Guilhem se tenait dans l'entrée de la tente, mal à l'aise d'avoir vu son seigneur tant déstabilisé, mal à l'aise de l'avoir entendu jurer, mal à l'aise de n'avoir point compris...Il ne savait plus que faire tant cela le dépassait...

« Je ...je vous confirme ne pas tout comprendre....Mais Neyrion pis moi on s’apprêtait à refermer la tombe du chevalier, pis là il y a ce...cet écu, et là haut son épée qu'a pas rouillé non plus...on fait quoi ? On enterre ou on enterre pas?  »

Guilhem avait vraiment l'air malheureux et fatigué, il commençait à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de taire la découverte sous l'antique cercle de pierre, la guerre n'était jamais bonne, au mieux pouvait ils espérer que leur découverte aide en des moments difficiles, au pire...eh bien il ne préférait pas penser au pire à l'heure actuelle...

Modifié par un utilisateur mercredi 3 octobre 2012 23:05:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Prends garde à ne pas offenser les dieux Maekar. Nul ne possède l’Écaille de Gaïa… Ambrose en fut le porteur, mais Taslendel te l’a offert aujourd’hui. Je ne te dirai pas comment agir, car c’est toi qui as trouvé grâce aux yeux de la déesse. Fais ce que tu crois juste. » Grégoire s’inclina et écarta doucement Guilhem de l’entrée de la tente pour prendre congé.

Maekar s'assit lourdement sur son siège.

Il resta un moment, les machoires serrées, à chercher ce qu'il convenait de faire.

Le détroussage de cadavres était un crime grave qui menait ceux qui le pratiquaient à la potence. Quoiqu'étant noble, Maekar aurait sans doute le privilège d'être décapité à la hache...

D'un autre côté, il fallait bien reconnaître que depuis qu'ils étaient arrivés dans la région, il était survenus plusieurs choses étranges... Des visions pour lui, des "pouvoirs" pour d'autres... Et pour finir ce bouclier qui quelques heures avant était vierge portait maintenant ses armes...

Il se remémora la vision qu'il avait eu de la déesse. Elle lui avait demandé qui lui viendrait en aide et il avait répondu...

« Moi même... » murmura-t-il pour lui même.

Le jeune homme se leva. Sa décision était prise.
Emportant le bouclier hors de la tente, il vint rejoindre le jeune rôdeur qui l'attendait dehors.

« Tu aurais dû te mettre à l'abris en attendant que je prenne ma décision... » dit Maekar à Guilhem.

« Fais comme je t'ai dit. Enterre Sire Ambrose avec son écu. » fit-il en confiant le bouclier au forestier.

Non, décidément, il ne pouvait pas dire à une déesse qu'il se débrouillerai seul et l'instant d'après quémander ses faveurs comme un chien servile.
Car cela, à coup sûr, provoquerai sa fureur...

Si les dieux veulent m'aider, qu'ils attendent que je le mérite ! pensa-t-il en regagnant sa tente.

Neyrion aida dès lors Guilhem à remplir la tombe sous l’œil avisé de sire Grégoire qui s’était avancé et, en dépit de la pluie fine et insidieuse, se tint debout devant la tombe jusqu’à ce que le travail soit terminé. Les soldats s’attroupèrent eux aussi. Personne n’osa émettre de doute sur la décision de Maekar, même s’il apparaissait évident qu’il y avait désaccord. Tous étaient à la fois curieux et craintifs d’être ainsi à proximité d’une manifestation de Taslendel. Comme pour faire taire les voix qui étaient pourtant demeurées silencieuses, Sire Grégoire inclina la tête et murmura : « Il ne peut pas se tromper, car la déesse est son guide… ». La pluie reprit de plus belle et chacun retourna à son abri.

Maekar ne dormit pas beaucoup la nuit suivante. Avait-il défié la déesse? Avait-il au contraire échappé au piège qui lui était tendu pour tester sa foi? Seul le temps pourrait répondre à ces questions. Le lendemain, le temps était maussade. Des filets clairsemés de brume avaient envahi la vallée. Sire Grégoire était prêt à reprendre la route avec quatre soldats, laissant derrière lui Neyrion et Athanase pour assurer la protection de la colonie. Il enfourcha son étalon et s’approcha de Maekar, lui tendant la main pour le saluer. « Nous nous reverrons, fils de Shaus, et j’aurai de bonnes nouvelles cette fois! » Maekar lui rendit sa poigne et ne répondit que par un sourire las « Bonne route Sire… » La troupe s’ébranla et fila vers le nord.

Si personne ne veut entreprendre d’action particulière, j’en déduirai que vous poursuivez vos actions saisonnières tel que prévu dans ce sujet. Il y a des ajouts et/ou modifications ou je poursuis avec ça?

Les jours s’écoulèrent en ce début de Puros. Une fois de plus, le calme était revenu sur les collines de fer. Saïos leur avait bien fait goûter à quelques-uns de ses éclats, mais le ciel se dégageait au fur et à mesure que la saison avançait et les nuages cédèrent progressivement la place aux rayons de Drom. Les quatre miliciens, Neyrion, Athanase, Hans et Holmer, avaient installé leur tente de manière permanente et patrouillaient dans les environs.

Maekar en profita pour reprendre avec Neyrion ses explorations de la région. Ils retournèrent quelquefois aux abords de Lescault, de crainte que de nouveaux hommes végétaux soient de retour dans la région. Ils n’en virent toutefois aucun signe. Ils poussèrent donc un peu plus loin vers le nord-ouest, longeant le pied du Pic aux corbeaux. Ces terres étaient rocailleuses et la progression y était difficile, tant pour les chevaux que pour les hommes. Ils parvinrent tout de même à atteindre une grande étendue marécageuse qu’ils nommèrent la Fosse aux sangsues après qu’Alcyon, s’y étant abreuvé, en soit ressorti avec cinq de ses bestioles sur les jambes. Si le besoin s’en faisait sentir, Roélia pourrait sans doute en rapporter vivante à la colonie. Plus au nord, par-delà le plateau des lynx, Maekar découvrit une construction de pierre : un grand cercle mégalithique en croissant de lune, dont toutes les pierres verticales étaient unies par des pierres posées à l’horizontale, avait été érigé à cet endroit. Maekar frissonna à le vue de cet ensemble de pierre et n’osa pas s’en approcher seul, ayant frais en mémoire le récent combat.

À la colonie, la tâche était désormais plus aisée pour Lucie en raison de la température : elle pouvait enfin semer le champ. Avec Guilhem, ils défrichèrent et dépierrèrent une seconde parcelle à proximité de la première. Lorsque Maekar revenait de ses expéditions, et qu’il s’en sentait disposé, Luci s’entraînait avec lui, en compagnie d’Antoine, tandis que Guilhem en profitait tantôt pour chasser, tantôt pour pêcher. En dehors de ses entraînements, Antoine passait le plus clair de son temps dans la forêt environnante. Il rapportait les essences nobles qu’il avait identifiées afin qu’Arthémus et Gildor puissent monter la charpente de la première maisonnée. Les derniers temps semblaient avoir troublé le jeune charpentier cependant. Il passait beaucoup de temps seul et silencieux à regarder autour de lui, les yeux dans le vide.

Un doute s’était aussi installé quant à la santé mentale de Roélia, dont le cerveau sans cesse en ébullition ne cessait de pondre des théories et des inventions qu’elle dessinait sur le sol et expliquait à qui voulait bien l’entendre. Elle se taisait rarement, conseillant à chacun une manière de faire plus efficace. Elle disparaissait parfois pendant de longues heures dans les bois, mais personne n’osa lui demander ce qu’elle y faisait, sans doute de peur d’obtenir une réponse.

Treize jours s’étaient passés depuis le départ de Sire Grégoire. Tout était calme en ce vingtième jour de Puros. C’était l’après-midi, à l’heure où Maekar entraînait Lucie et Antoine. Les coups de marteau de Gildor et Arthémus résonnaient dans la brise. Guilhem était allé vers ses chemins de trappe du sud ce matin-là et en était revenu avec cinq lièvres qu’il était en train de dépecer, tandis que Roélia en commentait l’anatomie.

Maekar aperçut au sud Hans et Holmer qui revenait d’un bon pas de leur patrouille. De toute évidence, ces deux-là avaient une information à partager…

Modifié par un utilisateur mardi 16 octobre 2012 01:31:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les deux soldats étaient à bout de souffle. Ils devaient avoir couru un bon moment. C’est Hans qui parla en premier, avant même que Maekar ne le questionne : « Messire… nous avons trouvé deux éclaireurs de Shaus… pfff… pfff… Ils étaient salement amochés… pfff… pfff… » Hans mit les mains sur ses genoux, en appui, alors que Holmer arrivait à son tour, ajoutant « un d’eux était encore vivant, Sire… pfff… pfff… ils ont été attaqués par le sol… pfff… une des jambes du gars avait été broyée jusqu’au genou… pfff… » Hans faisait signe à Holmer qu’il avait quelque chose à dire de plus important. Prenant une grande inspiration, il se redressa : « Avant de mourir, l’éclaireur nous a dit qu’une vingtaine de serfs venait jusqu’ici messire… quatre chariots… et qu’ils allaient tomber dans le guet-apens… les éclaireurs avaient une demi-journée d’avance sur eux… »

Lucie avait vue revenir les 2 soldats, elle avait alors arreté son travail au champs pour revenir vers le campement. Revenir et commencer un autre travail, ou si la situation la réclamait, s'armer de sa beiche et être tout de suite prête.
Plus les soldats approchaient plus l'urgence de la situation se confirmait. ils couraient même. quand Maekar ordonna le rassemblement, Lucie approchait déjà avec sa "beiche de guerre".

Guilhem écouta posément avant de répondre sur un bref "Bien messire".

Puis il rassembla ses maigres affaires, une besace de provision vite ramassée et de quoi allumer un feu au besoin, et il s’apprêta à suivre Holmer.

Il n'était pas question de tergiverser et il fit hâter le pas dés qu'ils furent en route, la seule consigne pour Holmer étant de l'avertir quand ils seraient proches du lieu de l'embuscade, afin de commencer à regarder de plus prés les environs et les traces encore lisibles. Afin peut être de leur éviter à tous deux une embuscade du même acabit...

Une fois tout le monde rassemblé et les éclaireurs partis, Maekar prit la parole. Sa voix était claire et forte.

« Deux éclaireurs de Shauss ont été découvert alors qu'ils agonisaient. Ils sont tombés dans une embuscade. Ils nous ont aussi appris qu'ils étaient l'avant garde d'un convoi de serfs venant de Shauss. Si nous n'agissons pas, ils vont connaître le même sort... »

« Je veux que chacun s'équipe et s'arme. Nous ne savons pas ce qui a pu les attaquer mais s'il s'avère qu'il s'agit encore de ces créatures végétales, nous aurons besoin de feu ! »

« Neyrion, tu restes ici pour surveiller nos terres s'il s’avérait qu'il s'agit d'une diversion. Souffle le cor s'il se passe quelque chose d'anormal et ne prends pas de risques. Le convoi nous apporte sûrement de la nourriture et des matériaux, nous pourrons donc en partie compenser d'éventuelles pertes. Mais je crains qu'il n'y ai pas d'autres soldats. Ta vie est donc précieuse. » fit le chevalier en posant sa main sur l'épaule du garde.

Se tournant à nouveau vers l'assemblée, il cria de sa voix de basse :

« Rendez-vous ici dans 20 minutes ! Je veux voir tout le monde équipé et prêt à partir !! »

Alors que la foule commençait à se disperser, Maekar avisa Lucie, sa fameuse bêche à la main.

« Es-tu prête ? » demanda le noble à la jeune fille.

« Si oui, viens m'aider à revêtir mon armure. » lui dit-il.