La journée se finissait sur le petit village de Ravengro. Un convoi était en train de remonter le chemin sud qui montait vers l’entrée. Sur une petite colline, des hauts murs étaient visibles sur la droite. Les chevaux trottaient lentement, passant à côté d’une belle maison en brique et en bois. Traversant ensuite un petit pont pour s’arrêtait devant un petit bâtiment. Un vieil homme descendit du convoi et toqua à la porte. Une femme assez jeune ouvrit, elle n’était pas très souriante.

« Dame Lorrimor, du courrier de Lepidstadt pour vous. »

L’homme tendit trois enveloppes puis retourna vers le convoi contre lequel il tapa.

« Debout, on est à Ravengro. C’t’ai bien ici qu’vous vouliez venir. »

Deux enfants se couraient l’un derrière l’autre un peu plus loin au nord. Une femme regarda le convoi avant de fermer ces volets de bois. L’ambiance, comme le temps était assez gris ici.

Silencieux, Jacq observait la ville. Cela faisait maintenant 2 ans qu'il avait quitté Ravengro. Il était parti sur un coup de tête, sans même prendre le temps de prévenir celui qui lui avait tant appris. Intérieurement, il retraça rapidement le cours de sa vie. Voleur de bas étage, il avait visé trop gros en essayant de s'introduire dans la demeure du professeur. Il s’était fait prendre évidemment, mais, et lui même n'avait jamais vraiment compris pourquoi, au lieu de le dénoncer et de le remettre au autorité, le professeur avait décidé de lui venir en aide. Sans jamais pour autant le forcer a rentrer dans le droit chemin, et sans rien demander en retour, le professeur lui avait appris autant qu'il avait pu. Il avait même a plusieurs reprises fait appel a ses talents pour ouvrir certaines boites scellées.

Un leger toussotement le fit revenir a lui. Perdu dans ses pensées, il avait oublié qu'il n’était pas seul.«  Dame Lorimmor. Je.. je.. » Jacq n'avait jamais vraiment été a l'aise pour exprimer ce qu'il ressentait.«  Je suis Jacq Calett, et je dois beaucoup au professeur. Je suis venu aussi vite que j'ai pu, des que j'ai appris la triste nouvelle. Si je puis vous etre d'une aide quelconque, n'hésitez surtout pas, je suis a votre disposition ». A son tour, il s'écarta légèrement.

Rodrick approcha du carrosse qui venait d'arriver en ville. Il passait près de la place venant faire quelques achats en ville. Il reconnut Dame Lorrimor pour l'avoir vu à plusieurs reprises à l'église en compagnie du Professeur, les autres lui étaient inconnus. Il était de son devoir d'aller porter quelques paroles pour apaiser son âme.

L'homme qui approcha semblait avoir entre 20 et 30 ans, portait une petite moustache qui habillait ses longs cheveux fins et noirs comme la lourde soutane qui le couvrait de la tête aux pieds. Ses yeux gris comme les pierres vous fixait alors que sa voix calme et presque étouffée murmurait des paroles douces :

« Messires, Dames. »

L'homme fit un signe de tête de salut. Un petit médaillon de bois en forme de spirale tomba de sa soutane, il était peint de bleu clair et de blanc.

« Dame Lorrimor, je suis Rodrick Solivan j'assiste le père Vauran Grimburrow. Puisse Phasmara juger l'âme du Professeur et qu'il trouve le repos éternel. Je me tiens à votre disposition pour toute assistance dont vous auriez besoin. »

Faelnim, malgré le contexte un peu pesant, resta légèrement en arrière du groupe et jeta rapidement un oeil sur l'étagère, portant son intérêt sur les livres, la broche et sur les objets.

Puis il suivit le reste du groupe, toujours silencieux.

Alors qu'elle suivait Kendra à l'intérieur de la maison, Syleen tentait tant bien que mal de faire bonne figure, mais les autres héritiers la mettaient mal à l'aise, à part le dénommé Jacq Calett, qui semblait tout aussi redevable qu'elle au Professeur. Le prêtre de Pharasma, avec son air sévère, semblait l'observer, mais le pire était l'elfe originaire du Kyonin... Sa présence était-elle due aux incidents qui s'étaient déroulés quelques années auparavant? Où bien, comme il l'affirmait, était-ce uniquement due au fait qu'il avait rencontré le Professeur?

La hin hésita un instant, puis se dit qu'il fallait régler la situation le plus rapidement possible. Profitant du fait que le groupe passait près d'une bibliothèque, elle attrapa le sac qui était dans son dos, l'ouvrit, et en sortit un gros tome ésotérique qu'elle épousseta et tendit à Kendra : « Dame Lorrimor, avant toutes choses, je tenais à vous remettre cet ouvrage. Le Professeur nous l'avait prêté, à mon maître et moi, et nous n'avons pas eu l'occasion de le rendre avant...avant d'apprendre son décès. »

Puis la petite femme recula rapidement, presque timidement.

Ainsi donc, c'est bien sa fille! Senatiledomaquoi? Elle doit surement parler d'Ecaille, mais... Syleen interrompit le cours de ses pensées en jetant un coup d'oeil inquiet vers les autres invités, et en particulier à l'elfe. Comment allaient-ils réagir? Pourtant, la tentation de se retrouver au côté d'Ecaille était trop forte. Après tout, il ne s'agissait pas des gens du coin, qui étaient particulièrement superstitieux si elle se souvenait bien. Tant qu'elle serait à l'intérieur de la maison du professeur, elle pourrait sans doute se trouver en compagnie de son Eidolon.

La hin sourit à Kendra et lui répondit :«  Mais non, il est bien ici, en fait, il est partout où je suis, en quelque sorte! Je vais l'appeler tout de suite, si vous me laissez quelques secondes... » Syleen s'écarta un peu et prit soin de choisir un endroit suffisamment grand pour accueillir son compagnon, puis elle ferma les yeux et se mit à se concentrer, prononçant d'étranges paroles cabalistiques qui résonnaient entre les murs de la maison comme les battements d'innombrables ailes de papillon. alors que les secondes s'égrenaient, elle restait impassible, comme à l'écoute d'une voie venue d'un autre monde, murmurant des réponses à des questions inaudibles.

Puis, au bout d'une minute, le résultat du rituel apparût à la vue de tous : une grosse chenille noire, couverte de poils hérissés, de la taille d'un gros chien voire d'un loup occupait à présent l'espace devant l'invocatrice.

Le description de mon Eidolon est sur ma feuille de personnage, dans la partie Notes de la section Compagnon.

Aussitôt que la créature était apparue, Syleen s'était précipité vers elle afin de la serrer tendrement. « Je vous présente Ecaille Nocturne! » affirma l'halfeline avec un grand sourire, grattant affectueusement ce qui devait servir de tête à la bestiole, qui détaillait à présent les personnes en présence, une par une, reniflant de temps en temps, son regard brillant d'une intelligence plus que simplement animale.

Rodrick comprennait qu'il s'agissait de l'invocation de créatures, lui même savait en invoquer mais elles n'étaient pas identique à celle la.

Le prêtre se contena à l'apparition de la créature et l'observa pour la détailler et chercher dans ses connaissances et avec les quelques paroles échangées entre les 2 femmes pour savoir de quoi il en retournait.



La fille du professeur devait avoir des talents ou connaissances magiques, elle aussi donc...

Modifié par un utilisateur mercredi 30 mars 2011 13:50:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

Décidément, la jeune femme était de plus en plus sympathique aux yeux de l'halfeline. Elle ne se montrait pas du tout effrayée par Ecaille, contrairement au dénommé Jacq, dont la réaction de rejet était évidente. Mais très honnêtement, Syleen ne pouvait pas le blâmer. Il fallait être initié, disposer d'une volonté de fer, ou bien d'une grande ouverture d'esprit pour accepter de côtoyer un être aussi différent que l'Eidolon. Déjà que les halfelins étaient à peine tolérés dans certains endroits...

Syleen s'adressa à Kendra, toujours souriante, visiblement ravie de l'intérêt qu'on portait à son ami monstrueux. « Vous savez, il comprend parfaitement ce que vous dites. Pourquoi ne pas lui demander directement? »

En réponse à ces paroles, Ecaille, par un mouvement sinueux, approcha sa tête de la main de Kendra et attendit patiemment que celle-ci le caresse, son corps se tordant doucement de gauche à droite, alors qu'un espèce de sifflement chantant sortait de sa bouche close.

La cavalcade des chevaux à l'encolure gris cendré tout comme la voûte anthracite du ciel qui recouvrait ce morne pays résonna au loin ; une calèche tirée par ceux-ci remontait l'allée accédant au village de Ravengro.

Ce second véhicule arriva avec un peu de retard sur le premier convoi qui avait escorté les premiers individus venant saluer le repos éternel du professeur Lorrimor et afin de témoigner leur respect à l'égard de leurs relations personnelles qu'ils eurent développées réciproquement avec le professeur le long de leur vie auprès des proches parents en deuil.

Le cocher annonça à son passager qu'ils étaient enfin arrivés à destination.

Subséquemment, la suspension de la voiturette se mit à tanguer dangereusement quand le curieux passager s'en extirpa : un nain aux proportions hippopotamesque, véritable monument de turgescence. Cela semblât-il au premier à bords, car curieusement, pour un nain ce dernier n'arborait pas de barbe, mais un collier de chair adipeuse en guise de triple menton moucheté d'une verrucosité rubiconde peu appétissante. Ceux de sa race le lapideraient sans doute, le considérant comme un renégat complètement halluciné pour cet outrage.

Le nouvel arrivant, vêtu d'un ample surcot sacerdotal aux goûts lugubres de sang-de-bœuf enfilé par-dessus une cataphracte à écailles, embrassa le paysage de son regard, un regard qui fit s'enfuir des chiens errants du village en glapissant et des volets claqua quand des enfants réintégrèrent leur foyer, presque paralysés par l'épouvante.

Purifian Dúblasphèmor huma l'air de la campagne avec une morbide sérénité en pareille heure avec un rictus acide qui se désenchanta rapidement...

Le fouet du cocher claqua, et sur la note stridente des hennissements chevalins, la calèche repartit dans le même boucan d'enfer assourdissant.

L'inquisition était parvenue au Canterwall, et pas n'importe laquelle... Pour le moment, elle se devait faire profil bas.

Le corpulent membre du tribunal inquisitoire de Groetus soupira d'amertume en voyant l'effet de son arrivée sur les badauds du village. Pourquoi cela devait-il toujours se passer ainsi ? Quelqu'un le comprendrait-il un jour ? Il avait une mission, illuminée certes, mais légitime : tout alpha devait avoir un oméga. Et lui, il en était en quelque sorte un apôtre de cette doctrine fanatique.

Dans son for intérieur, il estimait que cela ne faisait pas de lui un monstre comme les gens le percevaient avec son apparence, au contraire. La fin du cycle de vie faisait partie de l'ordre naturel et il s'en faisait un point d'honneur de la respecter comme quelqu'un d'accompagnateur dans le respect et la bonté si cela se prêtait. Les vils pêcheurs eux, se devaient expier leurs fautes en rencontrant la mort prématurément. Tel était son devoir de basse oeuvre nécessaire en fin de compte. Ne savaient-ils pas qu'un coeur de colombe se réfugiait sous cette morphologie de répugnant amphibien charnu ?

L'inquisiteur chassa ses noirs pensée par le salvateur souvenir que le professeur Petros Lorrimor qui quant à lui, ne l'avait jamais jugé et il avait même entretenu une correspondance et ainsi qu'une amitié avec lui sur des considérations d'enrichissement intellectuel sur la façon d'éliminer la répugnante engeance qu'était la mort-vivance, parjure à la mort elle-même selon sa philosophie actuelle.

Consultant la missive du conseiller municipal, il entreprit de repérer l'adresse de la demeure des Lorrimor.

La voilà !

D'une démarche chaloupée, un lourd fléau d'armes ballottant dans son dos, il arriva à la hauteur d'un porche d'entrée et prit une posture de dignitaire religieux, à figer le sang tout de même malgré toutes ses infinies précautions de paraître convenable et compatissant . Se raclant la gorge, une voix onctueuse tonitrua, tandis qu'il tambourina doucement sur la porte :

« Dame Lorrimor, le bien-aimé confrère d'étude de votre père est arrivé. C'est moi, Purifian. Puis-je entrer et vous présenter mes condoléances qu'il vous ait gré ? »

Modifié par un utilisateur jeudi 31 mars 2011 06:46:40(UTC)  | Raison: Non indiquée

Dúblasphèmor fit son entrée théâtrale projetant une ombre démesurée sur l’assistance venue commémorer les derniers honneurs du professeur, leur faisant grâce de toute sa hideuse et opulente prestance inquisitive. Dans un élan d’éloquence mal anticipée, il gratifia les personnes présentes de son plus perturbant sourire qui s’effaça aussitôt en apercevant l’étrange créature insectoïde qui occupa la place.

« Par Groe… Quel est cette chose, ma chère enfant ? » dénonça-t-il un brin dédaigneux comme il s’agirait de quelques tours ingénieux des perversités enfantées par les ténèbres de ce pays.

Néanmoins, il se détendit…

« Si cette créature peut être admise dans la demeure du bon professeur de feu, c’est qu’elle a tous les droits d’y être, j’imagine, » s’excusa-t-il.


« Enfin, bref, pardonnez cette intrusion malhabile, madame, et accepter mes condoléances pour votre père. Nous avions beaucoup partagé l’un et l’autre et je ne peux qu’être infiniment désolé par cette tragédie. » avoua-t-il dans un profond soupir de ténor, ce qui fit trembloter son exubérant amas de chairs qui pendouillait mollement à son menton.

Modifié par un utilisateur vendredi 1 avril 2011 08:56:18(UTC)  | Raison: Non indiquée