« Je suis d'accord avec Aelaendlara, mais tuer des femmes sans défense, même si elles sont adepte du déesse mauvaise, me parait compliqué.  »

C'était une chose pour Andreï de faire la guerre à des envahisseurs venus pour tuer les habitants de leur pays. Mais tuer des femmes sans armes, c'était pour lui une chose inconcevable.

Allister continuait d'écouter ses compagnons sur la marche à suivre. Chacun avait un avis plus ou moins clair du danger que pouvaient représenter les soeurs de Gyronna pour la communauté. Et l'idée générale qui se dégageait était qu'elles devaient quitter les lieux, d'une manière ou d'une autre.

Le jeune homme prit à son tour la parole. « Je crains que quelque soit la solution que nous choisissions, elle ne se termine de la même manière... par une élimination pure et simple du culte et de ses adeptes. En choisissant de les laisser trop longtemps dans le fortin, elles finiront par instiller leur fiel dans toute la région et toucherons immanquablement Pont-Epine. Si nous les éliminons trop "brutalement", leur sort risque de nous mettre à dos une partie de la population qui voit en elles une solution à ses problèmes... Mais si nous ne faisons que les enfermer, elles pourraient passer aux yeux de certains pour des martyres et leur pensée continuera de se développer. Quelque soit la manière dont on mettra un terme à leurs agissements, nous allons être confrontés à une réaction négative d'une partie de la population. Ce sera à nous de trouver le meilleur moyen de minimiser cette réaction. Et le plus tôt nous agirons, le plus facilement nous pourrons éviter que leurs idées ne s'installent trop durablement. Nous pourrons même expliquer plus simplement la raison qui nous a poussé à agir et retourner à notre avantage ce qui pourrait passer pour une décision inique. »

Allister marqua une pause, puis, comme pour attirer à sa décision les derniers indécis, il ajouta. « De toute manière, nous ne serons pas en mesure d'annexer le territoire du fortin tant qu'elles l'occuperont. Finalement, leur élimination sera un mal pour un bien. Lorsque nous serons maîtres des lieux, nous pourrons bien plus facilement en contrôler la destination. »

Il marqua une nouvelle pause en observant tour à tour ses compagnons puis il ajouta. « Voilà ce que je vous propose. Laissons-nous un ou deux jours pour les observer ainsi que leurs allées et venues. Ensuite, en fonction de ce que nous aurons appris sur elles, retournons les trouver et demandons leurs fermement mais calmement de quitter les lieux et de s'installer autre part - nous pourrons par exemple prendre pour prétexte que les valeurs prônées par Gyronna ne sont pas compatibles avec les nôtres - et en fonction de leur réaction nous agirons de manière plus explicite... Je ne doute pas de leur première réponse et que l'on soit amené à les combattre... Mais s'il s'agit d'agir avec elles comme avec la vermine, je suis prêt à en prendre le risque... »

Allister ayant parlé, Aelaendlara se mit - elle aussi - à la recherche d'un endroit dans les sous bois environnants propice à une observation prolongée des entrées du fortin.

Les voyageurs les plus aguerris du groupe se mirent en quête d'un endroit où installer leur campement. Il fallait choisir un lieu suffisamment proche du fortin pour pouvoir envoyer des guetteurs mais également assez éloigné pour garder une certaine discrétion. Au grand désarroi des fins gourmets du groupe, cela allait également entraîner une interdiction de faire du feu, que ce soit pour se réchauffer ou pour cuisiner. Hors, en ce sortir d'hiver, les nuits étaient encore très fraîches ; heureusement, entre les sorts des uns et des autres et les couvertures emmenées par les voyageurs, ils allaient normalement devoir s'en sortir.

Un peu avant midi, le groupe tomba d'accord pour s'installer dans un petit bosquet perdu au sein de la forêt qui s'étendait au pied du monticule portant le fortin en ruines. Alors que certains montaient le campement, d'autres prenaient leur premier tour d'observation dans les fourrés qui jouxtaient le chemin menant vers le fortin. Si le royaume d'Äé ne s'étendait pas jusqu'aux rives du lac des Défenses, il n'en était toutefois pas très éloigné. Dans les territoires protégés par des patrouilles de gardes, des petits patelins s'étaient développés ici et là, à côté d'un point d'eau, d'une réserve de bois précieux, près d'un gisement de pierre, au sein d'un lieu particulièrement accueillant ou beau, ou tout simplement à un endroit qui avait été habité autrefois, avant que la Ceinture Verte ne soit abandonnée. Certains de ces petits patelins étaient à quelques heures de marche à peine du fortin.

Au cours du premier jour d'observation, une seule visiteuse se rendit au fortin. Il s'agissait apparemment d'une femme d'apparence ordinaire, une paysanne. La femme en question s'entretint une demi-heure avec les sœurs de Gyronna avant de s'en retourner. Au cours des deux jours qui suivirent, il y eut quelques autres visites du même genre. Visiblement, il s'agissait de femmes habitant les environs et qui, pour une raison ou une autre, ressentait de l'amertume, de la colère ou de la haine envers quelqu'un et venait déverser leur ire auprès des Gyronniennes… et peut-être recevoir d'elles divers "conseils" quant à la meilleure manière d'exorciser la colère qui les tenait.

Cette constatation ne tarda pas de susciter un certain malaise chez certains des aventuriers : ils s'attendaient peut-être à trouver un groupe d'adoratrices de Gyronna facile à identifier et à combattre, mais que pouvaient-ils bien faire face à une menace qui "contaminait" de simples citoyens de l'Äé que la rancœur poussait à venir chercher conseil auprès des Gyronniennes ? Dans tous les cas, l'élimination discrète de la menace ne semblait pas chose aisée…

Gaëlan prit la parole :

«  Nous devons agir autant physiquement que politiquement. Lorsque nous rentrerons au fortin, nous devrons faire une proclamation déclarant le culte de Gyronna interdit sur le royaume d'Aë. En fonction des "mécontents" nous pourrons sentir un peu si c'est un culte respecté ou non. Ensuite, nous pourrons venir leur demander de partir, ou de les éliminers le cas échéant, en revendiquant le fortin comme notre propriété. Pour l'instant, ce culte n'est pas illégal, comme aucun autre en AË, et nous ne pouvons les exécuter sous le seul motif de notre dégoût pour leur croyance. Nous devons d'abord rendre nos actions légales, par un vote du conseil.

Je vous propose de continuer un peu l'exploration, et d'agir politiquement lors du prochain conseil, dans quelques semaines.  »

Une fois de retour à Pont-Épine, Évan fit sa tournée habituelle... Après avoir salué Suri, il fit le tour des commerçants halfelings en premier lieu pour récupérer le plus de ragots possibles. Puis, il employa sa journée à recenser les disputes en mari et femme, les femmes qui avaient été mises de côté par la communauté grandissante de la ville, enfin, toutes personnes pouvant tisser les sombres toiles de Gyronna.

• Connaissance Folklore local : 1d20+6 donne [8] + 6 = 14
• Diplomatie si besoin : 1d20+3 donne [16] + 3 = 19
• Psychologie : 1d20+5 donne [20] + 5 = 25
• Discrétion : 1d20+14 donne [14] + 14 = 28

L'une des grandes forces du chasseur traquant sa proie étant la patiente dans l'attente, Aelaendlara n'eut pas trop de problème à gérer les longs moments d'observation du fortin.

Et Neige en profita pour aller gambader dans les sous bois environnants, faisant la course avec les créatures des sous bois rencontrées.