Agathe se hâtait de retourner vers les siens. Reconnaissant les paroles et la formule magique prononcées, elle profita du sort de son ami pour lui chuchoter : « Célestin ! Il y a une incantation en troglodyte ver l'ouest ! Un sort de façonnage de la pierre, et la voix a dit "Que s'ouvre ce que j'avais scellé, que meurent ceux qui détournent les enseignements de la Bête Hirsute." » Aussitôt informé, celui-ci fit passer le message aux autres par le même biais.

Puis la petite ange arriva au bout du couloir sur Nedjemibrê. « Ah, te voilà ? » dit-elle en se posant sur son épaule, comme elle le faisait si souvent avec Célestin. « T'as l'air mal en point... » commenta-t-elle en posant sa baguette de soins légers sur la peau noire de son porteur... sans qu'il ne se passe rien, au grand dam de la petite ange.

Modifié par un utilisateur mardi 12 juin 2018 13:38:38(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal se rua dans le couloir où ils avaient affronté des hyènes géantes avec Nedj avant de s'arrêter, regardant en arrière pour vérifier qu'il était bien suivi par tout le monde. Il avait l'impression que chacun agissait au ralenti, comme si chaque seconde en durait dix. Derrière le mur aux meurtrières, le Roi se ruait sur eux tandis que des hyènes et des gnolls déboulaient par l'escalier. Une rumeur, celle d'une incantation, venait de la grande salle. Et un homme étrange sorti de nulle part, dont le regard lui rappela celui du prêtre de la Source Unique, le regard d'un fou amoureux de la souffrance, lui lança une fiole de feu liquide mais dont le contenu se répandit sans dommage sur sa peau.

Le géant rouge jeta à l'homme un regard mauvais, comme pour lui dire "toi, tu ne perds rien pour attendre", mais il savait bien que ce n'était plus l'heure de se battre. S'il répondait à cette provocation, il allait se retrouver dernier des fuyards, ralentissant ses amis. A son grand soulagement, Alia et Célestin se ruèrent à leur tour dans le couloir. Mais que faisait Nedj ?

Soudain, la silhouette familière de l'osirien apparut à son tour à travers l'une des meurtrières du mur, esquivant adroitement un coup de dague de l'homme au regard fou, pour se précipiter à sa hauteur et même un peu plus loin. « T'en mets du temps, qu'est-ce tu fous ? On n'est pas en promenade ! » Gronda-t-il à son intention, avant de voir que ses vêtements étaient déchirés au niveau de la jambe et du bras et maculés de taches rougeâtres, et que sa mise était un peu moins parfaite que d'habitude. Pire, des gouttes de sueur perlaient sur le front d'ébène, phénomène absolument nouveau pour le gladiateur, et signe que l'obligé du prince avait été poussé dans ses retranchements.

Alia à ses côtés, Bhaal se mit en position pour tenir le couloir encore un court instant, le temps de couvrir la fuite de Célestin et de Nedj, avant d'embrayer leur pas.

Modifié par un utilisateur mercredi 13 juin 2018 09:43:50(UTC)  | Raison: Non indiquée

La force de frappe de Kelmarane était comme un vieil ivrogne cuvant sa dernière guerre. La confiance était un allié à double tranchant quand elle faisait baisser sa garde et monter les égos. Ce qui avait commencé comme un raid éclair bien mené finissait comme un larcin face à une maison trop bien gardée, les choses s'étaient envenimées, et la retraite, la fuite même, était la seule issue envisagée par les pieux et valeureux héros. La vie était un bien trop précieux. En tout cas la sienne. Plus que celle des autres. Malgré les beaux discours ou les effort vertueux, on en revenait presque toujours à cette cruelle vérité. C'était peut-être l'une des rares choses en ce monde qui dans les faits mettait tous les gens avec un minimum de lucidité d'accord.

Le quintet se rua sur le puits comme on retournait à sa tanière, passant devant des esclaves qui perdirent leur élan de courage aussi vite qu'il était apparu. Leur regard croisa celui des héros, d'Alia, de Célestin, de Bhaall et Nedjemibrê, alors que ceux qui les avaient incités à les rejoindre se retrouvaient là, abandonnés par ceux-là même. Qu'est-ce que valait bien la vie de quelques esclaves courageux après tout?

La hyaenodon pataugeait dans une sorte de flaque d'huile, mais ses cris de rage et de frustration terrorisaient les esclaves.
«  Tu as tué Rokhova! Et maintenant, les tiens se rebellent! Tu n'es plus le roi! » répondait la voix qui ne semblait pas vouloir parler gnoll.

La terreur des esclaves pour la hyaenodon n'était rien comparée à celle envers la voix du Roi Charognard, qui s'était arrêté net dans le dôme, pas pressé pour un sous de courir après ceux qu'il pouvait localiser. Il avait autre chose en tête.

« Je n'ai pas tué Rokhova, lézard puant! C'est lui qui nous trahit là maintenant! C 'est lui qui nous a monté les uns contre les autres! Mais si tu veux mourir, tu as bien fait d'ouvrir ce passage, je vais marcher sur les tiens comme je marche dans mon bain. »

L'heure n'était pas à l'écoute des commérages. S'entourant des cordes, le groupe confia la survie d'Alia aux capacités télékinétiques de Nedj, qui les porte, se concentrant en suant à grosses gouttes sur sa tache, en les faisant descendre dans cette étrange sensation de flottement appuyée, comme si une main invisible les maintenait en l'air tandis qu'une autre pressait légèrement contre eux pour les faire descendre. Quelques violents coups de bardiche plus loin et les antiques aides à la grimpe du puits cédaient. Pour toujours.

S'en suivit quelques instants de calme. Un calme surprenant. Comme si tout était derrière eux, à jamais. Le rappel du lieu dans lequel ils se trouvaient encore se fit entendre quand les premiers cris brefs et aigus des esclaves se firent entendre, de concert avec la sauvagerie des brutaux quadrupèdes. Ils ne voyaient déjà plus la salle d'où ils s'étaient élancés, s'enfonçant dans les profondeurs du passage.

Une flèche! Chacun bougea légèrement pour laisser passer le projectile, qui semblait plutôt être une bombe alchimique ou un autre projectile sphérique. Une fois arrivés sur la pierre chaude du tunnel, Célestin eut un mouvement de recul en découvrant le projectile, qui n'en était pas un : c'était la tête déchiquetée et arrachée de l'un des esclaves qui dans la fureur des crocs était tombée entre eux. À voir la masse capillaire et le bandeau, ils savaient que c'était l'esclave qui les avait aidés.

Dévalant en courant le couloir terreux à en faire voler la poussière, ils s'élançaient jusqu'à ce qu'Agathe leur rappelle les gaz mortels qui s'échappaient du passage. La prudence nécessaire prise, ils arrivèrent dans les suffocants tunnels, qui étaient vides. Un ou deux jours. Il semblait que les salamandres, après des décennies d'attente, n'avait pas choisi d'attendre un jour de plus ici.

À défaut d'avoir gagné la Demeure de la Bête, ils avaient pour le moment fait main basse sur deux domaines : la souffrance, et le souffre.

Les yeux embués de larmes, Célestin vit la fin de leur fuite comme dans un rêve - ou plutôt, un cauchemar. Il n'était plus apte à prendre la moindre décision. Il suivait bêtement ses amis, qui le guidaient, lui disaient quoi faire, comme à un enfant docile. Habituellement, il se serait émerveillé du pouvoir de Nedjemibrê, aurait cherché à le comprendre, mais là, il ne pouvait se renfermait dans sa coquille, l'esprit trop embrouillé pour tenter une pensée cohérente.

Et enfin, ils furent en bas, les derniers échanges entre les gnolls et les troglodytes raisonnant dans sa tête, sans qu'il soit encore capable d'y réfléchir. Le projectile qui les avait manqué de peu pendant leur descente s'avéra être la tête de l'homme au bandeau. Son unique à moitié enfonça dans ce qu'il restait de l'orbite le regardait fixement, d'un regard où le jeune sorcier lisait tout le reproche que l'esclave pouvait leur faire. Fermant les yeux, manquant vomir, il tituba à la suite des autres, qui déjà repartaient.

Puis se fut la sortie, sans avoir croisé les salamandres. Ils s'arrêtèrent, reprenant leur souffle, contemplant sans trop y croire les rayons lumineux, presque joyeux, d'une journée bien trop paisible en apparence. Ce calme étant bien loin de ce qu'il se passait dans les profondeurs de la Demeure de la Bête. Calme qui fut rompu par le rire impromptu de Bhaal.

Se tournant vers lui, Célestin le foudroya du regard. Sa voix claqua comme un fouet au milieu des larmes qui mouillaient encore ses jours, malgré sa gorge serrée. « Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. D'avoir été incapables de remplir notre mission ? D'avoir dû fuir pour nos vies ? Ou de ne pas avoir sauvé celle des esclaves auxquels nous avions promis la protection de Kelmarane ? » Son ton se faisait sarcastique. « Belle protection que voilà ! Moins d'une heure plus tard, ils étaient morts, décapités ! Belle démonstration de la parole donnée, conseiller sur les questions de défense du territoire. Tu as bien protégé ceux qui venaient de nous confier leurs vies. »

Détournant son regard du géant rouge, il fit quelques pas dehors, et s'effondra dos contre l'entrée, la tête rejetée en arrière contre la pierre dure, les yeux tournés vers le ciel. « J'en ai au moins la preuve. » reprit-il d'une voix plus posée. « Je ne suis pas fait pour ça. Quand nous rentrerons, je démissionnerai. La guerre, la politique, tout ça... Ce n'est pas pour moi. Je suis un artisan, et un soigneur ; mais ni un mercenaire, ni un conseiller. Je retournerai à mon ancienne vie au service d'Almah, que je n'aurais jamais dû quitter, et ça m'ira parfaitement bien. Je n'ai rien à faire ici, avec vous... »

Alia regardait avec attention le tunnel dans lequel ils se trouvait, cherchant d'éventuels ennemis. Leur dernier combat lui laissait un goût amer dans la bouche et la mort des esclaves lui pesait sur la conscience. Elle pensait que le groupe allait broyer du noir lorsque son mari la surprit, comme souvent. Ses éclats de rire se répercutèrent contre les parois et lorsqu'il la serra contre lui, elle ne put s'empêcher de sourire et de répondre à son baiser. Il avait raison, ils étaient vivants.

Il s'écarta enfin en ironisant sur son odeur, légèrement vexée elle allait lui faire remarquer qu'il n'était pas le mieux placé pour le lui reprocher mais il le fit lui-même. Une mélopée s'échappa des lèvres de la jeune femme afin d'invoquer une magie qui lui avait été utile des années, un léger voile de lumière brouilla un instant sa silhouette et lorsqu'il disparut Alia semblait fraiche, reposée, ses vêtements recousus et repassés et surtout une légère odeur de jasmin la parfumait.

Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre le sujet avec son mari, Célestin la coupa et exprima sa tristesse, son désespoir et sa frustration. Aussitôt toute taquinerie disparut de l'esprit de la jeune fille et la tristesse la reprit à la pensée des esclaves qu'ils n'avaient pas pu sauver et surtout face à la peine de son ami.

Elle s'approcha de lui et laissa Bhaal essayait de lui remonter le moral à sa façon puis parla d'une voix douce.
« Je suis désolée, Célestin. Je suis vraiment désolée qu'on n'ait pas pu sauver les esclaves, mais ce n'est pas le moment de les pleurer, nous pourrons nous accabler lorsque nous serons de retour à Kelmarane où lorsque nous serons juger par Pharasma mais pour le moment c'est inutile. Nul doute que nous aurions pu agir autrement, mais nous ne l'avons pas fait et nous ne pouvons pas changer ça. Rien n'est fini, il faut nous préparer pour la suite. »

Elle posa une main délicate sur son épaule et la fit descendre doucement sur le haut du dos dans une caresse réconfortante.

« Quant à décision... attend d'être à Kelmarane pour la prendre. Quelque soit ton choix, je le respecterai, tu as déjà tant fait pour nous, je comprend que tu n'en peux plus. Mais je ne suis pas d'accord quand tu dis que tu n'es pas fait pour tout ça. Regarde nous, Bhaal et moi. C'est toi, plus que quiconque, qui nous a aidé à être qui nous sommes actuellement, qui nous a appris à nous accepter et accepter nos failles. Nous devons retourner au combat mais lorsque nous serons de retour en ville donne-toi quelques jours avant de prendre une décision, les émotions peuvent être mauvaises conseillères, c'est toi qui me l'a dit.
Et regarde-nous, Bhaal, Nedjemibrê et moi... aucun de nous n'est fait pour être conseiller, nous le faisons parce qu'il faut le faire et qu'il n'y a personne d'autre actuellement. Si tu ne conseilles plus Almah, qui le fera ? Qui pourra lui parler comme tu le fais, lui donner un avis totalement désintéressé ? Crois-tu qu'une autre personne aura autant à cœur ses intérêts ? »

Elle se releva doucement et son sourire se fit plus triste.
« Nous avons besoin de toi, Célestin, je suis vraiment désolée mais tu dois te ressaisir pour le combat qui va reprendre très vite. Nous avons besoin de toi. »



Prestidigitation
CA 25/20/20 (+3 CA attaque sur la défensive)
Image miroir (64 rounds) : 2 images
Héroïsme : 28 min (+2 aux jets d’attaque, aux jets de sauvegarde et aux tests de compétence.)
Repli expéditif : 8 minutes

Au fur et à mesure que Bhaal lui parlait, Célestin semblait se crisper un peu plus. Un peu plus encore avec les paroles d'Alia, qui, au lieu de le réconforter, avaient tout l'effet inverse. Il avait envie de hurler. Mais la voix de basse de Nedjemibrê l'apaisa. Lui, il semblait comprendre.

Il se releva doucement, et parla d'un ton glacial. « Vous les aviez condamnés avant même qu'ils ne soient morts. » Il tourna la tête vers Alia, le regard froid. « Quand je vous ai demandé de retenir les gnolls juste quelques secondes, tu m'as répondu que nous ne pourrions pas attendre. » Puis, il s'adressa à Bhaal, levant la tête vers le géant rouge. « Quant à toi, tu n'as même pas daigné répondre à ma supplique. » Il pinça les lèvres, comme pour s'empêcher de continuer, mais il ne pouvait plus revenir en arrière. Il devait parler, lâcher ce qu'il avait sur le cœur. « Pourtant, lorsque Nedjemibrê fut à la traîne, vous avez été capables de vous arrêter dans le couloir, de vous préparer au combat, et même de lancer un sort pour les ralentir. En quoi était-ce différent pour les esclaves ? Est-ce parce qu'ils ne faisaient pas partie de notre groupe ? Leurs vies valaient-elles moins que les nôtres ? Avez-vous oublié que vous étiez esclaves, vous aussi ? Qu'auriez-vous pensé si Almah n'avait pas tenu sa parole ? Elle, qui n'a pas connu vos conditions de vie, a été à nos cotés pour la reprise de Kelmarane. Elle, qui n'a pas été esclave, vous a traité mieux que quiconque. Et vous, qui avez été à leur place, vous n'avez rien tenté pour eux, oubliant les promesses que j'avais faites au nom de Kelmarane. Bafouant ainsi mes propos, mon honneur, ma foi. »

Des larmes ruisselaient sur ses joues, silencieuses, sans sanglots. « Alors non, tu as raison Bhaal, je ne peux pas sauver le monde à moi tout seul, quand je ne peux même pas convaincre deux amis de sauver une poignée d'esclaves. De juste prendre quelques secondes, une dizaine tout au plus, pour les sauver. Dix malheureuses petites secondes, il n'y avait pas besoin de plus. Et je sais que nous aurions pu les tenir. Alors non, je ne peux pas continuer ainsi quand je ne peux pas accorder dix secondes à des personnes qui y auraient gagné la liberté et des années de vie en plus. Dix secondes, pour des années. Des années que je passerai à prier pour le salut de leur âme, et de la nôtre. »

Son visage fermé paraissait prendre de nouvelles résolutions. « Mais là où vous avez raison, c'est que quand nous sommes coupables de ne pas avoir pu les sauver, eux son coupables de les avoir massacrés. Et là où vous avez encore raison, c'est que nous allons y retourner. Mais cette fois-ci, ne comptez plus sur ma magie pour vous guérir. Il n'y en aura que peu. Ce sera une magie de dévastation, entièrement tournée vers la destruction de ces immondes cultistes. Par Sarenrae, ce n'est plus l'heure de la rédemption, mais celle du châtiment. »

A mesure que Célestin distillait son désespoir froid et ses reproches à travers ses larmes amères, Bhaal perdait pied petit à petit. Il y avait deux piliers qui soutenaient l'émergence de sa nouvelle vie : Alia bien sûr, et Célestin. C'était grâce à eux deux qu'il avait progressivement quitté une vie de méfiance et de colère, ainsi qu'une conception noire du monde, pour aller vers la lumière. Certes, il s'agaçait souvent du sarénisme conquérant de Célestin et de sa future femme, lui préférant celui, plus humble et plus pragmatique, d'Alia ou de Vechna - qui, contrairement aux deux premiers, avaient toutes deux connu les malheurs et les affres de la servitude, une chose en expliquant peut-être une autre.

Mais à mesure qu'il prenait en pleine face les paroles du jeune sorcier, Bhaal ne reconnaissait plus son ami. Ce n'était plus Célestin. L'un des piliers sur lequel il s'appuyait s'écroulait subitement, et avec lui une partie des espoirs qu'il fondait en l'avenir. Où était passé le jeune homme doux et bienveillant en toutes circonstances ? Ironiquement, il avait souvent souhaité que Célestin s'aguerrisse, s'endurcisse un peu, voit enfin le monde tel qu'il était. Et maintenant qu'on y était, le gladiateur en concevait un immense désarroi.

Désarroi qui se transforma en colère : « alors on en est là ? » Cracha-t-il, « "je-suis-très-fâché-alors-vous-aurez-plus-de-soins"... C'est bien, c'est très mature, pas du tout mesquin ! Et bien moi, je suis très fâché alors je protège plus le cul de personne ! Avec cet esprit-là, on a toutes les chances de remplir la mission, pour sûr ! »

Il fit une courte pause, le temps d'observer la réaction de son ami, mais ce dernier regardait droit devant lui, sans bouger, ce qui le rendit encore plus furieux. « Tu m'emmerdes, Célestin Karçauvitch ! Tu me fais chier avec tes leçons de morale ! Oui, la vie de ces types m'importait moins que celle de Nedj, ou la tienne, sans parler de celle d'Alia ! Oui, je suis prêt à risquer la peau de mon cul pour vous, et pour personne d'autre ! Je leur devais rien. C'étaient des grands garçons aptes à se défendre. Fallait pas leur promettre monts et merveilles alors que t'en avais pas les moyens ! Tu voulais les libérer ? Fallait tuer leur maître ! Et qui a donné le signal de la retraite ? Qui s'est carapaté dans l'escalier la queue entre les jambes ? » Hurla-til en pointant un doigt accusateur sur le sorcier à chaque "qui" emphatique.

« Va peut-être falloir que tu arrêtes de mener croisade. Célestin le Libérateur ! Célestin le Briseur de chaînes ! Ah ça, t'en dis, de belles paroles sur l'esclavage ! Mais je vais t'en apprendre une bonne : la vie d'un esclave, ça vaut rien. Y'a pas un esclave dans tout le Katapesh qui sait pas ça. Alia le sait ! Nedj le sait ! Je le sais ! Y'a que toi qui le sait pas, ici ! Y'a que toi qui as eu le luxe de réfléchir à de grandes et belles théories sur l'esclavage pendant que tu pétais dans des draps de soie ! T'y connais rien, Célestin ! »

Au sommet de sa fureur, il s'interrompit, comme figé. Célestin ne bougeait toujours pas. Les mains sur les hanches, il se tourna vers Nedj, visiblement consterné et navré, puis vers Alia, à l'évidence bouleversée. Il avait du mal à respirer. Il ne savait plus s'il était en colère, triste ou déçu. Probablement tout cela à la fois.

« Quant au putain de salut de mon âme... » Murmura-t-il d'une voix d'outre-tombe, « toi et moi on sait parfaitement que tes prières n'y changeront rien. »

Il s'éloigna de quelques pas en direction d'Alia, occupée à masquer son visage en faisant semblant de contempler le paysage. Soudain, il ramassa un gros rocher, probablement du poids d'un homme, et le balança dans le vide de toute la force que lui conférait sa rage. « BORDEL !!! » Hurla-t-il en donnant un coup de pied dans la poussière, avant d'aller s'asseoir près de sa femme, restée debout.

Modifié par un utilisateur vendredi 15 juin 2018 14:41:56(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le temps s'écoulait comme une pluie indécise, tantôt lentement, sous le silence de la négativité rampante, tantôt rapidement alors que la colère et les vérités éclataient aux visages de ceux qui en faisaient les frais. Loin d'eux, les bruits de combats éventuels dans les hauteurs de la Demeure étaient inaudibles, couverts par ceux des gaz, vapeurs, des bulles de lave qui éclataient plus loin, et de leur propre fureur, de leurs pleurs.

Il leur fallut un moment pour remarquer la présence, qui s'annonça par un croassement puissant et contrarié. À une vingtaine de pas d'eux se tenait un corvidé des plus étranges, un troisième œil présent au dessus de son bec. Sous ses pattes, elle tenait un parchemin enroulé, attaché par une simple ficelle. Elle desserra sa prise comme une offrande, reculant très lentement sans les lâcher du regard.



«  Un message du cRoa. » la voix était une copie émaillée d'une sonorité humaine, qui ne semblait pas pour autant magique, mais plutôt ... irréelle, presque contre-nature. Elle repartit alors non sans avoir reculé de quelques pas supplémentaires.

Contenu en cas d'ouverture


Psychologie DD15

Modifié par un utilisateur vendredi 15 juin 2018 19:09:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Assis sur son rocher, penché en avant, les coudes posés sur les genoux, Bhaal contemplait le paysage pour essayer de se calmer, mais la façon dont il ouvrait et fermait en permanence sa main droite montrait que ce n'était pas encore gagné. Il jetait par intermittences des coups d’œil vers sa femme, car il savait très bien ce qu'il lui fallait pour reprendre contenance : il lui fallait Alia. Elle était un remède miracle contre toute forme de colère, d'amertume ou de rancœur. Entre ses bras, rien n'avait d'importance. Mais outre le fait qu'elle ne semblait pas dans l'état psychologique adéquat pour remplir ce rôle, il répugnait à l'enlacer et s'abandonner dans ses bras devant des tiers, fussent-ils ses amis.

Le pauvre Nedj, dans sa grande sagesse, essaya avec plus ou moins de réussite de trouver des mots apaisants pour tout le monde. Mais sa dernière réflexion fit tiquer le géant rouge. L'osirien ne savait pas, bien sûr. Il s'en était plaint, d'ailleurs, à sa manière toujours policée, dans la fosse aux cadavres. Il était temps, en effet, de confier certains secrets à celui qui risquait la mort avec eux. Le tenir encore dans l'ignorance de leurs petits secrets n'était pas correct. Bhaal lui lança un regard de biais par dessus son épaule et lui répondit d'un ton neutre. « Je ne suis pas sacrilège, Nedj. Je dis simplement ce qui est. Je suis déjà allé dans l'Après-Vie et je sais ce qui m'attend. Mon âme a peu de chances d'aller à Pharasma. Je te raconterai tout ça, si tu veux. Tu avais raison, tantôt : tu as bien gagné le droit de partager nos petits secrets. »

L'arrivée de la corneille à trois yeux constitua cependant une distraction efficace. Nedj récupéra le parchemin tandis que Célestin congédiait le volatile. Le jeune homme amorça ensuite une tentative de conciliation, sur un ton plus doux et surtout moins amer. Mais Bhaal, toujours sous le choc de la métamorphose de son ami, resta fermé comme une huître, regardant droit devant lui jusqu'à ce que la dernière phrase soit prononcée. « Tu comptes pour moi, mon chou ». Là, c'était le Célestin qu'il connaissait. Bhaal accepta alors de se tourner à nouveau vers lui.

« Je t'aime aussi... mon biquet. » Mais si elle était sincère, la déclaration manquait de chaleur. Bhaal avait toujours son air courroucé et renfrogné. L'altercation avait laissé des traces, et Bhaal avait été blessé plus profondément qu'il ne voulait lui-même l'admettre. Il prit une grande inspiration et détourna de nouveau la tête pour parler au paysage.

« Oui, c'est une bonne chose que tu cherches à ne pas faire que soigner. Je t'ai mal compris. C'est ce que j'ai toujours souhaité pour toi. Mais là, tu m'as fait peur tout à l'heure. Alia a raison, si tu ne veux plus de cette charge de conseiller je respecterai ton choix, mais ce sera dommage pour tout le monde. Pour Kelmarane. Et pour la princesse, bien sûr. Pour le reste... C'est drôle que tu parles de mon point de vue... étriqué. Oh, il l'est sûrement. Je vois sans doute encore le monde avec les yeux d'un esclave. Ça fait à peine deux mois que je suis libre, tu ne peux pas me le reprocher. Mais... je me fais souvent la même réflexion à ton sujet. Je crois surtout qu'il y a des choses sur lesquelles on ne se comprend pas. C'est pas grave. Quelquefois tu m'énerves, mais je pense alors à tout le bien que tu m'as fait, et ça va mieux. »

Sans bouger de son rocher, Bhaal regarda de nouveau vers son jeune ami et tendit presque timidement le bras vers lui, l'invitant à une accolade. « Copain ? »

Modifié par un utilisateur samedi 16 juin 2018 21:54:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

Célestin s'avança vers Bhaal avec un pauvre sourire de façade. Intérieurement, il était encore dévasté par la ce qu'il s'était passé - tout ce qu'il s'était passé, de la mort des esclaves à la violence de leur dispute. Mais s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait pas perdre, c'était ses deux précieux amis. « Ami, mon chou. » Puis il vint se caler contre le puissant torse du géant rouge, l'enserrant de ses petits bras comme il pouvait.

Il resta quelques instants ainsi, jusqu'à ce qu'il sente que Bhaal était embarrassé. Il se repoussa, et regarda vers Nedjemibrê. « Oui, je crois que Bhaal a raison. Nous avons beaucoup à te dire... Et il est peut-être temps que nous aussi, nous écoutions ton histoire... »