Port Péril,

1er Desnus 4708

Le soleil venait de mourir au large de Port-Péril, tutoyant les volutes de l'œil d'Abendégo.
Une brise chaude soulevait parfois les odeurs du port de pêche, les mélangeant aux autres fragrances inhérentes aux cités portuaires.

Rapidement, les ruelles sombres grouillèrent d'activités puis se vidèrent, telles le sac et le ressac.
Les habitants de cette dangereuse cité étaient bien loin de tomber dans les bras de Desna, rêvant dans leurs draps de soie de leur prochaine réussite commerciale et illégale.

Non. Les tavernes étaient pleines d'une excitation et d'un tumulte qu'on pouvait ressentir de l'extérieur de ces établissements.

Dans les vapeurs de rhum et de bière, entre les rires gras, les caresses sans vergogne, la Taverne de la "Vierge Farouche" venait juste de sortir de sa torpeur diurne.
L'enseigne colorée, rongée par les embruns, permettait à une serveuse gironde et plantureuse de se déhancher plusieurs chopes à la main, son décolleté ne laissant aucun doute quant à la qualité des services fournis par l'établissement.

Une fois la porte franchie, et après avoir été assailli par un déluge sonore où se mêlaient accordéons, violons et rires, on pouvait sonder les brumes et le brouillard du tabac des pipes, dompter les relents d'alcool et de sueurs et enfin accéder à la promesse d'une nuit de liesse.

La porte refermée, qu'entendrait-on en plus des tintements des chopes ou des cris des perroquets déplumés ? Quelques histoires sur le Roi de l'Ouragan, ou bien la sempiternelle rengaine d'un butin enfoui par delà les Entraves dans quelques îles habitées de géants cannibales ?

A toutes les tables, des pauvres bougres, plus ou moins capables de survivre à la dure réalité de la vie de pirates, tentaient de goûter aux plats rustiques à base de poissons frits, pour ne pas sombrer trop vite dans l'ivresse.
Peu d'entre eux servaient sur un navire. Il valait peut-être mieux être marchant ou même catin à Port Péril que d'aller chercher fortune sur les flots, soumis aux extravagances de Besmara, usant son corps et son esprit pour quelques pièces d'or ou tout simplement pour la possibilité de manger à sa faim.
Les grands capitaines étaient peu nombreux, leurs équipages affamés et dociles, eux, beaucoup plus.

Et malgré cela, la mer, le sillage des voiliers dans les eaux tumultueuses, les abordages, les butins et la soif de renommée attiraient encore de nombreux hommes et femmes.
La Vierge Farouche leur permettait de rencontrer parfois des légendes mais souvent des malheureux que la postérité ferait sombrer dans l'oubli.



Ce soir pourtant, la Reine Pirate avait réservé un de ses caprices à de futurs pirates...

Modifié par un utilisateur dimanche 2 juin 2013 22:47:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

La nuit allait être froide, malgré le soleil qui réchauffait correctement les journées, dès qu'il se couchait alors s’installait un froid glacial qui poussait les marins à pénétrer dans une taverne, non seulement pour se réchauffer extérieurement mais également intérieurement.
Kanoa, comme à son habitude lorsqu’il était en escale, n’allait pas déroger à sa tradition, surtout quand il était dans un grand port où de nombreux marins étaient de passage !!

Le navire sur lequel il exerçait était en escale, il connaissait parfaitement cette ville et savait où il se dirigeait, A la vierge Farouche !!! Le marin savait que les filles étaient bavardes et chaleureuses, et que l’alcool coulait à flot. Ses compagnons marins savaient o* le retrouver en fin de nuit, lui n’allait pas les suivre ce soir ! Il ferait juste un endroit, il n’avait pas envie de marcher. Ce soir sa jambe de bois le faisait souffrir, c’est ce qui se passait parfois, histoire probablement de lui rappeler certains souvenirs. Ou alors était-ce un signe de son frère ??? Ce soir encore il poserait la question !!!

Le claquement du bois sur les marches de la taverne, ne se firent plus entendre dès qu’il ouvrir la porte, le bruit était tellement dense, et la taverne tellement pleine que personne ne remarquerait !!! Il entra et essaya de remarquer s’il connaissait d’autre marin, mais son attention fut détournée par cette splendide créature qui se dandinait et chantait sur une des tables. Tiens une nouvelle !!! Excellent ça !!!

Kanoa récupéra rapidement une timbale pleine, puis alla se poster prêt de la table qui attirait de plus en plus de monde !! Et participa activement !!

Modifié par un modérateur vendredi 30 novembre 2012 20:55:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Après avoir pris un copieux dîner dans l'auberge de ses parents, Thomas Ward fut envoyé au lit par sa mère car il avait un entretien très tôt demain matin avec le serrurier du coin. Ses parents prévoyaient de le faire entrer en apprentissage chez ce dernier... Ce qui ne lui plaisait pas plus que ça. Néanmoins le jeune halfelin ne laissa rien paraître et sourit même à sa mère avant de monter, sans se presser, dans sa chambre se trouvant au premier étage.

La porte verrouillée, le roublard entra en action. Mozzi sortit la sacoche, qu'il avait préalablement préparée, de sous une latte du plancher et enfila des vêtements plus adaptés à ses escapades nocturnes dont une armure de cuir. Ainsi équipé, le semi-homme quitta discrètement l'établissement familial par la fenêtre.

À cette heure tardive, le petit homme savait qu'il ferait une cible facile mais il n'en était pas à se première fois! Par habitude, Thomas se mouvait d'ombre en ombre évitant ainsi tous ennuis... Après une dizaine de minutes, la Vierge Farouche apparut enfin devant lui. Sans perdre une seconde de plus, il y entra...

Mozzi, avec sa tignasse noire et ses magnifiques yeux verts, était très beau garçon. Son petit air canaille devait plaire énormément aux jeunes halfelines... Et en énerver certains ! Svelte et agile, il se déplaçait d'une démarche souple et assurée. Par-dessus son élégante chemise blanche, il portait une belle tunique de cuir qui cachait de nombreuses poches et de multiples sangles. Qui sait combien de dagues et de petits outils étaient dissimulés là dedans !

Il s’immobilisa à la vue de la femme, très peu vêtue, qui chantait dans la salle. Le jeune roublard n'était pas insensible aux charmes féminins... Surtout qu'il n'avait eu que des frères! Il camoufla son rougissement en passant sa main dans ses cheveux puis alla rapidement s’asseoir à une table dans le fond pour avoir une meilleure sur la... salle. De là, le semi-homme ouvrit en grand ses oreilles à la recherche de bonnes affaires. Alors, qui sera le pigeon ce soir?

Modifié par un modérateur vendredi 30 novembre 2012 20:58:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sa chanson terminée elle descendit de la table et se dirigea vers le bar. La sueur perlait sur son corps ferme. Un sourire radieux illuminait son visage. Un jeune halfelin la regardait depuis le début. il était très jeune mais elle lui rendit son sourire et lui fit un clin d’œil.

Elle fut arrêtée par une des serveuses, elle reçut une bière, la serveuse lui indiqua que c'était le vieillard avec un corbeau qui la lui offrait. Elle ne se fit pas prier, qu'importe son âge, elle irait le remercier quand même. Elle passa près de lui, lui mit la main sur le torse par derrière et lui donna un baiser sur la joue en lui murmurant merci.

Elle reprit son envol fut attrapée par l'homme à la jambe de bois qui avait suivit sa représentation avec beaucoup de motivation et qui avait même participé lors des refrains, il était certainement de bonne compagnie, il semblait plutôt bel homme malgré son handicap. Elle s'arrêta près de lui et lui sourit avec un regard charmeur. Il fallait beaucoup de courage pour aborder une belle femme avec une jambe de bois, et elle récompenserait ce courage. Elle accepta volontiers son invitation et le suivit à la table.
« Merci de l'invitation. Vous passez une belle soirée? »

Modifié par un modérateur vendredi 30 novembre 2012 21:02:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

C’est avec un large sourire qu’il se dirigea vers un des bouts de table en charmante compagnie !! He he !! J’en connais qui vont rager d’avoir fait le tour des autres bouges, quand ils vont se pointer ici !!

Puis il répondit à la jeune prostituée, « Bien sûr que je passe une bonne soirée, et je pense qu’elle va être encore meilleure d’ici quelques minutes! Hein ma belle ?? » Il lui fit un clin d’œil.

« Alors comme ça, t’es nouvelle ? L’patron, il doit s’réjouir d’avoir dégotté un p’tit bout comme toi !!!
J’connais s’t’endroit depuis un bail et j’ai jamais vu une gamine comme toi ici !! »

Kanoa avala de nombreuses gorgées pour se donner du courage, une fille comme ça devait avoir fait pas mal de taverne et elle avait dû en voir du monde passer. Mais malheureusement depuis le temps son frère avait lui aussi dut bien changer ! Il lui poserait la question plus tard ou peut être un autre jour, après tout son bateau ne devait pas repartir avant quelques levés de soleil !!
« Au fait moi c’est Kanoa, mais mes amis m’appelle Pied d’mat, j’te dis pas pourquoi, hein !!
Allez boit un coup, et t’inquiète pas c’pichet, il a encore plein de grands frères, derrière le l’bar !!  »

Modifié par un modérateur vendredi 30 novembre 2012 21:04:17(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sarah et Kanoa passèrent encore une bonne partie de la nuit à converser. La belle plante ne se souvint plus s’il avait évoqué son équipage ou s’il l’avait éconduite. Ils avaient bu, ils avaient bu beaucoup plus qu’ils ne le pensaient. En effet, un demi-orque avec un bonnet rouge, qui avait tout l’air d’un marin éméché, s’était approché de la belle, bave aux lèvres, pour lui offrir les six pichets de bière qu’il arrivait à porter par miracle.
Mais il dut les laisser assez prestement, l’envie d’uriner le tiraillant. Abandonnant Kanao et Sarah à ces litres de bière. Ils burent encore, rirent, Sarah poussa encore une fois la chansonnette, déchaînée, sous le regard sans doute amusé du prêtre.
Et puis, et puis… qui savait quand et comment la soirée s’était arrêtée. Un équipage perdu, un équipage recherché… une nouvelle galère commencait.




Vitalius avait remarqué que beaucoup de clients quittaient l’établissement l’air totalement abasourdis par l’alcool. Mais le vieil homme ne pouvait se résoudre à renoncer à son projet.
Ayant même fini une boisson qu’il ne pensait pas boire, il se vit commander une autre boisson à une serveuse vérolée. Celle-ci, sûrement également écervelée, ou bien fatiguée de se faire toucher les fesses, se trompa en lui ramenant un « récif ». La boisson était rustique, à base de rhum et de sang de griffes de récif. Vitalius regarda le tout avec dégout mais ne la voyant pas revenir après de longues minutes d’attente dans ce brouhaha sans nom, il se résigna à mouiller le bord de ses lèvres.
Le breuvage dut lui plaire puisqu’il en commanda un autre, puis sûrement un autre … Combien, il n’en saurait jamais rien. Si cela se trouvait, il avait sombré dans un étrange cauchemar à la première gorgée… Mistral, lui avait assisté impuissant à une étrange scène.




Thomas Ward n’avait pas eu à attendre longtemps, un homme de forte corpulence, affublé d’un costume de parvenu, fit son entrée dans la taverne. La bourse qui pendait ostensiblement à sa ceinture promettait des nuits d’amusements. L’énorme chevalière qui couronnait son doigt bouffi aurait pu nourrir une famille pendant de longues semaines. Le fat était sûrement à la recherche d’une vierge pas farouche puisqu’il tenta d’approcher la serveuse. Éconduit plusieurs fois, il se résigna à quitter la taverne, marchant de guingois. Mozzi ne put résister. Il lui emboita le pas et attendit qu’il tourna dans une ruelle sombre.
Puis tel l’arroseur arrosé, alors qu’il s’apprêtait à assommer le gros bonhomme, il sentit une douleur vive dans sa nuque …. Un coup de gourdin le fit basculer dans l’inconscience. Ainsi allait Port-Péril. Il n’était pas prêt de rentrer chez lui.



La suite là.

Modifié par un utilisateur vendredi 30 novembre 2012 21:46:24(UTC)  | Raison: Non indiquée