Couvert de neige, Arslann s’époussetât repensant à la multitude de corps emmenés par l'avalanche et comment le vieux nain était apparu pour les prévenir. Cet étrange personnage obsédait le serviteur de Magrim, aussi tout en s'affairant à enlever la neige recouvrant sa monture il s'adressa à Othair.

« Dites-moi messire Othair, cet ancêtre que nous avons croisé, vous avez dit l'avoir déjà croisé dans de pareilles conditions et qu'il vous a aidé pareillement, pouvez vous m'en dire d'avantage? »

De plus, l'avalanche et l'aide quelle leur avait fourni le laissait songeur quand à son origine, il chercha dans ses souvenirs si elle était d'origine naturelle ou déclenchée autrement.

Après avoir libéré sa monture de la pellicule de neige la recouvrant, il remonta en selle et se prépara à poursuivre sa route.

Othair était bien incapable de répondre à la question de ses compagnons. « Comme vous je me pose des questions et je n'ai pas de réponse. Il nous est apparu dans pareilles circonstances et a utilisé ses tours pour nous faire "glisser" loin de nos poursuivants et nous conduire à la porte de notre ennemi. Il n'a répondu à aucune question mais c'est sans doute un puissant sage ou même un émissaire divin. Quoiqu'il en soit je suis reconnaissant au créateur de l'avoir mis sur notre chemin. »

es nains étaient retombés dans leur mutisme. Il ne servait à rien de gaspiller sa salive surtout par un froid pareil et étant donné les difficultés du terrain. Ils monopolisaient donc leur énergie à maintenir l’allure imposée par le Jumeau de tête sans perdre une seul miette du panorama splendide qui les entourait. Il fallait rester vigilent à chaque instant aussi bien pour être prompt à réagir aux caprices du terrain mais aussi en cas d’attaque soudaine d’un ennemi pour l’heure invisible. Le crépuscule étalait son voile sombre sur la montagne lorsque la petite troupe aperçut les premiers monticules de pierre. Que ce soit de ce côté des montagnes pour les nains de Heaume ou de l’autre côté pour ceux du royaume de Kadrin, ces amoncellements de pierre était une marque commune délimitant un territoire nain. Ces derniers marquaient aussi simplement les limites de leur domaine, sans pour autant que cela soit visible et évident pour un étranger. Ainsi ils pénétraient sur les terres d’un nain ou d’une communauté, mais pour l’instant rien n’était visible.

Scrutant les parois rocheuses qui s’élevaient au-dessus de leurs têtes, ils plissèrent les yeux afin d’apercevoir un signe de vie du peuple robuste. Mais il fallut attendre encore deux bonnes heures avant de voir presque au dernier moment une simple construction de pierre disparaissant presque sous la neige et adossée à la roche d’une falaise qui s’élevait bien au-dessus des nuages. La maisonnette était des plus simples, une façade avec une toute petite fenêtre carrée et une simple porte en bois épais, pas d’ouverture sur les côtés, vu la dimension, il ne devait y avoir qu’une unique pièce assez petite, comme ces abris de bergers qu’utilisaient ces derniers lorsqu’ils partaient en haute montagne avec les troupeaux pour trouver les vert pâturages après la fonte des neiges. Il fallait vraiment connaître cet endroit pour le trouver. Il était perdu au milieu de la montagne sans vraiment de chemin pour y aller, seuls les nains avaient visiblement cette connaissance et s’il y avait une vie ici alors elle devait être bien seule…

L’ambassadeur leva la main pour faire arrêter la troupe puis il mit pieds à terre avant de se diriger vers la porte et frapper comme un diable jusqu’à ce qu’on vienne ouvrir, à moins que la porte ne cédât entre temps tellement elle était secouée sur ses gonds… Après un temps interminable, des bruits de serrure et de loquets se firent entendre avant de voir la porte s’entrouvrir tout d’abord puis s’ouvrir complètement l’instant d’après une fois que l’individu à l’intérieur ait vérifié à qui il avait affaire. Le nain qui se trouvait derrière était robuste mais sans doute usé par l’âge et l’isolement. Arborant une barbe longe et blanche lui descendant jusqu’au nombril, la peau terreuse, il portait une simple cotte de mailles naine et pointait une arbalète devant lui, armée bien-sûr. Gulkrik Deux-Lame s’adressa à lui en quelques mots que les nains ne purent entendre étant donné la distance et le vent qui s’était levé avec la nuit. Il faisait un froid terrible et cet immobilisme soudain rendait les nains transis jusqu’aux os. Le nain derrière la porte regarda le groupe puis l’ambassadeur du royaume de Kadrin. Il acquiesça puis fit signe à tout le monde de rentrer, poneys compris, sortant même dehors pour fermer la porte une fois tout le monde à l’intérieur.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, tout le monde logea dans la maisonnette de berger. En effet celle-ci ne faisait que fermer l’accès à une caverne naturelle plus grande au sol couvert de paille et habitée par près d’une centaine de chèvres. Dans des recoins, on retrouvait des établis de travail, des stocks de bois et de nourriture, des balles de paille de quoi tenir tout l’hiver pour le troupeau présent et dans un renfoncement une force devant laquelle était posée une enclume avec son atelier attenant. Il y avait là de quoi vivre confortablement dans la chaleur du foyer de la forge, de la paille et de la centaine de chèvres. A y regarder de plus près, il y avait même un espace pour dormir entre deux balles de paille. Quelques rares lanternes apportaient un faible éclairage mais c’était largement suffisant pour les nains qui voyaient dans le noir. Le Berger invita le groupe à débarrasser les poneys de leurs fardeaux et harnachements avant de venir le rejoindre près de la forge où se dressait une grande table qu’il débarrassa afin que tous puissent s’asseoir. Gulkrik parla encore avec lui et lui donna une bourse qui fut vite empochée avant de revenir avec les autres, en train de s’affairer avec les montures assez fatiguées – « Il s’agit de Tharkûn, le Péager du Tunnel de Zahargunud. Il va nous permettre de traverser la barrière des Monts Crochus et d’atteindre le royaume de Kadrin. Cette nuit nous dormons là et demain nous repartons dès l’aube. Si tout va bien dans moins de deux jours nous serons à Karz-a-Karak. En attendant Tharkûn nous invite à sa table. Sa solitude en fait quelqu’un d’un peu austère, mais il est avide d’histoires. Ça lui permet en quelque sorte de se tenir au courant cde ce qu’il se passe à l’Extérieur comme à l’Intérieur. »

Il ne fallut pas longtemps avant que l’odeur de fromage commençant à ramollir sous les assauts de la chaleur et celle du lard grillée se firent sentir dans la caverne. Le Péager avait sorti d’on ne sait où pain, meule de fromage, jambons, tranches de lard, morceaux de viande et bien-sûr de la bière. Quelques chopes et écuelles avaient aussi fait leur apparition sur la table et leur hôte invita le petit groupe à venir s’asseoir – « Prenez place et mangez tout ce que vous pouvez. Vous devez récupérer de vos forces, le voyage en montagne par ce temps ça creuse. A vrai dire, je n’espérais pas avoir de la visite. La montagne s’est mise grandement en colère cet après-midi. Qui aurait pu penser que quelqu’un aurait pu passer ou s’échapper d’une telle furie ? Je suis Tharkûn, le Péager. Et vous qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Qu’est-ce qu’il se passe à l’Extérieur ? »

Arslann, épousseta la neige qui le recouvrait.
Après qu' Eldrick se soit présenté il en fit de même:
«  Enchanté messire, je suis Arslann Ragnazir Noirmanteau de l'ordre des Noirs Manteaux,
humble serviteur de Magrim. Pour vous servir. »

Il parti également panser son pottok puis réapparu à la table de Tarkun
« Comme mon compagnon, je suis ravi de votre hospitalité et je vous en remercie,
après cette journée riche en événement c'est là un confort inespéré. »
Sur ce il se servit une choppe de bière, trinqua puis en vida une partie. Il fit ensuite honneur au festin de leur hôte.
Lorsqu'Eldric fit allusion au vieux sage, le jeune dévot tourna son attention vers leur hôte.

Aragrim mit bien longtemps à se réchauffer. Autant il avait l’habitude de supporter la chaleur, autant le froid lui faisait mal… Très mal. Plusieurs fois dans le chemin il alluma un projectile de feu, juste pour sentir sa chaleur. Ici il restait près du feu un premier temps, profitant de l’odeur de sucre et de la chaleur.
Chaque partie de son corps reprit vie, et vite un sourire revint. «  Enchanté Messire Tarkun. Merci de votre hospitalité. Mon nom est Aragrim Poingdanel, second fils de Telgrim Poingdanel, terrasseur du géant des collines et dirigeant de la forteresse de Garandd. Comme tout second fils qui se respecte, j’ai rejoint les ordres, celui de la pierre et du feu qu’offre Torag.  » Il montrait alors sa main, portant le symbole du Dieu de son peuple, mais avec un aspect de pierre.

«  Je devrais reprendre les rênes de ma famille vu la mort de mon ainé lors de son Kangreddin, mais des différents familiaux, notamment pour la voie qui est mienne, font que mon cadet sera à priori dirigeant de la citadelle. J’ai pu le venger et montrer que j’étais de valeur mais je dois encore montrer ma sagesse et mes capacités à prendre place sur mon trône.  »

Pendant tout son récit, il avait une quantité énorme de bière dans sa barbe, qu’il enlevait de sa manche. Quelques gorgées plus tard, elle était, comme par magie, revenue…

Le jeune nain écoutait avec attention le péager parler, quand celui ci fut questionné sur le vieux nain, Arslann redoubla d'attention...
Peut être était ce grâce à sa formation d'inquisiteur ou simplement à ses efforts d'attention, toujours est-il qu'il remarqua le furtif coup d’œil du péager à Gulkrik et pensa que ce dernier en savait peut être un peu plus sur ce personnage, il se dit qu'il serait intéressant de lui poser la question avant la fin du voyage...

Après que leur hôte les ai encouragés à se reposer en prévision du lendemain, l'adepte de Magrim sortit un parchemin de son étui et commença à noté ce qui avait été dit sur ce "messager divin". Après cela il s'occupa de l'entretien de son équipement avant d'aller se reposer.

harkûn était un de ces bons vivants qui avait ce franc parler direct et dont la voix s'amplifiait à mesure que le fromage et la bière descendaient. D'après lui le Tunnel de Zahargunud faisait parti des secrets que les nains gardaient depuis des centaines de cycles et ces maudites peaux vertes n'étaient pas prêts de le trouver. Il était entretenu depuis des générations de nains et il perdurait la tradition et après lui d'autres seront élus Péagers. C'était comme une fierté et il y mettait un point d'honneur à honorer son devoir. Par ailleurs, Gulkrik et les Jumeaux étaient passés il y avait moins d'une semaine. Le voyage allait durer approximativement trois heures et les poneys pouvaient passer bien-sûr puisque parfois les nains du royaume de Kadrin empruntaient ce tunnel avec des charriots à bras pour faire commerce avec les humains du village d'Alkar. Les discussions se perdirent un peu dans le brouhaha des voix, des bêlements des chèvres, des craquements du charbon dans la forge ou du grésillement du lard sur les braises. La fatigue de cette rude journée alourdissait aussi les paupières et les voyageurs finirent par aller s'aménager un lit dans le tas de paille puis se mirent au chaux pour s'abandonner à un repos plus que mérité... Les derniers mots furent ceux de l'ambassadeur -«  Debout à l'aube. Demain une rude journée nous attends dès que nous serons sortis du Tunnel. La traversée du Petit Pays de Karak-Hirn devrait se faire sans trop d'anicroches, mais la traversée des Collines Hurlantes et atteindre la forteresse de Karz-a-Karak... Ça grouille d'Orcs de de Gobelins de la Nuit... »

La nuit parut ne durer qu'une fraction de secondes. Déjà Tharkûn le Péager agitait frénétiquement une clochette comme celle qu'on suspendait au cou d'une chèvre. Il agita la clochette jusqu'à être sûr que tout le monde fut bel et bien réveillé et sur ses deux pieds. Puis il laissa les nains faire leurs préparatifs, prières, échauffements, médiations, exercices, etc. Les jumeaux semblaient soucieux ce matin et aidaient chacun à vérifier armures et armes tout comme ils les aidaient à s'entrainer avec, prodiguant conseils et mises en situations comme si une bataille imminente allait survenir. Gulkrik s'avérait lui aussi d'assez bon conseil pour aider les jeunes barbouzes à s'entrainer et se préparer. Ces derniers se sentaient plus forts, plus aguerris, les évènements de ces derniers jours avaient renforcé leur volonté, ils se sentaient plus forts et prêts à affronter les dangers à venir. Tandis qu'ils se préparaient chacun à leur façon, Tharkûn était parti chercher une mule et l'avait chargée de longues cordes épaisses, de pelles, de pioches, de lanternes, d'un tonnelet d'huile, de matériels dans un grand sac à dos et lui même avait revêtu une armure de plaques complètes assez rustique mais entretenue, ainsi qu'un attirail d'armes assez impressionnantes, allant de la grande hache à deux mains au marteau-piolet en passant par l'arbalète ou encore par les hachettes de jet ou le coutelas. Il semblait prêt à partir et déjà il allumait une lanterne qu'il arrima en haut d'une perche elle-même accrochée à la selle de bât de sa mule. Tel un phare, elle guiderait les nains au cœur des ténèbres des corridors souterrains... La lumière, ce n'était pas pour les nains, mais plutôt pour la mule et les poneys - « Prêts ? »

Othair dormit de ces sommeils métalliques qui ne durent qu'un instant mais vous reste comme un coup de marteau (ou de cloche) dans la tête. Il se leva avec un goût de fer dans la bouche. Il avait rêvé qu'il mangeait de la neige. Habitué à la rigueur du temple il se leva sans broncher dès le premier son de cloche. Il s'approcha de la forge, se débarbouilla à la cendres et raviva les les braises. A la chaleur du petit foyer, il vérifia encore une fois l’équipement et les fers des bêtes puis il aida ses compagnons à s'armer.
Si le prêtre avait effectué, le gros de l'entretien la veille, il restait toujours ici une lanière de cuir à réviser, un bras d'armure à redresser. Quand tous fut prêts il lança un courte bénédiction « Que Torag, nous guide et nous protège des dangers de la montagne. Ce soir nous dormirons à Kadrin ! » et il alluma la lanterne du péager avec les braises de la forge.
Les yeux scrutant les ténèbres qui les attendait, il prit sa place au milieu du convoi. « Prêt » répondit-il en écho à leur guide.

Sorts actifs : Endurance aux énergies (24h, la juste avant le départ).

Eldrick s'était endormi comme une souche et avait beaucoup rêvé.
Des rêves de montagnes, des rêves du combat contre le trolosse, qui le firent trembler dans son sommeil. Mais il rêva aussi de runes. Il rêva des runes qu'il étudiait depuis son Kanggredin pour en comprendre le pouvoir, il lui sembla que les runes chantaient durant son sommeil, la douce mélopée de leur pouvoir... Le lendemain matin, il se leva avec Othair et étudia son grimoire runique, ramené de son Kanggredin, les runes dont il avait rêvé semblaient plus claires désormais, il en suivait le fil du bout de son gros doigt en souriant. Utilisant les outils du péager, il grava rapidement de nouvelles runes sur sa lame. Il ne s'agissait que d'une gravure légère, superficielle, à laquelle il donnerait plus de profondeur plus tard, mais le son, la puissance, y était amalgamés et prêts à être relachés.

Il acheva ensuite ses préparatifs, se saisissant de quelques tranches épaisses de pain à grignoter sur la route. Confiant il se plaça parmi ses compagnons. Sa maîtrise des runes grandissait, tout comme sa connaissance de lui-même.
« Prêt »

Eldrick sentit une sueur froide s'insinuer entre ses omoplates aux paroles du péager. A l'instar de l'un des jumeaux Voddhka, il dégaina sa lourde lame de combat et scruta les alentours, à la recherche d'un éventuel ennemi. Il invoqua le pouvoir d'une rune de divination, tentant de voir s'il décelait quelque magie à l'oeuvre en commençant par l'éboulement avant de tourner lentement sur lui-même, la rune scintillant sur ses pupilles d'une lueur orangée.

Détection de la magie

Modifié par un utilisateur vendredi 6 janvier 2017 16:12:44(UTC)  | Raison: Non indiquée