Les Monts de Plaie de Brume n'avaient jamais été un endroit accueillant pour qui vivait dans les profondeurs de Bois Grognon. Ici, pas d'arbre pour se protéger du soleil, pas de mousse pour adoucir la dureté de la pierre et pas de buissons accueillants pour y trouver de quoi chasser.

Ghor venait d'arriver à l'endroit où il avait prit l'habitude de rencontrer Dhūsara Nēkaṛē comme il l'appelait. Comment disaient les peaux blanches déjà ? Ah oui, la Louve Grise.

Il huma l'air comme à chaque fois qu'il pénétrait dans la caverne. L'odeur n'avait pas changé, tout respirait la sérénité et Desna avait toujours le lieu en haute estime.

Pour une fois, il avait décidé d'arriver tôt et de lui faire plaisir. C'est lui qui serait à l'entrée de la grotte et qui l'attendrait avec un grand sourire. Il avait même chassé quelque menu gibier et ramassé un peu de bois pour le faire cuir. Le repas serait prêt pour le soir.

Il dépeça la viande comme il le put, arrachant les chairs en même temps que la peau puis la plaça sur le feu. Pendant que le repas grillait, il s'enfonça dans le conduit et s'approcha de l'autel. Il se sentait bien ici. et se mit à prier comme le lui avait appris la vieille peau blanche.

Lorsqu'il en eut terminé, son estomac grondait. Le soleil était déjà passé de l'autre côté des montagnes et l'ombre de la nuit commençait à absorber le Bois Grognon qu'il pouvait encore entrapercevoir vers le levant. Ne pouvant plus attendre, Ghor dévora le repas qu'il avait préparé. Il ne resterait presque rien pour Dhūsara.

La nuit avait fini par tomber complètement. Ghor ne s'était pas inquiété plus que cela de l'absence de Dhūsara. Habituellement elle était déjà là lorsque lui arrivait et ne s'était jamais inquiété de savoir depuis combien de temps elle l'attendais. Il se lova comme il le put dans sa peau et finit par s'endormir.

Le lendemain matin, le soleil pénétrant dans la grotte le réveilla. Il s'étira, se leva et s'ébroua. Son estomac se rappelait à son bon souvenir et il se jeta avec avidité sur les restes de son repas de la veille. Il se mit ensuite à méditer.

Alors que le soleil montait dans le ciel, il commença à s'inquiéter. Peut-être avait-elle eu un problème pour atteindre la caverne ? Le chemin n'était pas aisé et l'âge de Dhūsara commençait sûrement à se faire sentir. Ghor décida d'aller à sa rencontre et prit le chemin escarpé qui descendait au pied des collines.

Ghor avait mis plusieurs heures à rejoindre la plaine. Et maintenant que le soleil avait depuis longtemps disparu derrière les sommets des Monts Plaie de Brume, il devait trouver une endroit ou dormir. Les hautes herbes offriraient un bien meilleur confort que le sol pierreux de sa caverne, Ghor le savait. Mais elles n'offraient que peu de sécurité. Il regarda autour de lui, dans l'espoir de trouver un petit bosquet qui lui permettrait de faire un petit feu pour le soir et d'être à l'abri des prédateurs profitant des herbes pour se cacher dans la plaine.

Tu peux me décrire ton installation, ta soirée et ta nuit.

Ghor avait passé une nuit calme. Une douce brise faisait bruisser les branches du pin et le bruit avait bercé le dormeur. Au matin, les premières lueurs de l'aube l'avait réveillé. Mais le temps avait changé. Des nuages gris s'étaient amoncelés et une petite pluie fine s'était mise à tomber. Insuffisante pour transformer les terres encore sèches en bourbier, elle pénétrait les vêtements. Ghor décida de se remettre en route rapidement. Au plus vite il aurait rejoint la route, au plus vite il pourrait retrouver Dhūsara.

Il marcha ainsi quelques heures, évitant au maximum les grands espaces pour éviter de tomber nez à nez avec les tribus gobelines qui s'étaient installées dans la région. Il atteignit finalement une petite forêt qui enjambait la grande voie des peaux pâles. S'il voulait circuler dessus tranquillement, il savait qu'il devrait le faire de nuit, lorsque les convois s'arrêtaient. Il trouva un endroit couvert de mousse, au pied d'un arbre qui lui servait d'abri et suffisamment proche de la route pour pouvoir observer les passages.

C'est peu après que le soleil ait atteint son zénith que l'évènement se produisit. Il avait d'abord entendu une grande clameur venant du sud, puis des pas comme si une troupe martelait le sol. Finalement, ce furent des hennissements et des cris. Passé le moment de surprise, on se battait de l'autre côté de la forêt.

Guidé par son instinct, il s'approcha discrètement de l'endroit pour voir ce qu'il se passait. A une vingtaine de mètres devant lui, un groupe de gobelins s'étaient attaqués à une caravane.

En observant les mouvements autour du convoi, Ghor vit d'abord plusieurs personnes sauter au bas des chariots et se cacher du mieux qu'ils pouvaient, puis trois autres personnes descendre de l'arrière d'un chariot bâché et répondre aux attaques des gobelins. Ceux-ci avaient l'air de s'y connaître et firent quelques dégâts aux assaillants. Finalement, Ghor vit deux femmes descendre au rythme de la plus âgée d'entre elles d'un petit chariot bardé de bois. En regardant plus attentivement la vieille, il reconnut Dhūsara.

Lorsque Ghor sortit des buissons pour rejoindre la route, les trois gobelins se retournèrent vers lui. D'abord muets de peur, ils prirent finalement leur jambe à leur cou pour se porter de l'autre côté de la caravane, à l'opposé de l'apparition. Alors qu'il s'approchait du convoi, les gobelins les plus proches semblaient lui ouvrir le passage. Pas un coup ne lui avait été porté jusque là. Mais peut-être cela changerait-il lorsque les occupants du convoi le verraient.

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