Fergus n'avait pas réussi à s'endormir, énervè qu'il était de la manière dont s'étaient passées les choses. Il s'en voulait de ne pas avoir réussi à retenir le Shoanti et de s'en être pris si vertement à Abbaer. Lui en voudrait-il de sa réaction ? C'était tout lui : il venait de trouver un groupe accueillant et au bout de seulement quelques heures, il se les mettait à dos en parlant san réfléchir. Il en était là de ses réflexion lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir et les voix de Kar'Uz et de Grigan. Visiblement le rôdeur avait réussi à faire revenir le Shoanti dans le groupe.

La suite de la discussion apaisa l'alchimiste. Abbaer semblait avoir fait amende honorable et son interlocuteur aussi. L'histoire de la vie du roublard fit presque monter les larmes aux yeux du jeune homme qui se senti plus piteux que jamais d'avoir élevé le ton contre son protecteur. Se levant de sa couche, il passa la tête au dessus du garde-corps de la mezzanine et s'excusa de sa conduite qu'il jugea lui même inqualifiable. Se confondant en excuses, il promit de faire plus attention à ses paroles à l'avenir.

Il resta dans la même position jusqu'à ce que le nouveau venu, Théobald Ithier, ou quelque chose comme ça, explique les raisons de sa venue parmi eux. Les nouvelles qu'il apportait n'étaient pas bonnes mais la situation permettrait au groupe d'avoir un objectif et de ne pas tourner en rond dans ce petit espace. « Si je comprends bien, il va falloir nous préparer à affronter une force considérable dans un élément qui ne nous est pas familier. La partie va être rude, mais ensemble nous pourrons y arriver. Rien de tel qu'une opposition farouche pour ressouder nos rangs. »

Les humeurs des uns et des autres avaient été apaisées par la cuisine de Horiadoc, de sorte que, finalement, Abbaër d'abord, puis Théobald, le nouveau venu, ensuite avait pris la parole et partagé leur histoire avec tout le groupe.

Il était bien loin le temps où l'ennemi contre qui tous s'étaient rassemblés portait le nom de Gaedren Lamm, le temps où Abbaër avait voulu venger la mort de ses parents, et où Mélavéa et Sinva avaient voulu faire payer les terribles années qu'elles avaient passées toutes les deux au service ce monstre, le temps où chacun d'eux avait reçu une étrange convocation de la part d'une cartomancienne varisienne qui, tout comme son fils, avait été assassinée par l'abject individu. Il était bien loin le temps où le groupe avait trouvé sur place une ancienne broche appartenant à la royauté korvosienne, s'était ainsi fait remarqué par celle qui était récemment monté sur le trône et s'était vu donner une chance de servir la Garde.

Entre temps, le groupe avait eu bien d'autres préoccupations : lever le voile sur une étrange histoire d'ex-gardes tentant de s'attirer les faveurs des pauvres en leur servant de la viande d'origine douteuse ; récupérer des documents compromettants et en même temps mettre un terme au règne de Barvasi le Roi des Araignées, le patron d'une série de bouges flottant sur le canal Sainte Alika ; aider une femme que tout accusait du meurtre du roi Éodred à quitter la ville ; et fouiller les sous-sols du District Gris à la recherche du corps d'un jeune Shoanti utilisé dans les expériences d'un sombre nécromancien.

Au fil de ces dernières semaines, ils s'étaient également fait plusieurs alliés et quelques ennemis : il y avait bien sûr eu Majenko le pseudo-dragon et compagnon de Horiadoc, dont on n'avait plus eu de nouvelles depuis le départ du halfelin vers Harse ; le groupe avait également rencontré le sergent Grau Soldado, le lieutenant Péverell et la Maréchale Cressinda Kroft, des alliés importants. Ils avaient même eu l'occasion de croiser la route du célèbre maître-épéiste Vencarlo Orisini ! Ils avaient aussi pu rencontrer le sage et respecté chamane des Shoantis, Mille-Os, qui avait quitté Korvosa avec un bonne partie de ses pairs. Et comment oublier Trinia, la jeune artiste accusée (à tort ?) du meurtre du roi et qu'ils avaient aidée à fuir les gardes et à quitter Korvosa pour se réfugier chez un ancien ami de Vencarlo. Leurs amitiés s'étaient également étendues à un jeune prêtre d'Abadar, Ishani Dathri, ainsi qu'à une partie de la famille de Grau Soldado et à quelques cousins, tantes et autres relations de Horiadoc. Puis ils avaient également pu voire le mystérieux Jack le Noir à l'œuvre !

Bien entendu, tous n'avaient pas forcément été satisfaits de leurs interventions. Il y avait fort à parier que le nécromancien dont ils avaient interrompu les plans sous le District Gris ne nourrissait pas de très chaleureux sentiments à leur égard. Ils avaient aussi mis un terme aux déprédations d'un groupe de vampiriens qui, selon leurs déductions, devaient être au service d'une créature plus puissante. Récemment, ils avaient croisé le chemin de Vendra Loaggri dite "Lady Lavande" et s'étaient certainement fait une ennemie de plus. Certains dans le groupe se demandaient également s'il ne se dressait pas d'autres ennemis, plus puissants et peut-être plus cachés, des adversaires parmi lesquels certains n'hésitaient pas à classer la reine Iléosa elle-même !

Dans un tel climat, il était naturel d'accueillir tous les alliés qui se présentaient et peut-être que celui qu'ils avaient accueilli pour un repas, ce Théobald Ithier, allait pouvoir bientôt leur prêter main-forte ? Après les récents départs de Sinva, puis de Mélavéa et de Kolgrom, un bras armé de plus ne serait sans doute pas superflu. Il restait à voir si tous étaient d'accord pour cela, et surtout à déterminer quoi faire et comment s'y préparer.

Car, pendant ce temps, les battements sinistres de l'horloge imperturbable qui comptait les victimes du Voile Sanglant ne cessait d'agiter son balancier.

Désormais, c'était à Abbaër de trancher : s'il fallait accepter ou nom cette nouvelle mission, au nom des défenseurs du peuple de Korvosa, s'il fallait accepter ou nom l'épée de cet étranger qui venait de frapper à la porte de chez Zellara et qui avait en une simple joute verbale, réussi à entendre la confession du nain d'ordinaire très secret sur lui même. Il allait certainement exposer son plan d'action, de qui irait avertir la maréchale ou s'ils enverraient une missive, de comment s'introduire dans les égouts, Kar'Uz pensa que ce ne serait pas la première incursion du nain chauve dans de tels endroits, et de quelle tactique employer pour vaincre le meneur de cette rébellion qui menaçait les pauvres gens de la ville.

Pour Kar'Uz la question ne se posait plus, après ce véritable festin qu'avait fait Horiadoc avec trois fois rien, avec ces quelques rasades de bière généreusement offertes par Grigàn afin d'enterrer la hache de guerre entre le korvosien-chéliaxien et le shoanti, il irait dormir dans sa nouvelle couche aménagées dans un coin du galetas. Puis dès l'aube, après son petit rituel matinal, il se mettrait en route pour les égouts afin de mettre un terme à ceux qui voulaient provoquer une hécatombe sans l'aval de la Dame des Tombes. Le meneur devait être la cible privilégiée, il était a source du mal et l'instigateur du chaos. Il allait rompre le fragile équilibre entre les rats-garous qui se terraient dans les égouts et les humains qui vivaient à la surface. Chacun avait son rôle et sa place et ce Girrigz allait rompre cette harmonie, ce ne pouvait qu'apporter un grand malheur.

Il leva son verre et trinqua...

Horiadoc, sous sses travers de perler tout le temps à tort et à travers, avait tout de même capté l'essentiel de l'information : « Des rats-garou ? Mais on en a tué un, il n'y a pas si longtemps ! D'ailleurs que c'était pas facile, je me souviens, mon épée n'arrivait pas à lui entamer la couenne ! Si on doit faire face à ce genre d'ennemi, il serait bon de se préparer, mais je n'ai aucune idée du matériel nécessaire. M'est avis que la magie de maître Kar'Uz sera notre plus belle alliée, car quant à moi, je serai bien incapable de savoir les blesser.

Mais je ne me suis pas présenté, oh, que je suis étourdi. Vite, rattrapons cela, Horiadoc, pour vous servir !

Et maintenant que ces formalités sont faite, hop, il faut vite aller prévenir la maréchale vite fait sur cette conspiration ! »

Horiadoc se préparait, peut-être un peu rapidement, à réunir son matériel et à se mettre en route : c'était là la rançon de son inébranlable enthousiasme !

Descendant les escaliers de la mezzanine pour rejoindre le groupe, Fergus se présenta de manière un peu plus formelle au nouveau venu. « Mon nom est Fergus Malibran, et je suis alchimiste de mon état - enfin pas tout à fait alchimiste puisque je n'ai jamais officiellement ouvert de boutique. Je suis un itinérant et j'effectue mon ouvrage en apportant soins et réconforts aux plus démunis des campagnes. »

Puis réagissant aux propos d'Horiadoc concernant la manière la plus approprié d'atteindre un rat-garou, il ajouta « Si le fer de votre épée ne peut pénétrer suffisamment la chair de ces créatures, je devrais pouvoir faire quelque chose pour vous. Si vous grandissiez un peu vous seriez sûrement plus dangereux pour elles... De plus, le feu de mes bombes et mes diverses mixtures devraient faire leur effet. »

La bonne ambiance installée par la nourriture préparée par Horiadoc et la bière amenée par Kar'Uz et Grigan était visiblement propice aux confidences, et c'est tout naturellement que les uns et les autres firent le point ensemble sur ce qui les avait amenés là et ce qu'il convenait de faire pour la suite.

Théobald lui aussi avait découvert quelque chose : depuis la mort de son mentor, il y avait eu comme une vide dans sa vie : un manque de but. Bien sûr, il avait pensé tout naturellement reprendre le travail de juge-enquêteur itinérant mais il n'y avait jamais vraiment réfléchi formellement. Peut-être n'avait-il pas vraiment été conscient de ce manque, de ce vide… jusqu'à ce qu'il rencontre une occasion de le combler. La quête Gaedren Lamm s'était terminée de manière plus ou moins abrupte : il avait pensé pouvoir faire justice (ou se venger ?) lui-même, maintenant qu'il était adulte et équipé pour ce genre de travail, mais tout avait déjà été accompli. Cependant, si une porte se fermait, une autre s'ouvrait aussi : la ville où il était né, celle que son père avant lui avait défendu, au prix de sa vie même, était en piteux état. Il y avait là un travail à accomplir… et, en regardant tout autour de la table couverte de gobelets de bière, il se rendit compte qu'il y avait des gens prêts à s'en charger. En ferait-il partie ?

Théobald Ithier avait partagé avec ses nouveaux compagnons ce que la rat-garou aux yeux jaunes lui avait révélé. Ils semblaient hésiter quant au fait de mettre la Garde au courant de ces nouvelles informations, mais il restait encore un problème à résoudre : on ne s'aventurait pas si facilement que ça dans les égouts de Korvosa. Chacune des entrées était protégée par une lourde plaque dont le but était double : empêcher les choses tapies dans les égouts de sortir et éviter que les Korvosiens aillent accomplir quelque activité illégale à l'abri de la lumière du soleil. Ils savaient où se rendre — Éries l'avait indiqué — mais encore fallait-il qu'ils soient préparés et qu'ils choisissent le bon moment pour opérer.

Horiadoc réagit au quart de tour à la dernière remarque d'Abbaër : « pour entrer dans les égoûts, le plus simple sera de demander la clé à la Maréchale, non ? Elle nous doit bien ça, après tout, avec tout ce qu'on a déjà fait pour elle. Surtout que c'est pour sa ville qu'on le fait. Oui, je crois que c'est le plus simple, et on peut peut-être même demander l'escorte des gardes ou un laisser-passer afin d'être en règle. Car c'est important, ça d'être en rêgle, hein, on fait des choses par nous-même, mais on est pas non plus des malandrins, et on s'inscrit dans un but plus noble, et plus... vaste ! »

Autrefois, le petit aurait été bien incapable d'un tel élan lyrique, mais depuis qu'il était un héros, les choses étaient différentes. Il reprit la parole :
« Et maintenant, hop, tout le monde au lit ! On verra bien ça demain ! » Il réprima un bâillement : Horiadoc s'était toujours endormi à l'heure des pseudo-dragons, et il comptait bien faire pareil ce soir-là !

Il avait répondu par un signe de tête et un large sourire aux deux membres du groupe qui venait de se présenter, presque en levant son verre il avait avalé une gorgée à chaque présentation. Le groupe avait l’air vraiment hétéroclite et même s’il ne voyait pas une grosse force de frappe, il concéderait que la multitude de talents devaient probablement avoir son efficacité dans des affrontements assez rudes. Et c’est en se resservant du breuvage alcoolisé, une ou deux fois qu’il avait écouté avec une grande attention le récit de l’homme à tête de corbeau, ainsi même s’il ne s’était pas une seule fois posé la question de la véracité des dires de la rat-garou, certainement parce qu’il avait besoin de cette histoire pour argumenter son entrée auprès des justiciers de l’ombre, il venait de rendre véridique son histoire.

Enfin le nain prenait la parole, il devait être de ces personnages qui ont le temps de vivre, qui ne se précipite pas et qui réfléchit posément aux actions à entreprendre. Il venait de l’inviter à dormir dans leur maison et c’est avec un grand soulagement qu’il en déduit qu’il serait de la partie contre ce rat-garous. Si cela pouvait lui donner un nouveau but, cela remplacerait surement la perte de son mentor.

« Merci pour cette invitation messieurs, et je l’accepte volontiers, mais demain il me faudra aller rechercher mes affaires et ne pensez vous pas qu’une observation sur cette entrée d’égout pourrait être la bien venu, je pourrais aller la faire, demain sera surement une journée de préparation et d’achat de matériel ou d’armes, et je vous serais beaucoup moins utile.  »

La nuit avait été bonne et très reposante, il avait réussi à se poser dans un coin sur une couverture pour ne pas trop gêner.
Tous les événements de la journée lui étaient revenus un à un de manière à revoir les scènes et surtout ne pas oublier un événement ou un détail qu'il aurai pu classer comme inutile. Mais l'alcool aidant il avait sombré dans les rêves de justice avec un Gaedren face au nain qui ce dernier lui évoquait tous les crimes qu'il avait commis. Cela ne s'était surement pas passé comme cela mais il dormait à présent soulagé de savoir qu'il n'y aurait plus d'enfant, comme lui lorsqu'il était beaucoup plus jeune, captif et obliger de se plier aux larcins qu'on leur demanderait.

C'est au première lueur du soleil qu'il s'était réveillé, presque paniqué à ne pas reconnaître l'endroit ou il avait dormi, mais ses idées redevinrent plus clair l'espace d'un battement de cils. Théobald se leva et profita que le reste de la compagnie dormait encore pour entamer ses prières matinales. Remerciant Iomédae de l'avoir ainsi placé sur la route d'un groupe avec très certainement la même mentalité que lui.
Ses rituels ainsi effectués, il fini de s'habiller et de ranger ses affaires. La soirée avait été écourté et tous avaient quitté la table pour aller se reposer.

Théobald en attendant le réveil de chacun en profita pour faire un peu de rangement, nettoyer quelques gobelets.

Modifié par un utilisateur lundi 13 décembre 2010 22:33:48(UTC)  | Raison: Suite après lecture des posts de Dalvyn et de Gobelure

Horiadoc était bien sympathique, mais un peu long à la détente toutefois. il regarda la fiole ave un grand sourire, et se tourna vers Fergus : « Oh, merci beaucoup. Mais comment ça marche? Je dois en enduire ma lame, c'est ça ? Et du coup elle deviendra aussi transperçante que si elle était en argent ? Merci de cadeau, vous êtes un chic type, Fergus ! Je suis bien content de vous avoir délivré. Mais vous savez, vous n'étiez pas obligé, hein. »

En son fort intérieur, Horiadoc enrageait de ne pas avoir trouvé de dague en argent à la citadelle, et que par ailleurs la belle épée courte qu'il avait trouvé quelques temps auparavant se soit révélé un tel piège. Il se creusait un peu les méninges afin de trouver un endroit où pour une somme modique il pourrait s'équiper de l'armement nécessaire.

Il connaît un endroit où acheter une dague ou une épée en argent ?

Modifié par un utilisateur mardi 14 décembre 2010 22:09:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Euh... » Est-ce que le halfelin plaisantait ou Fergus avait-il mal expliqué ce que contenait la fiole qui lui était destiné ? L'alchimiste opta pour la seconde solution et s'adressa à nouveau à Horiadoc. « J'ai dû mal m'exprimer tout à l'heure, messire Horiadoc. Il vous faut boire le contenu de cette fiole. Une fois cela fait, vous grandirez d'un coup jusqu'à atteindre la taille d'un homme. Si vous enduisez votre arme de ce liquide, cela n'aura aucun effet sur elle. »