Un sacrifice !!! Toujours les mêmes qui se sacrifient !!! - Kar'Uz resta sur le pas de porte à toiser du regard les prisonniers, l'elfe et Théobald. Il avait plongé sa main dans la besace pour en sortir la boite contenant le jeu de cartes et la rendre à Abbaër dès qu'il serait rentré, mais l'absence caractérisée du nain le stoppa dans son élan. Son regard froid se riva sur l'inquisiteur. D'une voix monocorde et presque désincarnée il demanda simplement - « Où est Abbaër ? »

Fergus était entré à la suite d'Arlandeth dans la petite maison et s'était avancé dans la pièce commune après la vieille. Ce qu'il vit le glaça d'effroi. Les enfants, qu'il avait d'abord imaginés malades, étaient déjà trépassés et seule leur enveloppe corporelle était encore de ce monde. Depuis combien de temps la vieille vivait-elle ainsi ? Elle ne devait plus avoir toute sa tête pour encore les penser vivants et - d'après son expérience - il paraissait plus sage pour sa santé mentale de la laisser pour le moment dans l'ignorance de l'état réel de ses petits-enfants.

Néanmoins une idée germa dans l'esprit du médecin. Se pouvait-il que la vieille soit elle aussi immunisée contre le voile sanglant ? Si cela était vrai, sa vie était menacée de la même manière que l'avait été celle du musicien que le groupe avait sauvé quelques jours plus tôt. Il fallait en avoir le coeur net. Se tournant vers la vieille, il se présenta à son tour. « Mon nom est Fergus et je suis chirurgien. J'assiste présentement Arlandeth dans les soins qu'il prodigue... Vos petits-enfants son très malades et il faudra leur prodiguer de lourds soins. Ceux-ci nécessiteront qu'ils soient isolés et pris en charge par des personnes compétentes. A ce que je vois, vous avez déjà fait au-delà de ce que vous êtes capable de faire... et je vous félicite. »

Dans son état, un petit mensonge valait mieux que la vérité. Il fit un grand sourire bienveillant à la vieille et l'attira dans le couloir. « Madame, avez-vous vous-même été atteinte par le voile sanglant ? Je suis surpris de n'en voir aucune marque sur votre visage. »

Son but était de la faire parler d'elle et qu'elle se livre un peu plus. Il espérait que l'un de ses compagnons saurait saisir la balle au bond, comprendrait où il voulait en venir et prendrait sa suite.

Arlandeth regarda attentivement les deux enfants. Il essayait de savoir quand le voile rouge leurs avait ôtés la vie. Il voulait savoir s'il y avait le moindre risque que la transformation finale de cette immonde maladie soit sur le point de s'amorcer. Il guetta le moindre signe qui pouvait le mettre sur la voie. La remarque de Fergus quant à l'absence de symptôme sur la femme l'intéressa au plus au point. Car si, comme il le pensait, les enfants étaient morts depuis quelques jours, normalement elle devrait être affectée comme les autres.
Il ne dit rien sur le mensonge de Fergus sur sa présumée fonction, mais il percevait comme une mauvaise intonation dans sa voix. La femme aurait du mal à le croire. Aussi ajouta-t-il quelques précisions, tout en questionnant la femme pour connaitre le fin mot de l'histoire.

« Les isoler certes mais vous pourrez toujours les voir. La quarantaine étant de mise ici, ils ne seront pas loin. Est-ce que cela fait longtemps qu'ils ne finissent pas leur assiette ? »

« Oh mais non, ne vous inquiétez pas » répondit la vieille femme qui s'était laissée entraîner dans le couloir par Fergus. « Ils vont bien... ils sont juste un peu fatigués. C'est normal, après tout ce qu'ils ont vécu. Les pauvres... » Elle soupira et resta silencieuse pendant une poignée de secondes puis elle répondit à l'alchimiste. « Non, Desna soit bénie, je n'ai pas été touchée par cette horrible maladie. » dit-elle avant de se retourner dans la direction de la salle à manger, où le dévot de Sarenrae examinait les deux cadavres. « Ils sont tellement sages, n'est-ce pas ? » commenta-t-elle en esquissant un sourire.

De son côté, Arlandeth dut placer un morceau de tissu sur sa bouche pour s'approcher suffisamment des deux jeunes cadavres et les examiner. La décomposition avait déjà commencé son effet : les deux enfants étaient sans doute morts depuis plusieurs jours, peut-être une semaine… Il ne semblait y avoir aucun risque de mort-vivance ne eux. Il n'y avait plus rien à faire pour eux… restait-il seulement quoi que ce soit à faire pour la vieille dame, ou fallait-elle la compter comme une ixième victime collatérale des terribles événements qui touchaient la ville et s'intéresser plutôt à ce qui pouvait encore être changé ?

La femme fronça les sourcils puis afficha un sourire de déni. « Mais voyons, mon gaillard, qu'est-ce que vous me racontez là ? Vous voyez bien qu'ils sont à table. Comment pourraient-ils être morts ? » répondit-elle d'un air assuré au géant Shoanti qui s'était positionné devant elle.

Elle tourna la tête à nouveau dans la direction de la salle à manger où les cadavres attablés n'avaient toujours pas daigné ne fût-ce que goûter à la viande que la femme avait dû payer à prix d'or. Puis elle croisa le regard d'Arlandeth. Le prêtre hocha lentement la tête.

Elle fronça à nouveau les sourcils et plongea son regard dans celui, à la fois ferme et doux, de Peau-de-Pierre. Son sourire s'effaça. Elle prononça d'une voix de plus en plus faible « Mais non, vous devez vous tromper… ». Elle ne parvint pas à émettre un autre mot tellement sa gorge se serrait. Une larme ne mit à perler à la commissure de son oeil.

Elle scruta du regard les uns et les autres ; certains détournaient pudiquement le regard, alors que d'autres parvenaient à maintenir le contact. Contrairement à ce que Peau-de-Pierre pressentait, elle ne se débattit pas. Elle ne hurla pas. Elle ne s'agita pas.

Seules les larmes qui se frayaient un passage en suivant les sillons de ses joues et son regard vide, fixé sur les deux enfants immobiles, indiquaient qu'une partie de sa folie avait été brisée et que le voile de ses amères illusions avait été percé.

Ne disait-on pas que les plus grandes douleurs étaient muettes ?

« N'ayez crainte madame. Ils ont été sûrement accueillis dans un endroit où ils ne souffrent plus. Ne vous reprochez rien. À vous voir, je peux dire que vous avez été exemplaire. Tout ce qui humainement était possible de faire a été fait. Nous allons trouver une sépulture pour ces enfants. »

Arlandeth se demanda comment cette femme allait réagir à l'avenir. Il chercha un moyen qui lui permettrait de remonter la pente. Il regarda les enfants décédés à nouveau et pensa avoir trouvé la solution.

« Aujourd'hui est un jour de deuil. Prenez le temps qu'il faudra pour le porter. Mais rappelez vous bien mes paroles. Quand viendra le moment que vous jugerez bon, vous verrez que cette ville a été durement frappée par le malheur tout autant que vous. Il se pourrait, et j'en suis malheureusement certain, que des orphelins courent les rues. Alors je vous le dis, vous êtes une bonne personne, un personne qui pourrez les aider. »

Arlandeth laissa la femme assimiler ses paroles alors qu'il cherchait un linge pour envelopper les enfants. Voyant Peau de pierre déposer de l'or pour cette femme, il ne put s'empêcher d'imiter d'une autre manière. Il prit une de ses trousses de soins et la déposa à l'attention de la femme.

« Ceci est une bien piètre consolation et ceci ne saurait effacer votre douleur. Cependant, vous pourrez prendre soins de ceux que vous jugerez être dans le besoin. Puisse la lumière de Sarenrae vous accompagner. »

Abbaer comme Arlandeth avait lancé des pistes pour tenter de remonter le moral de cette femme ou en tout cas lui faire entrevoir qu'un avenir était toujours possible. Que ce soit les nombreux orphelins que le voile ou la tyrannie avaient provoqué sur l'île d'Endrin, ou encore cette femme que le prêtre de Sarenraé avait conduit à la maison de Grigan et d'Hori et qui pourrait aussi aider la vieille femme, nombreux seraient les malheureux et il y aurait toujours de quoi faire pour les âmes charitables que ce soit ici et maintenant ou peut-être même ailleurs...

A mesure qu'ils s'étaient rapprochés de la maisonnette de Salvator Abbaer sentait la rage monter en lui. Il n'avait pas dit, un mot. Tous se moquaient de ce jeu du Tourment qui ne revêtait pas pour eux la même importance qu'il avait pour le nain et qui était la raison même qui faisait que le nain soit encore à lutter pour le bien de tout ces gens ordinaires, de cette masse populaire et pauvre dont il avait lui aussi fait parti un jour. Le roublard fut surpris de voir que tout le monde était revenu mais ne chercha pas plus que ça de comprendre le pourquoi du comment de ce revirement de position du shoanti. Il se dirigea tout droit vers l'elfe qui transpirait le mal de tout son être et dont l'armure hérissée de pointes et la chaîne cloutée était la représentation physique de ce qu'elle était capable de faire aux autres ! Sans hésiter le roublard sortit sa rapière et essaya de lui mettre la pointe sous la gorge !!!

« Rend ce que tu m'as pris chienne !!! Ou il t'en coutera la vie ! » Le nain sortit de sa poche la boite métallique et la jeta à ses pieds. Cette dernière s'ouvrit et le nain qui n'avait pas reconnu qu'elle appartenait en fait à Kar'Uz compris lorsque cette dernière s'ouvrit en tombant sur le sol et déversant son contenu l'erreur qu'il venait peut-être de commettre... Toutefois il ne baissa pas son arme. Laori avait vu à quel point le groupe était capable de s'opposer sur certain point et sans doute avait-elle fait cela pour semer de nouvelles graines de discordes entre deux personnes qui la plupart du temps s'entendaient sur les même idées même s'ils venaient de deux univers totalement différent. Il bredouilla : « Qu'est-ce que cela... Kar'Uz ? »

« Quoi ?! Tu veux dire que c'est Zellara qui a fait en sorte qu'on mélange nos boites par une illusion ? Dans quel but ? Elle savait ? Le groupe que nous formons n'a jamais été aussi fragile... Elle a fait en sorte que tu reviennes et que nous ne nous séparions plus... au moins pour le moment... Bien... » Abbaër fixait toujours l'elfe en serrant les dents, rageant de ne pouvoir lui effacer son sourire moqueur qui ne la quittait pas d'un coup de lame sur son minois. Il se dit que cette dernière n'attendait peut-être que cela et peut-être même que ça lui plairait, il se ravisa donc et recula en baissant son arme.

Tout ce qu'il avait prévu avait échoué... sa tentative de rallier le groupe pour tenter d'investir le palais moisi de l'Empereur dès cette nuit par un subterfuge en laissant Laori s'occuper seule des deux hommes prisonniers n'avait pas fonctionné. A cause de Théobald qui n'avait pas suivi mais aussi de Zellara et de l'échange des boites. Il fallait se rendre à l'évidence, les tensions étaient trop vives pour espérer obtenir quelque chose de chacun ce soir. Il faudrait sans doute attendre demain.

A tout hasard le roublard posa la question : « Ces hommes m'ont fait un plan détaillé qui semble être en accord avec ce que Fergus a vu d'en haut. Les indications qu'ils ont donné peuvent nous permettre d'agir rapidement et efficacement en mettant fin aux exactions de l'empereur et récupérer les informations que l'on cherche. Plus vite il sera en déroute et plus vite, les Vierges grises n'y verront plus d'oppositions et d'émeutes possibles ici. Le pont pourra alors ré-ouvrir et les remèdes affluer sur l'île d'Endrin. Agissons nous dès ce soir ou préférez attendre et négocier... »

Modifié par un utilisateur lundi 19 mai 2014 06:46:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'inquisiteur ne put que soupirer devant les remarques et les propos des uns et des autres. A ce rythme cela devenait grotesque!! Combien de temps avait il perdu et la faute à qui!! Si tout le monde l'avait écouté, ils auraient peut être presque tous pris leur cota de repos, et ils auraient pu entrevoir une action avant l'aube. Mais au lieu de cela seul le barbare avait pris son repos et maintenant menaçait tout le monde de faire du grand n'importe quoi sous prétexte qu'il avait vu deux nouvelles victimes du fléau.

Théobald fit le tour du regard chacun de ses compagnons, excepté le guerrier aucun n'avait pris du repos, et durant cette journée ils avaient essuyé une attaque d'assassin, gérer un incendie, pour certain subit une autre attaque des gardes de l'empereur, sans compter le fait qu'il avait du déjà écourter leur repos de la veille pour franchir le fleuve et parvenir sur l'île!!

Malheureusement cela ne servait à rien de s'opposer au colosse, depuis son désaccord avec Kar'Uz, il était sur que les deux Shoantis ne l'écouteraient pas!! Il ne tenta pas non plus de monter le reste du groupe contre l'idée du barbare. Il s'adressa tout de même au nain,«  Abbaër es tu sur que l'ile a été mise en quarantaine parce que l'empereur y faisait sa loi, et non pas l'inverse que l'empereur à prit de l'envergure parce que l'île à été mise sous quarantaine??? »

L’inquisiteur pour le moment ne bougea pas, Il regarda à nouveau ses compagnons et tenta d'imaginer un plan de dernier recourt, puisque tel était la situation. La discrétion n'allait pas être de mise, la force avec juste un combattant de front, et un de l'ombre. Fergus, il ne savait même pas s'il lui restait des bombes, mais pareil était ce vraiment ce qu'ils avaient besoin!! Un prêtre, avait il encore quelques faveur de son dieux?? Une elfe sournoise juste dans sa façon de pensée, que pourrait elle leur apporter, il fallait espérer qu'elle n'était pas là juste pour les attirer dans un piège! Kar'Uz, avait il encore des ressources, il paraissait plus épuisé que jamais, puis lui l'inquisiteur que plus personne dans son groupe n'avait écouté depuis qu'ils s'étaient tous fait à l'idée qu'il fallait prendre du recul par rapport à la citée et donc quitter Korvosa!!! Il n'avait plus n'ont plus aucune faveur de Iomédae, comment ferait il pour appuyer leur action suicidaire???

Théobald soupira encore une fois, et attendit une réaction inespéré mais sage de l'un d'entre eux!!

« Bon... Soyons clair. On ne pourra pas jouer aux gardes comme tu le dis. L'illusion de Zellara crée quelque chose de nouveau mais ne permet pas de nous y dissimuler d'autant qu'elle n'a pu créer ses illusions qu'une fois par jour jusqu'à présent et avec l'épisode de ton égarement dans les rues, elle a du utiliser ce pouvoir. Comme je l'ai dit, il n'y a pas d'uniforme juste un assemblage de pièces d'armures neuves qu'ils ont du récupérer sur les gardes ou à la garnison. Ils doivent donc tous se connaître et ce n'est pas une tronche de shoanti qui pourra passer inaperçue...

Le point faible est là ! » Le nain montra le coin caché des tours qui lui permettrait d'atteindre le balcon et la porte qui mènerait à la chambre de Swastel. « On récupère notre grande corde chez Grigan. J'escalade. Vous grimpez. On entre le problème sera le garde du corps gnome. Peut être l'empereur, les rumeurs disent que c'est un fou assoiffé de sang et mangeur de chair humaine. Les rumeurs ont toujours un fond de vérité. Un autre vampire qui dissimulerait à moitié sa nature dans une activité où il est difficile de distinguer le vrai du faux ? Je ne sais pas... »

« Ce qui certain, se sont les morts, le sang dans les rues que nous avons pu voir. La terreur des hommes et des femmes que j'ai interrogé et le fait qu'il élimine tout ceux qui ne se rangent pas de son côté. On a pu me raconter des conneries Théobald mais aussi certain que cette elfe ne nous apportera que des problèmes cet empereur aura bientôt autant de sang sur les mains que la reine si on lui laisse une marge de manœuvre et un jouet venu de Galt. »