Scénario 3 - Partie 19 - La grotte de Barl

Le vent souffle, la neige tombe. Un seul bruit se mêle à celui du vent : le souffle haletant d’un nain, se remettant d’une folle cavalcade. Thorim rejoignit ses amis à l’entrée de la grotte de Barl, le géant de pierre. À l’entrée de la grotte l’attendent, abrités du vent par les murs immenses qui s’élèvent au-dessus d’eux et des os d’un ancien dragon bleu, deux hommes et un gnome monté sur un fourrure-ardent. Gelvern, le gnome alchimiste, rieur, buveur et pyromane, dont la soif d’aventures n’a d’égal que sa soif de bière, lui sourit en le voyant revenir. Le nain et lui ne se privent jamais de rendre hommage à leur dieu Cayden Cailéan dans les tavernes où ils passent. Ses deux autres comparses, Roland, l’inquisiteur au regard rougeoyant et Caleb, le rôdeur au visage plus marqué par le combat que par les années, semblaient comme sortir d’une obscurité cachée, où ils se soustrayaient aux regards quelques instants plus tôt.

« Bon. Qu’est-ce qu’on fait ? On campe pas loin d’ici, ou bien on y retourne ? » suggéra Gelvern. « Si on y retourne pas, on y est allés pour rien » remarqua Roland, qui n’avait comme Gelvern aucune blessure de leur visite toute récente au bas de cette grotte. « Et puis de toute manière on ne va pas camper ici, c’est plein de neige, on ne peut pas se cacher convenablement, et le Fort est à peine à 3 heures de marche » ajouta-t-il.  « Ouais mais 3 heures… c’est fatiguant ! Surtout qu’on reste 10 minutes et qu’on est à sec à chaque fois ! On va pas faire 6 heures aller-retour pour 10 minutes… » se plaignit Gelvern. « Je suis le seul vraiment blessé, » commença Caleb, « j’en profite au passage pour vous rappeler que j’aimerai, avant toute chose, qu’on me soignât un peu… Ensuite, je suis pour y retourner.». « Hmm… de mon côté je ne suis plus en mesure de produire des soins efficaces. D’ailleurs, tiens » dit Gelvern en tendant une petite fiole bleutée et bulleuse, semblable à celle qu’avait gobée Thorim quelques instants plus tôt pour atteindre la taille d’un ogre. « Voilà un Agrandissement tout neuf. Tu as toujours ton Déplacement. Est-ce que quelqu’un veut Coup au but ? » « Oui, moi. J’en ai marre de rater mes tirs à longueur de temps. » répondit Caleb en tendant la main.

Les 4 aventuriers débattirent longuement de la marche à suivre pour ne pas se faire avoir à nouveau. Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, ils optèrent pour l’option habituelle mais néanmoins efficace : « On descend, on lui pète sa gueule, et c’est fini ! » dit Gelvern en souriant toutes dents dehors comme il savait si bien le faire. Et la compagnie de descendre, pour la troisième fois en deux jours, les grandes marches qui les séparaient de Barl et de son armée d’ogres…

Là, au bas de l’escalier, ils retrouvèrent les cadavres de 4 ogres, victimes des bombes de Gelvern. Caleb prit le parti le plus sage et alla voir des côtés de la forge et de la « chambrée » des guenaudes qu’ils avaient libérés la veille. « Rien à signaler » annonça-t-il doucement à son retour. Ils continuèrent vers le croisement d’où ils avaient été contraints de fuir peu de temps auparavant. Caleb voulu aller voir en haut des escaliers à leur gauche si des ogres ne se cachaient pas là pour les prendre, une fois encore, à revers. « Mais ça sert à rien d’aller là-haut ! » s’impatienta Roland, « Si il y a des ogres on va se vider et on devra repartir ! » expliqua-t-il. « Tu préfères qu’on aille jusqu’à Barl, qu’on le tue avec le peu qu’il nous reste, et qu’ensuite on doive combattre ces ogres-là à vide ? » s’enquit Gelvern. « Non avec un peu de chance, une fois leur chef tué ils se rendront, ou s’enfuiront. ». Un peu de chance... c’est pas notre fort en général… pensa Gelvern.

« Psst… Gelvern ! Viens voir un peu par ici ! » appela discrètement Caleb qui était parti, malgré les plaintes de Roland, en direction des escaliers. « Est-ce que tu penses pouvoir désamorcer le piège qui est là ? » dit-il en montrant une volée de marches juste après la première. « Où ça ‘là’ ? Je ne vois rien … » « Mais si, là ! ». Caleb montrait ce qu’il pensait être un soulèvement entre l’avant de la marche et son palier, constituant une plaque de pression apte à déclencher un mécanisme quelconque. « C’est juste une plaque de marbre qui a été posée sur la marche, c’est déco.». Gelvern, remonté sur Garm le fidèle compagnon de Caleb, posa une main sur son épaule. « Détends-toi Caleb il n’y a rien à craindre ». Caleb était certainement toujours un peu secoué du sort qu’il avait pris de pleine face et qui l’avait forcé à combattre deux ogres ramenés d’entre les morts pour fuir la salle, effrayé jusqu’au plus profond de son être, lors du premier combat à cet endroit. « Plus personne en haut, c’est une salle fermée comprenant un autel à Lamashtu (la déesse des monstres) rapporta-t-il à son retour.

Aussi lentement qu’une ombre, dissimulé par l’obscurité qui régnait à cette extrémité du long défilé de pierre longé par dix lourdes statues de pierre, avançait Caleb, s’approchant à pas feutrés du rebord du petit canyon qui conduisait jusqu’au trône de Barl. Arrivé à sa hauteur, il se hissa et alla rapidement se cacher derrière la statue la plus proche. Il avait, pour monter, enjambé les deux cadavres des ogres dans lesquels il avait dû se trancher un chemin, mais celui qu’il aperçut plus loin, au pied d’une statue, ne lui rappelait aucune de leurs victimes. Tandis qu’il s’approchait prudemment, Roland en faisait de même en longeant l’autre rangée de statues.Thorim et Gelvern, toujours monté sur Garm, avaient entamé la montée des longues marches composant le corridor central surplombé des statues.

Caleb fit un signe discret à Thorim en direction du cadavre d’ogre louche, sorti une flèche et prépara son arc, s’apprêtant à faire feu sur l’ogre lui pris-t-il l’envie folle de montrer le moindre soubresaut de vie. Thorim, ne voulant perdre aucune précieuse seconde lors du combat inévitable qui s’ouvrait devant eux, porta à sa bouche la fiole de liquide bleuté et bulleux. Dans un silence relatif, ses bras commencèrent à s’allonger, emportant avec eux son lourd harnois de guerre métallique. En un instant, le nain, qui faisait habituellement un bon mètre cinquante, avait pris la taille géante d’un ogre ayant fini sa croissance. Il occupait maintenant presque tout l’espace en largeur du petit canyon. Il avança jusqu’à la hauteur de Roland, qui avait lui aussi avancé.

Un bruit lourd et sourd se fit entendre. « Je me rend, vous avez vaincu tous mes ogres. ». La voix caverneuse résonnait dans la cheminée qui regardait la scène d’en haut. Une voix semblable au râle de deux montagnes que l’on frotterai l’une sur l’autre. « Venez, approchez, je suis vaincu. Je me constitue prisonnier » leur dit Barl.

Un rire résonna à son tour dans la caverne. Un rire que les aventurier connaissaient bien. « Hahahaha ! Hé Barl, tu nous prends pour des Blourgh ? On nous a déjà fait le coup, te fatigue pas ! » cria Gelvern avant de monter sur le mur intérieur avec l’aide de Garm qui le rejoignit en sautant l’instant d’après. Tout le monde avançait.

Caleb, après avoir fait quelques gestes et prononcé quelques paroles magiques, banda son arc et décocha une flèche en direction de l’ogre étendu sur le sol devant lui. La flèche, qui juste avant de finir sa course dans l’abdomen de l’ogre, s’agrandit tout-à-coup sous l’effet du sort Arc de gravité lancé par Caleb pour atteindre la taille d’un bon carreau de baliste. Elle reprit sa taille normale aussi vite qu’elle l’avait quittée une fois l’impact absorbé par la chair morte dans un bruit de viande molle.

Arrivé à portée de vue de Brise-Terre l’énorme masse en pierre de Barl, Gelvern voulu prendre le géant à son propre jeu. Il plongea la main dans la poche de sa tenue d’aventurier, et en sorti un petit morceau de papier vieilli, qui tenait roulé sur lui-même sans aucune autre forme d’attache. Il le déroula délicatement et commença à réciter les écritures qui s’y trouvaient.

Eum nos mutus quem las psykomotorum de nos forsseum ja… Malédiction ! Il venait de se tromper dans la formule, ses yeux avaient malencontreusement sauté une ligne de trop dans la précipitation et il lui fallait tout recommencer ; mais maintenant l’effet de surprise était plutôt compromis…

Thorim avançait quant à lui en direction de Barl quand quelque chose le dérangea : Barl était en train de scander en une supplication pierreuse aux morts une formule magique destinée, comme l’avaient compris Caleb et Roland, à le rendre aveugle. La Cécité ne se fit pas attendre ; à peine Barl eut-il articulé le dernier mot de l’incantation que la vision de Thorim fut obscurcie par un épais rideau noir. En quelques secondes son entraînement au combat en aveugle lui revint à l’esprit, et il prit son courage et sa hache à deux mains et continua d’avancer bravement, tête baissée, vers la source de son affliction.

Gelvern sentit le temps se ralentir et la maîtrise de son corps lui échapper. Se demandant à quel sort funeste il avait bien pu succomber, il se vit se retourner pour apercevoir juste à temps une masse de pierre géante s’abattre dans sa direction. Sans attendre, son corps commanda à Garm d’esquiver sur le côté. Ce dernier obéit immédiatement évitant le coup de masse de justesse, alors que déjà les mains de Gelvern mélangeaient avec expertise les composés chimiques dangereux en une bombe, qu’elles lancèrent presqu’immédiatement après à deux mètres devant lui, là où son corps se trouvait ce qu’il lui semblait une éternité auparavant. Tu me paieras une bière, lui dit une voix dans sa tête. Puis, aussi vite que cela lui était arrivé, Gelvern sentit le temps redevenir normal et son corps lui revenir. Est-ce possible ? pensa-t-il, l’Esprit des Esprits, Vallon en personne, aurait-il pris le contrôle de mon corps pour me sauver d’un coup qui aurait pu me coûter la vie ? Gelvern pris une demi-seconde pour encaisser ce qui venait de lui arriver, et affichait de grands yeux étonnés. Une intervention divine, un miracle de son dieu, qui avait dû jauger de sa valeur lors de ses précédentes aventures et qui, vraisemblablement, le jugeait suffisamment digne de lui pour lui accorder son aide – du moins celle d’un de ses servants. Sa détermination en fut renforcée d’autant plus.

Au même moment, l'énorme statue adossée au mur, non loin du trône de Barl, devant lequel celui-ci attendait, se mit à bouger. La poussière tombait çà et là sous le lent vrombissement de la peau pierreuse qui se mouvait à présent dans un effort pour se redresser. Caleb observait la scène avec précaution, toujours caché derrière une des statues, quand tout-à-coup il sentit derrière lui un mouvement. Sans sourciller, il lâcha tantôt son arc en faisant volte-face, lança ses mails derrière son dos puis, quand il les abattit à nouveau devant lui, elles accompagnèrent sa longue épée en un mouvement tranchant vers le bas. Sans prendre le temps de se demander si l’ex-cadavre était à nouveau mort, il enchaîna sur deux autres grands coups, dont le dernier fit voler la tête de l’ogre qui passa devant le géant de pierre proche de Gelvern qui se demandait encore comment le petit gnome avait réussi à éviter son coup.

Le géant avançait vers Roland, en armant sa masse de pierre couverte de mousse par endroits. Roland eut très peu de temps pour esquiver, trop peu, et sa jambe fut prise entre le sol de la caverne et l’énorme bloc de pierre qui s’abattait sur elle. Il poussa un cri de douleur et recula, tant bien que mal, pour aller aux côtés de Caleb, en bougeant en même temps ses doigts pour activer la puissance magique de ses Jugements.

Ce dernier avait ramassé son arc et avait avancé lui aussi en direction du haut de la pente qui menait au trône. Il était en parfaite position pour tirer sur le géant. Il prit entre ses doigts deux flèches de son carquois, banda son arc, et usant de toute sa dextérité de rôdeur décocha les deux flèches en direction du géant, qui talonnait maintenant Thorim. Clunk, Clunk… Les deux flèches ratèrent leur cible, la troisième et la quatrième …également. « Putain, j’en ai marre … marre … arre .. arre …» résonna la caverne.

Roland fit à son tour bon usage de son arc. Il encocha une flèche, concentra son énergie et tira sur le géant qui faisait face à Gelvern. La flèche se transforma en un éclair embrasé qui vint perforer le dos du géant en un sifflement crépitant. La deuxième flèche était déjà prête, mais le géant sous le coup de la première fit un mouvement avec sa masse qui envoya la flèche ricocher et venir toucher Roland juste à côté de son œil. Il fut chanceux dans son malheur car la flèche avait raté l’œil et il put recouvrer la vue quelques secondes plus tôt, une fois que les éclairs qui le parcouraient se furent calmés.

Ce n’était pas le cas de Thorim, qui se défendait tant bien que mal face à deux géants, dont Barl, qui le tenaillaient et le rouaient de coups de masse aussi violents que bruyants, résonant dans toute la caverne sur sa lourde armure. Elle le protégeait des coups, supportée tantôt par son bouclier, tantôt par sa hache, dans cette tâche ardue. Réduit à ne se concentrer que sur son ouïe, Thorim n’essayait même pas de frapper. Il se contentait de tenir en respect les deux géants de près de 4 mètres chacun, du haut de ses deux mètres cinquante. Pas mal, pour un nain !

Gelvern, décidé à en finir au plus vite avec cette menace dominante qui s’élevait devant lui faisant presque quatre fois sa taille, sauta à bas de Garm. Il plongea les mains dans sa sacoche, et répéta les mouvements que son corps avait fait, heureusement mais bien malgré lui, quelques secondes avant. Whooosh…BOOM. La bombe venait de s’écraser dans le flanc du géant. Une fois le feu passé et la fumée retombée, il vit qu’il avait emporté une bonne partie de la peau de pierre du géant, laissant sa chair rosée à nu. « Beuuuaaah c’est à ÇA que ça ressemble dedans un géant de pierre ? C’est dégueu ! » se moqua-t-il. « Allez Garm, attaque ! »

Garm fit un bond en avant tous crocs dehors, passant derrière le géant, et choppa la cuisse à nu du géant. Ce dernier poussa un petit grincement de surprise, ne parvenant pas à parer l’attaque du fourrure-ardent rapide comme l’éclair. Garm ferma ses mâchoires puissantes et tira brusquement en arrière. Le géant s’étala de toute sa masse, mort de ses blessures.

Barl et son espèce frappaient toujours Thorim. Barl fit tourner son Brise-Terre pour prendre de l’élan, mais une soudaine bourrasque vint lui faire se prendre ses vêtements dans son manche, l’empêtrant et l’empêchant de porter son coup. Caleb en profita pour lui décocher une nouvelle volée de 4 flèches, dont la plupart cette fois atteignirent leur cible. Roland l’imita et planta deux puissantes flèches dans le dos du géant qui martelait celui de son ami Thorim.

Gelvern s’avança et sorti un nouveau parchemin, différent du premier. « ALORS BARL TU VEUX JOUER ? ON VA JOUER ! MAIS AVEC TES PROPRES ARMES ! » cria-t-il à l’attention de Barl, sans se soucier si celui-ci l’écoutait ou non. Il commença lire le parchemin à haute voix en se concentrant sur le géant gisant là, à quelques mètres devant lui.

Necromortis qui fuerent oxydae te dirigorum kaksjx… Zut ! il avait encore raté son incantation. Décidément, sa langue ne lui obéissait guère. De nouvelles flèches perçaient le flanc du géant dans le dos de Thorim qui commençait à accuser les coups de masse de plus en plus lourdement. Necromortis qui fuerent oxydam… Ah non pas encore ! Gelvern ne parvenait pas à déchiffrer le parchemin correctement, dans l’obscurité pénétrante de la grotte, et la douleur du coup qu’il avait reçu lui aussi dans la jambe lui vrillait la pensée, l’empêchant de se concentrer sur les écrits magiques. Il faut dire aussi que le parchemin lui-même n’était pas un des plus simples à utiliser.

Quelques flèches de plus de Caleb et Roland, ainsi qu’une bonne série de morsure et de coups de griffes de Garm eurent finalement raison du plus petit des deux géants qui s’effondra en soulevant un nuage de poussière, éclairé à la lueur des torches d'apparat du trône de Barl. Ce dernier marmonnait en effectuant quelques passes magiques avec ses doigts. L’armure de Thorim, habituellement d’un métal luisant, commençait a se flouter. Une épaisse condensation se formait rapidement, pour se transformer en givre tout aussi vite. L’affliction atteignit vite son cou et son torse. Il commença a devenir légèrement bleu de froid, une grande veine pompant visiblement du sang décorait le bas de son mohawk. Puis, en un grand râle, son corps fit stopper le givre qui tentait de prendre part de son corps, et qui commençait déjà à fondre. Thorim avait résisté sans souffrir au sort de Barl, qui n’avait pas l’air satisfait du résultat qui s’offrait à lui.

Caleb profita de cet instant de déroute pour attaquer Barl à pleine puissance. Il claqua des talons pour activer ses bottes de célérité qui émirent un léger tintement suivi d’un whoosh qui accompagnait ses mouvements qui s'accélèrèrent immédiatement. Il encocha deux flèches qui partirent presque immédiatement dans le flanc gauche de Barl, en s’élargissant avant l’impact pour infliger un maximum de dégâts. Une troisième et quatrième flèches ratèrent leur cible, mais une cinquième fila, accompagnée d’éclairs, et vint compléter la colonie qui s’installait dans l’abdomen de pierre. Roland avait profité de l’ouverture et avait tiré instinctivement au même moment que Caleb, et en visant le même endroit. Il se préparait déjà à tirer deux autres flèches l’une après l’autre, dans le corps de son ennemi.

Pendant ce temps, Gelvern s’évertuait à réciter ce satané parchemin qui ne voulait lui livrer son secret. Il finit par abandonner l’idée et avança pour se rapprocher du trône. Il fabriqua une bombe qu’il tenta d’envoyer s’écraser sur le torse du géant mais dans son agacement de ne pas arriver à lire son parchemin il y mis trop de force et rata son lancer. La bombe vint s’écraser - et exploser - sur le trône, envoyant au passage un souffle enflammé violent dans le dos du dernier géant debout.
Barl levait son Brise-Terre au dessus de sa tête. Il l’abbatit violemment sur celle du nain. Un éclair de lumière rouge se fit apercevoir juste avant l’impact. Juste après celui-ci, une onde à la lueur rouge semblait transférer une énergie depuis le corps maintenant inconscient de Thorim vers le Brise-Terre puis vers la main et le bras de Barl refermant ses blessures.

Thorim est tombé, il faut faire vite ! se dit Caleb, qui visa cette fois le cou de Barl où la peau pierreuse avait l’air un peu moins dure pour permettre la souplesse des mouvements. Deux, trois, quatre, cinq, six, septs flèches virent s’ajouter aux quelques unes qui décoraient toujours le corps du géant. Caleb et Roland venaient de lui envoyer tout l’arsenal.

“BON OK BARL ! Ta magie m’échappe encore un peu, alors on va jouer à MA manière !” Gelvern, l’air déterminé d’en finir, lança lui aussi tout ce dont il était capable : deux grosses fioles brûlantes sifflèrent et vinrent s’écraser de plein fouet sur le corps du géant, l’effet dont elles étaient imprégnées par le lancer - habile cette fois - de Gelvern permit aux flammes de contourner le corps inerte de Thorim qui n’avait pas besoin d’un bon brasier, malgré son petit coup de froid l’instant d’avant.

Barl, qui venait de se régénerer, était maintenant couvert de blessures, brûlures et autres flèches. Sa peau lui manquait par endroit et il vacillait. Il jeta son Brise-Terre au sol, en se mettant à genoux, et supplia qu’on le laisse en vie. Cette fois, sa reddition avait l’air sincère. Caleb avançait néanmoins prudemment en direction de Thorim, toujours allongé et inconscient. L’atteignant il versa dans sa bouche le contenu d’une potion aux couleurs rougeoyantes sans équivoque. Thorim ne parut pas revenir à lui, la potion devait être de faible puissance.

Roland s’approchait aussi. “Et qu’est-ce que tu nous offre en échange de ta vie ?” demanda-t-il d’un ton… inquisiteur. “Je vous dirait ce que je sais !” promit Barl. “Des informations !”.

“Et qu’est-ce que tu pourrais bien savoir qui nous intéresserait ?” demanda Gelvern avec son grand sourire. “Après tout, on a tué tous tes ogres, et on vient de te vaincre, toi leur chef.”. “Pour qui travailles-tu ?” coupa Roland. “Mais enfin c’est évident il travaille pour Moquemurion” répondit Gelvern avant que le Géant n’ait pu articuler une réponse. Ce dernier paru interloqué. Comment savaient-ils ? Qui sont-ils ? “Ah, “ ajouta Gelvern en se tournant à nouveau vers le géant, “et on a buté ton acolyte aussi… La grosse salope”.

“Que fais-tu ici, pourquoi lèves-tu une armée d’ogres ?” demanda Roland. “Vous devez promettre de me laisser en vie” supplia Barl. “Hahahahaha ! Parce que tu crois que si nous te laissons en vie ton patron va faire de même ?” rit Gelvern. “Je peux toujours me cacher” expliqua Barl. “Te cacher ? Hahahaha !” repris Gelvern de plus belle, son sourire s’étendant jusqu’à ses oreilles, “Nous t’avons trouvé sans peine, caché ici; Crois-tu que Moquemurion aurait plus de mal à te trouver que nous ?”. “Euh… “ balbutia-t-il, “Et où est-il, Moquemurion ?” le pressa Roland. “Il est dans sa forteresse à ..., si vous voulez y aller… vous pouvez.” dit le géant, qui ne comprenait plus rien à la situation. Qui étaient ces damnés aventuriers qui venaient de décimer ses ogres, ses frères géants, Lucrecia et son armée ? “Et le barrage, que sais-tu sur ça ?” “Le but était de tuer le plus de gens possible ayant été marqués par la marque de mon seigneur”. Gelvern se remémora l’homme qui déchargeait les caisses chez le tavernier, plusieurs jours auparavant, et sur qui il avait remarqué la marque en question. L’étoile à 7 branches de Sihédron, symbole des écoles de magie. La même marque qui avait été retrouvée sur les cadavres des personnes mutilées par le juge Roncefer et ses sbires à Magnimar. Tout semblait montrer que cette marque avait un effet particulier quant au sacrifice de son porteur, et que Moquemurion avait besoin d’une grande quantité de l’énergie - ou quoi que ce soit d’autre - que cela lui apportait. “Et qui les a marqués ? Ton seigneur ?” “Non c’est Lucrecia”. Ils se souvinrent de ce qu’ils avaient appris au Bac de la tortue : Lucrecia possédait un bateau-casino sur le petit lac à côté de la ville; elle y avait tourné la tête d’un des Flèches-noires, elle a sûrement dû marquer le corps des autres visiteurs de cette abomination ronde et pointue. Mais pourquoi ne pas simplement les avoir tués alors ? se demanda Gelvern. Une question qui resterait sans doute longtemps sans réponse.

“Hmmm…” gémit Thorim en revenant à lui, après que Roland lui eut lancé un sort de Soins modérés. Il ne voyait toujours rien mais entendait la respiration forte de Barl, comme un vent qui souffle entre les montagnes. Sa main se resserra sur sa hache qu’il tenait toujours, et il porta un coup tranchant au géant qui l’avait mis KO. Barl, n’ayant rien vu venir, fut terrassé sur le coup. J’aurai sa tête pour la fête prévue au Fort Rannick ! se réjouit Gelvern. “Non attends !... Trop tard… Pourquoi tu l’as tué ? Il se rendait !” pesta Caleb. “Bah… je sais pas moi je me réveille et il est toujours là, tu préfèrerais que je prenne le risque de le laisser en vie si le combat n’est pas terminé ?” répondit Thorim, encore très faible bien qu’il fut debout, et toujours aveugle.

Les héros coupèrent donc la tête de Barl, pour la ramener, ainsi qu’un grand carré de sa peau pour permettre à Caleb de dessiner une fois encore une carte menant au plus grand trésor de Barl (de son point de vue). Gelvern espérait que l’endroit le plus important pour Barl était celui où se trouvait Moquemurion, ou bien quelque chose pouvant les mettre sur la piste, puisque personne ne se souvenait du nom de la forteresse donné par le géant en échange de sa vie - croyait-il.

Une heure et demie plus tard, après avoir fouillé toute la caverne de fond en comble et trouvé quelques onyx leur permettant sans doute d’activer le pouvoir du crane qu’ils avaient trouvé au barrage. Ils chargèrent le nain comme une mule, comme d’habitude, et partirent à nouveau bravant la neige, le vent et la température en direction de Fort Rannick.

“Quand est-ce qu’on boit?”, “Ouais je dois une bière à Cayden !” commencèrent Thorim et Gelvern.



“Et la, tout se ralenti, mon corps se retourne et me fait esquiver in-extremis la masse énorme d’un géant de pierre. Puis il m’a fait lancer une bombe, EN PLEIN DANS SA FACE ! C’etait Valon je vous dit ! L’esprit des esprits m’a sauvé !” Les grands yeux étonnés des bâtisseurs, de Zoui le gobelin musicien, de Yap le petit pixie et de Jackardros le chef des lieux étaient tous rivés sur Gelvern qui racontait son histoire en buvant une bière. “Tiens, c’est vrai, sers m’en une pour Valon !” demanda-t-il. “Mais, t’as déjà une bière !” le réprimanda Roland; “Ouais, je sais ! Celle la c’est pour Valon ! A ta santé !” dit-il en posant la bière sur une table à côté de lui. A peine l’eût-il posée qu’il la repris, sans que ses yeux ne regardent ce que faisaient sa main, sa tête se tourna, but la choppe d’une traite, et ajouta “Ahhh ca fait du bien !”. Zoui demanda à se faire servir une bière de plus “pour Valon”. Gelvern trinqua avec lui, et avec Thorim qui malgré la cécité n’eut aucun mal à atteindre le verre de son ami.

“Bon, je pense qu’il faudrait aller voir la nymphe des bois demain” dit Caleb. “Après être passés voir le prêtre, hein !” s’inquièta Thorim. Puis, ils allèrent tous se coucher pour recevoir un sommeil bien mérité. Barl n’était plus; mais la vallée était-elle hors de danger ? Comment allait réagir la nymphe à l’annonce de la mort de son amant ? Pourrait-elle le ramener à la vie ? Le crâne promettant de geler une porte vers les enfers et semblant les diriger vers le centre de l’abysse de Storval était-il une bonne chose ? Le chemin parcouru était grand mais il leur restait tant de choses à découvrir encore ...
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