« Cet enfoiré d'empereur croit pouvoir décider de la vie et de la mort des habitants de l'île... mais selon toi Vencarlo n'a pas été capturé par Swastel ? C'est ça que tu veux me dire ?! Tu n'as pas répondu pour Salvator... je suppose que le fou qui est à votre tête utilise ses talents comme il le faisait auparavant. Si c'est le cas il doit avoir un atelier ? Dis moi où il se trouve... Dans les petites tours ? Non plutôt dans la grande n'est ce pas ? Racontez moi ce qu'on y trouve...

Il y a certainement d'autres prisonniers aussi, si tu ne n'es pas dans la confidence tu sais tout de même où ils sont enfermés nous avons vu une sorte d'arène sur les toits et également des cages... A quel jeu morbide vous jouez avec eux, à qui vous les donnez en pâture ?! Parlez sincèrement et n'omettez rien ! Nous avons avec nous un inquisiteur d'Iomédaé qui saura si tu essayes de nous cacher quelque chose. Si vous nous apportez les renseignements que l'on cherche nous saurons nous montrer cléments dans le cas contraire nous vous laisserons avec les shoantis et là ça sera une autre musique... »

Effectivement le sergent pouvait ne pas être dans la confidence et si Vencarlo Orsini n'était pas là, il restait encore Salvator Scream pour espérer suivre sa piste mais aussi le sénéchal qui pouvait être lui parmi les prisonniers de l'empereur. Dans tous les cas il faudrait tirer le plus d'informations sur le lieu et être prêt à agir de quelque manière que ce soit. Si Kar'Uz avait remis à sa place le Théobald en lui faisant comprendre une bonne fois pour toute qu'on ne demandait pas audience à un malfrat, cette idée farfelue ne lui était peut-être pas sortie de la tête et si Swastel était fou, il n'était pas idiot au point de ne pas faire le lien entre deux évènements qui sortaient de l'ordinaire... il faudrait donc se tenir prêt à agir à n'importe quel moment !

Kar’Uz avait le sang qui bouillait dans ses veines au point de sentir les battements de son cœur dans ses tempes. Il prit sur lui de ne pas exploser devant les prisonniers tandis que Théobald faisait son sermon devant eux, ce qui indubitablement montrerait une position de faiblesse devant leurs ennemis que ce soient les mercenaires soi-disant gardes de cet usurpateur se faisant appeler l’empereur ou que ce soit devant la dévote d’un dieu maléfique avec qui tous voulaient s’allier, tous sauf lui. Il prit plusieurs inspirations afin de faire baisser la tension, le combat ne devait pas pour le moment se reporter sur la discorde entre l’inquisiteur et le chamane, mais sur l’interrogatoire du sergent. Celui-ci avait été si vague dans ses réponses qu’on aurait dit qu’il venait tout juste d’arriver dans le repère de l’empereur. Il laissa Théobald changer de pièce – « On n’en a pas fini inquisiteur… »

Il se tourna vers le sergent sa rage le faisant frémir comme si à tout moment il allait exploser – « Toi ! Tu vas nous dire tout ce que tu sais sur les quartiers que vous occupez. Quelqu’un de ta position sait obligatoirement beaucoup plus que ce que tu viens de nous dire » – Kar’Uz sortit une feuille de papier de sa besace et dessina dessus un croquis délimitant les bâtiments qu’ils avaient vu avec Fergus pendant la reconnaissance. Il montra le dessin au sergent – « Maintenant tu vas compléter ça. Combien d’étages dans la première tour, quelles pièces, où sont les gardes, les passages vers l’extérieur et la seconde tour, puis elle aussi combien d’étages et de gardes, la configuration des lieux, le bâtiment principal, tout ce que tu sais sur l’endroit, où sont enfermés les prisonniers, quels sont les accès, quel est l’étage de l’empereur, bref tout ce que tu sais, je ne crois pas un seul instant que tu n’en sache pas plus que ce que tu nous en dis, auquel cas tu n’es pas plus utile qu’un pantin de foire et je te jette aux griffes du canal. Alors maintenant tu réponds aux questions et plus tu as de réponses, plus tu t’éloignes d’une mort certaine dans une souffrance insupportable. Et si ce n’est pas toi qui parle alors l’autre mercenaire sera sans doute plus loquace. »

Kar’Uz attendit que le sergent déballe tout ce qu’il avait à dire avant de le laisser aux mains d’Abbaër qui avait sans doute des questions beaucoup plus précises à lui poser. Il changea de pièce pour rejoindre l’inquisiteur, baissant d’un ton afin que leur discorde ne fasse pas l’objet de toute l’attention de l’interrogatoire et surtout ne finisse pas par ameuter tout le quartier. Une envie irrépressible de tuer lui montait aux narines, il avait le gout du sang dans la bouche – « Alors c’est donc ça, tu es chéliaxien de cœur comme tous les korvosiens. Tu parles de façon hautaine et méprisante, brandissant le carcan de la Loi pour justifier tes actes ! Ne me parle pas de Loi inquisiteur, elles rendent aveugles et stupides. C’est facile de se cacher derrière les Loi, ça évite de réfléchir et quand on regarde ce que sont les Lois de Korovosa, des Lois injustes imposées par une armée de chevaliers infernaux, alors quoi. Le Mal doit dominer parce celui-ci est régit par vos Lois débiles ? A Korvosa les lois autorisent les chéliaxiens de battre à mort les shoantis, voilà ce que sont les Lois derrières lesquelles tu te défends ! Garde ta morale inquisiteur ! Tu te fais juge et bourreau sans même chercher à respecter l’autre. A l’heure de ton jugement dernier, quand tu seras devant la Dame des Tombes, ce ne seront pas tes Lois qui sauveront ton âme. Depuis notre première rencontre, je t’ai respecté malgré que tu sois un soi-disant pur korvosien. Par contre toi tu n’as fait qu’imposer ta morale et je cherche encore quelles Lois tu te vantes de respecter, celles qui t’arrangent bien-sûr. Où étais-tu pendant les émeutes tandis que ton peuple mourrait de faim ? Où étais-tu quand les voyous dans les rues faisaient leur Loi ? Où étais-tu quand la petite bourgeoisie korovosienne massacrait à mort le neveu de Mille-Os ? Tu dis que mon peuple agit à l’instinct et qu’il est habitué à fuir. C’est donc ce que tu penses des shoantis, des couards sans intelligence, comme tes pairs korvosiens tu nous considères comme des sous-êtres, comme les Lois qui ont décrétées que les varisiens et les shoantis sont désormais devenus indésirables. As-tu oublié que les shoantis possédaient jadis ces terres, qu’elles sont sacrées et qu’il a fallu une longue guerre sanglante pour que le Cheliax finisse par s’en emparer de force, envahissant la Varisie avant d’y imposer leur Loi Maléfique dévouée au seigneur du Mal absolu. Tu dis que je suis sans cervelle et que je me moque de la politique, mais sais-tu combien de jeunes guerriers shoantis rêvent de réunifier les clans et de reconquérir la pyramide sacrée ? Ce qui serait facile en ce moment vu la faiblesse de Korvosa. Mais parce que Mille-Os, le grand sage qu’il est, a œuvré pour ne pas réveiller une guerre et une haine enfouie depuis plus de 3 siècles, parce que je dois poursuivre son œuvre ici bas, même si en voyant des personnes comme toi je me demande quelle sagesse il y a à sauver des xénophobes nombrilistes, quelle sagesse il y a de sauver Korvosa qui a sombré dans la folie et le Mal, par respect envers lui je n’allumerai pas le premier incendie. Alors maintenant si tu continues à insulter mon peuple, alors que tu ne le connais pas et encore moins nos coutumes, je ne pense pas qu’il soit très intelligent de poursuivre sur ce chemin devant Peau de Pierre, il pourrait réagir de façon instinctive et venir te prouver que mon peuple n’est pas habitué à fuir et surtout pas devant quelqu’un comme toi.

Maintenant si tu veux qu’on parle de ce qu’il s’est passé cette nuit dans les quartiers de l’empereur, tu n’étais pas là pour juger, parce que tu aimes juger et donner ta sentence, ce sont tes Lois qui te le dictent. La politique n’a pas court ici sur une ile que les Lois de la reine ont condamné à mort. Tu veux faire de la politique envers une personne qui s’amuse à voir se battre des zombies contre des prisonniers dans une arène, quelle que soit l’issue du combat, les vivants sont toujours les perdants, tu veux faire de la politique envers une personne qui se sert d’une guillotine pour se débarrasser des gêneurs et imposer sa Loi ou plutôt sa dictature sur des habitants terrifiés et affamés. Le but de notre excursion de cette nuit était d’en apprendre un maximum sur l’endroit où tu compter te jeter à corps perdu. Résultat tu aurais fini à la guillotine ou peut-être juste avant dans l’arène à combattre pour ta survie qui de toutes façon n’aurait guère duré car si ce n’est pas ton adversaire qui te vainc, ce sera la maladie. Je ne dis pas que je t’ai sauvé la vie, mais il vaut mieux savoir dans quoi on s’engage avant de se jeter dans la gueule du loup et tout ça parce que tu es resté plus entêté qu’une mule quand on t’as dit avec Abbaër que ton idée d’aller demander audience à l’empereur était du suicide. Ah mais oui, tu es supérieur à tout le monde ici, inquisiteur. Tes Lois auraient empêché l’empereur de te tuer. Tu aurais agité le drapeau blanc des pourparlers et il t’aurait respecté comme il a respecté tous ceux qu’il a passé à travers la Bouche du Démon !

Maintenant je propose une opportunité d’entrer dans les quartiers de l’empereur, mais ça aussi tu ne le vois pas, parce que tes Lois aveugles te font dire que vu que ce n’est pas une action que tu as cautionné ou de ta propre initiative, c’est forcément stupide, surtout venant d’un shoanti. Alors non n’imagines pas les conséquences, tu en serais bien incapable, à part si tu as encore une petite Loi sous le coude pour te cacher derrière. Je ne suis pas korvosien et je n’ai pas choisi de naître shoanti et pourtant ce sont les ennemis de ton peuple qui tentent l’impossible pour le sauver. C’est ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, je me demande si je ne le regrette pas déjà grâce à toi. Il semblerait que les shoantis qui agissent à l’instinct soient beaucoup plus tolérants que les korvosiens, en tout cas que toi. Enfin beaucoup plus c’est peu dire vu que tu n’as aucune tolérance comme tous tes pairs. Même Grigàn était plus tolérant que toi et pourtant il n’avait qu’une seule envie c’était de me tuer la première fois qu’il m’a vu. Si tu veux je peux te tourner le dos si c’est plus facile pour toi de me tuer, mais sache que devant Pharasma, tu ne seras pas jugé en tant que korvosien qui se croit supérieur à tout le monde, mais en tant qu’homme et c’est ton âme qui sera jugée et j’espère que je n’aurais pas à aller la chercher pour la guider vers l’ossuaire. Sauf si tu as une Loi contre ça aussi.

Pour finir, je vais poursuivre la lutte que les Lois de la reine ont provoquée. Ça ne me dérange pas de la continuer seul suivant un autre chemin. Si tu veux je peux retourner dans les quartiers de l’empereur et me livrer en pâture pour donner une chance à tes pourparlers de commencer. Mais la première chose que tu vas rencontrer en entrant dans le quartier, c’est une patrouille de gardes qui n’auront qu’une seule envie, c’est de te tuer sans même écouter ce que tu as à dire parce qu’ils se moquent complètement de la raison de ta visite et c’était déjà vrai avant que j’intervienne cette nuit. Mais bon il y a peut-être une Loi qui empêche les gardes de tuer les inquisiteurs. En tout cas cette nuit nos routes se séparent, c’est certain. De toutes façons elles étaient déjà séparées dès l’instant où vous avez voulu vous liguer avec l’elfe dévote et même bien avant si on considère que vous autres korvosiens prenez bien soins de préserver vos vies, mais pas celle des shoantis, comme en témoignent les stigmates des combats passés ensembles. On soigne les siens, mais les shoantis n’ont qu’à se débrouiller eux-mêmes car il y a sans doute des Lois qui disent de les laisser crever. »

Kar’Uz était excédé. Tous ces sacrifices qu’il avait dû accomplir pour la survie d’un peuple qui méprisait ceux de sa race. Il retourna dans l’autre pièce et ramassa toutes ses affaires avant de se diriger vers Peau de Pierre – « Mille-Os t’a confié la charge de trouver ton chemin dans cette jungle urbaine. Ces gens œuvrent en principe pour le Bien et la sauvegarde du peuple de Korovosa. C’est pour toi un combat difficile mais je suis certain que tu sauras relever le défi. Protège ce groupe comme s’il s’agissait des nôtres. La sagesse des anciens et le grand esprit des guerriers sont sur toi. Bonne chance Peau de Pierre, nos routes se croiseront peut-être de nouveau avant de nous retrouver à l’Ossuaire. Ne t’inquiète pas pour moi, je ne fuis pas comme un lâche, je poursuis la lutte d’une autre manière mais pas sur le même chemin que vous de manière à ne plus compromettre votre survie et soi-disant vos chances de réussite. Mon idée était d’endosser les tenues des gardes afin de les leurrer en rentrant dans leurs quartiers. Nous aurions pu atteindre le premier poste de garde avant qu’ils n’aient compris leur erreur et ainsi poursuivre notre intrusion. Mais l’inquisiteur a sans doute des Lois contre ça. Vous trouverez un moyen d’entrer et d’atteindre votre objectif, je vous y aiderai mais aujourd’hui, je ne fais plus parti de ce groupe, si jamais un jour j'en ai fait parti. Pardonnes-leurs même s'ils ne savent pas pardonner, ils ne savent pas ce qu'ils font. »

Kar’Uz quitta la maison du peintre, s’éloignant rapidement sans jamais se retourner. Il avait une idée en tête. Il fit quelques détours de droite et de gauche, risquant de se perdre, afin de s’assurer que personne ne le suivait. Si c’était le cas, il se retournerait et dissuaderait le suiveur de s’en retourner auprès du groupe. Une fois qu’il fut certain d’être seul, il rechercha le chemin pour se diriger vers les quartiers de l’empereur. Il prendrait le temps qu’il faudra pour y être avant l’aube car la nuit devait être avancée et si possible depuis un toit où il pouvait avoir un aperçu sur les bâtiments.

Modifié par un utilisateur mardi 29 avril 2014 10:43:44(UTC)  | Raison: ajout du jeton

Inconscients de la scène qui se jouait dans la salle à côté, le soldat de l'empereur continuait à répondre aux questions qu'on lui posait. Il indiqua qu'il y n'y avait jamais guère plus qu'une poignée de gardes stationnés dans les tours de garde qui servaient d'entrée au QG de l'empereur, mais que, pendant la journée, de nombreuses patrouilles allaient et venaient, sans horaire précis.



Selon lui, l'Empereur et son sbire gnome passaient le plus clair de leur temps sur le balcon ouvert donnant sur le toit plat, où se jouaient diverses épreuves… la plus récente, celle qui semblait amuser l'Empereur de ces jours-ci, consistait à lâcher un jeune porcelet sur le toit puis à tenter de l'attraper.. l'Empereur s'amusait parfois à organiser des parties d'attrape-cochon entre une poignée de prisonniers, promettant la liberté à celui qui parviendrait à immobiliser l'animal.

La plupart des sergents passaient la nuit dans les étages supérieurs des bâtiments situés de l'autre côté du toit plat, mais les soldats, quant à eux, rentraient généralement dormir chez eux. Le bâtiment adossé au balcon couvert était le centre du quartier général. Il ne pouvait décrire que partiellement l'intérieur : depuis le balcon, un couloir s'enfonçait, donnant accès sur la gauche à une salle de stockage où la plupart des richesses de l'Empereur étaient entreposées et, sur la droite, aux appartements privés de l'Empereur.

Le couloir se poursuivait vers une salle dont l'accès avait été condamné, parce que des bestioles s'y étaient installées et qu'une partie du toit était s'était effondré. Plus loin, le passage menait à une autre petite salle de stockage — où le soldat n'avait jamais mis les pieds — et à un escalier rejoignant les niveaux inférieurs, escalier qui était inutilisable, les étages inférieurs étant réduits en gravats.

« Quel bordel !!! Attend qu'est ce que tu fais ?! » Dit le nain en saisissant le parchemin gribouillé et en se lançant à la poursuite du guerrier shoanti. L'elfe disciple de zon Kuthon devait bien se marrer depuis sa couche dans l'autre pièce car il était impossible qu'elle dorme. Entre les explications musclées, s intimidations et les déplacements tut cela faisait un sacré remue-ménage. Comme le groupe était déjà éparpillé au quatre vent avec Arlandeth pas encore revenu, Kar'Uz partit comme une furie et Peau de pierre qui menaçait de rentrer chez lui. Il était évident qu'il allait agir et agir vite...

« Théobald, Fergus, venez il faut le convaincre de ne pas partir ! Si on perd les shoantis la suite de notre mission est compromise. On ne peut plus faire sans eux ! Mam'zelle Laori gardez un œil sur ces deux là et essayez de savoir si on peut encore en tirer quelque chose, je me doute bien que ça vous ait marrer tout ça mais ça sera vite réglé... ce n'est pas la première fois que les discussions sont houleuses entre nous et vous ne devez pas croire que ça nous rend moins redoutables. En tout cas si vous voulez vous associer à nous vous avez l'occasion de le faire. » Abbaër fit un signe de tête vers les deux hommes de main de Swastel, il était aller rejoindre la dévote en quelques enjambées pour lui parler. Le roublard sortit à son tour mais attendit que le combattant s'éloigne d'une dizaine de mètres pour vraiment le rattraper.

« Bon mon plan fonctionne... si les deux autres suivent c'est parfait ! » Il parlait là de Théobald et de Fergus. « Il faut passer à l'action dès ce soir ! Je sais que ce n'était pas le plan initial mais nos options se restreignent maintenant et plus on attend plus on prend de risques... Tu sais où est parti Kar'Uz ?! Alors très bien, on va chercher notre grande corde et on a recoupe s'il le faut t on passe à l'attaque de suite... Les appartements de cet empereur doivent se trouver là tout comme ceux de son familier de gnome, si on coupe ces deux têtes, on fait d'une pierre deux coups. La terreur prend fin sur l'île, l'ordre revient et on peut espérer que les gens seront soignés. Nous on récupère Salvator et les autres prisonniers et espérer retrouver Vencarlo et Néolandus. E sas que certain ont épuisés pas mal de sorts mais là nuit il y a très peu de garde, le gnome et son maître dorment, ils seront surpris et peut-être pas équipés. On a toutes nos chances... »

• Test de bluff : 1d20+9 donne [1] + 9 = 10

Modifié par un utilisateur vendredi 2 mai 2014 18:37:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

La discussion entre Kar'Uz et Théobald avait été houleuse. Dès le début, Kar'Uz avait pressenti qu'elle se terminerait par son départ. Il avait rassemblé ses affaires avant même de commencer sa diatribe face à l'inquisiteur puis, quand il avait eu fini, il avait quitté le taudis de l'artiste Salvator Scream. L'air était relativement frais, surtout si près du canal Ste Alika, et les gouttes de transpiration qui perlaient sur son visage — signe visible de son énervement et du pas rapide qu'il avait adopté pour s'éloigner rapidement de l'endroit — se transformaient en coulées glaciales qui avaient pourtant bien du mal à tempérer le feu qui brûlait en son for intérieur. Kar'Uz porta la main à son visage pour les essuyer. Il pesta intérieurement. Nul doute que tout cela allait gâcher le masque de cendres dont il s'était recouvert le visage comme à son habitude.



Théobald avait mis un bon moment pour accuser le coup. Quand il se décida enfin à réagir, le Shoanti était déjà hors de vue. Il était retourné auprès de ses autres compagnons et avait rapporté les derniers événements, ce qui avait déclenché le départ du second Shoanti, le barbare protecteur missionné par Mille-Os. Se sentant démuni face à une situation qui le dépassait et qui ne pouvait clairement pas se régler simplement par la force et la violence, il avait choisi de quitter le groupe lui aussi.



Peau-de-Pïerre avait l'habitude de se diriger sur les Plaines Cendrées, là où les points de repère ou les astres étaient visibles d'au loin… mais le dédale de ruelles, d'allées sordides et sentiers boueux que constituaient le quartier du Vieux Port était un tout autre environnement. Il ne lui fallut pas très longtemps avant de se retrouver dans une rue qui lui était inconnue. Prenant une profonde respiration, le Shoanti reconnut l'odeur du canal Sainte-Alika. Il ne devait pas en être très loin… Tout autour de lui se dressaient des baraques peu avenantes qui semblaient s'appuyer faiblement les unes contre les autres, prêtes à s'effondrer et ne tenant que grâce à la relative solidité de l'ensemble. Dans ce décor nocturne, on avait l'impression que si l'une de ces piteuses constructions venait à abandonner et à se laisser aller, elle entraînerait toutes les autres dans sa chute.

Le Shoanti repéra une source de lumière un peu plus loin ; elle semblait provenir d'une fenêtre située au rez-de-chaussée. Ne sachant pas vraiment dans quelle direction continuer, il s'en approcha discrètement. À l'intérieur se déroulait une scène familiale qui lui rappela d'autres scènes, à la fois similaires et bien différentes, sur les Plaines Cendrées. Deux jeunes silhouettes étaient assises autour d'une table sur laquelle on avait posé des bols en bois et une autre silhouette, de taille adulte celle-ci, s'approchait de la table avec une petite marmite fumante qu'elle posa devant les deux enfants. La fenêtre était formée d'une peau de porc huilée qui semblait avoir déjà connu de nombreux hivers : ici et là, la peau était déchirée et laissait apparaître des bribes de la scène qui se déroulait à l'intérieur.

Peau-de-Pierre fronça les sourcils : il avait l'impression de reconnaître la femme qui venait d'apporter de la nourriture à table. Au bout de quelques secondes, il finit par l'identifier : il s'agissait de la vieille vendeuse de champignons colorés dont ses compagnons s'étaient débarrassés en lui tendant une poignée de pièces. Peau-de-Pierre n'était pas à Korvosa depuis très longtemps mais ce n'était pas non plus la première ville qu'il visitait : à l'aménagement de l'intérieur de la maison, à la qualité de l'habitation et à l'état de la fenêtre, il était évident qu'il s'agissait là d'une famille plus que modeste. Lorsque la femme retira de la marmite deux belles pièces de viande et les servit aux enfants, Peau-de-Pierre comprit que c'était là que les pièces d'argent étaient passées. Nul doute qu'en ces temps troubles et dans ce quartier où la nourriture était plus que difficile à trouver, la femme avait dû dépenser tout son pécule pour pouvoir s'offrir ce genre de nourriture.

La femme s'assit avec les deux enfants mais elle ne servit point de viande. Peut-être n'avait-elle pas eu suffisamment pour ses enfants et pour elle pensa Peau-de-Pierre au moment où des bruits de pas se firent entendre un peu plus loin. En se retournant, il aperçut Abbaër à la tête d'un petit groupe visiblement parti à sa suite. Aux gestes du nain, il comprit rapidement qu'il avait été aperçu et que c'était lui qu'ils étaient venus chercher. Il était inutile de fuir sans les écouter...

En attendant que ceux qui l'avaient suivi le rejoignent, Peau-de-Pierre se retourna vers la source de lumière qui l'avait attirée. La femme semblait occupée à parler à ses deux enfants qui, étonnamment, n'étaient visiblement pas intéressés par la nourriture qu'elle avait posée devant eux. La femme leva la main pour caresser la joue d'un des deux jeunes avant de poursuivre son monologue. Peau-de-Pierre se déplaça de quelques centimètres pour tenter de mieux apercevoir les enfants à travers les déchirures de la fenêtre. C'est alors qu'il reconnut sur leur visage les marques rouges dont ses compagnons lui avaient parlé, celles-là même qui identifiaient les victimes du terrible fléau qui s'était abattu sur Korvosa, le Voile Sanglant. Cela expliquait pourquoi les deux enfants étaient restés immobiles depuis le moment où il avait commencé à les observer…



Le regard d'Abbaër était allé plusieurs fois du dos du Shoanti qui avait quitté la demeure de Salvator Scream aux visages des deux prisonniers et à celui de l'elfe qui observait la scène sans rien dire. Un peu dépassé par les événements, il hésita un moment sur la meilleure marche à suivre. Le groupe se disloquait ; Kar'Uz avait fait sa tête de mule et était parti, puis ça avait été au tour de Peau-de-Pierre de s'en aller. Tout comme Kolgrom, puis Horiadoc, puis Grigan. Non, il ne pouvait pas les laisser partir comme ça... pas sans tenter de les en empêcher !

Il prit toutefois le temps de s'assurer que les prisonniers ne seraient pas laissés seuls avant de sortir à son tour, accompagnés par certains de ses alliés. Il sillonna les rues et les ruelles les plus proches pendant plusieurs longues minutes puis, finalement, il aperçut la silhouette du Shoanti un peu plus loin, qui se découpait dans une lueur provenant du rez-de-chaussée d'une maison.

Après avoir partagé sa découverte avec ceux qui l'accompagnaient, Abbaër s'avança vers Peau-de-Pierre pour lui parler. Il lui fit part de son plan ; il fallait agir au plus tôt, il fallait rétablir un climat meilleur pour Korvosa et ses habitants. Tout en exposant ses idées, le nain glissa la main dans sa poche pour y sentir la présence réconfortante de Zellara, ou plutôt de son jeu de cartes. Il l'avait remis dans sa poche avant de quitter la demeure de Salvaltor Scream : il ne l'aurait jamais abandonné dans la maison avec l'elfe.

Mais il ne sentit pas les contours usuels des cartes divinatoires ; non, c'était une petite boîte métallique de forme circulaire et plutôt plate qui se trouvait dans sa poche…



Kar'Uz avait eu du mal à retrouver son chemin. Son premier réflexe avait été de se diriger vers le quartier général de l'Empereur. Mais pour y faire quoi ? S'y faire faire prisonnier juste pour prouver à l'inquisiteur qu'on ne pouvait pas faire confiance à l'Empereur ? En quoi cela avancerait-il sa cause ? Ou juste pour observer… Le Shoanti avait-il seulement encore les idées bien claires ? Ou s'était-il laissé emporter par la colère qui était montée en lui ?

Il s'arrêta un instant dans l'ombre d'un porche qui marquait l'entrée d'une sorte de petit magasin ; comme la plupart des établissements similaires du quartier du Vieux Port, l'endroit avait été pillé depuis belle lurette. Il profita de cette pause pour s'essuyer le visage. Son masque de cendres avait sans doute été complètement ruiné par la transpiration. Il prit la décision de le refaire, peut-être pour se donner le temps de la réflexion.

Comme à son habitude, il avait prélevé des cendres dans le feu de la demeure de Horiadoc et de Grigan avant de partir ; il en avait certainement assez pour fabriquer le mélange dont il se recouvrait le visage. Il posa son sac à dos et l'ouvrit, à la recherche de la petite boîte de métal qu'il utilisait pour transporter les cendres… il fouilla son bardas à deux reprises, mais sans pouvoir mettre la main sur la boîte. L'avait-il oubliée quand il avait quitté le taudis de Scream ? Non… il se revoyait distinctement en train de la prendre et de la mettre dans son sac juste avant d'aller parler avec Théobald.

Pourtant, la boîte en question n'était pas dans son sac… par contre, son sac à dos contenait le jeu de cartes dont Abbaër ne se séparait jamais, celui-là même qui renfermait l'esprit d'une Varisienne… et qui était doté de quelques pouvoirs d'illusions. Ceci expliquait peut-être cela ?

de retour à la maison du peintre, Fergus avait voulu se reposer. Il pensait que ses compagnons, pendant qu'ils interrogeraient les deux prisonniers, lui laisserait le temps d'un peu de calme pour qu'il puisse à nouveau faire le plein de ses potions. Mais les éclats de voix qui avaient retenti dans la petite maison aux cloisons aussi épaisses que du vélin l'empêchaient de fermer l'oeil...

Ce n'est que lorsqu'il entendit les pas précipités dans le couloir et la porte d'entrer claquer qu'il se décida à se relever. Ce qu'il découvrit après avoir rejoint ses compagnons ne le rassurèrent pas. Manquaient à l'appel les deux shoantis. Et au vu des regards qui s'échangeaient entre les uns et les autres, le jeune alchimiste compris qu'il s'était passé quelque chose de grave...

C'est alors qu'Abbaër, comme à son habitude, avait repris les choses en main. Il avait intimé - plus que donné - l'ordre à l'elfe de surveiller les deux gaillards pendant que le reste du groupe partirait à la recherche de Peau-de-pierre. Et qui savait, peut-être même avait-il l'idée d'investir le "palais" du faux empereur dès cette nuit... Prenant rapidement son barda et de quoi créer la mixture qui le rendrait plus efficace, Fergus sortit de la maison sur ses traces.

Au bout de plusieurs minutes d'un silence pesant, uniquement perturbé par le bruit étouffé de leurs pas, le petit groupe arriva en vue du guerrier shoanti. Heureusement que le nain qui les guidait parmi le dédale de ruelles connaissait suffisamment bien les lieux pour pouvoir se repérer facilement et anticiper les déplacements de Peau-de-pierre. Tout seul, Fergus aurait sûrement mis plusieurs heures avant de le rattraper, voire ne l'aurait pas rejoint du tout...

A l'annonce de Peau-de-pierre, Fergus ouvrit de grands yeux. Comment une femme pouvait-elle vivre ainsi auprès de futurs morts-vivants ? Fussent-ils ses enfants. S'il y avait encore un petit espoir de rendre la santé à ces jeunes, il fallait tout tenter. Fergus était sûr qu'Arlandeth partageait son opinion. Il posa un regard implorant vers Abbaër, espérant que celui-ci comprenne et qu'il prendrait la décision d'entrer dans la pauvre demeure. Au moins, il serait plus aisé de voir s'il était possible de faire quelque chose pour soulager les maux de ces deux jeunes êtres.

Kar'Uz resserra son manteau traditionnel. La colère lui avait donné des sueurs froides et il manquait de greloter. Il remit le masque des médecins de la reine sur la tête, par ces temps et la maladie du Voile qui sévissait sur l'île, ce n'était pas le moment d'attraper quelque maladie que ce soit. La trouvaille du jeu de tarot d'Abbaër le troubla. Était-ce un de ces tours de passe passe pour le faire revenir sur ses pas ? Le chamane avait suggéré de se servir des grandes illusions de Zellara pour se faire passer pour des gardes et pénétrer dans le repère de l'empereur. Comment se retrouvait-il dans s poche alors qu'il devait y avoir les cendres pour ses peintures rituelles ?

Ou alors était-ce un signe du Corbeau de Pharasma qui par un nouveau mystère lui disait qu'il faisait fausse route ? Impossible, le Corbeau le hantait pendant ses nuits, dans des cauchemars aussi obscurs que le ramage du volatile. Alors ce devait être Abbaër... Quoi qu'il en soit, il fallait qu'il le récupère. Des cendres il pouvait en faire d'autres, mais le jeu de cartes devait retourner entre les mains du nain à peau dorée. Kar'Uz soupira. Il allait devoir retrouver la maison du peintre et rendre le jeu à Abbaër. Cette fois il dirait à Peau de Pierre de l'accompagner. C'était sans doute ça qui faisait défaut dans sa stratégie. Seul il ne pouvait rien faire. Il avait besoin de quelqu'un pour veiller sur lui pendant qu'il dormirait et lui veillerait sur Peau de Pierre pendant que ce dernier se reposerait. Dans son intention de poursuivre cette aventure en parallèle du groupe, il ne pouvait continuer seul. Mais c'était aussi enlever un excellent combattant au groupe, quoique... Puisqu'il avait l'intention d'agir pour les soutenir en cas de besoin, il en serait de même avec le guerrier, donc ils ne perdaient rien. Mais simplement, ils ne seraient plus dans un même groupe, mais deux groupes distincts. Kar'Uz leva les yeux au ciel en soupirant. Il se mit en chemin, espérant trouver au moins le canal à l'odeur puis il n'aurait plus qu'à suivre la berge pour trouver la maison du peintre.

Le sang du nain se glaça lorsqu'il se rendit compte qu'il ne touchait pas le jeu de carte mais une boîte en métal qu'on lui avait fourré dans la poche. Abbaër la sortit de suite pour voir ce que c'était au juste mais comprenait qu'on lui avait joué un mauvais tour et qu'il s'était fait berner comme un amateur car quelqu'un lui avait dérobé le fameux jeu du tourment qui renfermait l'âme perdue de Zellara depuis qu'elle avait trouvé la mort dans le repaire de Gaedred Lamm...

« Arrêtez vous le Zellara, le jeu du tourment ?! Il n'est plus dans ma poche... Je le glisse toujours au même endroit et vérifie régulièrement qu'il est bien là. J'ai cette boite en fer à la place quelqu'un l'a échangé contre cette boite en fer !!! » Effectivement le roublard vérifiait ce qui devait être son bien le plus précieux car il était le véhicule à travers lequel la cartomancienne communiquait avec le groupe et leur envoyait des images et des prédictions de l'avenir... plus que cela c'était une destinée que l'ensorceleuse dessinait pour eux et pour lui depuis le début des troubles à Korvosa, c'est pour cela qu'Abbaër n'avait pas fui lors des premières émeutes ou quand le voile s'était déclaré.

« Cette fourbe d'elfe !!! Je suis sure que c'est elle qui me l'a prise et là cet idiot d'inquisiteur qui ne nous a même pas suivi. Il est capable de se faire tuer ! Il nous faut retourner chez Salvator. Je voulais voir Swastel aujourd'hui mais elle a trouvé le moyen de nous empêcher d'agir seul. Voyons vite cette femme mais l'autre ne l'emportera pas au paradis. »

Modifié par un utilisateur jeudi 8 mai 2014 05:43:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le shoanti s'arrêta net en entendant la voix de Zellara. Il n'en croyait pas ses oreilles. La diseuse de bonne aventure varisienne avait interféré physiquement depuis l'au-delà. Kar'Uz aurait eu du mal à le croire s'il n'avait pas en sa possession le jeu d Tourment qu'affectionnait tant Abbaër. Par ailleurs, il croyait que les liens entre le nain à peau dorée et la varisienne étaient ce qui permettait la communication entre eux deux. Il regarda la boite en fer puis le jeu de carte, comme s'il regardait une personne, réfléchissant à ce qu'il venait de se passer. Dans un sens, Kar'Uz était le chamane Corbeau, celui qui guidait les âmes de morts vers l'Ossuaire. Nul doute qu'un esprit enfermé dans ce jeux de cartes pouvait entrer en contact avec lui. Quant à cette prédiction de dissension, c'était facile étant donné les origines ethniques de chacun et de leurs convictions. N'avait-il pas eut des rapports conflictuels et difficiles avec Grigàn, dès leur première rencontre ? Pourtant l'ancien soldat de la compagnie des sables, pur korvosien et le shoanti qu'il était, étaient parvenus à se faire confiance et à nouer une relation amicale sans forcer la diplomatie. Bien-sûr ça ne s'était pas fait du jour au lendemain et il avait fallu faire énormément de concessions, mais au final, Kar'Uz aurait donné sa vie pour défendre celle de Grigàn, tout comme il l'aurait fait pour Abbaër et maître Horiadoc.

Kar'Uz ne savait pas s'il fallait juste penser les mots ou les prononcer pour se faire entendre par Zellara, il opta pour les deux - « C'était évident, cartomancienne ! Il n'y a pas besoin d'être un grand voyant pour dire qu'il y avait un gros risque de division. Comment veux-tu qu'il en soit autrement ? A Korvosa, la haine raciale est de mise, surtout envers les varisiens et les shoantis. Les Lois d'ici autorisent la xénophobie, alors tout ce qui n'est pas pur humain korvosien ou d'origine chéliaxienne est vu comme un étranger qu'on peut insulter, molester, torturer, massacrer et le"s étrangers n'ont aucun droits. Je suis étonné qu'ils n'y ait pas encore de loi interdisant les nains et les halfelins d'être aussi petits ! Ou encore de couper les oreilles aux elfes car leur longueur et le fait qu'elles soient pointues est sans doute une insulte à la suprématie de la race des purs korvosiens ! Quand ceux qui se disent "purs korvosiens" respecteront les étrangers et les considéreront comme leurs égaux et non des êtres inférieurs, des choses ou des animaux, alors il sera possible peut-être... Et je dis bien peut-être... de s'asseoir autour de la même table de négociation. Mais tu sais aussi bien que moi que ça ne se fera jamais. Ils sont trop imbus de leurs personnes, trop fiers, ils ont le sentiment d'être supérieurs à tout le monde et c'est tellement ancré dans leur esprit, tellement traditionnel dans leur éducation qu'ils ne pourront que faire semblants. Les chiens ne font pas des chats et c'est toujours les mêmes qui doivent faire des efforts d'intégration. Pourquoi faut-il que ce soient les varisiens, les shoantis, les elfes, les nains et les halfelins qui deviennent comme eux ? Pourquoi ne peuvent-ils tout simplement pas accepter la différence et leur faire une place dans leur société ? Parce qu'ils ne le veulent pas, voilà la réponse ! Alors oui c'était très facile de prédire la division. Alors garde tes grandes illusions pour Abbaër, il en aura certainement grand besoin ! »

Kar'Uz replaça le jeux de cartes dans la boite en fer puis celle-ci dans sa besace. Il devait absolument regagner la maison du peintre pour la rendre au nain. Zellara avait quelque chose qui ne lui plaisait pas et ce depuis la première fois où il avait senti sa présence. Son premier réflexe aurait été d'envoyer cet esprit vers l'Ossuaire afin de comparaître devant la Dame des Tombes. Mais le Corbeau ne l'avait pas désignée comme candidate au Grand Voyage. Ce n'était donc pas son heure. Mais seul le Corbeau avait le droit de guider les pas du chamane, pas la cartomancienne... Il se remit en marche, Abbaër échapperait donc à sa colère puisqu'il n'était à priori pas responsable de ce mauvais tour de passe passe.

La porte s'entre-ouvrit et Arlandeth mit judicieusement son symbole sacré en évidence. À sa vue, la vieille femme prit confiance et ouvrit la porte un peu plus. « Oh… c'est que… c'est pas souvent qu'on voit un des vôtres par ici. » finit-elle par répondre tout en invitant ses visiteurs à entrer. « Mes enfants ont été malades, oui… C'est une terrible chose qui s'est abattue sur Korvosa... tant de malheur. » ajouta-t-elle en soupirant.

À petits pas, la vieille femme conduisit les visiteurs vers l'intérieur de sa maison. Une odeur relativement peu fraîche régnait dans l'endroit.

« En fait, ce ne sont pas tout à fait mes enfants, » précisa-t-elle. « Plutôt mes petits enfants. Kora et Jeddak. » Elle soupira puis expliqua « Leur mère… ma fille… a été l'une des premières victimes du terrible fléau. Alors, je les ai pris en charge. C'était tout naturel… même si, avec tout ce qui se passe en ce moment, ce n'est pas toujours facile de trouver de quoi remplir leur assiette. »

« Mais on fait aller, on fait aller… » conclut-elle en esquissant un sourire. Elle ouvrit la porte qui donnait dans la salle à manger que Peau-de-Pierre avait aperçue depuis l'extérieur et l'odeur se fit plus intense, plus âcre. « Kora, Jeddak… nous avons de la visite. Dites bonjour à nos invités. » lança-t-elle avant de s'excuser en précisant à voix basse « Ils sont fort timides, il faut les excuser. »

Les deux enfants, le visage ravagé par les pustules rouges que la plupart des aventuriers avaient vu si souvent au cours des dernières semaines, ne dirent pas bonjour. Ils ne réagirent même pas à leur entrée dans la pièce. Et, à tout bien considérer, ils ne semblaient pas non plus avoir eu la moindre attention à l'égard des morceaux de viande qui se trouvaient dans les assiettes placées devant eux. Assis l'un en face de l'autre, Kora et Jeddak se contentaient de se scruter de leurs orbites dénués de toute vie.

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« Je ne vous ai pas mis en garde contre la possibilité de dissensions… je vous ai mis en garde contre les conséquences qu'elles pourraient avoir. Le voile du futur est encore épais, nimbé de mystères et d'inconnues. Mais une victoire future ne vaut-elle un sacrifice dans le présent ? » se contenta de répondre Zellara avant de retomber dans le silence. Avait-elle choisi de ne plus répondre ou n'en avait-elle plus l'énergie ? Rien ne permettait de trancher…

Inspiré par la colère peut-être, Kar'Uz parvint assez facilement à retrouver le chemin de la demeure de l'artiste Salvator Scream. Quand il ouvrit la porte, il se rendit compte rapidement qu'il n'y avait plus que les deux prisonniers, l'elfe et Théobald à l'intérieur.