Jéva attrapa le sac que lui lançait l'elfe et l'aida à ramasser les affaires qu'elle voulait emporter - bien qu'elle ne s'approcha pas des armes en argent.

Comme elles étaient blessées, la route jusqu'à la chaumière se réalisa plus à la marche rapide qu'à la course.

Au bout d'une vingtaine de minute, la jeune fille se laissa aller à une timide question:

« Comment vous êtes-vous connus, avec Sir Davian? »

Les joues de la jeune fille rosirent.

« Oui, il avait l'air gentil. J'espère que tout se passera bien pour lui et les autres.
J'espère qu'ils ne sont pas allés dans les ruines. »

« Je ne sais pas trop. C'est surtout mon loup qui en a peur.
Ca a l'air terrible ce qui se trame là-bas. Mon loup n'a jamais peur de rien.

Sauf de l'argent.

Et de ça. »

Elle frissonna.

« C'est de ma faute si tu n'es pas avec eux.
Je m'en veux. »

Il y avait moins de mièvrerie dans sa voix, mais son inquiétude et sa honte étaient sincères.

« Je ne mentais pas quand je t'avais parlé du groupe disparu dans le sanctuaire.
Et ils avaient l'air plutôt entrainés. »

« Il y a quelque chose de malsain dans la Faille, sans que je sache quoi... »

Lorsqu'elles arrivèrent à la chaumière, l'endroit était calme. Excessivement calme.
Inquiète, Naule entra le plus vite possible, prête à découvrir une funeste nouvelle.

La première chose qu'elle remarqua vu cette désagréable odeur d'excrément. Elle s'y attendait bien entendu, mais l'atmosphère était étouffante.
Les herbes qu'elle avait placé en infusion dans de l'eau bouillante avait diffusé une douce odeur qu'il était difficile de reconnaître.

La louve ne bougeait pas, et elle ne vit pas son thorax se soulever. Elle s'approcha prestement et faillit sursauter lorsque cette dernière ouvrit les yeux de surprise.
Elle dormait simplement profondément.

Elle avait cependant à peine toucher à la nourriture qui avait été laissée à disposition.

Par contre, Naule put constater avec un certain plaisir qu'elle avait eu la force de se déplacer pour faire ses besoins un peu à l'écart.

Après un examen rapide, il apparaissait que l'état de l'animal était stable. Ni mieux, ni pire.

La course dans l'autre sens semblait beaucoup plus longue.

A cause de la fatigue. Les muscles tiraient et leurs corps réclamaient le repos.
Pourtant, elles n'avaient pas le choix: il fallait avancer. Encore.

Alors qu'elles arrivaient en bordure de la rivière, le soleil était encore assez haut dans le ciel.
Naule s'arrêta, pensive, le regard perdu au loin. Le courant semblait assez calme et l'autre rive les attendait à un peu plus d'une centaine de mètre de l'autre côté.

Si seulement...


« Je nage plutôt bien. »

L'elfe se retourna, surprise.
Elle n'avait rien dit et pourtant...

Leurs regards se croisèrent et un échange sans mot eut lieu.

« Je ne porte rien, il n'y a pas grand chose qui retiennent mes mouvements. Si tu penses pouvoir le faire, je te suivrais sans problème. »

Traverser la rivière à la nage leur ferait gagner une belle poignée d'heures de course...

Jéva traversa sans encombre la rivière, mais sous forme humaine cependant.
Devant le regard interrogateur de l'elfe, elle s'excusa, penaude:

« Je suis navrée. J'ai essayé, mais je n'ai pas réussi à me transformer. Je crois que je vais encore avoir besoin d'entraînement pour cet aspect de ma mal... de ma particularité. »

Après tout, on apprenait pas à marcher du jour au lendemain chez les bipèdes.

Naule haussa les épaules et se rhabilla prestement, non sans avoir pris le temps de nettoyer de nouveau ses plaies.

Jéva quant à elle pressa ses vêtements pour les purger de l'excédent d'eau.
Enfin, ce qu'on pouvait qualifier de vêtement. Il s'agissait plus de morceau de tissus déchirés que de vrais vêtements.

Il faudrait trouver le temps de mieux l'habiller un jour. Rien que ses sandales n'étaient plus que deux semelles de cuir troués. D'ailleurs, ses pieds étaient ensanglantés à de multiples endroits.

Il s'agissait du prix à payer pour suivre la course de la rôdeuse et la jeune fille ne s'en plaignait pas un seul instant.

L'elfe se mordit la lèvre et leva les yeux au ciel. La lune apparaîtrait bientôt et elle ne devrait plus avoir de difficultés à se changer en loup. Alors, toutes ces considérations ne seront plus.

Il fallait cependant reprendre la course. En peu de temps, elle atteignirent le campement qu'elles avait quitté le matin même. Comme prévu, Naule repéra facilement les marques laissées par son amant et Jéva fut rapidement prise d'un frisson de peur.

« Les marques nous emmènent vers les ruines naines... »

La jeune fille sembla réfléchir en pesant le pour et le contre.
Finalement, les épaules frémissantes mais le regard déterminé, elle secoua la tête.

« Non... Ca va aller. Je veux vous accompagner. »

Par contre, je veux bien que tu me reproposes ça plus tard


Finalement, elles se remirent en route et après plusieurs heures de marche arrivèrent aux abords des antiques ruines naines. Le soleil était couché depuis peu et la nuit se densifiait de plus en plus.
Mais cela ne leur posait pas de problème.

Par contre, chose plus inquiétante, les lieux étaient désespérément calmes. Comme quittés de toute vie.
La rôdeuse et la lycanthrope pénétrèrent dans une cour complètement déserte. A l'odeur, l'une comme l'autre pouvait affirmer que des loups avaient séjourné ici. Mais ils n'y étaient plus...

Du coin de l'oeil, Naule remarqua immédiatement une marque laissée par Davian sur une double poste fermée, à gauche.


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L'elfe contourna prudemment le bâtiment et remarqua assez rapidement une faille dans un mur effondré. Une petite mare s'était formée avec le temps et avait tellement fait monter le taux d'humidité de la pièce qu'une quantité impressionnante de moisissure s'était formée sur les murs de ce qui avait jadis été probablement une bibliothèque.

Par l'entremisse de la faille, elle pouvait avoir un aperçu de la pièce attenante qui, si elle en ignorait le rôle, présentait dans son axe de vision une forme vaguement humanoïde suspendue au plafond, tête en bas.

En plissant les yeux, elle comprit qu'il s'agissait d'un cocon d'araignée formé sur le corps d'une petite créature.

Instinctivement, elle pensa à Thomas...

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Ces constructions naines manquaient tristement de fenetre pour surveiller l'intérieur, aussi le duo put-il contourner une bonne partie des ruines sans rien remarquer d'autre d'étrange.

Enfin, lorsqu'elles arrivèrent sur l'angle nord-est, elles constatèrent un nouvelle effondrement de la structure, permettant de pénétrer dans le monastère par une entrée peu conventionnelle.

La fonction de cette pièce qui n'était plus qu'un tas de gravas n'était clairement plus identifiable, mais un couloir se formait à partir de cette dernière et s'enfonçait au coeur du batiment.

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