L'Orphelinat d’Élara
Pourquoi Élara a-t-elle choisit de construire son orphelinat aussi loin de la sécurité relative de la ville ? Voilà un sujet de spéculation pour bien des villageois. En réalité, elle avait peur de les élever trop près de l’influence néfaste de ce misérable village et de ses cupides magnats du bois. L’isolation lui permettait de donner une certaine éducation aux orphelins, mais elle en paya le prix : elle mourut et tout ce qu’elle avait bâtit fut détruit. Élara ne périt pas dans un incendie mais de la main d’une orpheline folle, une petite fille dérangée nommée Jeva.
Jeva était la fille discrète et bien élevée d’une famille de potiers aisés vivant à Nid-du-Faucon. Leur sortie familiale prit un tour sanglant quand un énorme loup jaillit des taillis et massacra les parents de Jeva sous ses yeux. Les cris de la fillette attirèrent l’attention des bûcherons des alentours qui repoussèrent la bête écumante... mais pas avant qu’elle n’ait planté ses crocs dans le bras de l’enfant. Ses parents morts, Jeva se retrouva à l’orphelinat d’Élara. La charmante petite fille était devenue une enfant haineuse et monstrueuse. On découvrit la vérité sur sa nature meurtrière quand la pleine lune se leva et qu’elle se transforma en un ignoble loup-garou, massacrant trois de ses compagnons avant qu’Élara n’arrive à l’enfermer dans une réserve. Dès lors, Élara garda la petite fille enchaînée au mur du sous-sol et chaque nuit, elle essaya de purger la lycanthropie de l’enfant à coup de couteaux en argent et de fouet. Son « traitement » ne fit que renforcer la rage profonde de Jéva.
Une nuit finalement, Jéva réussit à crocheter ses chaînes avec une pince à cheveux tombée de la coiffure d’Élara alors qu’elle lui administrait sa dose quotidienne de « purification sacrée ». Jéva prit le dessus sur sa tortionnaire, enfonça ses crocs dans sa gorge et but avidement le sang de la femme alors qu’elle mourrait. Un examen du cadavre d’Élara révèle la cause de sa mort (la gorge déchirée) et un de ses doigts a été sectionné lorsque Jéva lui arracha son anneau de grenat. Jéva rôda ensuite dans l’orphelinat et s’occupa de ses camarades orphelins au cours d’une nuit de terreur écarlate.
Une fois sa soif de vengeance et de sang apaisée, elle arrosa l’endroit de tonneaux d’huile de lampe conservés dans le sous-sol et regarda l’établissement brûler.
Sharvaros Vade, le nécromancien amer
Dans ses jeunes années, Sharvaros Vade était professeur et alchimiste dans le temple d’Irori, à Almas. Suite à une fausse accusation de viol de la part d’une de ses élèves, il perdit son poste d’enseignant et fut contraint de fuir en disgrâce vers la frontière nord de l’Andoran. Cette expérience le rendit amer mais il trouva à nouveau l’amour en la personne de sa nouvelle épouse, Amèle. Son bonheur fut de courte durée puisqu’elle mourut à peine un an après lui avoir donné un fils.
Désespéré, Sharvaros se lança dans l’étude de la nécromancie dans l’espoir de ressusciter sa femme sans recourir à l’aide des dieux. Au fil des ans, Sharvaros devint de plus en plus désespéré, colérique et maléfique. Pousser fort peu délicatement par Thuldrin Kreed (et ne rien dire de son ignoble prédécesseur), il participa volontairement à divers complots. Une querelle avec Kreed le rendit très nerveux et, dans sa paranoïa, il s’isola dans une petite cahute à côté de Nid-du-Faucon avec son fils qu’il néglige bien souvent laissant sa demeure du Perchoir. Shavaros se souvient de l’existence de son fils uniquement quand il a besoin de nouveaux composants pour ses recherches (à savoir des cadavres).
La chaumière d’Ulizmila
Il a des années, cette chaumière était la demeure d’Ulizmila, la sorcière, une sage héritière des savoirs anciens et croque-mitaine local. Bien que certains dissent qu’elle était une immonde guenaude (et une arrière, arrière, arrière petite-fille de Baba Yaga) d’autres la connaissaient comme une érudite dure mais empreinte de sagesse, prête à partager ses connaissances en échange d’un salaire étrange et souvent macabre. Bien que sa demeure se dresse encore dans la clairière, Ulizmila est morte depuis bien longtemps.
La chaumière d’Ulizmila se trouve dans une clairière presque parfaitement ronde. Les bosquets de pins, les aulnes et les ébénites les plus proches sont penchés du côté opposé à la clairière, comme couchés par un vent d’une force incroyable… ou comme s’ils essayaient de s’enfuir en dépit de leurs racines ancrées au sol. L’ignoble chaumière se dresse au centre de la clairière et ressemble surtout à un empilement de brindilles, de branches et de lierre qui grimpe le long des murs. Des bouquets de racines rabougries, de vieilles carcasses de bête desséchées et des phalanges pendent au toit de chaume et cliquètent comme de macabres carillons. Une douzaine de fétiches de paille dans la cour (en forme d’humain, de diablotin ou de serpent dressé) semblent monter la garde devant la porte branlante que la pourriture fit tomber de ses gonds il y a bien longtemps.
L’intérieur de la chaumière est humide, puant et sombre. Des étagères accrochées au hasard courent le long des murs, couvertes de jarres d’argile, de bouteilles troubles, de roches étrangement taillées, de bouquets d’herbes pourries et de toute une collection de curiosités rudimentaires et des restes du travail d’un tailleur d’os. Un chaudron en fer rouillé (avec une gueule de presque 1,50 mètre de large et une profondeur de 90 centimètres) domine l’unique pièce de la hutte. Sa surface couverte de cendres est gravée d’un bas-relief qui représente des démons bondissants et des diables moqueurs. Le chaudron est un objet animé qui protège la maison contre les intrus.
Le cadavre d’Ulizmila ne se trouve pas dans la maison car la mort l’a trouvée loin de chez elle. Hormis quelques os éparpillés ça et là, il ne reste rien de son corps car les charognards de la forêt se jetèrent avidement dessus, appréciant l’idée de se nourrir enfin de sa chair.
Deldrin Baleson, le prévôt obstiné
Deldrin était un bûcheron qui se tuait à la tâche dans les coupes de bois du maillet Thuldrin Kreed. Un jour, il refusa de payer une « taxe sur les haches » pour une hache qu’il avait déjà achetée et payée. Le chef Teedum essaya de lui arracher la hache et le demi-elfe lui écrasa le visage avec le plat de la lame. La semaine suivante, il fut élu prévôt car il était l’un des rares à s’opposer à Teedum et Kreed. Aujourd’hui, il porte encore cette même hache sur l’épaule, pour rappeler à Teedum et Kreed qu’il ne les craint pas.
Deldrin est grand pour un demi-elfe : il est plus grand que la plupart des humains et son regard acéré aux reflets dorés rend sa silhouette musclée encore plus impressionnante. Obstiné et aussi résistant mentalement que physiquement, le prévôt Baleson ne tolère pas les absurdités, que ce soit chez les bûcherons éméchés ou chez un maillet du Consortium furieux. Le consortium et ses sbires ont essayé à de multiples reprises de mettre fin à ses jours mais chaque tentative s’est soldée par des arrestations et trois brigands y trouvèrent la mort. Plusieurs fois, le prévôt a refusé humblement de briguer la place de maire malgré les espoirs que les villageois placent en lui en disant qu’il préfère servir de prévôt à un « maire plus juste que lui. »
On murmure que Deldrin se rend aux Racines et remèdes après les heures de fermeture mais les deux partis nient catégoriquement ces rumeurs.