Détails d'une sécession

Californication

Après l'élection de Donald Trump, le Parti Républicain s'installe de nouveau aux commandes de la Nation, bien décidé cette fois à l'emmener sur la voie d'une politique de plus en plus conservatrice et "inspirée". Après les années de règne chaotique d'Obama, c'est une situation morale délétère qui attend les théoriciens du "compassionate conservatism". En effet, la fin du XXe et le début du XXIe siècle ont été marqués par une recrudescence de la représentation du sexe (films, séries, clips, affiches...). Rien de bien neuf sous le soleil mercantile: le sexe fait vendre. A une différence près ici: à côté des représentations poursuivant ce but ("Sex is a seller"), on a également pu voir des représentations mises en scène, voulues et contrôlées par des artistes féminines, consentantes et conscientes de ce qu'elles faisaient, fières de leur corps, de leur beauté, de leur féminité et exprimant leur sexualité sans tabou. Inutile de préciser que tout cela est parti de la Californie (avant-gardiste, notamment quant aux modes, dotée d'une plus grande liberté intellectuelle et siège des grandes compagnies "d'entertainment"). Dans les discours des nouveaux maîtres de l'Amérique, la Californie et tout particulièrement LA sont assimilées à une nouvelle Babylone (terre d'immigration due à la ruée vers l'or et place de plus en plus importante de la communauté hispanique) et à une nouvelle Sodome. Patrie et mère de tous les vices, la Californie devient progressivement l'ennemi moral à abattre, le mauvais exemple pour tous les États de l'Union. Pour lutter contre cette "nouvelle décadence" (c'est l'appellation trouvée faute de mieux), les quatre grands blocs régionaux réagissent différemment, mais tous le même sens, encouragés par les imprécations et les diatribes de l'administration.

La rédemption de l'Amérique

Sous l'impulsion de la nouvelle majorité morale, le pays se crispe face à tout ce qui pourrait ressembler à une émancipation trop visible de la femme ou à une trop grande permissivité des mœurs. Progressivement s'insinue l'idée de la rédemption de l'Amérique face à l'épreuve que lui envoie le Seigneur. Elle ne pourra être sauvée que par une conduite morale sans faille qui ne se trouve bien évidemment pas du côté de la Californie. On vote des lois interdisant la fellation et la sodomie entre adultes consentants (sans distinction de sexe): on relance la propagation des théories créationnistes du monde; on interdit l'avortement, on fait porter allégeance à la bannière étoilée tous les matins à l'école, au bureau ou à l'usine; on oblige chacun à porter une puce d'identification pour « lutter contre la criminalité »; on va jusqu'à la violence physique pour contraindre les réfractaires ou les rebelles de tous genres à se soumettre au nouvel ordre moral. Pour les conservateurs, aux commandes du pays, la Californie est un repoussoir bien utile pour faire passer la pilule d'une politique sociale très dure et détourner l'attention de l'opinion d'une crise économique qui n'en finit pas. Stigmatisée pour sa permissivité, elle est rapidement mise au ban de la nation, et parfois même sommée de rentrer dans le rang.

L'indépendance de la Californie

Au printemps 2026, on ouvre en grande pompe (et grâce aux deniers de la municipalité de LA) un musée des dessous de la présidence des États-Unis avec, comme pièce de choix, une vitrine dans laquelle tout un chacun peut venir s'esbaudir devant un moulage en plâtre du sexe en érection de Bill Clinton (saxophoniste réputé de la fin du XXe siècle) disposé à côté d'un cigare cubain, les deux objets étant flanqués d'un double décimètre (et chacun de rigoler sur les raisons pour lesquelles la pulpeuse Monica préférerait le cigare de contrebande cubain au cigare à moustaches présidentiel). C'est l'inauguration de ce musée, ultime goutte d'eau qui fait déborder le vase, et de sa première exposition fortement relayée par les média qui va scandaliser l'Amérique profonde et tout déclencher. A Washington, chacun y va de son commentaire selon lequel, justement, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, que c'est une insolence de plus, que si les Californiens ne manifestent pas le respect minimum dû à l'institution de la présidence et aux valeurs ("Show some decency!") qui ont fait les États-Unis, le gouvernement fédéral pourrait décider de voter des mesures de rétorsion (coupes claires dans le budget afin de réduire à néant les subventions aux artistes, augmentation des impôts, retrait de certains pouvoirs...). Deux semaines plus tard, le maire de LA (Karen Hall) et Dexter Millius le gouverneur de Californie (représentant certes de l'État fédéral mais avant tout homosexuel ayant fait son coming out avant son élection) prononcent le même discours, le même jour (à une date symbolique: le 4 juillet 2026, 250 ans après l'original), dans lequel, après avoir cité la Déclaration d'Indépendance du 4 juillet 1776 rédigée par Jefferson, ils déclarent l'indépendance de la Californie, qui s'appellera désormais la république de Californie. A Washington, l'incrédulité domine, mais cède rapidement à la colère, puis à la résignation. Tandis que juristes et parlementaires glosent sur la théorie de l'indestructibilité de l'Union et sur la légitimité historique du coup de force, la population hors Californie ne semble pas faire grand cas de cet événement. Le crâne bourré par cinq ans de propagande moralo-religieuse, le peuple américain n'est finalement pas si mécontent que ça de se débarrasser de l'enfant terrible de l'Union. Les gens de bien se retrouvent entre eux, et l'Amérique ne pourra qu'en tirer un bénéfice moral évident.

Pour la forme et sans le soutien massif de la population, le gouvernement fédéral brandit des menaces de plus en plus précises (pour des raisons de prestige vis-à-vis de la communauté internationale, pour éviter de donner des idées à d'autres États et pour ne pas perdre la manne fiscale), le Congrès vote des mesures de représailles pour la galerie et sans réelle portée pratique, et on envoie la Garde Nationale aux frontières de la nouvelle république de Californie. On gesticule dans les airs ou au large de San Diego, mais avec si peu de conviction que personne n'est dupe, et on finit rapidement par ranger la coûteuse quincaillerie de la Marine ou de l'Air Force. Certains combats eurent cependant lieu qui causèrent la mort de plusieurs dizaines de personnes. Il semble que les véritables tensions n'étaient pas tant militaires conventionnelles que nucléaires et d'espionnage. Les très puissantes bases californiennes sont en effet passés très rapidement du côté de la République, et une guerre interne a secoué les bureaux des agences de renseignement jusqu'à ce que les anti-sécessions soient forcés de partir.

La nouvelle donne

A partir de 2027, Washington va se servir de la Californie comme d'un repoussoir (certains parlent même de laboratoire social), afin de fédérer la population autour de son projet et de se débarrasser de toutes sortes de nuisances. Progressivement, on "invite" tout ce qui va à l'encontre des principes moraux de l'Union à la quitter (déviants sexuels, "rouges", mais aussi noirs et chicanos) ou à changer de comportement ("Love us or leave us"). La Californie est stigmatisée comme le mauvais exemple, la mauvaise voie. Et on invite la population américaine à contempler sa décadence et les tristes résultats de la permissivité morale. Sans cesse, les télévisions de l'Est ou du Sud montrent les ravages de la politique libérale telle qu'elle est pratiquée en Californie. A partir de 2027, la seule représentation qu'aura l'Américain moyen de la Californie sera celle d'un État gangrené par la violence, le sexe, l'insécurité et la déchéance des valeurs qui ont fait l'Amérique.
Attention. La page que vous visitez fait partie d'un wiki de partie et ne présente donc pas un contenu officiel,
ou si elle le fait, c'est par besoin pour la partie à laquelle elle est liée.
N'hésitez pas à naviguer dans une autre section si vous cherchez des informations sur du contenu officiel publié par Paizo Inc ou d'autres
ressources, par le menu de navigation à droite ou le bandeau de navigation en haut de page.