Tous se penchent en avant pour voir le ceinturon noir, tandis que le bourgmestre s'en saisit et l'examine. Leur expression de surprise lors du récit de Sterenn porte à croire qu'ils n'avaient pas connaissance du sujet.

« C'est bien un ceinturon de notre armée, ça ne fait aucun doute. Les villageois considèrent ce plateau comme maudit, et bien rares sont ceux à encore essayer de s'y aventurer. Vous avez parlé d'une créature de surveillance ? Savez-vous de quoi il s'agissait ? Et combien de morts-vivants avez-vous combattu ? Combien pensez-vous qu'il en reste là-haut ? » Il observe le lieutenant, puis reprend. « Je crains que les traqueurs ne soient guère intéressés par cette histoire. Pour l'instant, cette région n'est pas leur souci principal, et la nécromancie n'y est pas interdite. La seule loi enfreinte est probablement celle concernant le recensement, mais tant qu'ils restent sur le plateau, je doute qu'ils prennent le temps d'envoyer une expédition là-haut. Par contre lieutenant, il serait peut-être bon d'aller voir de quoi il en retourne. Une escouade de chasseurs pourrait partir en reconnaissance. Je crois que vous en avez une postée à Belle-Espérance. Il suffit d'un jour pour s'y rendre. Une autre journée leur sera nécessaire pour arriver au plateau. Donc d'ici trois ou quatre jours, nous devrions avoir un rapport de la situation. » Il se tourne vers Draegloth, et même si un sourire amusé retrousse ses lèvres, il a l'air préoccupé. « Il n'y a de noble que Dame Sterenn dans cette assemblée, Monsieur Gyrthi Guinar. Mais je vous remercie de votre témoignage. »

L'elfe lance un regard froid au bourgmestre, et vous sentez comme une tension entre eux, à peine perceptible. Vous avez l'impression qu'elle n'apprécie pas qu'il empiète sur ses prérogatives en émettant ses suggestions. « Je vais en référer au commandant Alister et voir ce qu'il pense de la situation. Nous ne pouvons guère nous séparer de nos troupes, ne fusse qu'une escouade, dans les circonstances dont nous venons de parler. Ces morts-vivants ne semblent pas être une menace imminente, d'après le rapport de Dame d'Orberoc. Ils pourront bien attendre quelques jours supplémentaires. »

Les trois autres restent silencieux. Cependant, vous constatez que le sergent Falka meurt d'envie de vous questionner, et que ce ne sera probablement qu'une question de temps avant qu'il ne le fasse.

« Certains de mes compagnons ont reconnu en la créature qui nous surveillait lors de notre départ ce que l'on appelle un décapité. Nous avons tué sept cavaliers et leur chef. Quant-à vous dire combien il en restait, je ne saurais le dire. Ils se terraient vraisemblablement dans une grotte que nous n'avons pu approcher, étant trop affaiblis. Néanmoins, ils ont pu voir plusieurs des nôtres à terre. Je suppose donc - et ce n'est que mon avis - que soit leurs forces restantes étaient trop restreintes pour nous poursuivre, soit ils n'avaient plus de chef capable de les diriger. Il faut bien dire qu'une fois le chef tombé, les cavaliers restants n'avaient plus la moindre capacité d'organisation. »

Voyant que Balka risquait de prendre la parole pour assouvir sa curiosité, Sterenn prit les devants, prenant soin de le regarder une seconde, mais sans insistance pour ne pas éveiller les soupçons, en terminant sa phrase : « Je logerai à l'auberge cette nuit, je reste bien entendu à votre disposition si vous avez d'autre questions... »

Sterenn se retint de mentionner qu'à sa connaissance, les nobles gradés n'étaient pas une rareté, ce n'était pas le moment de jouer à ce genre de petit jeu.« Je suis en permission suite au décès de mon père, mais en service, je suis la caporale d'Orberoc.

Vous avez raison, le plateau n'est pas ce que l'on pourrait appeler un lieu accueillant. Je souhaitais garder mon esprit occupé, je crois que c'est là le meilleur moyen de se remettre d'un deuil, n'est-ce pas? J'ai donc accompagné l'une de mes connaissances qui avait à faire dans la région. Peut-être espérais-je que, chemin faisant, nous passerions non loin du lieu où mon père a été retrouvé, même si cela n'est pas extrêmement raisonnable, et je sais bien que l'armée va se charger de tout cela et que je ne pourrais de toutes façons pas le ramener... »

Sterenn prit une pause. Elle se faisait prendre à son propre jeu. Ne pas parler du décès de son père en se trouvant dans cette région n'aurait certainement convaincu personne. Elle ne pouvait pas non plus révéler cette histoire de magie noire. Elle prit donc une fois de plus la tangente, mais c'est une émotion bien réelle qui la submergea un instant. Elle respira profondément avant de continuer.

« Bref, il se trouve que nous sommes au final passés sur ce plateau - qui ne faisait pas partie de notre itinéraire au départ - car nos finances étaient au plus bas et on trouve là-bas certaines plantes qui se revendent fort bien... On nous avait parlé du fait que cet endroit était maudit, mais à vrai dire, il se disait aussi que ce n'était certainement là que des rumeurs et des élucubrations. Nous avons appris à nos dépens que tout cela était fondé. »

Modifié par un utilisateur mardi 28 avril 2015 17:03:50(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sterenn parle de la destination immédiate le temps que les oreilles des militaires ne se trouvent plus directement à portée de voix. « Je propose que nous rentrions à l'auberge, histoire de nous décrasser un peu et de prendre quelque repos avant la journée de demain, sauf si tu préfères aller à la bibliothèque bien sûr... »

Une fois seule avec Draegloth, elle ajoute: « Heureusement que Bast Falka a tenu sa langue. il viendra peut-être me voir à l'auberge si il veut assouvir sa curiosité et s'assurer que nous ne représentons pas une menace. mais je ne peux tout simplement pas révéler toutes les raisons de ma présence dans la région ou de notre visite sur le plateau. Soyons prudents dans nos propos... »

Modifié par un utilisateur lundi 4 mai 2015 17:26:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sterenn et Draegloth reviennent à l'auberge. Lorsqu'ils entrent, ils remarquent qu'elle est vide, si ce n'est Eden derrière son comptoir, un sourire attendri aux lèvres, en train de vaquer à ses occupations - ou du moins d'y prétendre - en regardant avec amusement Lars et Bellina assis à une table, visiblement en grande discussion. Un verre se trouve devant chacun d'eux, et Bellina est légèrement penchée en avant au-dessus de la table, le regard planté dans celui de Lars, et semble-t-il suspendue à ses lèvres.