Scénario 3 - Partie 20 - Le saule noir

C’est de très bon matin que Caleb alla frapper à la porte de Thorim pour le réveiller, espérant pouvoir le guider jusqu’au prêtre, également maire de la ville : Shreed. En partant tôt, peut-être auraient-ils la chance d’arriver à temps, avant que leur soigneur habituel de ces dernières semaines n’ait préparé les sorts qu’il pourrait lancer aujourd’hui. Si c'était le cas, ils pourraient peut-être le convaincre de préparer - en plus des sorts de restauration pour leur sagesse perdue - un sort de guérison de la cécité pour redonner la vue à son ami le nain. Après avoir chevauché aussi vite que leur permit le noir total dans lequel Thorim devait guider son cheval (c’est-à-dire très peu vite), ils arrivèrent à Bac de la tortue aux alentours de 7h du matin. Ils frappèrent à la lourde porte de l’église toujours en attente de reconstruction Bong Bong Bong. “BONJOUR MES AMIS !” les acueillit Shreed. Vraisemblablement, ils ne le réveillaient pas. Zut. se dit Caleb. “Euuhhhmmm… Bonjour on vient pour nos soins que nous vous avions commandé et ….” Commença Caleb. Shreed passait déjà sa main devant le visage du nain suspicieusement: “Hou-ouh !? .. Ah. Qu’est-ce qui… non, en fait je ne veux pas savoir.” “Pouvez vous le soigner ?” s’enquit Caleb. “Hmm oui. Par contre il faudra revenir demain.” Rezut. Pendant se temps se réveillaient Gelvern et Roland, après une bonne nuit du repos des héros, bien mérité. Gelvern commença à déchiffrer le livre de sorts de Barl, trouvé sur son cadavre encore chaud. Alors voyons cela… hmmm oui, oui, oui, connu, oui… AH ! Un sort de “Marionette de peau”, ça a l’air dégoutant… GÉNIAL ! Roland, de son côté, surveillait d’un oeil mauvais Zouhi, comme à son habitude, guettant la moindre raison de le tuer, tout en se rappelant qu’il fallait lui prendre son sac sans fond, un sac magique permettant d’y fourrer tout et n’importe quoi et de ne jamais avoir à se soucier du poids que cela pèse. “Bon, quel est le plan de la journée ?” demanda-t-il à Gelvern. “Hmm et bien je crois que nous allons voir la nymphe, maitresse de Yap et amante de Lamatar, dans son marais au Saule Blanc, n’est-ce pas ?” répondit Gelvern. “Avec un peu de chance elle pourra peut-être faire quelque chose pour lui” ajouta-t-il. “Hmm ouais. Bon, on verra.” répondit Roland à mi-chemin entre le manque d’intérêt et le dédain. Après avoir pris un solide petit déjeuner, ils partirent en direction de la ville retrouver leurs amis ... ou la taverne pour Gelvern. Une fois arrivés à la taverne, ils tombèrent sur Thorim, entouré d’une grosse dizaine de personnes, en train de raconter son aventure chez les géants et visiblement toujours aveugle. “Thorim ! J’ai soif !” prévint Gelvern en se mettant à courir et à sauter de table en table en direction de celle de son camarade. “Gelvern ! Santé !” cria Thorim en guise de réponse, en soulevant la chopine qu’il lui offrait. Gelvern, par une pirouette agile, atteri sur la table au centre de tous les membres de l’assemblée incrédules et étonnés. “C’est qui celui là ?” “Un autre aventurier ?” “Mais il est tout p’tit !” pouvait-on entendre parmi eux. “Je suis Gelvern, un camarade de Thorim, et je l’ai aidé à tuer des dizaines d’ogres, et même des géants !”. Il n’en fallait pas plus, les personnes étaient conquises. Gelvern continua en raconta ce qu’il lui était arrivé avec Valon, comment il avait pris le contrôle de son corps et l’avait aidé, lui. Ils étaient tellement occupés à boire des bières qu’on leur offrait et à raconter toutes leurs histoires qu’ils - surtout Thorim - ne virent pas Caleb redescendre de la chambre qu’il avait loué pour y effectuer son sort de Divination sur la peau de Barl qu’il avait découpée à cet effet. Il rejoignit Roland attablé plus loin, qui évitait la foule, et lui montra la carte. “Voilà… pfff dommage !” lâcha-t-il. En effet, on ne voyait sur la carte représentant les régions de Golarion qu’un seul et unique point d’intéret : La caverne de Barl. Cela devait sûrement représenter le coffre qu’ils y avaient trouvé et où se cachait des tableaux, l’un représentant une nymphe et l’autre un chevalier en armure, des objets magiques et quelques pièces, pensèrent-ils. “Et Caleb il est où ?” demanda Gelvern à Thorim. “Euh … je sais pas il voulait faire sa carte” lui répondit-il. Gelvern se redressa sur la table et parcouru la salle des yeux un instant, avant qu’ils ne se posent sur la table où Caleb et Roland commençaient à partir. Une fois tous sortis, Caleb leur annonça en montrant la carte qu’elle ne leur serait certainement d’aucune aide. Un peu déçus, il se raccrochèrent à l’idée que - peut-être - la nymphe leur serait d’une quelconque aide. “On va au Saule Blanc, du coup ?” demanda Gelvern, “Ouais, dès que Roland est revenu....” lui répondit Caleb. En effet, Roland s’était éclipsé ainsi que son cheval. “Bah ? Tiens oui, où est-il ?” dit Gelvern en cherchant des yeux alentours. “Et bah… vous auriez pas oublié un truc, en partant, si on veut aller chez la nymphe ?” expliqua Caleb d’un air moqueur. Mince ! Le corps de Lamatar ! comprit Gelvern.

Roland, aux commandes de la charrette tirée par son cheval, s’arrêta là où il avait laissé ses amis deux heures et demie plus tôt : devant la taverne. Il entra et les découvrit tous attablés, occupés à se restaurer. “La porte ! Il fait froid !” cria quelqu’un à l’intérieur. “Bon, on y va ?” s’impatienta déjà Roland, sans prêter attention aux autres personnes. “Bah non, la on mange” répondit Thorim. “Bah ouais, il faut bien manger avant de partir ! En plus t’as rien mangé ce matin, viens prendre un truc !” ajouta Gelvern. “Non, on part maintenant” appuya Roland. “Mais… on va mourir de faim !” se plaignit Gelvern. “Il faut qu’on parte maintenant, c’est loin …”. “Loin comment ?” demanda le gnome. “A peu près a 3 heures d’ici…”, “Aller-retour ??”, “Oui.”. “Bon !” Gelvern s’était levé en frappant ses mains à plat sur la table. “Tavernier ! Vous auriez de quoi emporter ça ?” demanda-t-il en montrant ce qui restait de ragout aux champignons dans son assiette. “Bien sûr, monsieur.”.

  • * *

    Il faisait de plus en plus froid lorsqu’ils sortirent de Vide-amer. Ils avaient traversé la ville sans s’y attarder, ayant encore de la route à faire au travers du marais du Saule blanc. Ils s’engagèrent sur ce qui servait de route dans cette direction, pénétrant peu à peu dans ce qui ressemblait à une forêt fantôme. Les arbres semblaient morts, secs, gris et inhospitaliers. Le vent soufflait fort et parfois il leur semblait entendre quelques paroles quand celui-ci s’écorchait dans les arbres.
    “On est encore loin ?” demanda Thorim, toujours aveugle et monté à l’arrière de la charrete, aux côtés du corps de Lamatar. “Encore un peu, il faut plus avancer par là” lui répondit la petite voix peu rassurée de Yap. Plus ils avançaient, plus ils frissonaient. Non à cause du froid mais davantage à cause de l’ambiance générale des environs. Un léger brouillard était présent, les chevaux et Garm peinaient à avancer dans la boue humide qui formait le sol.
    “Huh ?!” fit Caleb en tournant rapidement la tête pour mieux voir la chose qu’il avait cru voir fureter du coin de l’oeil. Il eu un mouvement de recul en constant qu’une branche était à quelques centimètres de sa tête. A-t-elle bougé ? se demanda-til.
    De plus en plus inquiets, ils continuèrent à avancer prudemment. Ils leur semblait maintenant entendre des gens gémir, des plaintes lentes, comme agonisants. “Heu, vous entendez ça ? C’est normal ça Yap ? Tu entends ?” s’inquiètat légèrement Gelvern. “Euuh non c’est pas normal. J’entends oui, ils parlent en pixie” lui répondit-il. “En pixie ? Moi j’entensd du commun… Bon ! Du coup c’est pas grave, ca doit être notre imagination !” se réjouit le gnome.
    Au bout de longues minutes, ils arrivèrent en vue d’un petit point d’eau. Elle était d’un noir profond, la surface lisse comme un miroir, imperturbée par le goutte-à-goutte provenant d’un arbre surplombant le monticule qui s’élevait tout contre, ses racines allongées aux travers, jusqu’au dessus de l’eau.
    Tous savaient que l’eau était soit empoisonnée, soit envoûtée, soit une autre forme de menace quelconque, et qu’il ne fallait sûrement pas y toucher. Malgré cela, la curiosité de Gelvern étant trop forte, il scruta l’eau en passant à côté pour y chercher quelque trace d’un quelconque mouvement, un poisson, un signe de vie. Il se rendit rapidement compte que son reflet le regardait, et qu’il lui semblait impossible de s’en détourner. Il vit le reflet de la monture de Caleb passer derrière lui. Sur elle, un cavalier squelettique au visage écorché tourna la tête et posa son regard sur Gelvern. Une langue affreuse passa sur ses lèvres tandis qu’il semblait s’apprêter à sauter sur le gnome un peu trop curieux. Ce dernier sentit sa volonté faiblir et tenta à nouveau de toute la force que son mental fatigué lui permettait de détourner son regard de l’eau. Au prix d’un effort considérable il put enfin s’arracher de l’emprise maléfique en sentant néanmoins qu’un lambeau de son esprit y restait. Il tourna vite la tête vers Caleb, qui le regardait sans se lécher les lèvres. “Ca va ?” lui demanda-t-il. “... Oui, ca va. T’as maigri ces derniers temps non ?” répondit Gelvern. Ils continuèrent d’avancer.
    Plus loin, ils arrivèrent en vue d’un énorme bateau qui semblait échoué au milieu d’un autre point d’eau, à l’air normal celui-ci, depuis très longtemps. Une couche épaisse de mousse recouvrait une grosse partie de la coque en bois, et rien ne donnait d’idée à nos aventuriers sur la provenance du bateau. “Et ça Yap? C’est normal ?” continua Gelvern. “Non, je ne pense pas. Je vous avais dit que depuis quelque temps la maitresse va mal et la forêt aussi” répondit le pixie. Ils aperçurent une plaque qui donnait sûrement le nom du bateau, écrite dans un langage qui leur était inconnu. Une minute plus tard, l’extrait Compréhension des langages de Gelvern était prêt. Il le bu, et pu instantanément déchiffrer la plaque. “Le Virtuose… Hmm, étrange” commenta Gelvern en lisant à haute voix la plaque. Bon… Ca ne nous apprends rien. Tant pis ! pensa-t-il.
    “On est encore loin Yap ?” demanda Caleb. “Non, c’est devant, je reste ici moi !” répondit-il, ayantl’air de redouter encore plus sa maîtresse que le marais inaccueillant et froid. Ils avancèrent en pénétrant dans la clairière sombre qui ouvrait devant eux sa gueule béante en direction du ciel gris et sale. Un saule impressionant gisait en son centre, son bois mort pendant au dessus d’un petit point d’eau sale mais à l’air tout aussi absent de maléfice que celui qu’ils venaient de passer.
    Tout à coup surgit en hurlant de ce minuscule lac un forme bleutée fantomatique dont l’éclat s’intensifia tellement que Caleb, Roland et Garm furent instantanément aveuglés. Gelvern, qui avait eu à peine le temps de se protéger les yeux, risqua un coup d’oeil lorsqu’il lui sembla que la sombre clarté fut retombée. Devant lui, flottant à quelques mètres du sol boueux, se tenait une figure de femme à l’air translucide. Ses cheveux rèches encadraient un visage marqués de plis avec deux grand yeux ronds noirs. Il se déforma quand elle leur hurla : “QUE FAITES VOUS ICI ?”. “On vous apporte le corps de votre amant Lamatar, que nous avons tenté de sauver des mains de feu Barl, le géant. Nous sommes malheureusement arrivés trop tard, mais nous pensions que vous désireriez néanmoins le revoir une dernière fois.” clama haut et fort Gelvern, ne laissant passer aucun signe de peur. “Il est là !” ajouta Thorim en secouant gaiement le corps qui était à côté de lui. “LÂCHEZ-LE !” hurla-t-elle de plus belle. Elle virevolta jusqu’à la charrette dans laquelle elle se posa, prenant le corps sans vie de l’ancien chef des flèches noires dans ses bras, qui de manière surprenante furent suffisemment tangibles pour le soulever. Ses grands yeux noirs se perdirent un instant sur les traits calmes de celui qu’elle aimait. Puis, elle sorti une fiole contenant quelques huiles, l’ouvrit et la déposa à côté de la tête de Lamatar. Elle psalmodia une formule magique et, tenant d’une main une branche qu’elle avait autour du coup en collier, faisait de l’autre quelques passes magiques. Elle resta ainsi concentrée pendant une bonne dizaine de minutes, pendant lesquelles Gelvern observait. Il savait qu’elle était en train de lancer un sort de Réincarnation sur Lamatar, et il se demandait quel allait être sa nouvelle apparence. Plus le temps passait, plus se formait à côté du corps de Lamatar, un autre corps, plus grand, avec une forme mi-cheval, mi-homme. Un centaure !
    A l’issue de son incantation, elle versa les huiles sur le corps puis lui apposa un baiser sur la bouche. Une soudaine bourrasque de vent balaya le corps de Lamatar et emporta la nymphe avec lui. Le centaure se réveilla, regarda autour de lui, et Gelvern s’adressa a lui : “Bonjour ! Lamatar c’est bien vous ?”. “Ce nom … me rappelle quelque chose, une autre vie, en effet.” lui répondit-il étrangement, comme si il découvrait l’existence même de sa propre voix. “J’imagine que… je dois vous dire merci.” enchaîna-t-il. “En quelque sorte, nous vous avons sauvé, oui. Et Myrianna… est-elle partie ? Elle va revenir ? Vous allez pouvoir rester ensemble maintenant !” dit Gelvern, plein d’espoir. “Myrianna… est partie, oui. Mais elle n’est plus de ce monde, je le crains.” dit le centaure, la voix teintée d’une légère tristesse. “Mais … Qui va protéger cette forêt maintenant ?” demanda le gnome, ouvrant de grand yeux. “C’est mon rôle désormais.” expliqua le centaure. “Ah? Vous ne revenez donc pas avec nous ? … Je m’en doutais… D’ailleurs que doit-on dire a Jackardross ?”. “Vous lui direz ce que vous voudrez. Mon ancienne vie n’est que passé, elle ne me concerne plus vraiment. Et il y a beaucoup à faire ici.”. “Très bien. Merci, … euh… Comment doit-on vous appeler ?”. “Je n’ai pas encore choisi de nom.”. Lamataure ! Non, Centatar ! … Non… Lamacentaure ! Gelvern passait en revue dans sa tête des idées de nom à une vitesse folle, il dût bien même en laisser échapper un ou deux à haute voix. Aucun n’eurent sembler plaire au centaure, quoi qu’il en fut, et il leur demanda poliment de le laisser seul.
  • * *
    Le chemin du retour, bien que puisant sur les réserves de nos héros fatigués, fut bien moins pénible que l’aller. Le bois marécageux étant redevenu aussi hospitalier qu’un bois marécageux peut l’être, les hurlements, plaintes, gémissements et hallucinations visuelles en moins, la traversée retour leur parut bien moins longue. Le virtuose semblait avoir disparu, aussi mystérieusement qu’il était apparu.
    De retour au bac de la tortue, nos amis profitèrent de ce rare moment de réel répit entre deux aventures pour se reposer, bien manger, bien boire, et aller passer commande d’artefacts et autres objets magiques aux commerçants du coin.
    Il leur restait peu de pistes pour découvrir où se cachait réellement Moquemurion, et quel était réellement son plan. Seul un crâne de crystal et quelques onyx allaient bientôt les guider vers le centre de l’abysse de Storvale.
    Qu’allaient-ils y trouver ? Quels nouveaux dangers les attendaient-ils là-bas, au milieu des flots de ce qui avait failli engloutir la ville plusieurs jours plus tôt ? Et quel était la réelle signification de cette inscription sur le crâne magique ?
    Les lentilles de la mort-vivance gèleront une porte vers les corridors de l’enfer
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