Tanaari et Inga avaient atteint leur apogée et trônaient, pleines, dans le ciel au premier jour de Puros. C’était le solstice et Drom passait plus de temps que jamais à contempler Coronis. Le début de Puros fut chaud et humide. Les pluies étaient abondantes et les lourdes averses se succédaient entre des éclaircies passagères. La température durant la journée atteignait assez souvent les 25 degrés, et ne baissait presque pas durant la nuit. Le sol était constamment gorgé d’eau et les terres devenaient boueuses par endroits.

Maekar chevauchait sur le flanc nord de Grand mont. L’air était chaud et humide et le noble suait sous sa cotte. Les perles de sueurs qui se formaient à son front coulaient sur son visage, lui brulant parfois les yeux. Il avait le souffle court, mais restait, le port fier, droit sur son cheval armé de son bouclier et de sa lance. «  Messire ?  », souffla le vent dans l’herbe verte de ce début d’été.

Il chercha Neyrion derrière lui, mais nul n’était à ses côtés. Son cheval piaffa. À une trentaine de mètres devant lui, un monticule de boue, de pierre et d’herbe était en train de se former. Maekar contrôla son destrier et l’empêcha de se retourner pour fuir, le tenant face au monstre qui prenait forme.
« Messire ?  », craquela le monticule, qui devenait plus large que trois bœufs et qui se dressait maintenant en une forme humanoïde d’un peu plus de trois mètres cinquante. Un large rictus apparut à l’endroit qui devait lui servir de visage.

Maekar aperçut derrière le monstre les restes fumant d’un village détruit. Les pleurs et les cris de femmes et d’enfant résonnaient dans l’air qui se faisait de plus en plus lourd. Le chevalier ne fit ni une, ni deux et éperonna sa monture, chargeant la chose avant qu’elle ne soit pleinement en mesure de se défendre. Le visage de la créature prit la forme d’un masque doré couvrant la moitié du nez jusqu’aux premières racines des cheveux. Sur le front étaient frappées deux haches d’armes entrecroisées. Le monstre hurla d’une voix profonde et rauque : « TOI ! MAEKAR DE SHAUS ! QUELLE VOIE CHOISIRAS-TU POUR ME VAINCRE ?  »

Maekar ne freina pas sa charge. Dans un cri de rage, il frappa de plein fouet le monstre qui hurla derechef : «  MESSIRE !!!  »

Maekar se retourna en sursaut vers Athanase, qui rougissait déjà d’avoir eu à élever la voix sur son seigneur. «  Je… vous… je…  ». Le jeune homme baissa les yeux avant de poursuivre «  vous étiez là, tout raide, depuis un moment messire… tout… tout va bien ?  »

C’était le matin du premier jour de Puros. Maekar venait tout juste de monter en selle…

Le ciel était gris et de nouvelles averses s’annonçaient pour la journée. Rien de surnaturel ne vint perturber la vue d’Antoine, ce qui était en soi peu ordinaire dans ce genre de situation…

Son esprit était encore embrumé, mais Maekar était convaincu d’avoir déjà vu ces haches entrecroisées sur un blason… Il chercha à se remémorer ceux que son frère et lui avaient appris dans la salle des blasons lors d’une visite à Prospertown alors qu’ils étaient gamins. Il les récita au fur et à mesure où ils lui revenaient en mémoire : « de sable à l’aigle de gueule pour les maîtres d’Astris… De sable au loup d'argent passant lampassé de gueule pour les maîtres d’Olok… » Soudain, l’image lui revint en tête, nette : ce n’était pas un blason qui portait ces armes, mais la statue qui trônait, impassible, au centre de cette pièce. La statue qui portait le demi-masque et les deux haches d’armes, c’était celle de Barchézok, le Dieu de la guerre, l’impitoyable maître des Discordes…

L'été étais présent, une saison que Roélia n'appréciais pas trop au vu de la chaleur, pour elle, il n'y avait rien de plus beau qu'un hiver rempli de flocon avec de magnifiques tapis blancs. La jeune fille changeant un peu ces habitudes pour l'été, le matin, elle partait très tôt, alors que les gouttes de la rosée parfumé l'air de son ton humide dans la nature, elle voulait expérimenter une nouvelle technique de se lier avec la "magie". Elle restait ainsi des heures et des heures à tenter de sentir les arbres, les fleurs et les animaux qu'elle voyait.

Vers midi elle rentrait au camp et travaillé à l'amélioration des structures, un jour elle profita avant de quelques instants pour aller cueillir des fleurs et en déposa une, prêt de chaque endroit où dormais chaque personne. En croisant Maekar elle en profita pour lui parler d'une super idée qu'elle avait eu. Elle lui donna en premier lieu le reste des fleurs puis se mis à dessiner au sol une structure en triangle, surmonté de deux cercles qui étaient à première vue du bois.

« Voyez vous mon seigneur, je pense que le mieux serait d'utiliser une base de forme isocèle couplé à deux formes sphériques. Le but est simple, il s'agit d'une sorte de tour de garde, mais en mieux. Les fenêtres de tir se trouvent à l'intersection des deux boules ainsi, si un jour nous nous faisons attaquer ce qui est quand même possible vu que les attaques de colonies sont d'environ 61% les 4 premières années, puis 78% les 4 suivantes et 89% les 10 années ensuite, bien entendu ce sont des chiffres approximatifs avec une marge de plus ou moins 3,2%. Donc les ennemis tentent de nous attaquer à l'arme de distance perforante, les deux boules forment une protection grâce aux angles. Nous pourrions aussi profiter de la ... oh je sais, j'ai une idée. »

Elle effaça l'intégralité de son dessin et partit chercher quelques planches de bois.

« Regardait mon seigneur, Imaginait qu'ils veulent mettre le feu à notre palissade, il suffit de faire un espace d'environ 10,8 cm de séparation entre les deux palissades et de mettre de l'eau, bien entendu pour éviter que l'eau ne parte dans la terre il faut que le fond ne soit pas en contact direct avec le sol. Enfin bon il tente de mettre le feu, le bois de devant brûle, il devient de la cendre, l'eau pousse la cendre et se répand, l'incendie est stoppé avant d'avoir pu vraiment démarrer. Bien entendu c'est une solution à court terme. Mais cela peut être pratique sur une première volée de projectile en feu. »

Bon, actuellement on aurait pour le début de l’Été 867 :

Antoine
action principale : récolte de bois
action secondaire : pratique du contact avec la Trame

Roélia
Action principale : pratique du contact avec la trame
Action secondaire : ingénierie
(ou l’inverse? Tout dépend si Roélia passe vraiment beaucoup, beaucoup d’heures à se lier avec la magie)

Guilhem
Action principale : chasse – pêche (ou deux actions secondaires)
Action secondaire : défrichage/labour

Luci
Si j’ai bien compris l’intervention de Nicolas, on aurait normalement « action complète : labourer/semer » ce qui signifierait que Lucie terminerait le champ qu’elle a commencé à labourer, le sèmerait et labourerait un second champ (que Guilhem aurait défriché). Vous auriez alors un champ semé et un prêt aux semailles

Maekar de Shaus
Action (principale?) : poursuivre ses explorations
Il resterait à déterminer une action (secondaire si les explorations couvrent une vingtaine de jours ou principale si Maekar n’explore que pendant une dizaine de jours)

Il faudra aussi que Maekar précise à Athanase et Gildor ce qu’ils doivent faire, à défaut de quoi ils commenceront à construire une première maison à côté du pavillon avec le bois que vous avez déjà en réserve.

J’ai bon? Corrigez-moi si vous voulez modifier quelque chose, mais je poursuis tout de même en attendant…

Au cinquième jour de Puros, Guilhem s’éloigna vers la forêt de Lescault au sud-est, Maekar lui ayant recommandé cette région après y avoir aperçu un cerf et de nombreuses pistes fraîches. Il y avait en effet dans cette région une faune et une flore abondante. En ce début d’Été, les fruits des champs commençaient à poindre et Guilhem repéra plusieurs talles de fraises sauvages. Il trouva aussi quelques bosquets de framboisier, mais leurs fruits ne seraient à maturité que plus tard en saison.

Alors qu’il arrivait au petit matin dans la région pour y établir un nouveau chemin de trappe, le jeune forestier repéra au fond d’un vallon un groupe de cinq humanoïdes qui venaient d’abattre un petit faon. Guilhem à l’œil aiguisé reconnut immédiatement les hommes végétaux et se tapit dans un buisson. Ceux-ci dansaient, frénétiques, autour du corps de leur proie en émettant un étrange sifflement. Ils cessèrent soudain de bouger. Il y eut un long silence. L’une des créatures s’approcha alors du faon et y plongea violemment le poing, avant d’en ressortir le cœur. Ils prirent lentement une formation en file indienne et, leur trésor en main, se mirent en route vers le sud-est.

Tapi dans les fourrés Guilhem attendit longtemps afin que les créatures se soient éloignées, puis il alluma un petit feu à l'abri du vent, en s'efforçant de creuser la terre pour que le foyer ne dégage point trop de fumée. Armé de brandons il s'approcha du cadavre du Faon et y mit le feu avant de rentrer le coeur battant jusqu'à leur campement sommaire.
Sur le chemin du retour il tâcha de brouiller sa piste pour autant qu'il savait le faire, imaginant bien qu'il aurait du mal à tromper les sens de ces étonnantes créatures végétales.

Pour ce jour il n'irait tendre ses filets ,point ne prit il non plus soin de sa tenue ou de sa mine,il se dirigea immédiatement tout suant et couvert de la boue des sentiers innondés vers Lord Maëkar et mit un genou en terre avant de parler à leur jeune Seigneur:

«  Seigneur Maëkar, je reviens juste de ma chasse et j'ai revu de ces créatures végétales, telles que celles que nous avons dû combattre.Elles étaient cinq au sud est Messire qui ont abattu un Faon, avant de lui prélever son coeur, j'ai fait flamber le cadavre Messire afin qu'une autre créature ne s'en relève mais il faudrait agir contre eux je le crains afin qu'elles ne continuent point à se développer alentour... »

Guilhem garda la tête inclinée en l'attente de la réponse de son jeune Seigneur.

« Mmm... » fit le jeune noble après un instant de réflexion.

« Tu as bien fait de brûler le corps, Guilhem. » dit-il en faisant signe au rôdeur de se relever.

« Il faut nous préparer à les affronter car cela arrivera tôt ou tard... Sais-tu fabriquer des flèches ? Des flèches que l'on pourrait enflammer ?? Peut-être sont-elles vulnérables au feu... »

La remarque du jeune forestier concernant la piètre efficacité des flèches sur les "moussus" semblait contrarier Maekar. De toute évidence, il n'avait pas remarqué ce point.

« Bonne remarque, Guilhem... J'espérai que des flèches seraient suffisantes mais à l'évidence, elle ne nous servirons à rien... Peut-être pourrais-tu malgré tout en fabriquer quelques-unes, des fois qu'elles soient suffisantes pour leur faire peur et les faire fuir... » finit par dire le chevalier.

« Pour ce qui est du combat à la torche, il faut envisager cela comme une solution de dernier recours. On a vu ce qu'ils vallent au contact, il faudra à tout prix les éliminer avant. Nous sommes trop peu nombreux et trop peu expérimentés dans le maniement des armes pour leur faire face au corps à corps. De plus, s'ils n'ont pas peur du feu, une torche sera moins utile qu'une lame. Contrairement à ce que l'on peut croire, il est quasiment impossible de mettre le feu à un ennemi avec une torche... Ca revient à se battre avec un gourdin fragilisé par le feu... »

« Il y a peu de chance que nous trouvions du naphte par ici, mais nous pourrions effectivement faire de la poix. Je crois qu'il faut des pins pour en faire... »

Maekar se tourna et regarda Guilhem dans les yeux.

« Je pense qu'il faudrait effectivement les pister et trouver leur camp. Même si l'absence d'armes adaptées contre eux fait que cette expédition risque de mal tourner... N'y vas pas seul, c'est trop dangereux. Vas-y avec la personne de ton choix. Je te laisse choisir celui ou celle que tu estimes être le plus compétent pour cette tâche. Et si tu penses que je serais le mieux placé pour t'accompagner, n'hésites pas à me le demander... »

Lucie n'était pas loin quand Roélia avait présenté à Messire de Shaus son idée de palissade anti-feu. Il faut dire que la colonie n'est pas encore trés étendu... Aussi nota-t-elle l'idée dans son esprit et y repensa-t-elle en travaillant le potager. Ce n'était finalement pas si irréalisable que cela. Il faudrait que l'eau ne soit pas à demeure dans la palissade, mais que l'on puisse l'y verser depuis une citerne suspendu au dessus, en cas d'incendie. Pour l’étanchéité de la palissade creuse, il faudrait la fabriquer comme on fabrique les sauts et les tonneaux, ou même les coques des bateaux... Ce n'est pas irréalisable techniquement parlant. Par contre, ça nécessiterait sans doute beaucoup de temps de travail. Dans le cadre d'une première installation, il faudrait plutôt monter une palissade "simple", mais à long terme l'idée m’étirerai peut-être d'être gardée...

Arrivé au soir, à l'heure du bain, Lucie rejoignit Roélia pour lui confier le fruit de sa réflexion.