« Comme vous l'a dit notre parfois trop généreux camarade, » ajouta Aergnaeroka, « Nous vous sommes redevable de nous avoir amené jusqu'ici. »

« Quand à savoir si nous pourrons un jour vous rendre la pareille, je ne sais s'il faut vous le souhaiter, mais le spectacle que nous avons vu sur le chemin semble indiquer qu'améliorer les choses icelieux mérite que l'on s'y consacre... »


+4 vigueur, +5 tenue polaire, +2 Oushanka

Jairess avait beau être habituée à la cruauté, elle la supportait beaucoup moins bien maintenant qu'elle avait cessé de verrouiller son cœur. Elle fut heureuse d'arriver à destination et d'avoir l'impression qu'une étape importante allait être franchie dans les heures à venir. Elle sourit aux propos d'Akin et ajouta une phrase maladroite, elle qui détestait les séances d'adieux. « Il est encore un peu tôt pour les adieux, non? Ringeirr a encore des présentations à faire. »

ingeirr fixa Akin, essayant une ultime fois de cerner le comportement et les dires de cet étrange personnage.
En vain, il renonça. Les peuples du Sud étaient décidément trop bizarres à son goût.

Il chassa les remerciements d'un geste de la main, essayant tant bien que mal de dissimuler sa gêne devant tant de reconnaissance.


« - Ouais... bon... ça va !
Menez votre mission à bien et on sera quitte.
Placer une épine dans le pied de la reine est déjà une récompense.
Enfin bon, suivez moi ! »

Il pénétra alors dans le bâtiment.



Ils ne se trouvaient que dans le hall mais déjà les héros de Heldren ressentaient les promesses à venir en fréquentant les lieux. Chaleur et humidité se mêlaient aux parfums florales des savons et huiles, imprégnant lourdement l'atmosphère.
Immédiatement, leurs vêtements adaptés au froid les gênèrent, et ils eurent hâte de s'en débarrasser au plus vite alors que leur chaleur corporelle montait en flèche dans cette ambiance surchauffé comparé aux environnements qu'ils avaient côtoyés ces derniers temps.
Un hochement de tête entendu avec l'homme chargé de l'accueil et l'oncle de Nadya les emmena franchir une porte placardé "privé" en skalde, derrière le comptoir. Ils se retrouvèrent alors dans un vestiaire visiblement réservé au personnel. Ringeirr enleva uniquement son manteau malgré la température plus qu'agréable, mais le garda au bras.



« - Inutile de vous déshabiller plus que nécessaire, on ne reste pas. »

Sur ces mots, il se dirigea vers le fond de la pièce, ouvrant un placard contenant quelques balais et ustensiles de nettoyage. Manipulant un quelconque mécanisme secret, le fond du meuble pivota, ouvrant le passage à un boyau obscur s'enfonçant dans le sol. Il s'empara d'une lanterne accrochée près de l'entrée, et l'alluma.

« - Ce souterrain nous conduira au Sanctuaire du bourgeon éternel, repère des Hérauts du retour de l'été.
Attention à ne pas vous éloigner de moi, c'est un véritable dédale de passages qui s'étend sous toute la ville. »

Sur ces mots, il s'engagea dans le tunnel.



A nouveau le froid reprit ses droits.
Il n'était pas aussi agressif qu'à la surface, mais le groupe comprenait pourquoi Ringeirr leur avait déconseillé de trop se découvrir. Entre le froid de l'extérieur, la chaleur des bains et de nouveau cette chute de température, il y'avait de quoi tomber malade.
Le vieil ulfe les dirigea dans le souterrain pendant une vingtaine de minutes, empruntant différentes directions sans la moindre hésitation. Puis une lueur apparut au bout d'un couloir, révélant une sorte de barricade en bois derrière laquelle trois hommes pointaient une arbalète lourde en face d'eux. Ringeirr stoppa et fit signe à ceux qui le suivaient de s'arrêter.
Il leur cria :


« - C'est moi, Ringeirr ! »

« - Qui est avec toi ? », répondit une voix.

« - Des...amis... en quelque sorte. »

« - Tu es fou d'emmener des étrangers ici Ringeirr !
Ce n'est pas le protocole ! »

« - Je sais !
Mais le temps presse et c'est très important !
Tu sais que je n'aurais pas fait ça sinon, Erik !
Nous devons parler à Solveig ! »

Il y'eut une pause de quelques secondes, puis une vois féminine retentit :

« - Je suis là Ringeirr.
Mais pour des raisons de sécurité, tes amis et toi n'approcherez pas tant que je ne saurais pas de quoi il s'agit !
Et ils ont intérêt à être convaincant, sinon tu te doute bien de ce qui va se passer... »

« - Je comprends bien.
Je vais les laisser t'expliquer ce qui les amène à Trôneblanc et tu décideras par toi-même. »

PJ, déplacements, Trône-Blanc

Akin était prêt à se mettre à nu. Ce qui symboliquement était un savoureux paradoxe, pour un inquisiteur, quand on y songeait. Hélas, le vieux guide doucha ses espoirs de profiter de la chaleur des lieux. « Par la carapace du Grand Scarabée ! Nos futurs hôtes sont encore loin ?! On aurait pu profiter des bains, tout de même, avant de déambuler dans ces souterrains tentaculaires. Nous ne serons ni présentables, ni détendues, parvenus devant la dame. Alors qu'avec un bon bain... Ta méthode est vraiment contre-productive. » Il continua ainsi à geindre ou maugréer, se plaignant de cette occasion manquée pour se prélasser.

L'inquisiteur s’étonnait de parcourir un complexe aussi gigantesque, caché sous le nez même des sorcières. Comment ces dernières ne connaissaient-elles pas son existence ?! Étaient-elles à ce point arrogantes qu'elles avaient négligé de scruter leur propre cité dans ses moindres recoins ? Ces Hérauts devaient disposer d’une magie particulièrement discrète et puissante à la fois. Son esprit toujours avide de connaissances, surtout d'ordre surnaturelles, fut tenté un instant de sonder la zone, mais il se rappela l’effet que cet acte, si naturel et anodin de son point de vue, avait déclenché, lors d’une rencontre pas si lointaine, et s'abstint de tout geste déplacé. Même si, rétrospectivement, sa conduite leur avait peut-être évité des surprises encore plus mauvaises dans la tour.

Il fut dans un premier temps consterné par l'attitude de son frère. Il en révélait beaucoup trop. Exposer la vérité était une technique adéquate, si la partie adverse respectait cette attitude. C'était un gros risque. Mais, à la réflexion, on ne pouvait pas reprocher à Ortog de s’en servir ici. Manifestement, personne dans le groupe n’avait d’aptitude à berner leurs ennemis. Surtout des gens visiblement très méfiants. Leur dernière expérience en ce domaine avait failli les conduire tous à leur perte, dans la tour. Là, il détesterait devoir les affronter. Cette organisation luttait contre des sorcières utilisant la magie à mauvais escient. Ses membres défendaient donc son propre idéal.

Il s'avança d'un pas et ajouta : « le couvre-feu ne doit pas trop arranger vos affaires. Le retour de Baba Yaga, certes dommageable en soi, devrait tout de même ramener une certaine stabilité à Trône-Blanc, n’est-ce pas ? »

« Ortog a résumé l'essentiel, » enchaina Aergnaeroka, « Nous sommes là parce que les sorcières blanches veulent faire du reste de Golarion leur terrain de jeu. Pour ma part, je ne tiens pas à voir le Kyonin devenir un nouvel Irisen... »

« Je sais que nos plans peuvent sembler un peu fous, mais Ringeirr semble penser que nous avons une petite chance de réussite et que ça peut améliorer un peu les choses ici... »


+4 vigueur, +5 tenue polaire, +2 Oushanka

un long silence s'ensuivit les déclarations. Ceux qui avaient l'ouïe fine pouvait entendre des murmures en provenance de la barricade, preuve que plusieurs personnes conversaient et décidaient du sort des héros de Heldren. Avaient ils su se montrer suffisamment convaincant ? Leur position n'était pas enviable, et ils risquaient gros en cas de conflit.

Finalement, une silhouette émergea de la structure en bois et s'avança dans le couloir à leur rencontre.
De forte carrure, elle avait de long cheveux blonds parfois tressés, et était vêtue de vêtements d'hiver rouges et d'acier. Une impressionnante morgenstern était attachée à sa ceinture, sur sa droite, que venait compléter une targe fixée au bras gauche. Elle stoppa à une distance raisonnable.

« - Il y'a encore quelques temps de cela, je vous aurais fait abattre pour vous proclamer ainsi "alliés" de la Reine des Sorcières.
Mais Ringeirr vous accompagne, et je ne peux être que d'accord sur le fait que certaines situations désespérées imposent des alliances désespérées. Et il ne sera pas dit qu'une servante de Celle-qui-fleurit-sans-cesse ne soit pas venu en aide à un serviteur de l'Héritière !

Je suis Solveig Ayrdahl, dirigeante de cette cellule des Hérauts du retour de l'été.
En quoi pouvons nous vous aider ? »


PJ, déplacements, Trône-Blanc

Les yeux d’Akin s’étaient plissés pour mieux distinguer la silhouette à l’apparence guerrière qui s’approchait. Avant de s'écarquiller en entendant la voix féminine qui en émanait. Cette terre gelée semblait décidément produire des femmes extraordinaires, comme pour compenser leur inhospitalité extrême. Son attention se focalisa brièvement sur l’arme massive qu’elle arborait comme une simple matraque. Il déglutit.

La chance avait voulu que celle qui dirigeait ceux dont ils avaient grandement besoin servait une déesse proche de Iomédae. Il ne connaissait pas trop cette divinité mineure, dont la sphère d’influence devait toucher aux botanistes, si l’on en croyait son titre. Il ne voyait pas trop le rapport avec la déesse d’Ortog, ceci dit. Sa “matraque” n’était pas non plus un outil traditionnel du jardinier. En même temps, planter des fleurs dans la glace réclamait sans doute des pointes bien solides !

Il la salua d’un signe de tête. « Akin, inquisiteur de Néthys. C’est la chance de Desna qui préside notre réunion. Une rencontre divine, en vérité. » Il sourit, puis balaya l’espace derrière elle d’un mouvement ample du bras. « Merci de nous accueillir dans votre jardin, Solveig. »

Porté par l'assurance que la volonté de sa déesse allait dans le sens de leur mission, Ortog ne se laissa pas abattre par les explications de la prêtresse. Il lui demanda des éclaircissements. « Si je comprends bien, ces arbres ne sont pas apparus autour de la hutte selon les désirs des sorcières ! Pensez-vous qu'il s'agirait plutôt d'un système de défense de la hutte ? Si tel était le cas, cela sous-entendrait que c'est Baba Yaga qui serait à l'origine de leur prolifération. Or, nous agissons avec le consentement de la vieille reine. Une fois la forêt atteinte, nous ne devrions pas y craindre les arbres ni les créatures qui les peuplent. Enfin, c'est comme cela que j'imagine les choses ! Surtout si nous portons sur nous quelque chose qui nous identifierait comme tel. Qu'en pensez-vous ? » La dernière question s'adressait aussi bien à la femme qu'aux compagnons du paladin. « Il ne nous resterait qu'à trouver comment passer cette petite armée. »


Marcher dans la neige.

Akin éclata de rire.

« C'est une manie, chez vous ! Vous n'êtes pas la première à tenter de nous dissuader, mais nous sommes déterminés. Que la tâche paraisse insurmontable ne fera pas vaciller cette volonté, ni ne nous écartera de notre destin. Voyez comme même une elfe serait prête à se faire passer pour un bûcheron ! Non, il y a forcément une solution. Nous la trouverons. »

Il s'appuya sur son bâton en souriant, l'air confiant.

Jairess réfléchit aux paroles d'Ortog et un moyen lui vint à l'esprit pour vérifier l'hypothèse du paladin. « C'est vrai, nous ne renoncerons pas. S'il nous est possible d'évaluer la situation de visu, ce serait une bonne chose, afin que nous puissions continuer cette discussion avec vous en toute connaissance de cause. Notamment, je pense qu'il y a peut-être un moyen pour moi de vérifier l'hypothèse d'Ortog. Les rites chamaniques que je pratique pour communier avec différents esprits de la nature pourraient peut-être me permettre de ressentir la dangerosité de la végétation à notre égard. Je ne sais pas si c'est possible, mais une fois cette idée vérifiée, nous n'aurions plus, comme le suggèrent mes camarades, qu'à régler la question de la garde hivernale. Ce n'est pas rien, mais ma foi en nos dieux me pousse à croire que nous ne sommes pas venus jusqu'ici simplement pour prendre un bain bien chaud au cœur de l'hiver avant de mourir. Il n'y a aucun autre espoir.  »