alt regardait, médusé, tout ce monde qui s'activait et faisait marche arrière. Il reprit la clé des mains du demi-orque et promena à nouveau son regard du portail jusqu'à celle-ci et inversement. Il secoua la tête puis rappela ses compagnons : « S'il-vous-plaît !? » Il s'éclaircit la voix et marqua une pause pour donner à ses mots un autre écho. « Ne vous ai-je pas expliqué comment fonctionne cette clé ? Si la magie ne s'est pas activée, c'est tout simplement qu'elle n'est pas liée à ce portail, pas la peine d'aller demander à une... à Hatch. Un simple test sur l'autre portail pourrait vous en convaincre, si toutefois elle est appariée à celui-ci. » Le nain rendit la clé au colosse, lissa ses moustaches puis flatta Snjòr en attendant les réactions des membres du groupe.


PJ, Tour Pâle, déplacements

Xoran resta silencieux un instant, jaugeant les paroles du nain. « Aye. Si vraiment tu es sûr que cette clé n'est pas reliée à ce portail, nous ne pouvons pas monter jusqu'au repaire des sorcières de toute façon. Ces clés sont magiques, si nous en avions raté une lors de la fouille, nous l'aurions forcément repérée par son aura. Cela veut dire que notre seule chance d'en trouver une, maintenant que nous avons tout nettoyé ici, est chez les corbeaux. » Il s'interrompit, semblant réfléchir...

« Ce qui nous ramène à l'autre question : avons-nous un plan ? Comment chasser une nuée de corbeaux, à part attendre d'être picorés à mort et qu'ils se soient repus de nos yeux ? Bien sûr, on pourra toujours faire de grands moulinets avec nos armes, mais ce ne sera peut-être pas suffisant... Akin, tu as parlé de feux grégeois, combien en avons-nous ? »

Ortog ne connaissait pas grand chose aux sorcières, mais il émit une idée.

« Les corbeaux, même en nuées, ne sont pas des créatures maléfiques. J'imagine que ce sont ces sorcières qui les contrôlent, et en l’occurrence une qui doit vivre là-haut. La solution vient peut être d'éliminer celle-ci au plus vite avant qu'elle n'ait vomi ses ordres. »

BM privée. Marcher dans la neige.

L'inquisiteur ne s'étonna guère du refus de son plan audacieux. Ses compagnons avaient définitivement la tête sur les épaules. Par contre, il fronça les sourcils lorsque Kalt affirma que la clé n'était pas réglée sur le portail. Il n'en était pas si sûr, même s'il avait proposé cette solution dans ses derniers propos. Lui-même penchait davantage pour sa deuxième idée : une coupure volontaire de la sorcière en chef. Mais peu importait. Il rangea dans une case mémorielle la nécessité de discuter passionnément technique magique avec le nain.

« Tu as raison, Kalt. Je ne me rappelais pas ce détail. Pouvons-nous parlementer avant de frapper ? Cette nouvelle recrue peut se montrer loquace ou inoffensive si nous lui promettons la vie sauve. Enfin, nous verrons bien, en effet. »

Une moue sceptique déforma les traits de l'osiriannais.

« Je penche plutôt pour le débarquement d'un guerrier en premier. Je suppose que ta méthode pourra toujours fonctionner ensuite, si la rencontre n'a pas dégénéré en conflit ouvert. »

Kalt s'assombrit un instant, comment Xoran pouvait-il penser qu'il était aussi benêt et simplet que ça ?

« Je ne parle pas de régler ça avec les mots - je ne suis pas naïf à ce point, Xoran - mais plutôt avec quelques artifices magiques qui nous rendraient amicaux à leurs yeux pour quelques heures. Pour concilier les deux, Akin, peut-être Ortog pourrait-il entrer le premier et moi en deuxième ? Si la situation n'a pas totalement dégénéré, il me sera possible d'user du charme que j'ai en tête, son objectif sera alors de gagner quelques précieuses secondes à l'aide de paroles bien choisies, l'arme baissée. De toute façon, la vitesse et la surprise ne nous donnent aucun avantage - ces fichus téléporteurs ! - et les armes seront probablement très peu efficaces contre les dangers qui se trouvent là-haut. Je pense que c'est à Ortog de trancher...  »

Akin se renfrogna.

« Une chose, Xoran, avant de poursuivre. Si tu n'es pas prêt à parlementer et que tu souhaites foncer dans le tas, préviens-moi tout de suite : j'attendrai en bas quelques minutes avant de te rejoindre, histoire d'être débarrassé de toi une bonne fois pour toute. Il est grand temps que tu sois plus ouvert aux idées des autres et moins hautain. À bon entendeur. »

Il se tourna vers Kalt.

« Oui, comme toi, je pense qu'Ortog est manifestement le seul guerrier digne de confiance, et donc à envoyer en premier là-haut. Nous ne savons pas ce que cela va donner, c'est sûr Ae, mais je serai toujours partisan d'une méthode douce. »

Il tenait son feu grégeois dans la main droite et son bouclier à gauche, prêt à suivre le mouvement.

D'abord surpris par les commentaires acides de l'osirionais, Xoran sentit la colère l'envahir, une colère proche de la rage. Sans prêter attention aux paroles apaisantes du paladin, il cracha par terre et franchit en deux grands pas la distance qui le séparait d'Akin. « Pas digne de confiance ? Ferme ta grande bouche, beau parleur que tu es ! Si tu es encore en vie, c'est parce que j'ai détruit la pomme de terre démoniaque dans la serre, et je ne l'ai pas fait avec des paroles mielleuses, mais avec ça ! » hurla-t-il en brandissant son énorme épée sous le nez de l'inquisiteur.

Il continua à éructer, des filets de salive coulant de sa bouche déformée en un rictus effrayant à voir : « Et toi, es-tu un guerrier digne de confiance ? Qu'as-tu fait depuis notre arrivée ici ? Tu ne prends aucun risque, ta belle armure est toute propre et tu n'as presque pas de sang sur tes vêtements. Tu n'es pas un guerrier ! Tout au plus t'es-tu risqué dans un glorieux combat contre une fée d'un pied de haut, mais nul doute que c'était là un adversaire à ta mesure ! Pour moi tu ne sers à rien, à part à penser nos plaies, faire le feu et préparer le repas. Si tu étais une femme, tu pourrais au moins réchauffer ma couche, mais tu n'as même pas cet avantage ! »

Le géant s'interrompit un instant, surpris lui-même par la violence de sa réaction. Il tremblait de rage, sa respiration était courte. Pourquoi était-il aussi furieux ? Mais l'accès de colère était en train de passer, et il ajouta simplement d'un ton amer : « là où j'ai grandi, les gens ont un proverbe : "Accueille dans ta hutte l'aveugle comme ton frère, mais celui qui ne veut pas voir, jette-lui plutôt des pierres." Tu te trompes sur mon compte, je ne cherche pas le combat. Je l'attends, c'est tout. Je connais la vie et je sais ce qui est : tes précieux mots ne servent à rien ici, car nous sommes entourés d'ennemis qui veulent notre mort. Mais toi, tu ne le vois pas car tu es un crétin et un fou, et tu te berces d'illusions. Puissent les dieux t'ouvrir les yeux avant que tu ne meures, tué par ton propre aveuglement, Akin d'Osirion ! »

Xoran tourna le dos à Akin et s'éloigna de quelques pas. Dans un grand cri rageur, il envoya valser une pièce de mobilier qui alla se fracasser contre la paroi de glace.

Modifié par un utilisateur jeudi 22 janvier 2015 20:09:23(UTC)  | Raison: Non indiquée

Akin écarquilla les yeux lorsqu'il vit la masse écarlate débouler dans sa direction. Il eut un bref mouvement de recul, impressionné malgré lui. Quelle violence ! Non mais ... Non mais ...

« NON MAIS ! Espèce de bourrin mal dégrossi ! Quelle femme souhaiterait se faire réchauffer par un lourdaud dans ton genre, je me le demande ! Une bête au cœur de glace ! Si mes soins ne t'avaient pas sauvé plusieurs fois déjà de la mort, tu aurais été bien incapable d'occire quoi que ce soit, débile profond ! Monsieur ne jure que par les armes, ne respecte que les guerriers et prétend pourtant ne pas chercher le combat ? Bah ! Tu sais où tu peux te la mettre, ta grosse épée ?! Rhaaaaa ! Je ne sais même pas pourquoi je discute, autant parler à un mur ! »

Poings serrés, il tenta de contrôler le chevrotement de sa voix, colère et peur s'alliant pour contrarier sa volonté.

« Désolé Ortog, mais cet ... homme est tellement hautain. C'est rageant de se faire traiter d'idiot par plus idiot que soit, quand même, non ? Et l'opinion qu'il a sur les femmes. Je m'étonne qu'il ne les appelle pas femelle. » Il osa un sourire timide et poursuivit sur un ton presque léger : « il fallait bien que ça sorte, mon frère. Et finalement, tu sais quoi, ça fait du bien ! Héhé ! Je crois que je suis bien chaud, maintenant. Vas-y, nous te suivons. »

Il jeta tout de même un regard en coin à Xoran, des fois que ce dernier lâche les chevaux. Son cerveau emballé par l'adrénaline étudiait déjà toutes les possibilités de fuite ...

Faisant face à la paroi de glace de la salle où ils se tenaient, Xoran écouta sans broncher le demi-orque le morigéner. Ce dernier avait raison, bien sûr, et montrait en cette occurrence ses qualités de chef. Sidéré par son propre accès de rage, le shoanti se renferma en lui-même un instant, de sorte qu'il entendit la voix d'Akin monter dans les aigus sans prêter attention à ses mots.

Était-ce pour en arriver là que le Grand Dieu s'était révélé à lui dans le désert du plateau de Storval ? Xoran ne doutait pas que son destin était d'accompagner ces hommes et ces femmes, de les aider dans leur quête et, s'il le fallait, de mourir avec eux. Mais il y avait autre chose, qui le concernait lui et seulement lui : Apsu l'avait envoyé vers eux pour qu'il suive Sa Voie, pour apprendre. Mais qu'avait-il à apprendre ? L'idée lui vint que son destin était peut-être aussi de se débarrasser de ce caractère sauvage, méfiant, implacable, qu'il avait forgé au cours d'années de solitude et de tourments, et qui l'empêchait aujourd'hui d'être aimable aux autres. D'apprendre à supporter les niaiseries de gens comme Akin, de tolérer d'autres avis que le sien propre, même s'ils étaient absurdes. Bref, d'apprendre à devenir meilleur.

Ortog ne lui avait pas dit autre chose lors de leur voyage vers la Tour Pâle. L'Osirionais, pour être un idiot, n'était ni une brute sans honneur ni un méchant homme, et ne lui voulait malgré tout aucun mal, et même plutôt du bien s'ils parvenaient à faire la paix. L'idée - désagréable et difficile à accepter - qu'Akin n'ait pas tout à fait tort commençait à faire du chemin dans son esprit.

Apaisé mais de mauvaise humeur, Xoran prit une grande inspiration, se retourna et rejoignit ses compagnons. « Tu as raison, Ortog. Je suis prêt moi aussi. La cuisinière, je la tuerai plus tard », dit-il en désignant Akin du menton, sur un ton suffisamment exagéré pour qu'on ne puisse prendre la menace au pied de la lettre.

Modifié par un utilisateur samedi 24 janvier 2015 09:48:03(UTC)  | Raison: Non indiquée