Journal d'Irini Phydoménios

Ceci est le journal d’Irini Phydomenios, Chevalier de la Croix-céleste et porte-épée Phydomenios

18 juin 1807

Une nouvelle vie commence. Mes supérieurs m’ont accordé leur confiance en m’envoyant vers la marche occidentale de l’Andelève. Il parait que les habitants du cru sont rétifs aux apports de notre belle civilisation impériale. Le barbare inculte y côtoie le paysan attaché à ses idoles et ses superstitions. Dans le défilé menant à cette vallée, nous avons effectivement aperçut des groupes de barbares sur les hauteurs, mais ils n’ont pas osé s’attaqué à une troupe bien organisée comme la notre. Dix soldats m’accompagnent pour relever la garde du village de Val d’Isambre.

19 Juin 1807

Un Troll, attiré par la viande que nous avons fait cuire, nous a attaqué hier soir. Avec l’aide des soldats, la victoire n’a coûté que quelques blessures à l’un des gardes. J’ai pu refermer ses blessures, mais il faudra montrer son bras au père prieur ce soir car je pense que l’os doit s’être brisé.


Nous avons été accueillis par le prieur. Celui-ci tente d’imposer un peu de discipline au village, mais je pense qu’il s’y prend mal pour inspirer le respect à ces montagnards, usant d’autorité brute sans donner de sa personne. J’ai de plus un sentiment de méfiance vis-à-vis de cet homme. Je suis certaine qu’il doit abuser de son pouvoir d’une manière ou d’une autre. Ceci dit, j’ai eu l’impression que le bibliothécaire, le frère Isidorius et le sous prieur, le frère Thalorn, semblent partager mon animosité à son égard.

Le 13 Juillet 1807

Au village, j’ai pu m’apercevoir du relâchement des mœurs inacceptable. La fille de Prosper Mérimée s’ébattait dans une soupente remplie de foin avec ce vaurien de Prêteursurgage. On peut dire qu’ils se sont trouvé ces deux-là. J’ai menacé de faire scandale s’il n’y avait pas mariage. Les noces sont fixées pour dans deux semaines. Je pense que cela fera réfléchir les jeunes filles aux conséquences de leurs actes.

Le 15 Juillet 1807

J’ai reçu la visite d’un homme que les villageois appellent « le cornu ». Si je n’avais pas une si bonne connaissance des religions barbares, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’un sorcier ou d’un adorateur de la bête. Il s’agit d’un prêtre du Cerf, idole païenne de la chasse, de la virilité et de la mâle fertilité. Il a voulu m’intimider en disant que je n’avais rien à faire dans ce village. Je lui ai répondu que certaine choses allait changer.

Le 21 Juillet 1807

J’ai fait interrompre une sorte de fête donnée pour célébrer les derniers « jours de liberté » du jeune Prêteursurgage. Le cornu était mêlé à tout cela. Par la grande croix, un homme sur le point de prendre femme ne devrait pas songer au mariage comme à un point final à sa liberté mais comme le début d’un véritable amour qui s’incarne physiquement et s’épanoui lorsqu’une nouvelle vie voit le jour. Comme ces paysans sont indécrottables.

Le 27 juillet 1807

La fête des noces a eu lieu aujourd’hui. Une belle cérémonie, célébrée par le sous prieur Thalorn. Les deux jeunes semblaient être aux anges. Après tout, il semble que la situation leur convient plutôt bien. J’ai également rencontré des gens charmants à la fête : les Vanhalon. Ils m’ont invité à partager leur repas ce mercredi.

Le 31 Juillet

Le repas chez les Vanhalon fut délicieux. Cette famille est charmante. Une petite fille nommé Périce s’est montrée fort curieuse à mon endroit. Je jurerais bien que cette petite possède la grâce en elle. Il faudra que j’en parle à ses parents un jour. Elle pourrait intégrer l’ordre. A moins que le prieur ne la remarque et ne décide de l’envoyer dans un couvent. Mais la fillette m’a semblée si pure, si spontanée que je la vois mal se faner dans un de ces carmel à prière. Il faudra que j’en parle au prieur.

Le 10 Aout 1807

J’ai encore surpris un couple. Ils étaient couchés dans les alpages, et je suis arrivée avant qu’ils ne passent à l’acte. Ils m’ont dit qu’ils étaient innocents mais que des fées leur avait jeté un charme. Je ne sais pas si je dois les croire. Je ne les ai pas inquiétés plus que cela mais je dois me renseigner sur ces histoires de fées. Il semble que ces superstitions restent fortement encrées dans l’imaginaire collectif.

Le 21 Aout 1807

C’est horrible. Un berger a été retrouvé par sa fille éventrée. Il semble que ce soit l’œuvre des loups, mais il me semble que le mal ait laissé ses empruntes invisibles sur la scène. Il est temps que je m’occupe de choses plus importantes que des mœurs des jeunes du village.

Le 23 Aout 1807

Rien. Je n’ai rien trouvé. En désespoir de cause, j’ai été trouvé le cornu. Il s’est montré patient et poli, et m’a même assuré de son soutient si je voulais résoudre cette affaire.

Le 21 Septembre

Après plus d’un mois d’enquête, je vais enfin pouvoir agir. Cette nuit, plusieurs personnes semblent devoir se rendre à un endroit impie pour la nuit de l’équinoxe. Je les suivrai à distance.

Le 23 Octobre.

Enfin. Après trois jours d’errance dans les bois, j’ai pu retrouver mon chemin. Quelle honte. Alors que je suivais les cultistes, des êtres invisibles de la forêt ont tout fait pour m’y égarer. Je ne sais toujours rien de ce culte mystérieux qui se réunit pour l’équinoxe. Mais je sais à présent que les fées ont bel et bien infesté la forêt. Demain, j’irai leur donner une leçon.

Le 24 Octobre

J’ai entrepris de tracer une sorte de frontière pour marquer la limite des terres exploitées par les paysans pour le glandage, la chasse et le ramassage du bois. J’ai tracé cette frontière avec de la limaille de fer, car chacun sais que les fées détestent le fer. J’ai ensuite averti les fées de laisser les mortels tranquilles. Le cornu est venu me voir en me disant que j’avais réussi à irriter les fées de la cour visible, qui sont, selon lui, digne de confiance. Quel idiot. Si les fées veulent m’affronter, je les attends.

Le 25 Octobre 1807

Quelle catastrophe.
J’ai voulu continuer mon travail de délimitation. Je me suis arrêtée un instant près d’un petit ruisseau ; un endroit tout à fait délicieux. Les feuilles automnales étaient encore en partie sur les arbres et donnaient à ce coin de paradis une saveur toute poétique. A quelque mètre, un rustre de barbare semblait perdu dans la contemplation du paysage. C’est alors que je l’ai aperçue. Une nymphe. Une créature plus belle que tout ce que j’ai jamais vu. En posant mon regard sur elle, je suis restée sans volonté quelques instants. Sa beauté avait éveillé quelque chose de fort en moi, quelque chose qui avait sommeillé depuis trop longtemps. Avec quelques mots, la nymphe demanda au barbare de me tenir la main. J’étais subjugué. Le barbare s’approcha. Il était fort jeune et ses cheveux étaient de la même teinte que les blés d’été. Sa beauté était grande, mais celle de la nymphe l’éclipsait totalement. Lorsqu’il s’approcha je pu sentir son odeur corporelle tant il était proche.

Suivent une soixantaine de lignes qui ont par la suite été méticuleusement raturée jusqu’à ce que l’on ne puisse plus en lire la moindre lettre.

Le 26 Octobre

Aurais-je perdu la tête ? Tout d’abord cette nymphe qui me fait tomber dans ses filets par ruse, ensuite, ce texte qui surgit de ma propre plume ? Je ne sais plus où j’en suis. Pourvu que personne ne l’apprenne. Mais il ne devrait pas y avoir de raison que l’on apprenne quoi que ce soit… Je l’espère.

Le 27 Octobre

J’ai tellement honte de ce que j’ai fait. Toutes mes certitudes en sont ébranlées. Il y a à peine quelques mois, je voulais être l’incarnation de la vertu puritaine. Un modèle à suivre… et aujourd’hui, j’ai croisé le barbare, une sorte de scalde, de ne rien dévoiler de ce qui s’est passé. Il a ri et m’a assuré qu’il ne ferait pas de scandale… Si du moins je n’en faisais pas si jamais je le surprenais avec une autre fille. Cette dernière remarque m’a laissée sans voix et m’a fait comprendre à quel point j’ai pu me fourvoyer. Non, je ne tenais vraiment pas à le trouver avec une autre femme, mais heureusement pour moi, il va bientôt repartir pour les hauts alpages où sa tribu fait paître son bétail montagnard.

Le 10 Novembre

Suite à une intrigue que j’avais lancée plus tôt, le prieur vient d’être appelé sous d’autres cieux, laissant au frère –ou plutôt au père –Thalorn la charge du monastère. Celui-ci m’a également confié une précieuse relique. Je me suis ouvert à lui de mes doutes, et il m’a remis une ancienne baguette permettant de prédire les conséquences de nos choix ; un précieux outil. Cependant, tout ceci me semble lointain. Je me rends compte que j’ai passé ces derniers jours à m’apitoyer sur moi-même. Mais le combat continue, et je dois aller de l’avant. Même si j’ai commis une faute, je dois continuer à faire ce que j’estime juste. Les villageois ont maintenant un prieur qui incarne certes l’austérité, mais aussi la vertu. Il ne reste plus qu’à démasquer ceux qui sont lié à cette histoire de culte.

Le 15 novembre.

Je suis sur une piste.
Il semble que la procession que j’avais tenté de suivre n’était qu’une partie de l’affaire. Lors de celle-ci il semble que les cultistes sont allés trouver une obscure divinité cachée dans la forêt pour pactiser avec elle. On m’a parlé d’une pierre fée. Chaque année, ces pactes se renouvellent. Certains y auraient, selon les plus folles rumeurs, acquis de terribles pouvoirs.


Il faut que je prie avec plus de force. D’habitude, je ne tombe jamais malade, et là, la mauvaise qualité de la nourriture locale n’arrête pas de me retourner l’estomac. Tout rentrera dans l’ordre lorsque j’aurai recommencé à me battre pour ce que je sais être bien.

Le 21 Novembre.

Des loups ont encore attaqué un berger. A nouveau l’emprunte du mal est là. Je sens également que certains villageois sont touchés par cette emprunte. Il s’agit de quelque chose de très faible, a laquelle je n’avais pas prêté attention. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression de voir les choses avec plus d’acuité. Il y a bel et bien quelque-chose de louche qui a lieu.

Le 23 Novembre.

J’ai été parler au cornu et j’ai accepté l’aide qu’il m’avait offert il y a quelque temps. Nous avons recoupé nos informations. A présent nous y voyons plus clair. D’ici peu, nous serons en mesure de démasquer les fauteurs de trouble.

Le 25 Novembre.

Horreur.
A présent, je sais. Une vie grandit en moi. La vengeance de la nymphe se poursuit. J’ai beau me dire que cela n’est pas vrai, tous les signes sont là. Parfois, comme une ombre qui passe, la tentation me vient de prendre les herbes connues pour faire cesser la grossesse. Mais je ne peux pas faire cela à mon enfant. La vie est sacrée, même celle du fruit de mes ébats indignes. Je ne puis cependant retarder mon combat contre ce qui corrompt ce village.

Le 15 Décembre.

Avec l’aide d’Isidorus, de Thalorn, du cornu et de Prosper Mérimée, nous savons quand le prochain culte doit avoir lieu. Il semble qu’il y ait bien un prêtre de la bête mêlé à cette histoire.

Le 18 Décembre.

Il gelait, la veille. Nous somme parti peu avant minuit. Nous avons aperçu les villageois se déplaçant sans bruit ni lumière vers un endroit reculé dans la nature. Là, autour d’un cadavre laissé là depuis plusieurs jours, grouillant de mouches, ils ont commencé à se dévêtir et à psalmodier leurs infâmes mélopées. Ils se sont mis à danser, corps contre corps. Il me semblait presque qu’il s’agissait encore d’une affaire de mœurs, les paysans devant refouler leurs pulsions pour ne pas paraitre inconvenant se réunissant la nuit pour donner libre court à leurs fantasmes. En effet, le spectacle devenait de plus en plus écoeurant. Au bout d’un moment, je fus presque tentée d’intervenir pour sermonner ces tristes compères, de les enjoindre à se comporter honorablement et de les renvoyer chez eux. Mon compagnon, je le savais, avait des idées plus libres en matière de sexe et j’ignorais si un tel spectacle parvenait à le dégoûter. Mais plus que cela, j’avais l’intuition, qu’une autre force était ici à l’œuvre, et que si elle permettait à ces gueux de donner libre cour à leurs fantasmes, elle exigeait également d’eu autre chose.


Je ne fus pas déçue. Bientôt, un personnage empli d’une autorité impie et vêtu d’une peau de loup fit son apparition. Après quelques oraisons à l’« Immonde Bête qui sommeille en nous », il se mit en devoir de saillir publiquement plusieurs femmes. Si nous avions été certains de ne pas blesser les villageois, plus victimes que coupables, nous serions intervenus sur le champ. Mais nous avons dû patienter durant cette grotesque frénésie. Le prêtre s’accouplait au nom de son immonde divinité, et je priais de toutes mes forces dans l’espoir qu’il n’ait pas réellement le pouvoir d’enfanter pour lui.


Tard dans la nuit, la cérémonie prit fin. Les villageois repartirent, c’est alors que nous avons pu attaquer le prêtre. Mais les pouvoirs qu’il détenait étaient bien réels et il se transforma bien vite en une créature personnalisant tout ce que l’homme peut voir de mauvais dans le loup. Le combat fut rude, mais heureusement, l’épée de mes pères avait le pouvoir de le blesser cruellement. Nous le vainquîmes donc, mais le cornu fut également blessé. Il me supplia de rester à ses côtés jusqu’à la prochaine pleine lune, car il devait à présent absorber des herbes toxiques pour tuer l’esprit maléfique du loup qui menaçait de s’introduire en lui.

Le 22 Décembre.

Tout va bien. La blessure du cornu guéri, et les poisons qu’il a ingéré l’ont protégé du sort funeste sans pour autant le tuer. Lorsque j’ai vu le cornu choisir les herbes toxiques, je n,’ai pu m’empêcher de repenser aux herbes des accoucheuses, celles qui mettent fin à une grossesse. En moi aussi quelque chose grandit, mais ce n’est ni un être conçu lors d’un sabbat, ni une maladie maléfique. C’est un petit être que je venais décider d’aimer. Tout au plus a-t-il été conçu sous l’impulsion d’une fée, ce qui pourrait marquer l’enfant, mais sans en faire non plus une créature perdue. J’élèverai cet enfant, même si je dois renoncer à mon statut. Mais demain, il faudra que je retourne fouiller la cachette de ce maudit prêtre.

Le 25 décembre.

Par la grande croix. Il a suffit de si peu de chose pour réduire mon courage à néant.
Je suis retourné aujourd’hui à l’endroit que nous avions trouvé et que nous avions identifié comme la cachette du prêtre. J’y ai trouvé les informations que je cherchais, au sujet du lieu où les pactes sont passés à l’équinoxe. Mais un piège empoisonné était dissimulé dans ses affaires, et j’ai bien cru que j’allais perdre l’enfant. La longue marche dans l’épaisse couche de neige me parut interminable. Je suis arrivée épuisée, gelée complètement affaiblie par le poison. Prosper Mérimée m’a croisé et m’a recueillie chez lui. Il a tout de suite compris à la manière dont je crispais mes mains sur mon ventre. Il me fit couler un bain chaud et me donna une sorte d’antidote qu’il accompagna d’un plat d’oignon frits. Sa gentillesse me fit du bien. Je sus à ce moment que je ne pourrais pas continuer à combattre tant que je porterais mon enfant. Je sus aussi que je ne pouvais laisser celui-ci dans un monde où une pierre fée permet aux villageois de sceller des pactes avec les démons. Non. C’était impossible. Mais tout d’abord, il faudrait que je quitte la ville. Même si je n’envisage plus cette grossesse comme une déchéance, il est inutile de l’étaler aux yeux de tous. Dorénavant je vivrai cachée et combattrai le mal dans l’ombre jusqu’à ce que je puisse poser mon épée pour m’occuper de mon fils.

Le 01 Janvier 1808

Je me suis installée dans une petite caverne, très haut dans la montagne. L’air y est pur, la vie simple. Seul Prosper Mérimée vient me rendre visite et m’apporter quelques nouvelles. Sinon, je vois de temps en temps deux jeunes pâtres barbares pour qui je suis une curiosité. Le plus jeune a à peine quatre ans mais se comporte déjà comme un petit pillard. Ses cheveux noirs et bouclés lui cachent ses yeux, et il ne se sépare jamais d’un solide morceau de bois avec lequel il assomme des ennemis imaginaire. A part cela, rien ne trouble la quiétude de ces lieux.

Le 17 Juillet 1808

Je sens que j’approche du terme. J’ai donné une pièce d’or au petit barbare pour qu’il parte chercher Prosper. J’espère qu’il ne trainera pas.


Lazarus est né aujourd’hui au milieu de l’après midi. Prosper est arrivé une heure plus tard. Il s’est excusé de son retard, mais je suis si heureuse qu’il soit là pour m’aider à me remettre sur pieds.

Le 7 aout. 1808

J’ai le cœur brisé. Avant l’aube, sous un déguisement, je suis allé déposer Lazarus sur les marches du monastère. Thalorn ignore tout. J’espère tant pouvoir revenir le chercher dans quelques heures. Prosper, qui va lui-même être grand père bientôt, m’a proposé de garder mon fils. Je lui ai dit que je ne tenais pas à le mettre dans une situation embarrassante. Pour la seconde fois donc, je me dirige vers la foret de Nerf, vers la pierre fée, et vers le secret maléfique qu’elle camouffle.
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