Épopée d’un sang mêlé

Je ne suis point barde, non plus que scribe. Homme de combat plus que de lettres, je ne suis qu’un chevalier de ma juste Déesse. Cependant, je vais tenter de rassembler sur ces quelques parchemins les faits et gestes qui m’ont conduits jusqu’ici et à ce que je suis à présent.

Prélude : La sortie de l’ombre

De ma jeunesse, il ne me reste qu’une vision de chaos. Mon père, un intrépide rôdeur humain du nom de Rortungal, je ne l’ai point connu. Et pour cause, il fut mangé par sa dernière conquête, ma mère. Cette dernière était une prêtresse de la tribu orque de l’œil crevé dans les montagnes du bord du monde, à l’Est du Taldor. Répondant au doux nom de Garundaryek, elle mit au monde le bâtard que je suis.

Mes premières années furent un atroce tiraillement entre l’éducation qui me fut donnée par ma tribu et les aspirations qui restaient tapies aux tréfonds de mon âme. Cependant, mettant peu d’entrain à accomplir les sombres tâches qui m’étaient imposées, je fus rapidement considéré comme une erreur de la nature. Aussi, jusqu’à mes douze ans, je fus le souffre-douleur de chacun, ne devant ma survie qu’à l’étrange protection de ma mère poussée par son instinct maternel.

Quittant cette vie de sauvagerie, je parcourus une partie du monde, le Galt et l’Andoran, à la recherche de ma réelle identité. Recherchant la compagnie des humains dont j’avais le sang, je me heurtais à du mépris, du rejet et le plus souvent de la haine féroce. Je séjournais même quelques mois dans les profondeurs du monde mais, là aussi, le chaos régnait en maitre. Sans plus de succès, je gagnai la cité d’Oppara et y vécus de la mendicité, parmi les rebus.

Mais, quelque part, dans les cieux, quelqu’un avait semble-t-il gardé un œil sur ma pauvre existence. Et pas des moindre puisqu’il s’agissait de nulle autre que de l'Héritière. Elle mit ma route en travers de celle d’une âme généreuse, frère Armandil. Il fut le premier à percevoir la lumière cachée sous ma triste apparence. Il m’emmena au temple fortifié la Main du Soleil dans les Monts du Sud du Taldor où je fus accueilli parmi les Chevaliers de la Lame Herberon. Je suivis les enseignements des prêtres d’Iomedae et reçus une formation martiale et religieuse. Après une année de travail acharné et de dévouement à la déesse, je fus admis parmi le bras armé d’Iomedae, les Paladins Étincelants.

S’en suivit une autre année de voyage à travers tout le pays. Mais, cette fois, il ne s’agissait plus d’errance mais de découverte. Revêtu d’une armure marquée de l’épée et du soleil et portant dans mon dos un énorme cimeterre, je cherchais à comprendre ce monde à travers un nouveau regard. Je finis par m’établir quelques temps à Zimar, à une trentaine de lieues de la frontière Sud du pays, où je me mis au service d’Hicomède qui s'occupait de l’Epée Lumineuse, petit temple d'Iomedae de la ville.

Et c’est là que débuta la quête qui allait transformer encore une fois ma vie et probablement m’offrir l’opportunité de sauver le monde...



Ode première : Neige et rencontres

De passage dans le petit hameau de Heldren pour y récupérer un coffre pour mon Hôte, j’eus vent de l’étrange météorologie qui régnait dans la forêt voisine. On aurait observé une neige abondante là où il devait régner une chaleur estivale. Il y aurait même été vu certaines créatures étonnantes. A peine le temps de prendre mes aises dans le village qu’une elfe avait surgit, soutenant un nain en piteux état. Celle-ci, Aergnaeroka Merinal, avait secouru ce dernier, victime d’une attaque en forêt et dont la maitresse avait été enlevée.

Je dois avouer que lorsque j’ai vu pour la première fois cette elfe, je redoutais qu’elle ne soit pourvue des instincts fréquemment observés chez les siens. Mais, Aergnaeroka Merinal est une elfe à la grande noblesse de cœur ! Elle venait du lointain Kyonin. Des premiers compagnons avec lesquels j’ai entrepris cette quête, Aergnaeroka est celle avec laquelle j’ai rapidement eu une grande affinité. Je peux aussi admettre que la forte passion qui lia cette femme à son animal compagnon, recueilli parmi nous, m’a toujours servi d’exemple par la suite.

D’après ce nain, les agresseurs seraient des bandits accompagnés de fées malfaisantes. Rapidement, un groupe fut constitué pour aller au secours de la dame ainsi que pour comprendre le phénomène climatique. Aergnaeroka et moi-même en fûmes, rejoins par Elzekiel Doritian, un homme de magie, Abigail Kruckow, une énigmatique sorcière du lointain Irrisen ainsi que Delwin Bennet, un prêtre d’Abadar. Guidés par l’elfe, nous partîmes en direction du bois, vers le lieu de l’enlèvement. Ce que nous y découvrîmes touchait à l’horreur. Les agresseurs avaient maudits certains des gardes de l’escorte de la noble dont les cadavres s’étaient animés. Il apparut clairement que quelqu’un souhaitait répandre le mal dans la région.

Elzekiel Doritian, que dire de cet homme dont je porte encore aujourd’hui le poids et la tristesse de la disparition. Il était versé dans les arts du combat et ceux de la magie. Lui aussi était pourvu d’une âme bienveillante que j’aurais volontiers aimé côtoyer plus longtemps. Il disparut bien trop vite, rappelant à chacun, s’il en était besoin, que notre folle, mais juste, quête serait jalonnée d’épreuves.

Ayant détruit ces zombies, libérant ainsi les âmes de ces malheureux, nous suivîmes la piste encore fraiche des ravisseurs. Elle sembla remonter un sentier qui s’enfonçait au cœur de la forêt. Au fur et à mesure de notre progression, nous rencontrâmes divers animaux inhabituels dans le coin, ayant plutôt l’air d’être originaire de régions froides. Le chemin menait de toute évidence vers le Chalet des Sentinelles. Cependant, il ne fut point de tout repos. La vague de froid qui envahissait la région commençait à engourdir les membres des plus fragiles d’entre nous. De plus, nous dûmes nous défaire tour à tour d’une sorte de petit dragon dépourvu d’ailes, de petites fées maléfiques, d’un étrange cerf pourvu de la parole, de créatures faites entièrement de glace ainsi que d’un groupe de bandits. Ces derniers avaient été laissés en arrière pour prévenir l’arrivée d’éventuels poursuivant, ce que nous étions. Nous déjouâmes l’embuscade et purent nous saisir d’un des brigands vivant.

Abigail Kruckow, le vilain petit canard de l’équipe ! Je puis au moins lui reconnaitre la gentillesse de m’avoir dérobé ce rôle qui m’était habituellement échu. Pour le reste, je ne comprendrais jamais pourquoi une personne peut autant se montrer désagréable avec des gens qui lui viennent en aide. Même sa relation avec son corbeau était faite sur ce ton. Pourtant, il devait bien y avoir en elle quelque chose de positif vu qu’elle s’était jointe à nous pour éclaircir cette affaire et qu’elle avait participé efficacement aux combats contre le mal ! Cela restera une énigme depuis qu’elle nous a laissé tomber. Par peur ou par manque d’espoir ? Probablement les deux.

Le mécréant nous avoua faire partie de la bande d’un dénommé Rokhar, un nécromancien, qui aurait rejoint un groupe de fées et un troll menés par une certaine Izoze. Il nous révéla que la neige et les créatures maléfiques étaient venues à travers un portail magique, directement de l'Irrisen. Il nous expliqua que toutes les sentinelles avaient été tuées et que leur chalet servait de QG au groupe. Enfin, on apprit que la noble, Dame Argentea Malassene, y était maintenue vivante.

Vieux semi homme, Delwin Bennet représentait la loi au sein du groupe. Peut-être un poil trop obtus, mais il gardait le cap. Difficile de dire s’il n’était pas un peu trop âgé pour se lancer dans une mission aussi rigoureuse. Cependant, il avait rempli avec beaucoup de courage son rôle, sans faillir. Nous lui avons épargné de risquer davantage sa vie en lui assignant cette mission d’alerter le Taldor. Je lui souhaite d’avoir rejoint Heldren.

Laissant le bandit libre avec mission de porter ces informations à Heldren, sans être surs qu’il agirait ainsi, nous nous hâtâmes vers le chalet et le prîmes d’assaut sans grande stratégie sous l’observation étonnante de la fameuse Izoze, restée inactive, à l’abri de l’autre côté d’un ravin tout proche. Il n’y avait aucune trace du troll. Par contre, les bandits étaient accompagnés de squelettes animés et gelés qui avaient la fâcheuse tendance à exploser avant de choir. Après un combat des plus difficiles au cours duquel chacun donna tout ce qu’il avait, même la sorcière asociale, le malfaisant Rokhar, dernier survivant, se rendit. Ce dernier affirma n’être qu’un pantin et confirma la présence d’un portail que ceux venus de l’Irrisen protègeraient. Après un rapide vote, nous décidâmes son exécution ce que la sorcière se hâta de mettre en œuvre. Nous libérâmes la noble et récupérâmes une cage contenant une des fées que le nécromancien retenait prisonnière. Après moult débat, nous décidâmes de repartir le jour même pour Heldren, montés sur quelques chevaux restant des Sentinelles, ramenant Dame Argentea ainsi que la petite captive. L’accueil qui nous fut réservé était celui des héros. Quel changement dans la vie d’un orque !

Ode deuxième : Toujours plus loin dans le froid

Le lendemain, je réalisais que j’avais contracté une fièvre que devaient avoir certains bandits. Fort heureusement, les talents de guérisseur de Natharen Safander, le prêtre du village, en vinrent à bout. La réunion qui suivit fut assez mouvementée. Il en résulta que le même groupe allait tenter de trouver le portail qui laissait entrer le froid, la neige et les créatures de l’Irrisen puis essayer de le détruire. Abigail, la sorcière du nord, probablement effrayée par l’ampleur de la tâche, quitta le groupe. Kalt Hefndin, un nain, sorcier lui aussi, nous fut présenté pour la remplacer. Le lendemain, nous repartirent vers le chalet, conscient que rien ne serait aisé.

Les sorciers se suivent mais ne se ressemblent pas forcement. Ainsi, Kalt Hefndin remplaça-t-il avantageusement Abigail. Il est fortement porté sur les trésors en tous genres, mais quoi d’étonnant pour un nain ? Il a su rapidement se faire une place dans notre groupe et ce d’autant plus que beaucoup avaient accueilli avec soulagement le départ de sa consœur. Kalt aime à jouer avec les fils du destin, modifiant les futurs dans la mesure de ses capacités.

C’est une bâtisse complètement saccagée que nous découvrîmes. Sûres de notre retour, les fées l’avaient rendue inutilisable pour s’y abriter du froid. Ce fut donc dans l’écurie que nous envisageâmes de passer cette nuit, hommes et bêtes. Cependant, à peine installés, nous eûmes la visite des fées ainsi que d’Izoze elle-même. S’ensuivit un combat long et pénible. Encore une fois, la nature étrange de ces adversaires rendait la plupart des attaques du groupe ridicules. Nous sortîmes une fois de plus vainqueurs mais dûmes déplorer la fuite de leur chef. Forts de cette victoire, nous nous reposâmes une nuit puis continuèrent sur les traces de la méphite. Ne pouvant traverser le pont branlant, les chevaux furent abandonnés, à mon grand regret.

En chemin, les rencontres persistèrent à être improbables. Un groupe de ces squelette gelés ainsi que des sapins vivants et enfin, une poupée animée dans une hutte juchée sur deux grandes pattes d’oiseau. Aux abords de la hutte, une sorte de fantôme de fillette nous suppliait, elle prétendait venir de Waldsby, village de l’Irrisen, et avoir pour mère une certaine Nadya. Nous détruisîmes la poupée, susceptible de servir de prison à l’âme de cette enfant mais je ne suis pas sûr d’avoir tout bien compris à propos de ce mystère. Laissant tout cela derrière nous, nous poursuivîmes notre recherche du portail. Ayant abattu une hermine géante s’étant jetée sur nous, plus par peur que par méchanceté, nous découvrîmes qu’elle protégeait sa mignonne progéniture. Un bien naquit de cette tristesse, Aergnaeroka amadoua la jeune bête avec qui elle commença une amitié étonnante, celle entre un rôdeur et un animal.

Quelques heures plus tard, un individu se trouva penché sur le cadavre de l’hermine. Encore gravement blessé, je redoutais fortement cet inconnu qui se promenait solitairement en une région si hostile, il devait être soit fou, soit dangereux. Ce que cet homme me révéla restera une des plus incroyables surprises de ma vie. Autant ma mère m’avait pourvu de nombreux frères qui avaient fait de ma jeunesse une sorte d’enfer, autant je ne savais rien de mon père. Or, cet inconnu s’avéra être une sorte de cadeau de ce père. Il n’était autre que mon frère qui, ayant eu connaissance de mon existence, s’était mis en quête de me retrouver. Ainsi ayait-il remonté mes traces jusqu’à Heldren puis suivi notre piste jusqu’ici. Les dieux s’amusaient-ils vraiment avec les destinés de nous autres mortels ? Ce frère tombé du ciel, Akin, inquisiteur de Néthys, se joignit à notre groupe. Nous aurions du temps pour apprendre l’un de l’autre ce qui nous unissait alors que tout semblait nous distinguer.

Ultime présent d’un père jamais connu, voici que ma route croisait celle d’Akin. Homme du désert retrouvé au milieu des neiges ! Que d’ironie avec laquelle les dieux s’amusaient des mortels ! Ou fallait-il voir dans notre rencontre un dessein plus grand ? De ce frère, il me faudra tout découvrir. Pourvu de manières manquant cruellement de diplomatie, il n’en est pas moins vaillant, à sa manière. Il maitrise les arcanes comme personne dans le groupe, enfin, jusqu’à présent. Il partage l’avidité des nains pour tout ce qui brille de magie.

Dans le nuit, nous fûmes réveillés en sursaut par une élémentaire de l’air ainsi que cette misérable Izoze. Enfin, cette dernière rendit l’âme, mais elle n’était probablement pas la véritable maitresse de ceux qui nous barraient la route. Nous poursuivîmes vers ce fichu portail. Pris au sein d’une formidable tempête, nous touchions enfin au but. Il nous fallut venir à bout de quelques fées ainsi que du troll qui menait la danse dans un combat en aveugle. Dans ce campement, nous découvrîmes un amas de pièces et de nombreux objets, amassés ici par l’avidité de ces créatures maléfiques. Et surtout, nous avions enfin devant nous le portail que nous devions détruire ou tout au moins sceller. Cependant, rien ne semblait permettre d’atteindre ce but de ce côté-ci. Les indices trouvés sur places nous laissèrent supposer que ce portail n’était que le point de départ d’une invasion à grande échelle. Aussi, avant que de le traverser et ne sachant pas ce qui nous attendait de l’autre côté, nous décidâmes que l’un d’entre nous se devait de rebrousser chemin pour avertir le Taldor de la menace. Delwin fut celui-là et nous le quittèrent avec tristesse en lui souhaitant une bonne chance dans sa mission en solitaire le long d'un chemin dont nous avions éliminé la plupart des dangers.

Alors que nous discutions de ce qu’il convenait de faire, surgit du portail un cavalier tout de noir vêtu. Ce terrible adversaire n’en était point un. En effet, il s’effondra à nos pieds, une sorte de pieu de glace sortant de son dos. Se relevant péniblement, l’homme nous révéla bien des choses. La présence de ce portail n’était qu’un petit détail au milieu de la guerre qui régnait entre les sorcières de l’Irrisen et plus particulièrement entre la reine du moment, Elvanna, et son illustre mère, Baba Yaga. La première maintenait la deuxième à l’écart et envisageait de répandre une froid intense à travers tout Golarion. Il nous expliqua comment refermer ce portail et ce que nous devions faire pour libérer Baba Yaga, seule à pouvoir vaincre sa fille. Difficile pour nous de trier parmi tout cela mais nos buts étaient majoritairement communs et le choix ne fut rapidement plus notre. En effet, avant de rendre l’âme, le cavalier plaça sur nous une puissante magie nous imposant de suivre notre nouvelle mission jusqu’à son terme. Celle-ci serait de mettre la main sur la légendaire Hutte Dansante de Baba Yaga et de l’utiliser pour retrouver l'ainée des sorcières. Elle se trouvait exposée sur la place du marché de Trône-Blanc. Ainsi mourut le dernier ryttere, le Cavalier Noir de Baba Yaga en personne. En mourant, il nous transmit sa lourde charge sous la forme de son noir manteau, accompagnée de visions de ce que serait le monde si nous échouions. Puis nous franchîmes ce portail duquel s’écoulait tout le froid de l’Irrisen avec la certitude qu’il nous faudrait très longtemps pour revenir vers le Taldor par nos propres moyens.



Ode troisième : Au cœur du pays gelé

Nous, qui pensions avoir connu un froid intense, dûmes admettre qu’il existait bien plus froid encore. Rien de surprennant que l’Irrisen soit aussi nommé le Royaume de l'Hiver Éternel. Nous découvrîmes une autre forêt dont l’orée se trouvait toute proche ainsi qu'un village qui était visible au loin. Le ciel nous indiquait qu’une forte tempête n’allait pas tarder à nous rattraper. Alors que nous cheminions vers ce village, nous interrompirent l’assaut d’une mante religieuse géante sur un groupe d’autochtones. La bête vaincue, nous fîmes la connaissance, entres autres, de Nadya Petska, une femme dont l’importance n'allait cesser d’augmenter. En remerciement, elle nous invita chez elle, en partageant les places dans leurs traineaux. Cependant, trop éloignés du village, nous fûmes contraints à faire un bivouac durant lequel nous fîmes plus ample connaissance avec ces gens et échangeâmes des informations précieuses. Nous plaçâmes rapidement notre confiance en cette femme, qui subissait le joug des sorcières blanches, et lui expliquâmes une partie de notre mission.

Au cours de cette discussion, une intruse se joignit à nous. Il s’agissait d’une fée, une sorte d’humaine avec certains attributs d’une chèvre nommée Mierul Ardelain. Nous étions à peine en train d’évaluer les intentions de cette femme lorsqu’Akin entama une incantation qui la choqua et la poussa à changer d’avis pour repartir de son côté dans la tempête. Dans le même temps, je réalisa que notre nouvelle amie, Nadya, n’était autre que la mère de la fille fantôme que nous avions rencontré au Taldor, près de l’étrange cabane. De ma bouche, Nadya comprit que sa fille, prisonnière des sorcières du coin, était en fait décédée. Triste moment en vérité ! La jeune femme nous promit son aide dans notre mission. Elle nous mena à Waldsby, son village. Cependant, en chemin, nous dûmes nous défaire d’une nuée de corbeaux belliqueux, probablement des espions des sorcières. Ils se dispersèrent et nous nous hâtâmes de filer. Nadya nous introduisit chez elle et nous présenta ses jumeaux de cinq années, Orm et Mjoli, deux bouts de chou qui, sans le savoir, venait de perdre leur sœur.

Dans la matinée, nous mettons au point quelques détails concernant la tour supposée renfermer le mécanisme du portail magique puis nous faisons un tour de la ville et passons quelques commandes. Notamment, en ce qui me concernait, une grande épée à la lame faite de fer froid, afin de trancher plus efficacement les fées que nous combattions en nombre. Nous réalisâmes l’étrange similitude entre Waldsby et Heldren ainsi que la présence d’un charpentier qui semblait être présent dans les deux villages ! Dans la taverne locale, la propriétaire nous conseilla fortement de quitter la région faute de quoi, nous attirerions les ennuis sur ses habitants. Je fus convaincu de la justesse de ses conseils et mena le groupe hors de l’établissement. Cependant, un groupe de soldats se profilant à l’entrée du village, nous filâmes rapidement chez Nadya, récupérâmes nos affaires à sa grande surprise et tentâmes de quitter le Waldsby. Le groupe nous rattrapa assez rapidement et nous força au combat. Certains moururent mais Kalt en charma un qui nous renseigna un peu. J’émergeai soudain ne comprenant plus ce que je faisais là. Nous comprîmes que j’avais été drogué à l’auberge et qu’on m’avait ainsi suggérer de quitter les lieux. Apprenant que Nadya ainsi qu’un inconnu étaient passés à la question par d’autres soldats, à l’auberge, nous nous vîmes contraints de tenter de les libérer.

Passant déposer le prisonnier dans la maison de notre amie, nous tombons sur Hatch, un lutin au service de sa famille. Il nous avait observé invisible jusque-là mais, rassuré sur notre honnêteté et désireux de sauver Nadya, il nous accorda son aide. Prenant l’auberge d’assaut, nous délivrons la jeune femme ainsi que l’inconnu. Il s’agissait d’un barbare du nom de Xoran. Malheureusement, durant le combat, notre ami Elzékiel reçut un coup mortel de la part du sergent. Soudain, le manteau du cavalier noir qui entourait Elzékiel le libera et s’enroula autour du nouveau. Encore affligés par cette perte, nous laissons son corps aux bons soins du prêtre du village et filons poursuivre notre quête, vers la tour, avec Nadya et son lutin.

Un nouveau compagnon qui vint au moment d’une perte. Encore une ironie ! Xoran Varok, puissant shoanti, est une bête à peine apprivoisée. Habitué à ne compter que sur lui-même, il découvre petit à petit, parmi nous, qu’il existe autre chose que vaincre ou être vaincu. Il se recouvre lentement d’une patine sociale sous laquelle la bête sommeille toujours et reste prompt à resurgir.

Quelques heures plus tard, nous nous retrouvons en vue d’un pic de glace, notre objectif premier. L’assaut de la tour s'étala sur deux journées. Durant la première, nous créâmes une brèche dans le rempart gelé et combattîmes de nombreux gardes, leur vaillant sergent ainsi qu’un troll de glace. Nous pénétrâmes à l’intérieur et nous débarrassâmes d’un élémentaire d’eau. Nous apprenons de Hatch que le passage entre les étages se fait au moyen de portails glacés activables par des phrases de passe ou avec des clés. Après une courte nuit de repos, nous assaillîmes les autres niveaux, éliminant Mierul, la femme fée rencontrée plus tôt, la capitaine de la tour, un homme agrandi tel un géant et d’autres fées maléfiques ainsi que des nymphes. Il y eut aussi un doppleganger, créature malfaisante capable de prendre les traits d’autres personnes, ainsi qu’une étrange plante vivante et empoisonnée. Poursuivant notre progression, nous tombâmes sur la maîtresses des corbeaux, une dénommée Jairess. Elle succomba aux charmes magiques de Kalt et fut convaincue de nous venir en aide. Cela fonctionna si bien qu’elle décida de se joindre à notre quête. Cependant, le manteau du cavalier s’enroula autour d’elle. Avec son aide, nous nous jetâmes dans l’ultime combat, contre le second de la tour, un sorcier. Il était épaulé de sa chèvre, de trois fées et d’une statue de dragon qu’il anima dans la cour. Décidément, toute cette tour fut une suite de combats intenses. Dans la salle des coffres, Xoran reçut un maléfice qui le priva d’une bonne part de sa santé, ce que nos experts ne surent défaire. Selon eux, il nous faudrait espérer trouver un soin approprié dans une ville assez importante. Trouvant enfin la machinerie qui commandait le portail, nous réussîmes à en faire cesser le fonctionnement bien qu’incapables de la détruire définitivement. Espérant qu’elle ne serait pas remise en marche aisément, nous nous repliâmes chez des amis de Nadya et nous y reposâmes plusieurs jours. Iomedae les bénisse !

Comment une magie à court terme permit-elle d’amadouer cet mage ? Il semblerait qu’elle ait permis de nous fournir le temps nécessaire à sortit cette femme des mensonges qui l’aveuglaient. Jairess Sonn, sylphe au service des sorcières blanches, a réalisé que le chemin qu’elle avait emprunté jusqu’ici ne la mènerait qu’au mal. Elle a su saisir la chance ainsi que le bras que nous lui avons tendu. Pour ma part, je croix en sa sincérité et me fais fort de l’aider dans cette voie. Je le lui dois, tout comme je le dois à un certain frère Armandil. Je pense que dans son infinie bonté, Iomedae place sur mon chemin une multitude de défis qui me guident vers ma propre rédemption.



Ode quatrième : Vers Trône-Blanc

Pendant le temps de repos que nous nous étions imposé, nous vendîmes les armes trouvées et fîmes quelques acquisitions. Je récupérais enfin ma superbe épée en fer froid finement gravée du symbole d’Iomedae. J’achetais aussi une armure plus convenable pour un homme désireux de servir sa déesse en tant que Chevalier Étincelant. Il ne me manquait plus qu’une fière monture que j’espérais croiser au cours de notre périple à travers ce blanc pays. Nous avions aussi trouvé un sac aux propriétés formidables. Il pouvait contenir une quantité incroyable d’objets sans pour autant s’alourdir. Ainsi, j’allais cesser de trimbaler l’ancien, tel un pilleur de tombes. Kalt avait ramené avec lui la chèvre désœuvrée du sorcier. Il espérait pouvoir en extirper quelques pouvoirs magiques ainsi que des connaissances. Sacré nain ! Il fut décidé que Nadya nous guiderait jusqu’à Trône-Blanc où un oncle à elle nous aiderait à pénétrer dans la cité. Ses enfants nous accompagneraient jusqu’à ce qu’elle les place en lieu sûr. Hatch serait aussi du voyage tout comme Jairess.

Un matin, quatre traineaux quittèrent furtivement Waldsby. J’occupais le troisième en compagnie de Jairess. Il m’avait fallu discuter longuement avec Nadya pour lui faire accepter la présence de cette femme. Elle n’avait accepté qu’à la condition que je garde un œil sur elle, ce que je fis. Nous n’avions pas voyagé plus de quelques heures dans les étendues désertes, longeant une forêt, lorsqu’un nuage de corbeaux nous repéra. Les volatiles nous fondirent dessus bec et griffes. Les ayant dispersés, ils fuirent, probablement pour moucharder aux oreilles de leurs viles maîtresses la présence d’étrangers dans le coin.

La deuxième nuit, un groupe de fées, une autre sorte de ces malfaisances, s’introduisit au sein de notre campement pour nous dérober de menus objets et souiller nos vivres. Il me fallut beaucoup de patience et moult explications pour retenir Xoran et Kalt qui souhaitaient foncer à travers les bois en pleine obscurité pour obtenir réparation du larcin. Les deux hommes ramenés à la raison, nous évitâmes le risque de nous laisser entrainer dans une probable embuscade. Au troisième jour, nous arrivâmes aux portes de Ludovny, première ville sur notre chemin. Sous la couverture de marchands, nous espérions y séjourner sans problèmes en y faisant quelques acquisitions dont un moyen pour soigner le maléfice dont souffrait toujours Xoran.

Aux portes Sud de Ludovny, un garde un rien inquisiteur nous noya sous les questions. Cependant, notre couverture de marchands sembla fonctionner et nous pûmes entrer dans la ville. Nous eûmes même l'heureuse surprise d'apprendre que tout marchand séjournant à Ludovny pour la première fois se voyait offrir le gite et le couvert dans une auberge de luxe, la Sirène des Glaces, aux frais de la comtesse Natalka Aelena. En juste paranoïaque, chacun de nous resta sur ses gardes, peu coutumier à un tel traitement de faveur.

Le couple d'aubergistes, Elena et Piotr Koutouzov, nous reçûmes avec la plus grande gentillesse. Cette soirée fut marquée par un repas peu ordinaire, une séance d'opéra au Brenezoi, sublime lieu et grandiose épopée, ainsi qu'une nuitée extraordinairement reposante. Il ne faudrait pas longtemps à ce rythme là pour transformer les aventuriers que nous étions en pantouflards de la haute société. Le lendemain, pour donner le change, nous restâmes en ville et effectuâmes des ventes de nos objets de trop. Ce fut aussi l'occasion de trouver un parchemin que Kalt utilisa pour libérer Xoran de cette malédiction qui pesait sur lui. En ce qui me concerne, je trouvais en ville une superbe armure, un harnois ouvragé par un maitre armurier. Il ne me manquait plus qu'une farouche monture et je serais enfin un Chevalier Étincelant, fière de servir de son mieux la majestueuse Iomedae !

Après une deuxième nuit, à nos frais cette fois, nous quittâmes la ville au petit matin. Nous empruntâmes la route du Sud quelques temps, afin de détourner d'éventuels soupçons de la part des autorités, avant de contourner Ludovny pour poursuivre notre progression vers notre réelle destination, Trône-Blanc. La première journée fut des plus tranquilles, mais, une fois atteint un petit bois dans lequel nous envisagions de monter notre campement, nous approchâmes d'une petite ferme et fûmes accueillis à sa porte par une femme avenante. Cette dernière, Sylgja, saisissante de beauté, nous proposa un étrange marché. Elle nous offrait le repas et un abri pour la nuit en échange de notre aide afin de retrouver son mari Finngarth qui aurait été enlevé par un troll dans une grotte toute proche. L'histoire de cette femme ainsi que son manque de prudence nous interpelèrent, nous poussant à la méfiance. Toutefois, après avoir foncé vers la dite grotte, nous réalisâmes que le troll était en fait le mari lui-même, mentalement commandé et physiquement altéré par un organisme végétal agressif. Une fois l'homme secouru, le couple s'avéra étonnant, mais fort sympathique. Il s'agissait d'un humain et d'une Huldre, encore une sorte de fée mais celle-ci n'était pas maléfique. Ils vivaient à l'écart de la civilisation pour éviter les réactions malveillantes des citadins.

Après une soirée fort chaleureuse puis une nuit à l'abri, nous poursuivons notre route en saluant ce couple attendrissant. A la mi-journée, nous aperçûmes à l'horizon une phénomène aussi curieux que fabuleux. En effet, toute une zone s’étendant sur une lieue se trouvait dépourvue de neige et sa végétation ne correspondait en rien à celle de la région. Il s'agissait d'une sorte d'oasis maintenue sous une bulle protectrice par quelques druides des environs à la barbe des Sorcières Blanches. Attirés par la douce promesse d'une pause agréable au milieu de cet éternel hivers, nous y effectuâmes une halte. Alors que nous nous émerveillions en prenant une collation, un puissant mégalocéros sortit d'un bois et s'approcha pour probablement jauger nos intentions. Pendant quelques minutes, aveuglé par mon espoir de rencontrer une monture correspondant à mes aspirations, j’eus la bêtise de penser que ma déesse avait placé ce superbe cervidé sur mon chemin. En fait, il ne s'agissait probablement que d'un gardien des lieux.

Cette même journée, ayant poursuivi notre chemin, survint un autre évènement. Alors que chacun s'affairait à la construction des igloos ou à la confection du feu, un appel inquiétant secoua tout le monde. Notre guide, Nadya, appelait de toute sa force un de ses fils qu'elle ne voyait plus. Orm n'était trouvable nulle part, pas plus que Valstoi, la chèvre qui nous accompagnait toujours. Affolés, nous fouillâmes les sous-bois à la recherche de traces. Rapidement, le bout d'homme et la bestiole furent repérés au milieu d'une clairière, cernés par quatre loups au pelage argenté qui n'allaient pas tarder à fondre sur leurs fragiles proies. L'assaut fut rapide et ferme, deux loups y périrent lors que les deux autres s'échappèrent aveuglés par la magie du sorcier nain. Le bambin était indemne et ce qui aurait pu se transformer en drame ne restera qu'un fort moment d'agitation ainsi qu'un piquant rappel du danger encouru par ces enfants au sein d'un groupe comme le notre. Il n'était que trop temps de pouvoir les déposer en lieu sur et aux bons soins de gens de confiance. Tel était notre prochain objectif, joindre le village de Ellsprin.

Le lendemain, en matinée, notre groupe passa en vue de très anciennes ruines de ce qui avait dû être un village ulfe d'une lointaine époque. La seule structure encore partiellement debout ressemblait à un vieux temple érigé au milieu d'une cour. Une chose nous intrigua immédiatement. La présence de silhouettes humaines qui erraient, vêtus d'une simple toge alors que le froid glacial sévissait toujours. En nous approchant lentement, je ressentis un mal puissant qui habitait leurs âmes. Ces diverses observations nous poussèrent à envisager ces créatures comme des morts-vivants. Fort de notre fait et ne souhaitant pas laisser derrière nous de telles abominations, nous décidâmes de libérer ces hommes qui, d'après Kalt, avaient du être des prêtres de Desna. Persuadés que les Dieux nous avaient fait croiser le chemin de ces non-morts pour mettre fin à leur châtiment, nous leur donnâmes l'assaut. Une fois les créatures vaincues, elles se révélèrent être des huécuvas, des cadavres animés de prêtres hérétiques qui avaient blasphémé et renié leur divinité avant de trouver la mort. Leur griffures pouvaient transmettre une maladie, aussi allions nous devoir rester vigilants à l’apparition d'éventuels symptômes.

Laissant derrière nous ce triste village d'Ulsgaard, nous poursuivîmes vers le Nord. Au cours de la soirée puis en matinée, Jairess donna des signes d'une grande lassitude. Lorsque je lui proposa une aide afin de l'ausculter, elle refusa. Aussi la laissais-je tranquille mais en gardant un œil sur elle. En effet, j'avais toujours à l'esprit les avertissements quant aux possibilités de contracter une maladie en ayant été blessé par les non-morts. Quelques heures plus tard, nous arrivâmes en vue du petit village d'Ellsprin. Une maison avait été érigée en marge de celui-ci, dans laquelle devait se trouver Borvald, la personne que notre guide souhaitait rencontrer. Mais, une fois de plus, les dieux avaient déposé des épreuves sur notre route.

De fait, nous repérâmes rapidement le corps d'un homme fraichement tué. Il se révéla être celui de l'ami de Nadya. De la maison toute proche, une voix féminine nous alerta sur la présence de fées maléfiques rôdant non loin. Dans les secondes qui suivirent, nous fûmes attaqués par deux d'entre-elles. L'une faite d'épines, l'autre étant une sorte de lutin très rapide et partiellement invisible. Je trancha la première d'un grand coup d'épée alors que l'autre nous échappa. Cependant, rencontrant Maret, la femme qui nous avait avertis, nous réalisâmes qu'elle était désormais la veuve de Borvald et la mère de deux bambins. Elle nous apprit qu'elle avait aussi un troisième enfant, plus âgé. Cependant, ce dernier étant aussi un être féérique, un faune, il avait fui la maison familiale pour éviter aux siens les représailles des villageois peu ouverts d'esprit. Cependant, un groupe de fées malfaisantes avaient décidé d'entrainer cet enfant, Galen, sur le chemin de la vengeance et du meurtre de ses parents.

Sur les indications de Maret, nous suivîmes les traces de la fée enfuie jusqu'à une grotte. Là, éliminant cette nuisance ainsi qu'une autre du même acabit, nous découvrîmes Garen, être d'une grande sensibilité et d'une profonde bonté. Tout d'abord choqué par notre brutale intervention, il se révéla rempli d'une immense culpabilité à propos de la mort de son beau père. Quoi qu'il en fut, nous avions sauvé ce jeune homme qui put retrouver sa mère. Une épreuve de plus que nous avions surmonté avec succès, non sans un fort sentiment de bonheur dans son accomplissement. Nous dormîmes chez ces gens et il fut décidé que Nadya y laisserait ses deux enfants, à la garde de Maret, afin de poursuivre et de nous guider jusqu'à Trône-Blanc.

Laissant ce fragment de famille qui aura besoin de temps pour se reconstruire, nous quittâmes Ellsprin pour poursuivre notre mission. Évitant la ville de Ytterjorna, dans laquelle nous n'avions rien à faire sinon trouver des ennuis inutiles, nous arrivâmes en vue du Lac du Glacier, sur les rives duquel s'élevait Trône Blanc, siège du pouvoir en Irrisen qui abritait les sorcières, dont Elvanna, leur chef. Chemin faisant, nous réussîmes à venir à bout de la vilaine fièvre qui affaiblissait Jairess. Cette dernière reprit rapidement des forces.

Nous tentâmes de rester discrets et de rejoindre le village où était sensé résider l'oncle de Nadya. Cependant, cet espoir fut vain puisque nous tombâmes dans une embuscade tendue par un groupe de chasseurs, épaulés de leurs faucons et menés par un loup géant, intelligent et doté de la parole. Pris au dépourvu, nous réussîmes à vaincre lors du pire combat depuis la formation de notre compagnie. Au terme d'une lutte épique, pendant laquelle nous crûmes un moment avoir perdu Jairess, Kalt et Akin pendant que le reste d'entre-nous frôlait la mort, seul une paire de chasseurs s'échappa. De la pelisse même du loup vaincu, nous récupérâmes une cape aux propriétés plus qu'étranges. Celui qui s'en revêtait pouvait prendre les traits d'un de ces loups arctiques !

Nous ne trainâmes point sur les lieux. En chemin, nous franchîmes un pont gardé par un groupe des géants palmés stupides, en nous faisant passer pour des soldats escortant une sorcière. Au-delà, au détour d'une colline dont nous arpentions le sommet, nous découvrîmes Trône-Blanc, une cité fortifiée telle que nous n'en avions jamais vu. Les murs d'enceinte étaient d'un blanc rappelant les os d'un squelette et, à bien y réfléchir, nous pouvions nous demander si telle n'était pas le matériau constituant l'édifice. Comme nous l'avait révélé Nadya, la voie principale de la capitale de l'Irrisen était pavée de crânes. Tel un phare, une stalagmite de plus de soixante mètres de haut perçait les flots et dominait la cité ainsi que le Lac du Glacier. C'était le Palais de la Reine.

Nous détournant de ce panorama majestueux mais effrayant, nous fîmes un large contournement et gagnâmes le village où résidait l'oncle de notre guide, misérable hameau de pêcheurs d'une grange pauvreté. Rapidement, nous comprîmes que le village était sous le joug d'un groupe de rufians qui avaient enlevé Ringeirr. Grâce à une ouverture pratiquée par Akin dans le mur du bâtiment qui leur servait de garnison, nous libérâmes l'oncle. Puis, nous investîmes brusquement les lieux et défîmes quelques hommes sans envergure, les deux ogres qui les accompagnaient ainsi que leur chef, un redoutable et sournois combattant.

Les premiers contacts avec Ringeirr furent délicats, principalement du fait de mon refus de gérer la sentence à administrer aux rufians survivants ainsi que la mise à mort soudaine et violente de leur chef par cet oncle. Cependant, il nous entraina dans sa sordide bicoque et nous eûmes le temps de mieux nous comprendre et de lui expliquer les raisons de notre présence ici.

Cependant, au cours des explications, certaines paroles d'Akin firent s'énerver Ringeirr. Entre maladresse de l'un et susceptibilité à fleur de peau de l'autre, ajouté à cela l'intervention de Xoran, les débats s'envenimèrent. J'essayai de détourner l'attention vers le but de notre mission mais cela fut peine perdue. Les paroles du barbare et celles d'Akin dépassèrent le cadre de la simple dispute et mon frère, perdant son contrôle, en vint à mal traiter notre hôte, déjà mal embouché. Après une longue période de tension, la situation finit par se résorber mais nous eûmes de longues explications et notre compagnie passa tout près d'un point de rupture.

Quoi qu'il en soit, le débat se recentra sur notre entrée dans Trône-Blanc. Ringeirr devrait nous guider vers des insoumis se faisant appeler les Héraut du Retour du Soleil. Leur chef, une femme dont on ne sut rien, pourrait peut être nous venir en aide, pour peu qu'elle en juge l'utilité. La discussion s'attarda sur la couverture que nous devrions utiliser pour gagner l'accès à travers les Hurlements, le quartier des loups, jusqu'à un ami de Ringeirr capable de nous procurer des papiers avec lesquels nous pourrions circuler librement dans la cité. Forts de cela, nous nous accordâmes une nuit de repos.



Intermède : La lumière de l'Héritière

Lorsque, quelques jours auparavant, nous avons croisé le chemin de ce fier mégalocéros paradant dans son oasis de vie, j'avais cru que je venais de rencontrer la monture dont tout chevalier étincelant d'Iomedae s'enorgueillissait de monter. Cependant, il n'en avait rien été. Et pour cause ! Cette nuit, entre la rencontre avec Ringeirr et notre entrée dans Trône-Blanc, mes songes furent remplis de visions merveilleuses. La lumière de La Déesse sembla m'indiquer un endroit où me rendre, dans les bois voisins. M'éveillant brusquement, au milieu de mes amis endormis, je décidai de sortir et de diriger mes pas vers l'endroit que m'avait indiqué cette lumière qui n'était plus là. Traversant les arbres, je tombai nez à nez avec un impressionnant lézard portant une selle.

A cet instant, je compris qu'il n'y avait nul doute. Devant moi se trouvait le destrier que l'Héritière me destinait. Son symbole luisait sur le front de la créature. En croisant les yeux du reptile géant, je ressentis ce lien qui nous unissait et réalisai que sa présence ne pouvait que confirmer le soutien de Sa Déesse à ce jeune novice que j'étais. Difficile d'exprimer par des mots le sentiment qui m'envahissait à cet instant. L'intelligence de cette créature et l'aura que je lui attribuais lui donnait des airs d'ange. La nommant Seraph, je montais sur son dos et passa l'heure suivante à la faire courir dans la nature. Elle ne ressentait pas plus le froid que moi quand la protection divine faisait effet. Bien que pas vraiment à son aise dans la poudreuse, elle s'avéra capable de montre sur une pan de falaise sans effort. Malheureusement, je dus la rendre provisoirement à sa liberté car, je ne voyais pas comment la faire venir dans le village de pécheurs et encore moins dans la cité blanche. C'est donc tout ému et partiellement égaré que je rejoignis mes compagnons pour finir cette nuit.



Ode cinquième : Dans Trône-Blanc

Au matin, chacun se leva avec plus ou moins de mal. J'avais de la peine à garder pour moi ma joie intérieure, n'étant guère habitué à faire des secrets. Mais, dans les yeux de mes compagnons, je devinais que ceux-ci ressentaient une différence. Je ne résista pas très longtemps à faire part de mon aventure nocturne. Mes amis prirent cela comme un signe d'encouragement en faveur de notre quête. Nous quittâmes la maison en l'absence de Nadya.

Il fut décidé de ranger toutes les armes à l'abri, au milieux du tas de poisons que nous ferions mine de vouloir vendre. Rapidement les murs de Trône-Blanc furent en vue et le moment d'entrer dans la peau de nos personnages était arrivé. Avec Xoran, nous serions des esclaves combattants escortant un couple de nobles, Jairess et Akin. Ringeirr serait leur guide alors qu'Aergnaeroka et Kalt joueraient aux pécheurs. Approchant du trou dans les remparts qui faisait office d'entrée dans le quartiers des Hurlements, nous croisâmes de plus en plus de ces humains à la peau blanche, aux cheveux argentés et aux yeux de glace. Je savais qu'il s'agissait en fait de loups intelligents dotés de la faculté de se changer en humains.

L'entrée dut se faire en soudoyant une femme qui avait flairé le loup qui sommeillait en Xoran et n'avait pas avalé les boniments d'Akin. Une fois entrés, nous suivîmes l'oncle vers l'endroit où nous nous débarrasserions du chargement. Mais, nous tombâmes sur un groupe de gobelins qui en voulaient à ce dernier. Toutefois, les petites créatures comprirent rapidement qu'elles allaient au devant d'ennuis et détalèrent promptement. Peu de temps après, un homiroir se profila à une quinzaine de mètres. Ces créatures sans visages étaient sensées être les espionnes des sorcières. Instinctivement, notre groupe se détourna avec l'intention de trouver un coin discret pour l'éliminer avant qu'il ne nous dénonce. Toutefois, grâce à un subterfuge de la part d'Akin, l'attention de la créature fut détournée et nous nous esquivâmes.

Après avoir livré le poison et abandonné le chariot au bout de la ruelle, Ringeirr nous mena à nouveau à travers la cité. Quelques minutes plus tard, nous croisâmes deux hommes-loups qui se querellaient. Malheureusement, la vue de notre groupe les fit se détourner de leur différent pour venir nous chercher des embrouilles. Mais, jugeant incertaine l'issue d'un éventuel conflit, ils s'éloignèrent rapidement. Mais comme si le destin s'acharnait contre nous, peu de temps après, un homme chuta au sol après m'avoir percuté. Il s'agissait d'un esclave en fuite dont le poursuivant, un autre homme-loup, arriva et nous menaça pour récupérer sa proie. Jairess parvint à convaincre la créature de nous vendre l'esclave pour qui Ringeirr arrangea une voie de fuite. Le principal était fait. Cet homme nous quitta heureux et nous poursuivîmes notre route. Toutefois, nous en étions arrivés à une triste conclusion. N'ayant pas encore traversé un quartier entier, nous avions frôlé plusieurs fois une catastrophe et assisté à des évènements dramatiques. Trôneblanc était peut-être une grande ville, mais il n'était pas bon d'y vivre quand on n'appartenait pas à la bonne caste ou à la bonne race. Il n'était pas étonnant que les ulfes d'Irrisen se soient enfoncés dans la mélancolie et le désespoir.

Les choses ne s'améliorèrent guère. Quelques mètres plus loin, deux trolls de glace, membres de la Garde Hivernale de la reine Elvanna, s'intéressèrent à nous. Sans attendre, nous filâmes jusqu'à la maison de Mortin, l'homme qui savait faire des faux documents. Nous parvînmes à entrer avant que les trolls ne nous rattrapent et ils perdirent notre trace. Le faussaire, plus ou moins forcé par la situation, nous invita chez lui jusqu'au matin pendant qu'il s'affaira à l'élaboration de nos documents.

Une fois pourvus de nos nouvelles identités, nous quittâmes la maison de Mortin pour nous diriger vers le quartier des marchands. A peine franchis quelques dizaines de mètres qu'Aergnaeroka nous indiqua avoir repéré deux formes encapuchonnées. De fait, il s'agissait de ces homiroirs qui surgirent et nous abordâmes pour un contrôle en règle. De longues minutes s'écoulèrent en compagnie de ces machines qui scrutèrent les papiers ainsi que probablement les esprits. Moments stressants ! Malgré tout, elles nous laissèrent repartir. Le quartier des marchands sentait fortement l’opulence. Ringeirr nous mena vers des bains publics, entrée secrète du repaire des Hérauts du retour de l'été. Il nous guida à travers un passage dissimulé puis des tunnels souterrains au bout desquels nous rencontrâmes enfin Solveig Ayrdahl, la chef de ce groupe. Après lui avoir révélé les raisons de notre présence ainsi que le but de notre mission, elle nous accorda l'asile ainsi que son aide. Toutefois, elle réclama de notre part que nous nous défassions de Logrivitch, un dragon blanc qui était aussi l'un des commandants de la Garde hivernale. En l'éliminant, nous pourrions nous allier les survivants de la Garde de fer, l'ancien ordre militaire loyal à Baba Yaga. Ces derniers pourraient ainsi s'insurger contre les sorcières et créer la diversion dont nous avions besoin pour atteindre la Hutte. Le dragon résidait au sommet d'une tour remplie de trolls ! Nous passâmes les quelques jours nécessaires à la préparation de ce projet au cœur du repaire de la résistance, le Sanctuaire du Bourgeon Éternel, un havre de paix dissimulé sous la cité blanche.



Ode sixième : Atteindre la Hutte de la légendaire Baba Yaga

Ce fut par une matinée brumeuse que nous quittâmes ce paradis. Solveig nous guida, sur un charriot de marchandises. Les uns sous la bâche, les autres en selle, nous arrivâmes en vue du beffroi qui servait de nid au dragon. Une fois descendu, je fis appel à mon lien divin avec Seraph pour le convoquer à mes cotés. Lorsqu'il apparut, je me hissa sur son dos et le présenta à mes compagnons. J'allais devoir me familiariser avec une nouvelle façon de combattre. La tour abritant des trolls, j'imaginais que je pourrais chevaucher ma monture sans trop de peine. J'avançai jusqu'aux lourdes portes d'entrée qu'encadraient deux statues de pierre. Elles donnaient sur un hall. Toutefois, les statues se mirent en branle et se jetèrent sur nous, s'avérant être des caryatides. Le combat fut mal aisé. En effet, nos armes menaçaient de se briser sur la pierre et une fois entrés dans le hall finalement peu spacieux, nous fûmes gênés. Seuls Xoran et Seraph purent combattre, aidés par la magie d'Akin. Les caryatides finirent par succomber mais au prix de nombreuses blessures. L'assaut de ce beffroi débutait mal !

La suite ne fut guère mieux. En effet, alors qu'Akin ouvrit une des trois portes, il aperçut un troll occupé à affûter une hache d'armes. Mais, soudainement, une sorte de molosse ignoble se jeta sur lui et referma se puissantes mâchoires. Toutefois, dans un élan incompréhensible, Jairess poussa Akin pour le protéger. La gueule du trolosse se referma sur le cou de la jeune femme, tranchant une bonne partie de sa gorge. Elle s'écroula sans vie sur le sol, tandis qu'une petite brise fantôme sembla agiter ses longs cheveux blancs. En moins d'une minute depuis que nous étions entrés dans cette tour, nous venions de perdre notre douce sylphe. Le cœur lourd, nous forçâmes la porte et, en quelques secondes, abattîmes les deux créatures. Un coup de tonnerre venait de nous assommer. Nous venions de perdre cette jeune oracle qui, petit à petit, avait su s'intégrer au sein de notre groupe au point que sa mort nous atteigne au plus fort.

Mais, nous ne faisions que suivre le chemin que les dieux nous traçaient. Et, à l'image du jour du départ d'Elzékiel, le noir manteau du cavalier allait encore une fois changer d'épaules. En effet, la minute suivante, après avoir occis un autre adversaire qui gardait une sorte de prison, nous délivrâmes des enfants ainsi qu'un elfe. C'est autour du cou de ce dernier que le manteau s’enroula. Le enfants libérés, le mage elfe fut immédiatement plongé dans le bain et, avec lui à nos cotés, nous dûmes nous défaire de trois trolls de plus. Le chemin jusqu'au dragon était encore long...

Comme moins d'un mois auparavant, un nouveau compagnon de route avait surgi à l'instant de la perte d'un autre. Les Dieux faisaient avancer leurs pions sur le grand échiquier qu'était Golarion ! Lhem'my Sphad'ace n'eut aucun répit pour choisir sa destinée. A peine sorti de sa cage, il se trouva mêlé à notre groupe et plongé au milieu de combats sanglants, étreint pas la volonté du Cavalier Noir. Cependant, ce mage elfe est comme nous. Il a suivi la piste du gel pour savoir ce qui menaçait sa contrée.





Le beffroi de l'effroi, P10, poste 192.





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