Après trois longues journées de travail, Fergus - assisté d'Abbaër - avait réussi à isoler une formule qui permettrait de produire un vaccin contre le virus du Voile Sanglant. Leur installation ne leur autoriserait pas une production à grande échelle, mais avec l'aide des trois grands temples de Korvosa et la Garde, il serait possible d'en créer bien plus et de toucher l'ensemble de la population.

Durant tout ce temps, l'alchimiste n'avait pas passé une seule seconde à s'occuper de lui-même. Tout son esprit avait été orienté vers la recherche de la solution qui sauverait la ville du fléau qui l'accablait. Et c'est avec une grande fatigue qui s'était emparée de lui lorsqu'il parvint à son objectif. Après une longue nuit de repos, le jeune homme s'enferma à nouveau dans la salle qui lui servait de laboratoire. Il commença par nettoyer les fioles, pipettes et autres ustensiles dont il s'était servi les trois jours précédents, puis il se mit au travail. Il avait sortit le grimoire trouvé sur le cadavre de Rolth et il l'étudia une nouvelle fois. Dedans, il arriva à identifier deux sorts qu'il se sentait capable de transformer en formule alchimique. Mais il lui faudrait encore toute sa concentration pour y parvenir.

Il commença par les lire pour être bien sûr de les comprendre. Puis il en démêla un par un les fils afin d'en extraire les composantes naturelles. Enfin, il recopia pour chacun la formule qui lui était venue. Entre temps, il avait commandé à ses compagnons les composantes qui lui permettraient de pouvoir la réaliser le moment venu. Cet exercice lui avait prit l'ensemble de la matinée. L'après-midi de ce jour là, il en profita pour inscrire dans son livre deux formules qu'il avait imaginé la nuit précédente. L'une lui permettrait de pouvoir bénéficier des effets d'une potion sans avoir à la boire, l'autre... Il en ferait la surprise à ses compagnons. En inscrivant cette dernière, un large sourire apparu à ses lèvres.

Le soir venu, alors que tout le monde était réuni pour le repas, Fergus se leva et demanda le silence. Ce n'était pas sa nature de se montrer ainsi en public, mais ce qu'il avait à dire lui semblait d'importance et il força sa réticence. « Mes amis, nous avons fait une bien belle chose ces derniers jours. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Il va falloir travailler d'arrache-pied pour enfin venir à bout du Voile Sanglant. Je pense que nous en sommes capables et que nos efforts seront largement récompensés. D'ailleurs, la première d'entre elles m'est apparue en songe la nuit dernière. J'ai là quelque chose qui pourra sûrement nous être utiles l'un de ses jours. » Il avait sorti de sa ceinture une petite fiole qu'il montra à ses compagnons. Il l'aval d'un trait puis fit un grand sourire en observant les réactions de chacun de ses amis. Au début rien ne sembla se passer. Puis soudain, l'alchimiste, qui était déjà très grand de taille, sembla l'petre encore plus. Au bout d'un moment, ses genoux dépassèrent le bord de la table, puis se furent ses pieds. Finalement, les uns et les autres conclurent qu'il ne touchait plus terre - tant physiquement que de la joie de ce qu'il avait imaginé. Prenant son élan, il fit le tour de la salle, semblant glisser à un mètre au dessus du plancher puis monta dans les airs jusqu'à toucher le plafond à son endroit le plus élevé avant finalement de revenir à sa place.

Il regarda un à un chacun de ses compagnons puis lâcha. « Alors, qu'en pensez-vous ? Et le plus fort, c'est que je crois être capable d'en faire une potion. Ainsi chacun d'entre vous pourra être capable de la même chose... »



Coût de recopie des deux sorts : 80 po à déduire de la somme allouée à Fergus

Modifié par un utilisateur mercredi 1 mai 2013 17:40:14(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sans aucune intervention, le voile sanglant aurait causé pas moins de 3 200 morts dans la ville de Korvosa.
• 200 victimes échappèrent à la mort grâce à la destruction des quatre vampiriens et à la suppression de la menace de contamination du charnier de l'allée des Cageots.
• 700 victimes échappèrent à la mort en apprenant que le soi-disant remède miracle de Lady Lavande ne soignait rien du tout et en cherchant d'autres moyens de se faire soigner avec l'argent qu'elles n'avaient pas gaspillé de la sorte.
• 400 victimes échappèrent à la mort qu'elles auraient connue si les rats-garous les avaient attaquées directement ou avaient causé des troubles qui auraient empêché les soigneurs de combattre l'épidémie.
• 500 citoyens de Korvosa échappèrent à la mort car les zombis créés par l'elfe folle n'avaient pas eu l'occasion de propager le carnage et la maladie au sein du district de la Rive Gauche.
• 1000 citoyens de Korvosa furent sauvés grâce au remède découvert par les aventuriers et mis à disposition de la Garde et des divers temples de la ville.

Au cours des jours qui suivirent, la rumeur d'un espoir naissant se mit à se répandre dans les rues de Korvosa. Même si les uns et les autres avaient décidé de garder le secret, du moins officiellement, la chose s'était sue… l'un ou l'autre des malades soignés au temple de Sarenrae avait peut-être remarqué quelque chose, l'un de ceux à qui Arlandeth avait administré le remède avait peut-être parlé à sa famille ou à un visiteur venu prendre de ses nouvelles… Quelle que soit la source la fuite, la nouvelle se répandit comme un crépitement diffus partiellement noyé dans les gémissements qui tourmentaient encore la ville, mais qui annonçait un nouvel espoir.

Au cours des semaines qui avaient précédé, les aventuriers avaient œuvré à de multiples reprises pour combattre la propagation du Voile Sanglant… tout d'abord en éclaircissant les sombres manigances d'un collecteur de morts peu scrupuleux qui avait, peut-être sans le savoir, nourri un nid de vampiriens dans la Point Nord (des vampiriens sans doute liés de près ou de loin au pâle Ustalavien croisé dans les sous-sols de l'Hospice). Un peu avant cela, ils s'étaient manifestés dans le "Camp des voleurs", le repaire des Varisiens, pour venir en aide à la nièce de Grau, qui avait succombé à la maladie après avoir récolté une étrange boîte contenant des pièces contaminées.

Ils avaient également fait fermer boutique à l'arnaqueuse vendeuse de parfums et de faux remèdes qui se faisait appeler Lady Lavande, convainquant de nombreuses personnes de ne pas se laisser avoir par ses vaines promesses, libérant Fergus et dévoilant que la "cure" de la bonimenteuse n'était en fait qu'une infusion de pétales de rose dans de l'eau du fleuve Jeggare !

Leur action suivante, auprès des rats-garous de Korvosa, avait sans doute été moins visible aux yeux des "bons" habitants de Korvosa mais, grâce à leur intervention, ils étaient parvenus à disloquer un groupe de rebelles sur le point de profiter de la misère qui s'abattait sur la ville. De ce fait, ils s'était attirés les bonnes grâces de certains de ces rats-garous… et parmi ces derniers, qui étaient visiblement capables de s'infiltrer dans de nombreuses couches de la société korvosienne, certains s'étaient sans aucun doute senti fort reconnaissants envers eux.

Ils avaient également agi dans la Rive Sud, le nouveau quartier riche situé au sud-ouest de la ville, en libérant le sieur Carrowyn qui s'était enfermé dans sa cave après qu'une elfe folle-dingue, apprentie du nécromancien Rolth, ait transformé en zombies ceux qui avaient été invités à la soirée costumée organisée par sa femme. La mauvaise tournure qu'avaient prise les événements avait certainement nui à la réputation des Carrowyn, mais le noble, qui leur était redevable, avait sans doute gardé un certain poids.

Puis, finalement, ils étaient entrés en contact avec les malades gardés à l'Hospice et les prisonniers torturés en sous-sol, les avaient délivrés et avaient requis l'aide de plusieurs temples et de la Garde pour démanteler le groupe de faux médecins qui était apparemment à l'origine de bon nombre des derniers malheurs de Korvosa !

Comment s'étonner, dès lors, que la rumeur n'évoquait pas seulement une possible cure au Voile Sanglant, mais également l'importance du rôle qu'avaient joués les aventuriers dans ce nouvel espoir !

Ces jours-ci, ils étaient plutôt en repos : la Maréchale et le temple d'Abadar devaient s'arranger pour faire venir à Korvosa les biens nécessaires à la conception du remède et les autres temples et la Garde devaient préparer tout le nécessaire pour la fabrication et la distribution de la cure. Les aventuriers en avaient profité pour vendre quelques biens, régler des affaires laissées en suspens et commander de nouveaux équipements ici et là.

Quand Théobald avait rendu visite aux frères Partagemme pour revendre quelques-unes des pierres précieuses qu'ils avaient collectées au fil des rencontres de ces dernières semaines, les commerçants le reconnurent. « Au fait, vous êtes l'un de ces gaillards qui avez fait fermer la Lady Lavande, n'est-ce pas ? Une de nos cousines faisaient partie de ceux qui attendaient devant le magasin et qui vous ont vus. » Théobald avait hésité un moment pour savoir comment prendre la chose… mais, au final, les deux joaillers étaient venus poser devant lui un petit corbeau sculpté en argent, avec deux minuscules émeraudes comme yeux. Ils avaient posé l'objet sur le comptoir avec délicatesse avant de dire qu'il « sera certainement plus utiles à vous et à vos camarades qu'à nous. » Ils précisèrent qu'après la fermeture de l'échoppe de Lady Lavande, leur sœur avait dû se résoudre à venir les voir pour rassembler l'argent nécessaire à une guérison magique au temple d'Abadar et que, grâce à cela, leur neveu avait pu être sauvé. Sans cela, le jeune homme aurait certainement connu une fin atroce après avoir imbibé de la vulgaire eau du Jeggare. « Considérez cela comme un remerciement pour ce que vous avez fait ! » avaient-ils conclu. Il s'agit d'une statuette merveilleuse de corbeau en argent.

Kar'Uz, quant à lui, avait visiblement fait forte impression auprès de l'évêque d'Bear de la Cathédrale de Pharasma. Lorsqu'il retourna sur place pour commander les diverses potions et parchemins promis, l'évêque demanda à le voir. C'est dans le grand bureau froid et décoré de manière spartiate que Kar'Uz fut conduit. Sur son bureau était placé une sorte de châle-écharpe noir dans lequel étaient incrustés plusieurs morceaux d'os. « Depuis la création de la Cathédrale de Pharasma, ce lieu a toujours été comme un bastion contre les incursions des morts-vivants et, parmi notre clergé, nous n'avons pas toujours compté que des prêtres. Après votre action dans les sous-sols de l'Hospice, j'ai été visiter les réserves du temple et j'ai trouvé cet objet, qui a appartenu à un ancien défenseur du temple. Je pense qu'il pourra vous servir, et que vous honorerez ainsi la mémoire de son précédent propriétaire. » L'évêque donna quelques détails quant aux capacités de l'objet avant de le remettre au Shoanti.

Châle des ossements. Trois fois par jour, lorsque le porteur (qui doit être un ensorceleur du lignage des morts-vivants) lance un sort, il peut choisir, en une action rapide, de dépenser une utilisation de pouvoir de lignage de niveau 1, de choisir une des cibles de son sort, et d'associer l'effet du pouvoir de lignage à son sort (mais uniquement pour la cible choisie). Si le sort autorise un jet de sauvegarde, en cas de réussite, la cible échappe à l'effet du pouvoir de lignage.

L'évêque avertit également Kar'Uz de la présence d'un autre Shoanti qui était passé à la Cathédrale en demandant à le voir. Le Shoanti en question avait été envoyé vers la citadelle Volshyének.

Modifié par un utilisateur dimanche 5 mai 2013 23:42:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kar'Uz équarquilla les yeux devant le présent de l'évêque d'Bear de la Cathédrale de Pharasma. Il mit un petit moment à reprendre contenance - « Je... je... je dois dire... Que c'est... » - Il prit une profonde inspiration et saisit religieusement le châle noir - « C'est avec un immense honneur et privilège que je porterai ce présent. je ferai mon possible pour m'en montrer digne et respecter la mémoire de son précédant propriétaire. » - Il remercia la grande prêtresse et s'enquit du nom du shoanti avant de quitter le Temple de la Dame des Tombes.

Une fois sorti, il dirigea ses pas vers la citadelle et pressa même l'allure afin de ne pas arriver trop tard. Défenseurs de Korvosa et shoantis ne faisaient généralement pas bonne figure. La haine des chéliaxiens et la rancœur des shoantis rendaient la diplomatie très tendue et le moindre mot de travers ou regard un peu appuyé pouvait faire bouillir le sang chaud des chasseurs des Terres Cendrées. Par ailleurs il voulait des nouvelles de ses terres natales et pourquoi pas de Mille-Os mais surtout de Mélavéa et de leur progéniture... Elle était partie le mettre au monde là-bas loin des dangers de Korvosa. Elle avait bien fait de suivre Mille-Os, mais sa présence froide et morbide lui manquait beaucoup. Durant ces quelques jours de repos, il comptait passer quelques moments solitaires dans le cénotaphe à regarder les étoiles et à rêver que quelque part dans son pays, Mélavéa et le petit être qui poussait dans son ventre faisaient de même...

Il pressa l'allure pour atteindre la citadelle.

Modifié par un utilisateur mercredi 8 mai 2013 10:41:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le cavalier n'avait pas vraiment économisé sa monture : il désirait arriver à destination au plus tôt. Les dernières nouvelles étaient plutôt inquiétantes, et il n'était même pas certain de pouvoir retrouver le shamane vers lequel Mille-Os l'avait envoyé. Après tout, le dénommé Kar'Uz avait peut-être succombé à la terrible épidémie qui avait incité la majorité de la communauté shoantie à quitter Korvosa, "la ville ennemie". Cependant, malgré tout son empressement, c'était bien après la tombée de la nuit qu'il était arrivé en vue des murs de la cité. Trop tard pour y rentrer dès aujourd'hui s'était-il dit.

Il s'était rappelé que Mille-Os lui avait parlé du campement où lui et les siens s'étaient établis, au sud-est de la ville. Il se dirigea donc vers ce coin-là, à pas lent. Il était descendu de sa monture… elle avait bien mérité de se reposer un peu et, de toutes façons, rien ne pressait plus. Tout en progressant vers la plaine que les Shoantis avaient occupée, Peau-de-Pierre avait observé les lueurs de la ville, dissimulée derrière ses hauts murs. Dans l'obscurité de la nuit, les torches, lanternes et autres éclairages se noyaient en un halo jaunâtre qui formait comme un tapis autour de la pyramide trônant au centre de la ville, et du château qui reposait sur son sommet. C'était là le symbole de la victoire des envahisseurs chélaxiens sur les Shoantis, le château qui surplombait l'ancien lieu que les Shoantis avaient défendu.

Il restait encore quelques tentes abandonnées sur la plaine. Peau-de-Pierre s'était dirigé vers la plus proche et, après avoir débarrassé sa monture de son harnachement, il s'y était installé pour passer la nuit.

Au petit matin, il s'était dirigé vers la porte de ville la plus proche. Les gardes qui y étaient de faction l'avaient regardé s'approcher. Peau-de-Pierre s'était rapidement rendu compte qu'il était sans doute une attraction rare. Non seulement n'y avait-il plus qu'une petite poignée de Shoantis en ville mais, en plus, rares étaient les visiteurs qui cherchaient à entrer dans Korvosa de ces temps-ci. Quand les gardes lui avaient demandé la raison de sa venue en ville, il avait répondu qu'il venait voir quelqu'un. Les gardes ne lui en avaient pas demandé plus et, après l'avoir mis en garde contre l'épidémie et avoir fouillé sommairement ses sacs, ils l'avaient laissé entrer en ville.

Peau-de-Pierre s'était dirigé vers le quartier sud-est de la ville, le District Gris. Mille-Os lui avait indiqué qu'il pourrait sans aucun doute se renseigner à la Cathédrale de Pharasma, l'endroit où le chamane travaillait. Sur place, on lui dit que Kar'Uz n'était pas mais qu'il avait récemment travaillé avec la Maréchale de la Garde. On l'avait donc envoyé vers la citadelle Volshyének, la garnison de la Garde de Korvosa.

Une nouvelle fois, il avait dû retraverser la ville, s'arrêtant souvent pour demander son chemin aux rares passants qui se trouvaient dans les rues ; l'épidémie avait clairement incité les korvosiens à rester chez eux et à éviter les contacts. Et ce n'était pas chose facile, car parmi les rares citadins à sortir, ceux qui acceptaient de s'arrêter pour converser (et avec un Shoanti, de surcroît), étaient encore plus rares !

Il lui avait fallu une bonne heure pour arriver devant les grillages de la Citadelle Volshyének. Là, on lui avait fait savoir que le Shoanti et ses compagnons passaient sur place de temps en temps et on lui avait suggéré d'attendre à l'entrée.

Après deux bonnes heures d'attente stoïque, il avait vu s'approcher un groupe dans lequel figurait un grand Shoanti à la peau recouverte de poudre blanche par endroit.

Kar'Uz se figea un court instant et regarda avec attention le cavalier au crâne chauve et la peau hâlée qui se tenait devant la porte de la citadelle. Il regarda alentours avec méfiance puis ouvrit le manteau des médecins et ôta son masque afin de révéler sa nature et sa tenue traditionnelle. Kar'Uz était grand pour un humain, entièrement glabre, lla peau recouverte d'une texture qui lui donnait une couleur blanche, comme de la fumée, le visage parcouru par des peintures rituelles rouges. Il portait une sorte de grande robe traditionnelle composée d'une multitude de pièces de vêtements noirs qui se chevauchaient les unes sur les autres pour former comme une sorte de... plumage. UN grand châle sombre était passé sur ses épaules. Ses pieds étaient chaussés de bottes en peau animale, maintenues par des lanières de cuir. Sa tête était coiffée par une sorte de crâne d'oiseau entouré de plumes noires qui redescendait presque jusqu'au milieu du dos, comme s'il faisait partie intégrante de la tunique. Pour tout armement, une dague finement ouvragée était accroché à la ceinture qui lui enserrait la taille, une fronde pendouillait mollement le long de son flanc droit, juste à côté d'une masse d'arme légère et à la main il tenait un épieu dont la hampe était sculptée de nombreux symboles et dont la lame était longue et effilée.

Kar'Uz remit le masque en forme de tête de corbeau qui avec sa coiffe lui donnait vraiment une allure cynique et tel un oiseau de mauvais augure, il s'avança vers le cavalier sans un mot, froid, droit, le regard perçant et inquiétant. Arrivé à sa hauteur il s'arrêta et se tourna vers lui. D'un ton détaché comme s'il paraissait lointain, la voix d'outre tombe qui caractérisait ceux qui œuvraient pour la Dame des Tombes - « Tu dois être celui qui s'est présenté à la Cathédrale de Pharasma... Je suis Kar'Uz, chamane Corbeau de la Dame des Tombes et dernier représentant des shoantis de Korvosa. Quelles sont les nouvelles des Terres Cendrées ? »

Toujours de sa voix atone et froide, Kar’Uz répondit au shoanti – « Bienvenu dans l’enfer de Korvosa, Peau de Pierre fils de Brise-Crânes… L’endroit n’est pas des meilleurs pour partager le calumet. Allons dans ma tente à l’ancien campement shaonti ou dans notre refuge actuel… Je ne sais pas s’il y a un endroit pour ton cheval, c’est quelque chose de si rare à Korvosa après ce qu’il s’est passé. Mais c’était à priori une boucherie autrefois, je pense qu’on pouvait y faire entrer des bœufs, alors un cheval, on doit pouvoir trouver une place… »

Il s’arrêta le temps de jauger la réaction devant sa dernière proposition. Il esquissa ce qui pouvait ressembler à un sourire – « Je serais heureux d’avoir des nouvelles de Mille-Os et des chasseurs qui sont partis avec lui de Korvosa. Je serais heureux aussi d’avoir des nouvelles d’une jeune femme demi-elfe qui voyageait sous leur protection. Je te présenterai ces personnes qui m’accompagnent et je te ferai un rapide tour de la situation. Il y a encore tant à faire avant que j’atteigne la pyramide… Mille-Os a dû avoir une terrible vision pour envoyer un fier guerrier shoanti pour me protéger. La route dans ces sombres ténèbres doit devenir de plus en plus mortelle. Peut-être a-t-il senti comme moi la présence de cette ombre maléfique qui plane sur Korvosa, ce dragon qui rit des malheurs et des fléaux qu’il abat sur la ville. Cette chose joue avec la mort et ne respecte ni les Dieux ni la Dame des Tombes. Jusqu’à présent nous avons gagné quelques batailles, mais nous sommes loin d’avoir gagné cette guerre. Viens, Peau de Pierre allons partager le feu, le tam-tam et le calumet. »

Si le cheval peut être hébergé chez Lamn, alors on va là-bas, sinon au campement shoanti (enfin ce qu’il en reste ) dans ma tente.

« Ils vous saluent également, Peau de pierre. Je réponds au nom d'Arlandeth, porteur de la parole de la fleur de l'Aube sur cette terre. Ravi de voir que le peuple shoanti va revenir en ces murs. Peut-être que l'espoir va ressurgir en ces lieux et balayer les malheurs de cette ville.  »

Arlandeth est un homme qui passe totalement inaperçu d'un point de vue physique. Pas de gros muscles, pas d'une stature exceptionnelle ni même un gabarit impressionnant. Il avait cependant un certain verbe qu'il savait manier assez bien selon les standards.

Modifié par un utilisateur mercredi 15 mai 2013 19:13:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le groupe avait rejoint la poissonnerie de Lamn. KU n’avait pas décroché les mâchoires pendant tout le trajet, c’était inutile et… dangereux. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur et à l’abri qu’il se débarrassa du manteau des médecins pour n’apparaître qu’avec son habit traditionnel. Il ôta le masque aussi, la maison malgré son odeur tenace de poisson pourri était saine. Il proposa à Peau de Pierre de se mettre à l’aise et prépara un mélange d’herbes dans le foyer de la pipe rituelle. Il invita tout le groupe à venir sceller l’union tout en les présentant un par un pour ceux qui ne l’avaient pas déjà fait – « Abbaër, le nain chauve à la peau dorée, l’un des plus farouches défenseurs de la liberté, c’est le premier héros de Korvosa qui a croisé ma route. De son groupe initial, il ne reste que lui et Grigàn, l’homme juste derrière qui fait le guet. Les autres sont partis et Mélavéa faisait partie de ce groupe… Maître Théobald Ithier, inquisiteur de Iomédae… Fergus Malibran, un alchimiste à la recherche de l’antidote contre le Voile Sanglant que nous avons sauvé des griffes d’une marâtre vendeuse de faux espoirs… Arlandeth prêtre de Sarenraé, venu en tout dernier lieu rallier la cause de ceux qui essaient de combattre le fléau et la maladie. Son temple s’occupe actuellement des nombreux malades du Voile et sont les premiers à être servis par le remède que Fergus et Abbaër ont trouvé.

Par où commencer… Depuis que je suis arrivé à Korovsa, de nombreux troubles ont agité la ville. La mort du roi Théodred, assassiné, a jeté le chaos puis sa très jeune veuve, la reine actuelle a redressé la barre à grand coups de Loi Martiale instaurée par les chevaliers infernaux. Le Corbeau a agité mes nuits de nombreux cauchemars. Quelque chose de sombre plane sur cette ville et tant que nous n’en serons pas débarrassés, je ne pourrai pas entrer en contact avec les esprits de nos vaillants ancêtres défunts, morts et sacrifiés pour avoir défendu la pyramide sacrée. Avant l’arrivée du Voile Sanglant, il n’y avait que troubles et escrocs qui profitaient de l’anarchie. Les émeutes ont secoué chaque ethnie en marge de ce que ces chéliaxiens considèrent comme des ennemis. A chaque manifestation, la reine sortait un nouvel édit des plus affligeants les uns que les autres. Les rues devenaient dangereuses et le neveu de Mille Os fut victime d’homophobes. Son corps avait été emporté par un vil nécromant, démembré et des parties devaient constituer une sorte de monstre de chair animé. Nous avons réussi à récupérer chaque partie du corps du neveu et à les rapporter au campement shoanti. J’ai procédé au rituel funéraire afin que son âme trouve le chemin de l’Ossuaire. Mais la haine avait éveillé l’esprit de vengeance et les chasseurs voulaient mettre la ville à feu et à sang, en appelant aux tribus des plateaux et recommencer cette guerre. Dans sa sagesse, Mille-Os a préféré quitter ces terres devenues inhospitalières mais surtout le Voile Sanglant venait d’arriver. Cette peste frappa rapidement toute la population et fut à l’origine de nombreux heurts. Des jours de recherches nous ont permis de comprendre et de trouver la source de ce fléau. Une alliance maléfique entre des prêtres et prêtresses du culte impie de la déesse des morts-vivants, Urgathoa, un assassin des Mantes Rouges, une organisation criminelle, un maître vampire Ustalavien et ce fameux nécromant qui recommençait ses expériences. Nous venons récemment de sortir des souterrains qui les abritaient et abritaient leur fabrique de maladie mortelle. Aujourd’hui, nous œuvrons pour mettre un terme à cette peste. Le culte de la déesse pâle est tombé, j’ai emmené moi-même ses prêtres et sa grande prêtresse en jugement devant la Dame des Tombes par l’intermédiaire de la grande abbesse du temple de Pharasma. L’assassin Mante Rouge a été vaincu, nous avons vengé le neveu de Mille-Os, le nécromant doit connaître mille souffrances pour l’éternité dans le Monde du dessous.

Mais il reste encore à faire et notamment, le Corbeau m’a laissé cette image profondément encrée dans la mémoire. Cette forme sombre et maléfique qui plane sur Korvosa et qui rie de tous les maux dont elle subit, de tous les maux qu’il a lui-même provoqué. Ce qui est certain c’est que la reine est complètement pervertie et ralliée à la cause maléfique du Cheliax, qu’elle a la main mise sur la ville avec ses Vierges Grise, une sorte de garde personnelle de femmes guerrières, elle est peut-être maléfique ou alors simplement le jouet de cette chose maléfique. Ce qui est sûr, c’est que nous ne pouvons faire autrement que de tenter de combattre ces ténèbres et une fois la lumière revenue, alors je pourrai monter sur la pyramide de nos ancêtres. Notre seul allié, c’est nous même, un groupe de personnes qui tentent de donner une chance aux pauvres gens qui n’ont aucun moyens de se défendre contre ça, c’est de permettre à Pharasma de décider du destin des hommes et non à des mortels qui ont la prétention de vouloir choisir à sa place. La cause d’Abbaër c’est de défendre les pauvres gens de Korovsa, celle de Théobald, de rendre la Justice, celle d’Arlandeth de rendre la lumière et la vie à Korovsa, de Fergus de trouver les remèdes à tous les maux, la mienne, c’est de permettre aux âmes de nos ancêtres de trouver le chemin de l’Ossuaire et d’être enfin en paix. Toutes les nuits dans mes cauchemars je les entends hurler, c’est atroce… Toutefois, pour le moment, nous pouvons compter sur une alliée : la Maréchale Kressida Croft. La Garde tente de protéger le peuple contre le fléau, mais elle doit rester fidèle à l’usurpatrice de par les lois qui la régissent. C’est une position difficile pour la maréchale, mais pour le moment, elle a toujours été de notre côté et surtout : elle respecte les shoantis et leurs traditions, ce qui le rend honorable et respectable selon moi.

Abbaër a raison, nous allons laisser ton cheval chez la sœur d’un de ces soldats que nous connaissons bien. C’est quelqu’un de sûr et contre quelques pièces, la sœur de Grau sera ravie de prendre soins de ta monture. Au retour, nous passerons à la citadelle et je te présenterai à la Maréchale. Abbaër, nous reste-t-il un masque des médecins pour Peau de Pierre, fils d'un des plus illustres guerriers des Plaines de Cendres. »

Pendant son long monologue, Kar’Uz avait allumé la pipe rituelle et après s’être imprégné en 2-3 bouffées, il la passa à Peau de Pierre, l’invitant à fumer et à faire tourner avec ceux qui avaient bien voulu participer au « feu de camp ».

Peau de Pierre acquiesça en silence lorsque les autres membres du groupe se présentèrent à lui. Il suivit Kar'Uz sans faire d'histoire lorsqu'il décida de l'emmener dans une poissonnerie, intrigué néanmoins par la nécessité pour un fier chamane shoanti de recourir à un déguisement. Il fut ravi de découvrir un espèce pouvant servir d'enclos fermé, protégeant son cheval de passants peu scrupuleux. Il y attacha sa monture et suivit le groupe à l'intérieur.

« Je ne saisis pas toutes les subtilités de votre situation, Corbeau, mais je cerne sa complexité. Je n'ai jamais rencontré de mante rouge ou de vierge grise et ne connais Urgathoa que de nom. Comme je l'ai dit plus tôt, je me contenterai dans un premier temps de suivre tes instructions, et j'agirai suivant tes indications, Chamane. La seule chose que j'aimerais te demander, c'est de mener ma monture à un endroit sûr.

Et si tes compagnons et toi jugez qu'une personne de confiance pourra s'en occuper, alors je vous suivrai. »

Il marqua une pause pour aspirer une bouffée de tabac, avant de s'adresser au reste du groupe.

« Je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas l'habitude de collaborer avec des étrangers, qu'ils soient varisiens ou nains. Mais vous avez la confiance de Kar'Uz et il a la mienne, vous pouvez donc compter sur ma loyauté, tant que nos intérêts convergeront. Je suis envoyé pour aider Kar'Uz à libérer Korvosa. Beaucoup des nôtres ont souffert ici, y compris depuis notre départ et il est anormal que la cité qui abrite notre Grand Mastaba soit déchirée de la sorte.

Je ne vois néanmoins aucune raison de me cacher. Aussi, je vous remercie de vouloir m'offrir un masque, mais je suis fier d'être shoanti et je ne vois pas de raison de chercher à dissimuler mon visage pour le moment. Si des fanatiques essaient de s'attaquer à moi à cause de mes origines, je leur montrerai ce qu'il advient de celui qui appelle la foudre. Mais soyez rassuré, je ne provoquerai personne sans raison.

Allons, ne perdons pas de temps. Je ne veux pas que mon arrivée retarde trop fortement votre organisation. » dit-il se remettant debout.

Modifié par un utilisateur dimanche 19 mai 2013 21:41:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Peau de Pierre regarda droit dans les yeux l'homme grisonnant qui l'examinait.

Il répondit avec cynisme :

« Contrairement à ce que vous pourriez penser, tous les Shoantis ne vivent pas les yeux rivés sur votre belle cité. Pour ma part, je n'avais aucune connaissance de votre fléau avant que Mille-Os m'en parle. Maintenant si vous me demandez ce que mon peuple éprouve envers la main mise chéliaxienne sur la ville... »

Le guerrier sourit et ne termina pas sa phrase.