Dommage pour Grimm que les palissades n’arrêtent pas les moustiques pensa Tiriji une fois le déménagement du camp terminé.

Comme à l'usuel, Tiriji avait profité des poses dut à la chaleur pour tenter de finir la série de carreaux qu'elle avait commencé deux jours plus tôt.


23*15/14=24 pa - il manquait 4 pa sur le premier crabe pour faire 20 carreaux et si notre MJ vénéré l'autorise, Tiriji a pu faire 20 carreaux de plus dans le second.

Modifié par un utilisateur mardi 21 juin 2011 21:36:24(UTC)  | Raison: Non indiquée

Pendant la soirée, Tiriji termina d'utiliser les derniers morceaux de carapace de crabe pour se fabriquer des carreaux et Sacha, aidée de Grimm, extrait le poison des glandes de l'araignée. « Sous ces températures, j'ai bien peur que le poison ne garde pas très longtemps sa toxicité. De plus, nous ne pourrons pas nous en servir lors de la chasse : après tout, si nous chassons, c'est pour manger ! Il sera donc peut-être plus utile à ceux qui explorent, non ? » suggéra-t-elle.

Ishirou, quant à lui, se préoccupait plutôt du campement. « Quel est le programme de demain alors ? Nous restons sur place au moins une journée, c'est bien ça ? » demanda-t-il à Jask, qui acquiesça.

L'ex-prisonnier expliqua qu'il irait récolter des baies d'orties le lendemain, à l'aide de la patte de singe. Ishirou reprit « Il vaut mieux ne pas y aller seul, Jask. Jusqu'ici, nous n'avons rencontré aucune opposition mais… qui sait ce que la jungle renferme. »

« C'est en travaillant pour le Consortium Aspis que tu as appris à monter des camps ? » demanda Sokiba à Ishirou quand tout fut terminé. Le tiannais avait visiblement une expérience dans ce type d'activité ce qui était utile dans leur situation.

Elle hocha la tête à la suggestion de Zao. « Peut-être deux ou trois personnes pour les baies, deux qui restent au camp, comme celui-ci est protégé, et le reste qui part en exploration. »

« Pour ma part, je préfère explorer mais s'il y a besoin de renfort pour le camp ou les baies, je peux rester. »

Ishirou observa Sokiba un long moment sans rien dire puis, finalement, il hocha la tête. « C'est exact. Après… disons… la mort de mon père, pour faire simple, je me suis retrouvé à bord d'un navire du Consortium Aspis, en tant que passer clandestin. Je suppose qu'ils auraient pu me jeter par-dessus bord mais… ils ont dû voir que je leur servirais sans doute plus en étant vivant que mort. J'avais une dizaine d'années à l'époque, je n'avais nulle part ailleurs où aller et… je voulais oublier mon passé. »

Le Tianais se mit à astiquer son katana comme il le faisait souvent tout en continuant à répondre à Sokiba. « Ils ont accepté de me garder à bord, à condition que je paie le voyage en travaillant pour eux. Et j'ai accepté. » Son visage se figea en un masque complexe d'amertume, de regret et de nostalgie. « Je crois que ça a été la croisière la plus chère de tout Golarion : je suis resté à leur service pendant 30 années. Trente années passées à voyager à travers l'étendue Mwangi, d'abord en tant que manœuvre, puis en tant que garde, puis en tant que chef d'expédition. Trente années passées à collecter les découvertes du Consortium Aspis et à les ramener vers les ports à partir desquels elles pouvaient être envoyées vers l'Avistan. »

« Si vous connaissez le Consortium Aspis, vous savez qu'ils ne font pas de différences entre des joyaux naturels, des sculptures anciennes et des icônes idolâtrées par les tribus primitives. Toutes ces "découvertes" devaient être ramenées en bon état pour pouvoir être acheminées vers le nord et revendues. L'avis des habitants locaux ne comptaient guère. Certains se satisfaisaient de l'or que le Consortium Aspis leur donnait ; d'autres préféraient des paiements en alcool ou en babioles sans valeur. D'autres, par contre, étaient prêts à défendre leurs biens à tout prix. C'est d'ailleurs surtout pour cela que le Consortium Aspis avait besoin de gardes : rares sont les pillards ou les voleurs qui osent attaquer un convoi du Consortium, car ils savent que les répercussions seront terribles pour eux. »

Il prit son katana en main et lui fit faire quelques mouvements dans les airs. « C'est le Consortium qui m'a donné ce katana, quand j'ai été nommé chef d'expédition. Une récompense, pour les avoir bien servis… Donc, oui, j'ai pas mal bourlingué ces trente dernières années, et j'ai dû souvent m'occuper de la logistique des campements. » conclut-il.

« Je venais de terminer trente années de service pour payer ma place de passager clandestin. Je m'étais dit que prendre le Jenivère me permettrait de recommencer ma vie ailleurs, de faire peut-être autre chose que de massacrer des indigènes. » Il désigna la jungle toute proche, la tente, la rivière et la chute d'eau puis ajouta « Le destin est ironique, non ? »

C'est Gélick qui brisa le silence qui s'en suivit. « Bah ! Le Consortium Aspis. De sales personnes, sans aucun respect pour tout le savoir que Golarion a à nous offrir. Ils sont souvent entrés en conflit avec les Éclaireurs, naturellement. » Le gnome haussa les épaules et ajouta « Je suppose que le conflit est inévitable entre un groupe qui ne cherche qu'à s'enrichir à tout prix en pillant les richesses et un autre groupe qui désire avant tout étudier, comprendre et apprendre. »

Jask précisa « Ce qui ne veut pas dire que les Éclaireurs aient toujours le bien-être des peuplades locales à l'esprit. Ce n'est pas si simple que ça : certains Éclaireurs n'hésitent pas à profaner voire à piller des lieux sacrés pour trouver des reliques à étudier. Quand je travaillais pour le gouvernement du Sargava, j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'entendre parler de tribus locales qui se plaignaient du Consortium ou des Éclaireurs. Pour eux, il n'y avait souvent guère de différences entre les uns et les autres. En fait, dans de nombreux cas, ils mettaient tous les colons dans le même sac. »

« Mais il y a un autre point qui unit les Éclaireurs et le Consortium : les deux travaillent avant tout pour les contrées du nord. C'est vrai que les seconds sont plutôt sanguinaires… sans vouloir t'offenser, Ishirou » — le Tianais hocha simplement la tête : il ne contestait pas le jugement de Jask — « alors que, parmi les Éclaireurs, certains sont moins… brutaux. Mais, dans les deux cas, ils recherchent la richesse ou le savoir pour les habitants du nord. On dit souvent que le Sargava est une contrée "au bord"… Au bord de la carte, oui, tant elle est éloignée de l'Avistan, mais aussi au bord du gouffre. Au bord d'un gouffre social aussi bien que financier. Et ni les Éclaireurs ni le Consortium ne s'en soucie vraiment… »

Sasha réfléchit un instant puis elle dit… « Si ma mère avait voulu en finir avec moi, je serais en train de pourrir quelque part dans la jungle de Médiogalti à cette heure-ci. Les Mantes Rouges ne sont pas du genre à utiliser des moyens détournés pour arriver à leurs fins. Enfin… ce n'est pas le cas de ma mère. »

Ishirou répondit à son tour. « Je ne vois pas pourquoi le Consortium voudrait me tuer. Après tout, je n'ai aucune information privilégiée, et ils m'ont laissé partir après ces trente années de service. » Il réfléchit un instant et ajouta « Je suppose que certaines peuplades Mwangi pourraient vouloir ma mort… mais je doute qu'elles fassent naufrager un navire pour cela. »

Jask, quant à lui, secoua simplement la tête avant de préciser « La seule personne qui aurait pu vouloir ma mort est le capitaine contrebandier qui m'a fait accuser à sa place. Et, comme je vous l'ai dit, aux dernières nouvelles, il se serait échoué sur cette île-ci lui aussi. »

Gélick, quant à lui, ne fut pas aussi catégorique. « Je suppose qu'il y en a plus d'un qui voudrait faire taire la voix de la vérité qu'est Gélick Aberwhinge ! Plus d'un qui seraient jaloux de mes talents de rapporteurs et qui, par pure méchanceté, pourraient vouloir m'assassiner ou me faire disparaître avant que je n'ai vraiment eu l'occasion de devenir un Éclaireur. C'est donc bien possible que vous ne soyez tous que de malheureuses victimes d'un terrible complot visant ma personne. » Voyant les moues dubitatives qui le regardaient, Gélick haussa les épaules et dit « Bah. On dirait que vous ne me croyez pas, que vous ne pensez pas qu'il soit concevable qu'on puisse vouloir me tuer ! »

La plupart des naufragés ne commentèrent pas les dernières paroles de Gélick.

« Il est bien quelques personnes qui aimeraient me voir disparaitre, mais je les ait laissé loin derrière moi, et je ne pense pas qu'elles se seraient donné autant de mal...

Surtout que j'ai tout fait pour disparaitre moi même.

Sans aller jusqu'à couler le Jenivère, bien sur!

Nous autres gnomes, sommes des gens raisonnables...




Enfin, nous autres gnominettes surtout... »

« J'ai protégé mon village de gens comme ceux du consortium d'Aspis ou des éclaireurs. C'est ... c'était ... mon rôle et mon devoir. Enfin, je ne pense pas que mes actions ni mon passé n'est obligé quelqu'un à nous faire échouer sur cette île...  »

Un brin de mélancolie s'empara un instant du rude nain

J'espère que ce dernier est encore debout et n'a pas été pillé...

« Bon, c'est pas tout, mais ça ne nous dit pas ce que nous allons faire ! »

Au fil des discussions, il sembla de plus en plus clair que Jask, Aérys et Sasha partiraient récolter des baies pendant que Gélick et Ishirou resteraient au campement. « Oh, ça… » répondit Aérys. « Ce sont juste quelques notes, des bouts de poèmes sur lesquels je travaille de temps en temps. Je suis bien contente de les avoir récupérés après le naufrage. » ajouta-t-elle simplement.

Aérys hésita quelques instants puis répondit « Pourquoi pas… après tout, c'est un peu grâce à vous si j'ai pu les récupérer. » Elle ajouta « Et si je suis encore en vie pour continuer à écrire… » Elle alla chercher la liasse de papiers rassemblés dans une sorte de couverture de cuir épais et se mit à feuilleter l'ensemble. La plupart des écrits se trouvaient sur des bouts de parchemin de tailles différentes : il semblait évident qu'il y avait là le travail de plusieurs mois, voire de plusieurs années, des bouts de poèmes écrits sur une longue période.

« Ce sont des poèmes courts plus ou moins inspirés de certains événements que j'ai connus ou dont j'ai été témoin. » expliqua la demi-elfe. « Je n'irais pas jusqu'à dire que ce sont des perles de sagesse mais… enfin, j'espère transmettre quelques messages à travers eux. » Elle s'arrêta de tourner les pages et examina un morceau de parchemin pendant quelques secondes. Finalement, elle s'éclaircit la voix et se mit à le lire.

Dès les premières strophes du poème, il fut évident qu'il s'agissait d'un texte de qualité. Le récit suivait une sorte de ligne médiane à mi-chemin entre de la description pure et précise et des métaphores imagées qui captivaient l'imagination. Techniquement, pour autant que les uns et les autres puissent en juger, le texte suivait une métrique rigoureuse avec des rimes fortes et mélodieuses qui rendaient l'œuvre agréable tant par sa forme que par son fond.

Les trois premières strophes plantaient le décor et les personnages. Pour le premier, il s'agissait d'une ville des Enclaves, qui n'était jamais nommée, et plus particulièrement une taverne de réputation douteuse que les pirates fréquentaient et où les bagarres étaient monnaie courante. Les personnages principaux semblaient être le propriétaire de l'auberge, un vieux borgne bourru qui rêvait de gagner une fortune afin de pouvoir s'acheter un navire et partir sillonner les mers et une jeune servante au physique avantageux que le propriétaire avait engagée pour ses charmes qui plaisaient aux clients.

Puis l'histoire commençait en décrivant les soirées à la taverne, où la jeune femme devait ruser sans cesse pour éviter les mains et autres membres baladeurs des clients et trimer dur pour un salaire relativement minable. Plusieurs fois, la fille avait demandé au propriétaire à être mieux payé mais ce dernier répondait sans cesse qu'il ne pouvait pas se permettre de lui donner plus et qu'elle ferait bien de se réjouir d'avoir des charmes vendeurs plutôt que d'en demander sans cesse plus.

Piquée par les commentaires du propriétaire, la serveuse avait commencé à mettre au point une tactique pour augmenter elle-même son salaire. En début de soirée, elle servait les nombreuses bières commandées par les pirates de passage tout à fait normalement. Par contre, plus tard dans la nuit, chaque fois qu'un client éméché lui commandait des bières, elle prenait deux chopes au comptoir, l'une remplie et l'autre vide, puis elle faisait un détour par la cuisine. Là, elle répartissait la bière entre les deux chopes et complétait en puisant dans le tonneau d'eau de pluie qui s'y trouvait. Les clients auxquels elle jouait ce tour, bien trop bourrés pour s'apercevoir de quoi que ce soit, la payait pour les deux bières mais elle ne versait que la moitié dans la caisse de la taverne.

Et ainsi les semaines passèrent, pendant lesquelles la jeune serveuse continuait ses machinations sans que le propriétaire, bien trop préoccupé par ses comptes toujours insuffisants pour lui permettre de s'offrir un navire, ne remarquât son petit jeu. Finalement, lors d'une fin d'après-midi pluvieuse, la serveuse demanda à voir le propriétaire de la taverne. Une nouvelle fois, elle lui demanda une augmentation mais, cette fois-ci, avant que le propriétaire n'ait le temps de refuser, elle lui expliqua qu'elle avait une méthode infaillible pour augmenter les gains de la taverne.

Mais le propriétaire, qui ne voyait en elle qu'une écervelée dotées d'une plastique alléchante, se contenta de rire et de se moquer d'elle avant de la renvoyer à son travail sans même l'écouter. La jeune serveuse garda pour elle les répliques cinglantes qu'elle avait envie de lui rétorquer et retourna travailler.

Le poème se terminait par les deux strophes suivantes indiquant à force de caractère et de persévérance, la serveuse avait fini par accomplir les rêves que l'aubergiste était incapable d'atteindre pour lui-même.

      Le temps passa, et un peu moins d'un an plus tard,
      C'est en tendant l'oreille à quelques racontars
      Que le propriétaire de la taverne apprit
      Cette nouvelle qui le laissa fort déconfit.

      La serveuse qui venait de démissionner
      Avec sur les lèvres un étrange sourire
      Dès potron-minet avait quitté la cité.
      Elle, capitaine de son propre navire.

Modifié par un utilisateur samedi 25 juin 2011 19:02:03(UTC)  | Raison: Non indiquée