« Allons-y » acquiesça Sokiba en essuyant son trident sur le corps du reptile. « Mais, restons prudents car j'ai pratiquement épuisé mes pouvoirs de soigner pour aujourd'hui. »

Maintenant que la bestiole était morte, les uns et les autres avaient l'occasion de mieux l'observer. Elle ressemblait à une sorte de lézard géant doté d'ailes de chauves-souris. Sa dentition et les griffes qui ornaient ses pattent ne laissaient aucun doute quant à son régime alimentaire : la chose était clairement carnivore.

Ceci dit, en l'observant, Hogo parvint à une réalisation : la chose qui venait de les attaquer était sans doute assez sauvage et violente pour tuer un singe ou même une chèvre… mais sans doute aurait-elle eu beaucoup de mal à s'envoler avec une telle proie — elle avait déjà eu pas mal de difficulté à soulever Tiriji, qui était sans aucun doute moins lourde qu'un de ces animaux. Hors, c'était bien la dépouille d'une chèvre bien grasse qui avait été bombardée sur leur campement quelques jours plus tôt.

Perplexe par sa découverte, Hogo reconsidéra son intention d'aller explorer le repaire de cet animal ou en fait plutôt celui de ses parents. Ainsi, il proposa, « Si nous venons de tuer le petit de l'animal qui nous a jeté la chèvre l'autre jour, j'ai bien peur qu'il ou elle décide de se venger. Allons inspecter les pierres et déguerpissons d'ici. Allons au phare, il n'y a rien ici qui peut nous aider à quitter cette île de malheur ! »

Après avoir confirmé la mort de la bestiole, et s'être rendus compte qu'il s'agissait sans doute d'un spécimen jeune, les aventuriers se mirent à s'intéresser à ce qui les entouraient… tout en conservant en tête l'idée que la mort de la créature n'allait certainement pas plaire à ses géniteurs et que ceux-ci pouvaient revenir d'un moment à un autre.

Hogo observa les environs à la recherche de l'antre de la créature, mais sans aucun succès : il ne remarqua rien de particulier depuis l'endroit où le combat avait eu lieu. Tiriji, par contre, qui se posait également des questions sur l'étrange prédateur, crut apercevoir une sorte de large nid sur l'une des corniches qui surplombaient le ravin inondé qui s'étendait devant eux [hrp](vers la case V3.

Pendant ce temps, Sokiba, quant à elle, semblait plutôt s'intéresser aux étranges pierres dressées qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres de là, sur une sorte de petit colline qui dominait non seulement le ravin mais également le bras de mer incurvé à l'ouest.

Tout en rangeant sa grande épée et en prenant son arc et une flèche, le shoanti acquiesça aux propos de la gnomette et déclara à demi-voix, « Foutons le camp d'ici et en vitesse ! »

Avant de s'éloigner de la falaise, et de ce qui semblait être le nid des prédateurs, Sokiba jeta un dernier coup d'œil aux monolithes. Il s'agissait de quatre pierres plutôt acérées qui formaient une sorte de carré à quelques mètres du bord de la falaise. De cet endroit, on avait une vue imprenable sur le bras de mer qui s'enfonçait à l'intérieur des terres de la Lame des Contrebandiers et venait lécher les hautes falaises rocheuses.

Au centre de ce carré de quatre monolithes se trouvait une autre pierre, une petite pyramide d''à peu près un mètre de hauteur, dont la pointe était creusée de manière à former une sorte de petit bol en pierre. De fins sillons le long des quatre faces de la pyramide permettaient à l'eau de pluie récoltée dans le bol de couler jusqu'à des petits bassins situés plus bas au niveau du sol.

Les faces des quatre pierres extérieures dirigées vers la pyramide centrale étaient ornées de sculptures représentant des runes de forme sinueuse.

« Si c'est le petit que nous venons de tuer et si la mère ou les parents ne sont pas loin alors il ne vaut mieux pas rester là » suggéra la prêtresse. « Partons vers le phare. »
« Même si je regrette de ne pas pouvoir éliminer ces créatures néfastes. » ajouta-t-elle.

Hogo s'arrêta devant le pont et déclara en regardant le gnomette, « Je propose que nous fassions comme la dernière fois. J'assure Tiriji qui passe devant. Ensuite, vous passez et je fermerai la marche. Qu'en pensez-vous ? »

22e jour du mois d'Arodus

Les aventuriers avaient rebroussé chemin à pas pressés. Au cours de la matinée, ils étaient parvenus à revenir jusqu'au croisement des trois pistes ; c'est là qu'ils passèrent d'ailleurs les grandes chaleurs, en jetant de nombreux coups d'œil inquiets en direction du ciel.

La pluie s'était mise à tomber dès que la température avait commencé à redescendre, une pluie battante et continue typique de ces latitudes. C'est sous ce climat "rafraîchissant" qu'ils étaient repartis jusqu'au pont de cordes. Comme à l'aller, Tiriji était passée la première, suivie des autres aventuriers qui prirent bien garde de ne traverser le pont qu'un par un. Et, comme à l'aller, la construction avait protesté en grinçant, mais elle avait tenu bon.

Une fois arrivés de l'autre côté du précipice, ils se rendirent compte que la nuit était quasiment tombée ; il était temps de s'abriter et de choisir la manière dont ils allaient camper : allaient-ils faire un feu pour se sécher de la pluie qui venait à peine de cesser de tomber, ou allaient-ils jouer la carte de la prudence et dormir dans le noir ?

Hogo commençait à perdre patience avec les volatiles de cette maudite île. Il aurait bien fait un feu pour se sécher de la pluie qui avait décidé de leur jouer des tours aujourd'hui. Mais, pour une fois, il se rangea du côté de la sagesse gnome et commença à chercher un coin pour faire un campement pour la nuit et pour les protéger des attaques de ces créatures volantes.