disciple de la Dernière Dame.  »

Elle adressa un regard rassurant à ses compagnons, espérant qu'ils comprendraient sa décision, puis se prépara à suivre la moniale vers l'examen qui pourrait potentiellement éclairer les ténèbres qui enveloppaient son âme.

Amegawa

Liling ouvrit la bouche pour répondre à Kuma mais se ravisa. Elle même n'avait jamais mis le pied dans un temple de Pharasma avant ce jour et le nain les connaissait sans aucun doute mieux qu'elle. Sans parler du fait qu'elle était véritablement inquiète pour Lyn.
« Je partage cet avis, si notre présence ne risque pas de perturber l'examen...je voudrais être là. »


La moniale acquiesça.
« Les chants ne doivent pas être interrompus pour que l'oracle fonctionne, mais tant que vous demeurez silencieux, je n'y vois pas d'objection. Suivez moi! »

Elle les guida à travers le haiden, sous le regard de la statue de la Tisserande assise sur son trône. L'immense idole de bois et de bronze représentait une femme à la longue chevelure, les yeux mi-clos, penchée sur le tissage d'une tapisserie de soie. Les pèlerins et fidèles, ainsi que d'autres moines du temple s'affairaient aux alentours, mais ce n'était pas leur destination. La moniale qui les escortait échangea quelques mots avec l'une de ses consoeurs, et ensembles le petit groupe se rendit jusqu'au sanctuaire intérieur. La haute salle de bois était très similaire au haiden, le plafond soutenu par les mêmes piliers de bois, mais il y avait quelques différences clés. Ici, l'autel au pied de la statue de Pharasma était de pierre nue, sans les offrandes des visiteurs.

La statue elle même était bien différente. Dans cette représentation, Pharasma était debout, tenant au creux de ses paumes des étoiles, illuminant la sculpture d'une douce lumière mauve. Il était difficile de dire si la lumière qui en émanait était causée par un enchantement ou pas la bénédiction de la déesse, mais elles donnaient au temple une certaine majesté.

La moniale fit signe à Liling et Kuma de rester en retrait, et mena Lyn jusqu'à l'autel, l'invitant à s'y étendre. De cette perspective, le visage solennel de la déesse paraissait presque penché sur elle, baigné par la lueur des étoiles. La moniale se pencha sur l'aventurière.
« Je vais peindre une prière à la déesse sur vous...N'ayez crainte, la peinture ne restera pas. Nos chants et la fumée de l'encens les porteront jusqu'à la Tisserande, et elle pourra nous éclairer sur ce qui vous affecte. »

Une fois certaine que Lyn n'y verrait pas d'objection, la prêtresse calligraphia quelques idéogrammes sur les clavicules et la gorge de Lyn, de la pointe d'un pinceau. Ensuite, elle et trois autres moines joignirent leurs mains, formant un cercle autour de l'autel, et entonnèrent un chant vibrant, prière se mêlant aux harmonies de leur voix. La fumée de l'encens s'éleva vers la statue, et un à un les caractères tracés sur la peau de Lyn devinrent; eux aussi, fumée. Le tourbillon de fumée s'éleva jusqu'au visage de la statue, formant une spirale, et une silhouette fuligineuse se apparu, dansant autour des moniales pour murmurer l'augure à leurs oreilles.

Le silence retomba enfin, et la présence disparu, se dissipant comme la fumée dont elle était formée. Les moniales reprirent leur souffle, et leur guide aida Lyn à se relever.
« Pardonnez mes mystères mais la divination est une discipline délicate, même avec la bénédiction de la déesse. Notre rituel a confirmé ce que je suspectais, en revanche...

Votre première impression n'est pas fondamentalement fausse, voyageuse. Vous...avec quelque chose de brisé, en quelque sorte. Je peux déjà vous assurer sur le fait que vous êtes bel et bien vivante; mais le monde est voilé derrière une sorte de brume froide, n'est-ce pas? Vos sensations à demi muettes, atténuées?

Je ne vous demanderai pas ce qui a causé votre mort, ni ce qui vous a ramené. Vous êtes vivantes et aux yeux de notre foi cela n'a rien d'une faute.
Mais quelle que soit la cause de votre mort, elle a laissé en vous une très profonde cicatrice. Si profonde que votre âme en est restée affectée...votre âme porte en elle ce que l'on appelle une blessure spirituelle. Vous êtes vivante, mais vous portez, gravée dans votre corps et votre esprit, une cicatrice éthérée...une écharde du plan éthéré, si vous préférez...comme un fantôme marchant parmi les vivants.

Je crains qu'il n'y ait que peu de réponses à apporter à cette affliction...des sceaux et des marques spirituelles pourraient en atténuer les effets temporairement...mais il n'y a que deux manières de vous en débarasser. Mourir, et laisser votre âme atteindre la Rivière des Âmes, mais tant que vous porterez cette cicatrice il y a un risque que même cela ne suffise pas et que vous soyez piégée dans le plan Ethéré...

L'autre solution est de retrouver la créature qui a causé votre mort, et de vous libérer de l'ancre qu'elle a imposé sur votre âme. C'est elle qui vous empêche de revenir entièrement parmi nous. Vos destinées sont liées, inextricablement. »

Les paroles de la moniale n'était pas sans écho...et avec elles, l'image du regard bleu comme l'hiver de Lanhua lui vint à l'esprit.

Kuma restait silencieux, tendu comme une arbalète prête à lancer le combat et lorsque les mots "Vous êtes vivantes et aux yeux de notre foi cela n'a rien d'une faute." furent prononcé, il laissa échapper un long soupire contenu et se détendit enfin.

Le reste de l'analyse de la moniale le laissa quelque peu désemparé... Il aurait voulu pouvoir aider l'Arpenteuse, mais il n'avait pas vraiment d'idée par où commencer.

Il accueillit d'un signe de tête les remerciements de l'elfe et emboita le pas de ses compagnonnes vers la sortie.

Thème de l'Arpenteuse : Les fleurs poussent même parmi les ruines

Mettant un instant de côté sa condition physique, ou plutôt psychique, l’elfe profita d’être entre de bonnes mains afin d’essayer d’obtenir des informations sur l’une des raisons de leur venue dans cette ville, en dehors d’aller voir si la famille de Fai allait bien.

«  Tant que nous sommes là… Dites-moi, cela fait fort longtemps que je n’étais pas venu à Amegawa, la ville me semble bien différente… Pourriez-vous me dire ce qu’il s’est passé ces cinq dernières années ?  »

Après cela, ils pourraient sans doute se rendre au point de rendez-vous.