Sasha s'était intéressée au récit un court moment, lorsque Tiriji se mit à décrire le combat et le danger représenté par la terrible créature volante qui les avait inquiétés quasiment depuis leur arrivée sur l'île, mais elle n'écouta le reste du récit que d'une oreille peu attentive.

Aérys, quant à elle, souleva un sourcil lorsque la gnominette évoqua le capitaine Ekubus. Elle faillit ouvrir le bouche pour demander comment un capitaine pouvait survivre dans une épave mais choisit de laisser Tiriji continuer son récit pour le moment.

Gélik, lui, était fasciné par la plupart des détails de l'histoire. À plusieurs reprises, il écouta, la bouche grande ouverte et le regard quasi émerveillé comme celui d'une enfant. Tout particulièrement lors du passage décrivant le rituel à accomplir pour faire reculer les eaux et l'analyse des symboles par Sébrysse. Il émit même un sifflement lorsque la gnome prononça le nom de Zura.

Ishirou et Jask, quant à eux, suivirent le récit avec grande attention et prirent bien soin de ne pas interrompre la conteuse.

« Et Voilà!! On a eu bien combattu et on est rentré!!

Et c'est fini!! »

L'ancien contrebandier, se frotta les mains. « Voilà!! Je vous l'avais dit!! »

« En arrière donc nous repartîmes, jusqu'à la porte donnant comme nous le supposions sur la passerelle traversant la grande salle. » Ainsi parla Tiriji en continuant son histoire, « De là nous avions une belle vue sur toute la salle, mais nous ne nous attardâmes guère et traversèrent le pont pour parvenir à la porte de l'autre coté.

Je vous ai déjà parlé de la vue particulièrement perçante des gnomes dans l'obscurité, et cela me permis d’apercevoir un peu plus loin dans le sol des interstices trahissant la présence d'une trappe. Ephrem aperçu les mêmes fissures dans le sol, et je le soupçonne fort d'avoir un peu de sang gnome dans les veines car il est capable parfois de tenir des raisonnements digne de la sagesse des plus grandes philosophes gnominettes. »

La gnominette fit une nouvelle pause pour que tous puissent apprécier l'importance du compliment qu'elle tempéra néanmoins quelque peu. « Le passage semblait infranchissable mais, ayant une représentante du peuple gnome parmi nous, il fut aisé de remarquer dans le mur une rune qui semblait pouvoir s'enfoncer dans le mur, ce qui était effectivement le cas et quand nous le testâmes nous permit de franchir l'obstacle. Une brève recherche nous permis de trouver une rune identique de l'autre coté de la trappe.

Alertés de la présence de pièges, nous redoublâmes d'attention en continuant notre chemin qui nous mena à une bifurcation en T. A droite un escalier redescendait vers la grande salle et à gauche un couloir. Par prudence, et pour nous assurer d'une retraite sans danger, nous redescendirent l'escalier, Ephrem et moi, et il est heureux que je l'ai accompagné car un piège se trouvait également sur un palier similaire à celui de l'autre coté.

Assurés de notre retraite, nous repartîmes vers l'embranchement plus haut et fort de l'expérience acquise, Ephrem remarqua à son tour un autre piège dans le couloir qui menait à une nouvelle porte. Le piège neutralisé, nous pûmes nous approcher prudemment de la porte qui, si bien défendue, devait cacher de grand mystères... »

Tiriji fit encore une pause pour laisser l'imagination de ceux qui écoutaient chercher ce que pouvaient être les grands mystères...

Modifié par un utilisateur jeudi 11 août 2016 20:55:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Mais d’abord il nous fallait franchir la porte. » continua Tiriji, « Car de la magie provenait de l'autre coté. Mais pas de la magie gnome, non, mais de la transmutation, et plus inquiétant, de la nécromancie. Nous nous préparâmes donc au pire avant d'ouvrir la porte. »

Après un instant pour le suspense, la gnominette continua. « Derrière la porte se trouvait une petite salle ovoïde - c'est à dire en forme d’œuf - avec à la place du jaune un grand bassin remplit de sang ou d'un liquide qui y ressemblait. Mais avec la même odeur, donc ça devait bien être du sang. Bien sur la salle était piégé, et quand les premier rentrèrent dans la salle, le piège se referma sur eux. Heureusement, ils parvinrent à désamorcer le piège avant de se faire tuer. Et sans mon aide puisque je n'était pas dans la salle à ce moment là. Pour faire bref, nous ne comprîmes pas trop quel était l'usage de la salle, aussi nous décidâmes de continuer notre exploration.

De l'autre coté de la salle était une autre porte, puis encore une autre donnant sur une salle gigantesque traversé par une rivière de sang prenant sa source à une espèce d'autel. Nous devions être dans un temple. Un grand. Une sorte de cathédrale. Et à l'intérieur, la femme serpent. Bon, je passe sur des choses, la statue haute comme au moins trois gnomes d'une femme à la froide beauté, la bouche garnie de crocs et avec des ailes de chauves souris à la place des bras, les alcôves avec pour l'une d'elle des squelettes qui montent la garde et à l'intérieur, on y revient, la femme serpent.

Bien sur, nous utilisâmes la tactique classique dans ce genre de cas, faire parler la femme serpent.

Elle nous apprit que le temple avait été utilisé par des anciens Atlantes dégénéré vénérant Zura, la déesse des vampires et qui utilisaient les hommes serpents comme esclaves. Anciens Atlantes chassés par leur peuple car trop dégénéré, le temple lui même ayant été bâtît par les hommes serpents bien avant. Ah, elle a dit aussi que le ciel était tombé sur la terre il y a des millénaires, mais là, je n'ai pas tout compris...

Bon faire parler c'est bien, mais quand on a voulu avoir des précisions, elle s'est fâché, et le combat a commencé. On a commencé par les squelettes qui étaient sur la route avant de passer à la femme serpent mais là, il s'est avéré qu'elle était capable de résister à la puissante magie gnome et que maintenant, il y en avait plusieurs. Sa langue de serpent siffla pour nous hypnotiser, mais nous résistâmes et poursuivîmes nos attaques jusqu'à faire disparaitre tout ses doubles. Sven se fit mordre par la créature, mais celle ci était acculé contre la statue et n'avait plus d'issue. »

Tiriji choisit cette instant pour faire une pause. « Mais on dit que les serpents sont des créatures traitresses, et cette fois encore le prouva. La femme serpent se servit de la magie de la statue pour se transformer en fumée et à s'élever vers le plafond, insensible à toutes nos attaques, et passer par un trou pour y disparaitre.

Mais, alors que nous commencions à désespérer de pouvoir rattraper la femme serpent, Ellawa imita les gestes de la créature et se transforma à son tour en fumée. Après quelques soins rapides, nous l’imitâmes et partîmes courageusement à sa poursuite. Après un périple étrange dans le conduit du plafond, nous arrivâmes dans une salle étrange en forme de croix avec, enfin, un plafond bas et des murs couverts de sculptures et de bas-reliefs mettant en valeur une femme-démon ailée. Une femme était allongé au sol, inconsciente, et nous reconnûmes Aérys.

Un examen rapide me montra qu'elle respirait encore et devait être endormie. Hormis Éphrem, nous reprîmes forme gnomique - humaine pour les autres - à fin de mieux examiner la demi-elfe. Alors que je me préparai à l'examen Éphrem, encore sous forme gazeuse, se précipita vers le visage d'Aérys. Il avait aperçu des crocs qui lui poussaient et tentait d'attirer notre attention, ce qui n’empêcha pas la créature de me mordre l'épaule et d'y répandre son mortel poison.

Éphrem s'était maintenant matérialisé pour prendre part au combat et fait mordre à son tour et l'étroitesse de la salle rendait nos attaques hasardeuses et peu efficaces, chaque morsure nous affaiblissant un peu plus. Fort heureusement, Sven et Andrez parvinrent à toucher et porter des coups mortels. Mais j'étais à ce moment trop affaiblie par le poison pour pouvoir encore bouger.

Fort heureusement, le combat fini nous permit de nous soigner et ayant bu quelques potions destinés à cet effet, je regagnai enfin quelques forces.

L'examen de la salle, le calme revenu, nous révéla trois gravures, L'une représentant une cité perdue au milieu de la forêt et un groupe d'humains s'en éloignant. L'autre représentant des humains en train d'accomplir des sacrifices et autres rituels. La dernière montrant des humains explorant une jungle dense, combattant des hommes-serpents et réduisant les survivants en esclavage. Il y avait également des écritures en Azlante, mais ne connaissant toujours pas cette langue, nous n'arrivâmes pas à les déchiffrer.

La femme serpent ne devait sans doute pas connaitre non plus ce langage car nous trouvâmes dans ses affaires un parchemin permettant de lire ce langage ce qui nous révéla que le texte sous la première gravure indiquait que le culte de Zura avait trouvé sa source dans la cité de Saventh-Yhi, cité qu'ils avaient quittée pour aboutir, après un long périple, sur les plages de l'île qui allait devenir leur nouvelle demeure. Celui sous la seconde résumait l'exploration de l'île par les nouveau-arrivés, exploration au cours de laquelle ils avaient rencontré et vaincu un groupe d'hommes-serpents qui étaient venus se réfugier sur place plusieurs années auparavant, après leur défaite retentissante à Saventh-Yhi. La construction du temple y était également évoquée. Quand au texte sous la troisième gravure, il évoquait les plans des anciens occupants du temple, qui visaient à exploiter les hommes-serpents réduits en esclavage et à obtenir de Zura le don de vampirisme en entreprenant divers rituels plus viles les uns que les autres. Leurs futurs plans semblaient également envisager un retour vers Saventh-Yhi pour en "éveiller" les habitants, c'est-à-dire les transformer eux aussi en vampires.

Avec tout cela, notre exploration était maintenant terminée et la cause des naufrages mise hors de nuire et nous pûmes reprendre le chemin du retour.

Mais la cause des naufrages est elle bien terminée? Après tout, la femme serpent est bien venue de quelque part, et peut être que dans ce quelque part il y en a d'autres... »

C'est sur ces mots que Tiriji conclus son histoire. Bien sur, il y manquait quelques détails, mais la sagesse gnome savait que certaines informations n'étaient pas à mettre entre toutes les mains...

Aérys s'était retournée au moment où Tiriji avait évoqué la forme que la femme-serpent avait adoptée pour les tromper. Soulevant un sourcil, elle dit « Je me demande si je dois être charmée... ou vexée... par son choix. » Puis elle se tourna vers Éphrem lorsque la gnominette conta comment celui-ci s'était infiltré dans son visage en passant par tous les trous possibles et fit une grimace étrange pendant l'espace d'un moment.

Gélik, quant à lui, était complètement sous le charme du récit. Il était plutôt difficile de déterminer s'il appréciait surtout les talents de conteuse de Tiriji, la conteuse elle-même ou le récit et les aventures que celui-ci suggérait. De temps en temps, il parvenait à refermer la bouche pour pousser quelques onomatopées de surprise, des "Aaahhh" et quelques "Oooohhh". Finalement, il s'exprima « Ohhh... des récits perdus traitant de voyages datant du fonds des temps ! Vous en avez ramené une copie j'espère ? Parce que sinon, il faut faire demi-tour et y retourner ! C'est un trésor historique qui mérite d'être relaté dans les Chroniques des Éclaireurs pour sûr ! Il faudra embaucher un traducteur pour garder tout le sens du texte et savoir précisément ce que ça dit. » Il se tourna vers Jask et demanda « Toi qui connais bien Éléder, tu sais où on peut trouver un traducteur digne de confiance hein ? » mais, avant que celui-ci ne puisse répondre, il se tourna à nouveau vers Tiriji et les autres aventuriers pour s'exclamer « Je suis certain que plusieurs personnes seraient prêtes à payer un beau petit monticule d'or pour ces informations… et surtout pour les utiliser à l'envers, remonter à la source ! »

Tout au long de son discours, le gnome surexcité s'était mis, sans doute involontairement, à bondir d'un pied à l'autre. D'un peu plus loin, on aurait pu croire qu'il s'était mis à danser.

Éphrem, toujours prudent, observa les réactions de l'équipage. Les mouvements véhéments du gnome attirèrent bien l'attention d'un ou deux matelots mwangis, mais ceux-ci se contentèrent d'un rapide coup d'œil ; aucun d'entre eux n'était suffisamment près pour pouvoir saisir les paroles de la gnome conteuse ni celles de l'exubérant gnome danseur… du moins l'espérait-il.

Le récit de la grandiloquente gnominette était terminé. Ellawa se laissa imaginer une sorte d'expédition dans la jungle à la recherche pourquoi pas de la cité source de ces Azlantes, Saventh-Yhi, pour ne percer les mystères et la raison de cet exil vers l'île. Qu'étaient devenus du reste ceux qui étaient restés et n'avaient pas étés "éveillés" ? Il était certain que ce genre d'épopée était digne d'un postulant éclaireur comme Gélik.

Percer les secrets de la jungle, voilà quelque chose qui intéressait la jeune chamane, mais encore fallait-il ne pas réveiller d'anciennes malédictions. Si le groupe décidait de rechercher la cité perdue, alors elle les suivrait voire les guiderait dans la jungle. Sinon il y avait de fortes chances pour qu'elle gagne les villages et les tribus et qu'elle cherche sa place parmi les siens.

Ellawa reprit sa vigilance. Tôt ou tard le port d'Éléber serait en vue et ce sera alors peut-être le moment que choisira l'équipage pour agir, s'ils étaient mal intentionnés. Elle chercha la côte du regard et peut-être des constructions annonçant le port.

« Gélik ! Malgré tout le respect que l'on doit aux historiens et autres érudits, certaines histoires et certains secrets ne sont pas forcément toujours bons à révéler. Jask pourra sans doute confirmer que les enseignements de Néthys peuvent servir aussi bien les intentions pures que celles les plus viles.

Cette femme-serpent, si elle a visiblement combattu les créatures de Zura a démontré surtout qu'elle est loin d'être pour autant une servante du Bien. Si elle cherchait visiblement à retrouver ses congénères ou en tout cas, les lieux qu'ils ont habité dans le passé, elle n'a pas hésité, pour satisfaire son désir, à sacrifier bien des honnêtes marins lors de ce naufrage, sans s'en inquiéter le moins du monde et à se servir du capitaine en l'asservissant littéralement, provoquant sa ruine et la nôtre au passage.

Rendre ainsi publique l'existence de cette cité ancienne risque de faciliter la tâche à d'autres hommes-serpents car il faut supposer qu'elle n'a pas vécu plusieurs siècles seule en attendant son heure. Il nous faut supposer qu'il y en a d'autres, animés sans doute d'intentions du même ordre, et qu'ils sont capables de se dissimuler parmi les humains.

Si cette créature cherchait ce Temple, c'est qu'elle devait avoir une bonne raison de le retrouver. Une de celles qui justifie le sacrifice de tous ceux qui se sont placés sur son passage. Une de celle qui justifie qu'elle ait pris le risque de révéler l'existence parmi nous de ses congénères dont nous ignorions l'existence même. Je n'en avais jamais entendu parler, pas même à Absalom, dans cette ville cosmopolite où se croisent toutes les races pourtant imaginables.

Annoncer à tous que nous avons localisé une ancienne cité perdue risque de pousser bien des aventuriers inconscients » Elle ne parvint pas à éviter de regarder Tiriji et Ephrem à tour de rôle « à se lancer, de manière hasardeuse, sans la moindre préparation à l'aventure dans la jungle pour la chercher, au risque de se retrouver, à leur tour, confrontés à d'autres morts-vivants ou des périls inconnus. Leur non-vie impie se joue du temps qui passe et ils seront sans doute ravis de pouvoir nourrir leurs instincts meurtriers.

Nous devons certes beaucoup à la magie gnome dans cette aventure mais il ne faut pas oublier non plus aussi la débrouillardise de nos compagnons, leurs bras et leurs armes ainsi qu'à la puissance de Sarenrae et aux capacités de guérison qu'elle accorde de nous en être sortis. »

Douchant ainsi l'optimisme de Gélik, Sébrysse reprit plus doucement.

« Demain, je demanderai conseil à Sarenrae pour savoir s'il faut retrouver cette cité ou s'il vaut mieux la laisser disparaître de la mémoire des hommes.

La Sagesse commande de tenter d'en apprendre plus à Éléder avant de prendre une décision à cet égard.

Jusque là, je vous demande de garder au mieux le secret, quitte à laisser croire que le Temple que nous avons découvert est de nouveau repris par les eaux et de ne pas faire mention de cette Cité.

Il faudra aussi déterminer ce qu'est Saventh-Yi, s'il existe des éléments permettant de savoir où la chercher et ce qu'elle peut contenir ? Quel est ce dieu Ydersius ? S'il existe d'autres preuves de l'existence d'hommes-serpents et ce que l'on sait d'eux.

Après, sans avoir besoin de retourner sur cette île, nous disposons déjà des reproductions de certaines parties des gravures et des frottis que nous pourrons faire examiner pour tenter d'en apprendre davantage sur leur signification.

Si telle est la volonté de Sarenrae, après notre arrivée à Éleder, lorsque nous aurons réglé nos affaires, il nous sera alors possible de monter une expédition digne de ce nom avec les richesses que nous avons ramenées pour la financer et chacun d'entre nous pourra y prendre part.

Ce n'est qu'à ce moment là, Gélik que vous pourrez songer raconter cette histoire.ET vous pouvez aussi l'envisager sous un autre angle : révéler cette histoire trop tôt risque de conduire d'autres gens à se rendre sur place et à faire à votre place la découverte de cette Cité. »

« Voila qui est parlé avec sagesse, » approuva Tiriji, « N'oublions pas non plus ces marins qui nous ont recueilli. Une fois arrivé au port, l'histoire qu'ils ont récupérer une onzaine de naufragé sur cette ile va se répandre de taverne en taverne et tout ceux qui sont au courant pour la femme serpent et l'ile, et bien même sans la sagesse gnome, ils vont rapidement se poser des questions. Surtout s'ils attendent des nouvelles de la femme serpent... »