Le satyre hocha la tête et répondit simplement à Allister
« Falchos. » Sans doute s'agissait-il de son nom.
Malgré les blessures qui, de toute évidence, le handicapaient, Falchos parvenait à se mouvoir avec une certaine élégance à travers la forêt, les buissons et les racines des arbres séculaires. Une élégance qu'Aelaendlara ne semblait avoir aucun problème pour égaler. Il n'en allait toutefois pas de même pour ses compagnons qui, eux, peinaient à suivre la cadence. Heureusement, le guide satyre s'en aperçut assez rapidement et, après s'être retourné pour adresser à Aelaendlara un hochement de tête admiratif, il ralentit un peu son rythme de marche. Allister, qui avait perçu le coup d'œil que Falchos avait adressé à sa cousine, ne peut s'empêcher de se rappeler ce qu'il savait des satyres et de se demander si l'admiration qu'il avait pu lire dans le regard de leur guide se bornait à la grâce des mouvements d'Aelaendlara ou si c'était le début d'autre chose…
De temps en temps, des animaux curieux pointaient le bout de leur nez pour observer ces étranges voyageurs et les suivre du regard pendant quelques secondes avant de disparaître dans le fourrés ou de retourner sous terre. Ils ne semblaient pas vraiment effrayés ; apparemment, la présence du satyre les rassuraient. L'endroit ressemblait vraiment à une forêt tenue loin de toute altération causée par l'homme et la civilisation, un lieu à la fois primitif et préservé.
Il leur fallut une bonne demi-heure de marche pour arriver à leur destination. Sans que le satyre ne dise quoi que ce soit, chacun des voyageurs ressentit que le but de leur voyage était tout prêt tant le changement d'environnement et d'atmosphère était remarquable. À un moment, les arbres semblèrent s'écarter pour leur ouvrir une voie menant vers un bosquet paisible illuminé par les rayons du soleil.
Au centre de ce bosquet s'étendait un petit étang aux eaux pures et bleutées qui ruisselaient sur divers rochers harmonieusement recouverts de mousse avant de former une petite étendue où on pouvait apercevoir de temps à autres des poissons colorés s'égayer en sautant. À la surface de l'eau flottaient quelques larges nénuphars aux feuilles d'un vert brillant et aux fleurs arborant des teintes allant du rose pâle au rouge vif, ainsi que des feuilles de chêne allant, quant à elles, de l'ocre au grenat en passant par divers verts. Celles-ci devaient être tombées du chêne majestueux qui se dressait fièrement au centre de l'étang. L'arbre, qui devait avoir plusieurs siècles d'existence, étendaient de longues branches aux couleurs vives sur une bonne partie de l'étang, comme un protecteur immobile et silencieux mais toujours vigilant.
Sans une parole, Falchos se rapprocha de l'étang et s'assit sur un des rochers qui bordaient la pièce d'eau. Sans un regard pour les aventuriers, il massa tout d'abord sa jambe douloureuse puis se pencha pour boire une gorgée d'eau avant de se redresser et d'attendre en silence.