Laissant son frère aller tenter les diables, le paladin resta à regarder ce lac qui le séparait de Trône-Blanc. Les songes du serviteur de l'Héritière l'entrainèrent bien au-delà des frontières de ce pays gelé. Il parcourut à l'envers le cours de sa vie, remontant le temps en visualisant un à un les visages qu'il avait connu. Lorsque la voix grave du barbare l'arracha à ses rêveries, il en était à réaliser combien il trouvait amusant qu'en accomplissant sa mission, il aidait sa tribu de l’œil crevé à rester libre. Quel incroyable enchainement de circonstances ! Comment ne pas voir un main divine œuvrer derrière tout cela ?

Lorsque son ami aborda l'autre sujet qui lui faisait souci, Ortog le rassura, souriant en réalisant que les rôles étaient en ce jour inversés.

« Excellent, Xoran ! Ainsi, comme je l'avais espéré, Ringeirr a pu entendre raison une fois débarrassé des deux gars qui l'agaçaient ! Pour ce qui est d'Akin... » Ortog repensait aux paroles de son frère au sujet de ses sentiments pour cet homme. Bien entendu, il n'en souffla mot. « Oui, Akin ne devrait plus poser de problème ! Nous nous sommes parlés et il a compris certains aspects qui lui avaient échappé. » Le semi-orque misait sa confiance sur ce fait. Rien ne garantirait réellement que son frère ne craquerait plus, mais il l’espérait. « Pour cette femme, nous verrons bien une fois sur place. »

« Ai-je seulement sourcillé lorsque ce vieil ulfe a défoncé le crane de Marcian ? Tu sais, depuis qu'Aergnaeroka et moi avons quitté Heldren, j'ai du faire pas mal de sale boulot afin de privilégier la survie du plus grand nombre. Je sais que la Déesse me guide et que de notre réussite dépend la sauvegarde de tout un monde ! » En prononçant ces mots, le paladin eut une étrange sensation. Comment de simples mortels pouvaient-ils penser pouvoir sauver le monde ? Mais sa foi reprit le dessus et il poursuivit. « Aussi n'auras-tu point à t'inquiéter en ce qui me concerne ! Je ne ferais rien qui mette en péril ce pour quoi nous nous battons. »

Marcher dans la neige.

Modifié par un utilisateur vendredi 3 juin 2016 09:38:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Xoran se retourna vers la belle sylphe lorsque celle-ci les rejoignit et répondit à la place d'Ortog comme si la question lui était posée à lui. « Ça n'arrivera pas. Ça ne doit pas arriver. Il faudra l'assommer si nécessaire, ou le neutraliser de quelque façon. Et c'est valable pour chacun d'entre nous. »

Le shoanti reporta son regard sur le lac et, au-delà, vers la cité immaculée dont on devinait les hauteurs dans le lointain. « Nadya nous a déjà prévenus plusieurs fois, et son oncle n'a fait que confirmer ses propos : Trône-Blanc est une cité tenue par des monstres où tout est surveillé. Nous n'avons aucune chance de parvenir seuls jusqu'à la Hutte, et le moindre incident peut nous faire tous tuer. A partir de maintenant et jusqu'à ce que nous soyons à nouveau plus libres, nos sentiments et nos principes ne sont pas importants. Seule notre quête est importante. Nous savons quelles seraient les conséquences si nous échouons. ». Le ton comme l'expression de Xoran étaient sinistres et solennels. Percevant sans doute le besoin de conclure sur un ton plus léger, il ajouta : « je sais que tu sauras te maîtriser, Ortog, et je n'ai aucune crainte en ce qui te concerne, Jairess. Et je vous demande de ne pas hésiter à me faire taire par tous les moyens si jamais j'ai le malheur de me comporter comme un barbare sans cervelle. » Un sourire naissant ponctua ces dernières consignes.

Xoran écouta la réponse du demi-orque avec une moue dubitative, visiblement peu convaincu. « Ce que tu proposes, c'est déjà ouvrir la porte au danger. Ce n'est pas notre pays, et les mœurs de ces gens ne sont pas les nôtres. Il y a fort à parier que ce que nous pensons ne les intéresse en aucune façon. Une fois à Trône-Blanc, nous ne maîtriserons rien, aussi suis-je pour maintenir une discipline de fer entre nous à ce sujet jusqu'à ce que nous soyons parvenus à la Hutte. »

Le géant à la peau d'ébène changea alors d'expression en même temps que de sujet. Ses yeux de serpent s'allumèrent et sa mâchoire se crispa. « Quant à Akin, si tu parles des combats que nous avons menés, j'aurais une chose ou deux à dire. Face au loup géant, il est vrai qu'il s'est comporté en guerrier, pour une fois. Je ne le nie pas, il est capable de courage. Et pourtant, tout-à-l'heure, je l'ai vu se cacher derrière Nadya tandis qu'elle se faisait trouer la peau, avant de s'arroger un anneau magique comme part du trésor qu'il ne méritait pas. »

Il inspira profondément avant de reprendre d'un ton plus calme, mais aussi plus froid. « Ce que nous venons de vivre était un moment critique de notre quête. Convaincre Ringeirr de nous emmener à Trône-Blanc était essentiel, et tout le reste en dépendait. Et nous vous avons vu à l'oeuvre : Akin, qui a failli tout faire rater... Et toi, qui n'as rien fait pour arranger les choses. J'en attends plus de la part de celui que je considère comme notre chef, » lui dit-il d'un ton sévère en posant un index sur sa cuirasse. « Tu vas devoir choisir ce qui est le plus important pour toi, Ortog : notre quête, ou ta loyauté envers ton frère. Dans un cas, je te suivrai ; dans l'autre, non. »

Xoran laissa alors ses deux amis méditer ces dures paroles et s'éloigna en direction des traineaux. De mauvaise humeur, il farfouilla un moment dans l'un deux et en sortit l'armure de cuir et la rapière de Marcian. Jetant l'armure sur son épaule, il se rendit ensuite à la hutte de Ringeirr.

Une fois à l'intérieur, il jeta l'arme et l'armure au milieu de la pièce, à peu près à égale distance de là où Nadya et Aergnaeroka étaient assises. « L'armure et la rapière de Marcian, » déclara-t-il. « Elles sont magiques. L'armure est plus légère et plus solide qu'une armure normale. Marcian n'était pas vraiment bâti comme une armoire, elle devrait donc vous aller... Une fois nettoyée du sang et des bouts de cervelle. Quant à cette rapière, je la prendrais volontiers comme cure-dents mais l'une de vous deux devrait pouvoir en faire un meilleur usage. Elle est très bien équilibrée et très pointue... Mais cela, vous le savez toutes les deux mieux que moi, je pense. Vous avez payé le prix du sang aujourd'hui. Il est juste que cet armement vous revienne, surtout qu'il est adapté à votre façon de vous battre. »

Modifié par un utilisateur samedi 4 juin 2016 12:02:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Nadya devrait prendre l'amure, » répondit Aergnaeroka à la proposition de Xoran, « Nous ne pouvons risquer qu'elle prenne d'autres coup comme tout à l'heure dans la cabane et ma vieille chemise de maille peut encore faire usage. »

« Je pense aussi qu'elle devrait prendre la rapière, si elle est familière avec cette arme... » ajouta t-elle après un cour moment de réflexion.


+4 vigueur, +5 tenue polaire, +2 Oushanka

Ortog regarda partir Xoran sans répondre. Pourtant, il aurait eu encore beaucoup à dire. Puis, Jairess y alla aussi de son inquiétude et le paladin réalisa ce qui coinçait. Le reste du groupe voulait entendre de lui-même ce qu'avait à dire Akin afin de les rassurer.

« Jairess, le problème ne vient pas exclusivement de mon frère. Sa réaction exagérée est le résultat d'une énorme tension qu'il supporte et dont Xoran en est partiellement à l'origine. Pas obligatoirement consciemment. Mais j'entends que vous préfèreriez avoir tous une discussion avec Akin. Passons le récupérer au village et retrouvons les autres ! »



Marcher dans la neige.

Modifié par un utilisateur samedi 4 juin 2016 23:09:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'osirien éclata de rire à la remarque fataliste du pêcheur. « Hé bien, j'admire ta confiance, cela me rassure. Je le rapporterai aux chiens, ils devraient bien dormir ! Sinon, deux poissons suffiront pour une dizaine de personnes, vous croyez ? En tout cas, je prends aussi les moules. Je crois que l'on va se régaler, avec tout ça. Combien je vous dois pour l'ensemble ? »

Il paya son dû et poursuivit : « nous mangeons chez Ringeirr. Un caractère fort, cet homme ! Il n'a pas dû avoir la vie facile, n'est-ce pas ? Sa cabane n'est pas en très bon ordre... »

L'inquisiteur scruta la réaction du manant à la mention du nom de l'oncle de Nadya.

Jairess se contenta de hocher la tête avec un sourire apaisé, sans plus essayer d'argumenter. Elle comprenait le point de vue d'Ortog même si elle ne partageait pas vraiment son analyse. Mais comment lui expliquer que les débordements de Xoran ne l’effrayaient pas comme ceux d'Akin. Y avait-il seulement une raison rationnelle à cela? Interprétait-elle correctement les caractères? Ou se méprenait-elle au contraire, refusant de voir que les sautes d'humeur du colosse étaient tout aussi dangereuses que celles de l'osirien? Elle se posait la question sans pouvoir encore y apporter un début de réponse, et espérait que la discussion se passerait bien, pour le groupe, et pour leur quête.

Elle emboîta le pas d'Ortog pour aller retrouver Akin, et un nœud se formait dans sa gorge à l'idée de toute cette tension qui venait de retomber mais qui pouvait encore resurgir.

Sorts : 3 N1, 0 N2 restants. Barrière d'air inactive, reste 2 heures.

Modifié par un utilisateur dimanche 5 juin 2016 19:19:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ortog avança d'un pas sûr, entrainant la jeune femme avec lui. En croisant son frère, il lui fit part des besoins du groupe.

« Ah, te voilà Akin ! Nous te cherchions. Il semble qu'il soit nécessaire que nous nous réunissions tous afin de mettre à plat les choses. La suite de notre mission impose bien des contraintes et chacun a besoin de connaitre la position des autres. Il nous faut retrouver la confiance et l'unité qui faisait notre force ! Finissons de ranger les traineaux et allons-y ! »

Le paladin espérait que Akin comprendrait le besoin ressenti par leurs compagnons. Lui-même ne l'avait pas immédiatement réalisé. En arrivant dans la pièce, Ortog réalisa que l'oncle de Nadya n'était pas là. Cela serait mieux ainsi.

« Bien, nous allons pouvoir évoquer la situation ! Qui commence ? »



Marcher dans la neige.

Modifié par un utilisateur mercredi 8 juin 2016 10:29:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

La longue tirade de Jairess s'acheva mais ne laissa place qu'au silence. L'espace d'un long instant, le temps sembla comme suspendu à l'intérieur de la hutte, personne ne semblant vouloir prendre la parole à la suite de la belle sylphe. Comme si son discours plein de retenue et de sagesse avait clos les différends des héros de Heldren en même temps qu'il leur avait imposé un silence respectueux et médidatif.

Puis un tapotement se fit entendre et vint rompre l'atmosphère de recueillement qui prévalait. Le shoanti tapait de la paume de la main sur la peau de bête sur laquelle il était assis, en signe d'assentiment.

« Aye, » fit-il, « Jairess à bien parlé. Je n'ai rien à ajouter, sinon ceci : gardons-nous de nous croire plus malins que les sorcières, et gardons-nous de nous croire plus savants que les gens de ce pays. Au contraire, écoutons leurs conseils comme s'ils valaient de l'or. Voilà des semaines que Nadya nous met en garde contre Trône-Blanc, et son oncle vient de faire exactement la même chose. Ecoutons ceux qui savent et remettons-nous en à eux plutôt qu'à notre propre expérience qui ne servira pas ici - pas en ce qui concerne le fait de se faufiler jusqu'à la hutte. Le mieux est donc de se taire et de faire ce qu'ils disent sans rechigner ni chercher à imposer nos propres conditions. »

De nouveau assis en tailleur, l’osirien écoutait religieusement ses compagnons parler. Il hochait la tête aux instants clés de leur discours. Tous avaient bien résumé les enjeux. Le ton de Xoran le surpris par sa tempérance autant qu’il le rassura sur son état d'esprit. Si le géant était prompt à la colère, il savait aussi pardonner, ou tout du moins écouter, une fois l'excitation retombée. Pour lui, ces sautes d'humeur devaient être naturelles et sans conséquence. Son frère n'allait-il pas un peu vite en besogne : amis ? Au bout de seulement quelques jours ?! Et pourtant, Jairess venait aussi d’avouer qu'elle nous considérait comme des êtres chers à son cœur. Cette attitude remua la fibre de gentillesse qui vibrait en lui.

« Vous êtes dans le vrai, bien sûr. Notre mission avant tout, unis par un même but. » Un nouveau silence interrompu par un haussement d'épaules, les mains tournées vers le ciel. « Est-ce la force de la magie du ryttere qui nous lie tous ensemble sous la même contrainte et provoque ce sentiment grégaire ? En tout cas, cela fait à peine quelques jours que je vous ai tous rencontrés, et je suis angoissé à l’idée de perdre l’un d’entre vous. Je n’ai jamais ressenti cette émotion. Elle perturbe indubitablement mon existence, en ce moment. Car Ortog a raison. Nous ne nous connaissons à peine et pourtant, nous avons déjà partagé des événements forts. Nous nous sommes tous sauvés la vie mutuellement. Peut-on imaginer lien plus fort, pour des inconnus ? »

Il détourna le regard un bref instant, déçu de mentir, même par omission, même partiellement, à ses compagnons. Mais comment avouer ses sentiments à Xoran devant tout le monde, de but en blanc ? Il avait assez souffert de solitude, dans son enfance, pour supporter d’être mis à l’écart aujourd’hui. De toute façon, il avait éliminé toute possibilité d’approfondir sa relation avec le colosse sur ce plan-là. Il aurait fallu être deux, pour cela. Son amitié serait déjà une grande victoire. Par ailleurs, se livrer à son frère avait libéré un poids certain qui pesait régulièrement sur son estomac. Le paladin n’avait rien dévoilé et portait avec lui ce fardeau. Ce secret créait les prémisses d’une belle complicité entre eux, il l’espérait.

« La situation exige en effet de faire profil bas, Xoran. Je vous dois à tous des excuses. Je ne sais comment vous avez retourné l’oncle de Nadya et réussi à le convaincre de nous aider. Quoi qu’il en soit, je vous en suis reconnaissant. Nul plus que moi ne tient à accomplir cette mission. Elle est au cœur de mes motivations personnelles. Il y a de cela de nombreuses années, je me suis juré de circonscrire au mieux les dégâts que la magie peut occasionner sur des innocents. On dirait que j’aurais un peu de travail par ici, si je choisissais de m’y établir ! »

Un maigre sourire désabusé ourla ses lèvres fines. Il regarda brièvement le nain. Il avait aussi une formation à terminer avec Kalt. Entre autres choses.

« Soyez assurés que si Xoran, pour une fois, évite de m’asticoter, je devrais pouvoir rester au moins aussi calme que lui. » Il sourit plus franchement, avant de reprendre son sérieux. « Les sautes d’humeur dans des moments critiques ne sont pas vraiment dans mes habitudes, vous le savez. J’ai des convictions qui seront inévitablement soumises à rude épreuve, dans l’enceinte de cette cité nauséabonde. Comme chacun d'entre nous, du reste, j'imagine. Mais je saurai me tenir. Cet épisode m’aura mis en garde. »

Il regarda chacun dans les yeux, pour rassurer au mieux chacun des membres du groupe sur le sérieux de son assertion. Puis il étendit des jambes devant lui, et demanda, plus légèrement : « je suis content que vous preniez tout cela à cœur. Du reste, savons-nous comment en pratique nous allons entrer dans Trône-Blanc ? Je suis curieux de connaître comment Ringeirr compte rendre anonyme des êtres aussi extraordinaires que nous ! »