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La nanny et les docks



Umberlie émerge doucement d'un rêve où il était encore une fois question de pirates. Toutes les histoires que son père Jack lui racontait, étant petite, sur leur ancêtre Caleb Loewe, un jeune capitaine de navire trahi par son pays, qui est ensuite devenu pirate, avaient éveillé sa curiosité et son imagination d'enfant.

Elle s'endormait en rêvant à de fabuleuses aventures et d'incroyables trésors, au jour où elle trouverait un trésor si immense que son père n'aurait plus à passer sa vie en mer, et sa mère (Jenny) n'aurait plus à travailler, où ils quitteraient leur petit appartement au-dessus de la boutique de couture maternelle, et iraient vivre enfin dans un beau quartier, sans se préoccuper de l'argent.

La jeune fille profite encore une minute ou deux de la chaleur de son lit.

Ding ding ding ding.


Ding ding.

Voilà quelque chose qui lui manquerait, le jour où elle déménagerait. Ces cloches, ce sont les bateaux de pêche qui reviennent à quai. Comme une mélodie dont elle ne se lasse pas.

Il est presque 5 h du matin. Elle espère pour eux que la pêche a été bonne. Il ne manquerait plus qu'une famine pour achever les bas quartiers. Elle espère que son père va bien, où qu'il soit, et qu'il revienne vite.

La chambre de Lee aurait probablement éveillé l'intérêt de la garde, si un jour quelqu'un d'autre que ses parents y était entré; comment, dans une maison pauvre, une jeune fille peut-elle entasser des livres (d'aventure, surtout), de jolis draps colorés, et une foule de bibelots de styles divers, dont certains valent leur pesant d'or? C'était des cadeaux d'anniversaire que son père lui ramenait, année après année. Sa mère lui cousait aussi une jolie robe. Lee avait déjà surpris sa mère en train de lui confectionner... une robe de mariée. La jeune fille s'était vraiment sentie coupable de ne pas être à la hauteur des espérances de ses parents; devenue un garçon manqué pour son père, elle ne peut plus être la jeune fille bien élevée que sa mère attend d'elle.

Il n'y avait pas de futur marié. Et Lee avait trop envie de vivre toutes les extraordinaires aventures dont elle rêvait enfant, pour se faire enfermer dans le rôle de l'épouse obéissante. Quel homme accepterait une femme qui court toujours après les ennuis?

Elle avait bien un faible pour un jeune capitaine de la garde, mais elle ne pourrait jamais s'approcher de lui sans qu'il reconnaisse la petite voleuse qui lui a déjà échappé plusieurs fois... Elle voulait surtout éviter la prison pour ne pas jeter l'opprobre sur sa famille.

Elle finit par se lever, et se fraya un chemin dans le souk qui envahissait le plancher de sa chambre. Au moins, si un jour quelqu'un voulait la tuer, c'est l'assassin qui risquerait sa vie dans cette chambre.

La maison est encore silencieuse et Lee descend à pas de loup pour ne pas réveiller Jenny. Elle prépare un peu de café et fait une rapide toilette, avant d'enfiler sa robe noire, son fichu blanc et son manteau.



Sur le chemin qui la séparait de son travail, elle préparait mentalement sa journée avec les enfants; elle avait un emploi de nounou chez des gens aisés, treize heures par jour.

C'était une aubaine, les parents l'avaient choisie parmi d'autres candidates parce qu'elle savait lire. Mais c'était aussi un calvaire; cinq enfants en bas âge. Qui ont toujours besoin de quelque chose, qui sont jaloux les uns des autres, qui veulent être les préférés, trop gâtés, à qui elle devrait tout pardonner? Comment les éduquer si elle ne pouvait pas leur dire non? Et Madame qui en attendait un sixième... Ce que ça fait d'avoir six enfants à élever? Imaginez que vous vous noyez, et que quelqu'un vous tend un bébé.

« Maintenant, on va tous faire un dessin. » « Non, moi je veux aller jouer avec mon petit voilier, décrète Anthony. » « Anthony m'a brisé ma poupée! » se plaignit Sarah, qui était grippée. Bientôt, toute la maison y aurait droit.

Sarah tirait sur la jupe de Lee, s'essuyant au passage le nez dessus, en geignant : « Bras! Bras! » Mais Lee avait déjà les deux plus jeunes dans les bras, elle s'assit donc sur le tapis pour permettre à la petite de lui faire un bisou.

« Il fait trop frais pour aller au jardin, alors si on lisait ton livre préféré? »

Quand Umberlie pensait avoir la situation sous contrôle, une odeur caractéristique s'éleva de la couche de Carlyle. Au moins, il était en bonne santé.

Elle aimait les enfants De Beers, dont elle s'occupait depuis leur naissance, mais ils étaient vraiment fatigants.

Parfois, quand elle avait quelques minutes pendant que les enfants faisaient la sieste (et où elle devait ranger leur bordel) elle approchait d'une fenêtre du côté nord, qui donnait sur la villa d'à côté où vivait un couple assez discret, les Ingram. On disait beaucoup de choses sur eux, mais Lee avait appris de ses employeurs que leur voisin vivait reclus depuis que sa femme avait fait une psychose post-partum, en perdant son bébé à la naissance.

Elle avait essayé d'en finir plusieurs fois, mais aux dernières nouvelles, elle restait maintenant cloîtrée dans la chambre d'enfant. Voilà pourquoi Madame Ingram ne pouvait plus non plus voir ses voisins en peinture, eux qui s'étaient reproduits comme des lapins et étaient si snobs qu'ils employaient une nounou au lieu de s'occuper de leurs SIX enfants qu'ils avaient la chance d'avoir.

Lee connaissait Madame Ingram avant sa grossesse et faisait tout pour se faire bien voir de ses employeurs, donc être sympa avec leurs voisins, et les deux femmes s'entendaient bien. Mais l'endeuillée ne voulait plus voir Lee, surtout avec ses habits de nounou!

C'est alors qu'on frappa à la porte d'entrée, et curieuse, Lee se pencha au-dessus de la rampe d'escalier pour épier la scène. C'était Mr Ingram, qui venait voir Mr De Beers. Lee était toujours contente de le voir sortir un peu de chez lui. Il valait mieux qu'elle garde les enfants en haut cet après-midi.

« Vous rentrez chez vous, Miss Loewe. Puis-je vous accompagner un instant? » demanda Mr Ingram, avec son habituel sourire triste. « Bien sûr, pourquoi pas? » Et ils parlaient ainsi de temps en temps, de l'utilité de faire venir une infirmière à domicile ou des traitements possibles offerts par les temples locaux. Mais Ingram était un grand sceptique, et Lee tentait de le convaincre d'aider sa femme, quitte à faire appel à la religion.

Ils ne pouvaient discuter en public bien longtemps, sinon les gens auraient jasé, et Lee ne voulait gêner ni son ami, ni sa famille. Mais elle était bien décidée à trouver de l'aide pour son amie, et comptait mentir en disant que c'est Mr Ingram qui lui a demandé de trouver un prêtre pour les aider.

En rentrant à l'atelier, elle trouva sa mère en plein travail et commença donc à préparer le dîner. Et là, contre toute attente, Jack rentra à la maison, heureux de ses derniers larcins et fourbu. Il raconta à sa famille ses derniers exploits et les rumeurs qui circulaient dans les villes avoisinantes.

Il fit promettre à sa fille de se coucher tôt; le lendemain soir, ils iraient dérober une statuette ensemble.

Ce soir-là, elle pensa aussi à sa sortie avec ses cousins, prévue pour dans deux jours; aller au théâtre!! Elle adorait le théâtre, surtout comique, et absurde. Et aussi les restaurants exotiques, qui donnaient envie de voyager, en écoutant des bardes jouer des instruments inconnus par chez nous...
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