Hogo et Ellawa quittèrent le Cochon Empalé en premier. Une fois dans la rue, Ellawa appela mentalement Simurgh et le dimorphodon vint tout naturellement vers elle, décochant un regard et un petit cri joueur dans la direction de Hogo. Le Shoanti, la druidesse et le dimorphodon firent route vers l'est en direction du campement aérien établi la veille. La petite niche qu'Ellawa s'était façonnée dans les branchages d'un arbre était plutôt étroite, mais il y avait d'autres branches suffisamment solides et proches pour pouvoir accueillir le Shoanti.

Utiliser la végétation pour se protéger des dangers naturels n'était pas chose courante dans les Plaines Cendrées d'où Hogo était originaire : les quelques rares arbres qui parsemaient ces plaines quasi-désertiques n'étaient de toutes façons pas suffisamment robustes pour pouvoir accueillir quelque campement que ce soit à la manière des solides arbres de la jungle du Mwangi. Ceci dit, au fil des semaines passées sur l'île des Contrebandiers, le Shoanti avait pu trouver d'autres repères et transposer ses habitudes dans l'environnement de la jungle… tant et si bien que, même s'il sentait que, dès le lendemain matin, il allait regretter le confort des couches du Club, il n'eut guère de problème à s'installer et à trouver le sommeil.

Les autres ex-naufragés repartirent peu de temps après, une fois l'excellent repas payé. Comme à l'aller, ils prirent bien garde à se retourner de temps en temps afin de détecter d'éventuels poursuivants, mais sans plus de succès que plus tôt. Soit que les poursuivants avaient abandonné leur surveillance, soit qu'ils étaient bien trop bons pour être repérés, surtout de nuit.



Le lendemain matin, comme à son habitude, Sébrysse fut la première à se réveiller, avant même le lever du soleil. Sans tarder, elle se dirigea vers la rue des temples pour y célébrer le rituel de l'Astre Levant comme elle l'avait annoncé dans le mot laissé au temple la veille. Lorsqu'elle arriva sur place, l'endroit était désert. Mais à peine avait-elle commencé le rituel qu'un homme d'une bonne soixantaine d'années pénétra dans le temple et alla s'asseoir en silence sur un des bancs qui longeaient les murs.

L'individu resta là pendant toute la durée du rituel, suivant avec attention les paroles de Sébrysse et méditant silencieusement. Une fois la cérémonie terminée, l'homme s'approcha de Sébrysse. « C'est bon d'entendre à nouveau la voix d'un prêtre au sein de notre petit temple. » commença-t-il, la voix chargée d'émotion. « Cela fait plusieurs années que nous n'avons pas eu de clerc consacré ici… il faut dire que c'est un petit autel sans grande prétention. » ajouta-t-il, tout en brossant du revers de la main la surface de l'autel, comme pour enlever les poussières qui auraient pu s'y accumuler.

« Êtes-vous seulement de passage ou pensez-vous vous établir dans le coin ? » demanda-t-il à la prêtresse.



Peu de temps après le départ de Sébrysse, Tiriji se leva et alla avaler un copieux petit déjeuner dans la salle commune du Club, de quoi bien se caler l'estomac pour une nouvelle journée de travail. C'est avec une certaine gaieté qui aurait même pu la pousser à siffloter en marchant qu'elle se rendit vers l'échoppe du nain. Son patron lui communiqua le programme du jour : des têtes de harpon pour les pêcheurs de crustacés et les tribus Bonuwat proches. Nouveau jet d'Artisanat ?

Au cours de la matinée, Tiriji s'interrompit à quelques reprises pour jeter des coups d'oeil dans la direction de la cour de l'entrepôt tout proche. Dans la seconde partie de la matinée, elle aperçut une silhouette familière qui se tenait de l'autre côté de la rue, en face de l'entrepôt : c'était Ishirou. Le Tianais s'était assis sur une large pierre et, pour se donner une certaine contenance, il faisait glisser un silex le long du tranchant de son katana. Ainsi occupé, il passait quasiment inaperçu au sein des autres travailleurs et artisans du quartier.



Hogo et Ellawa se levèrent d'assez bon matin également. Comme il l'avait prévu la veille, le rôdeur qui s'était installé à la va-vite sur une branche ressentit les conséquences de son choix dans ses vertèbres. C'est avec quelques grimaces de douleur qu'il redescendit de l'arbre, se disant que, s'il comptait passer une nouvelle nuit à cet endroit, il aurait tout intérêt à se façonner une petite plateforme et une couche plus confortable, comme Ellawa l'avait fait.

La druidesse fit sa collecte quotidienne de baies et de fruits, qu'elle partagea avec Hogo en guise de petit déjeuner. Ensuite, alors que la matinée était déjà bien commencée, les deux compères partirent en direction d'Outre-mur. Hogo put alors se rendre compte par lui-même du décor dans lequel vivaient les nombreuses familles mwangies établies ici.

Une petite heure après leur arrivée sur place, le jeune garçon qui avait déjà visité Ellawa la veille vint lui apporter un nouveau message clairement appris par coeur : « Si vous voulez rencontrer les Hommes Libres, soyez près de la porte Est de la ville au coucher du soleil, puis suivez le panier d'osier, entrez et ne touchez pas à la tenture. ».

Il avait trainé encore un bon moment au comptoir de la taverne du Cochon Empalé, non pas qu'il cherchait quelques informations, mais juste de manière à ne pas attirer l'attention du groupe qui fila!!!

Alors il était rentré se promenant d'ombre, en ombre dans la ville, faisant même quelques détours de manière à tâter l'ambiance nocturne de la cité. Puis il avait fini pas rentrer. Ephrem n'avait rien de prévu pour les jours qui suivaient, lui toujours sous les ordres d'un pacha, airait un peu, ne sachant pas trop quoi faire, tout en ne se faisant pas remarquer.
Bien sur que si il pouvait s'occuper, mais serait du gout du reste du groupe!!! Du coup il s’aménagea une planque sur le toi de la taverne d’où il pourrait voir les allés et venus de ses compagnons de manière à voir si à leur retour le midi ainsi que leur départ après leur collation, ils étaient observer par d'autre personne que lui même!!

Contrairement aux bâtiments d'Ilizmagorti conçus pour des climats chauds, voire tropicaux, les édifices d'Éléder, et plus particulièrement les plus anciens, ne possédaient pas de toits plats. Les colons chéliaxiens qui avaient fondé la capitale du Sargave étaient restés attachés au style architectural de la nation-mère… que ce soit simplement par habitude, par sentiment de supériorité ou par désir de se distinguer des indigènes et de leurs taudis. Juste sous le toit du Club, Éphrem avait découvert un petit grenier avec une fenêtre permettant d'accéder à l'extérieur, ce qui lui donnait une vue plongeante sur la rue et la cour qui s'étendait devant le Club.

Il n'avait rejoint son poste d'observation que trop tard pour apercevoir Sébrysse quitter le Club avant l'aube, mais il avait pu voir Tiriji tout d'abord, puis Ishirou une petite heure plus tard, puis ensuite Sasha sortir tour à tour du bâtiment. Aucun d'eux ne semblait être surveillé ni suivi par qui que ce soit.



Le jeune garçon qui était venu délivrer le message à Ellawa était reparti avant que la druidesse, occupée à conseiller Hogo quant à la construction de sa plateforme, ne lui ait répondu. Le rendez-vous était mystérieux, mais précis. En fin de matinée, Hogo était parvenu à construire une plateforme qui, si elle était loin de valoir le luxe (quoique relatif) du Club, lui permettrait sans doute au moins d'éviter les maux de dos dès le petit matin.



Tiriji avait un peu de mal à se concentrer sur son travail ce jour-là... la présence d'Ishirou un peu plus bas, en face de l'entrepôt y était peut-être pour quelque chose. Pourquoi le Tianais était-il revenu sur place ? L'histoire du vin andoranais lui tenait-elle tant à coeur que ça ? Le groupe avait pourtant décidé qu'il était sans doute trop dangereux de s'en mêler et de se faire une ennemie d'une personne puissante d'Éléder…

La gnome ne pouvait s'empêcher de détourner régulièrement son regard vers la position du Tianais. Pendant la majorité de la matinée, il ne bougea pas d'un iota.

Modifié par un utilisateur mardi 27 décembre 2016 10:25:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

Après le confort du Club, Hogo aurait pu penser que cela allait vite lui manquer. Pourtant, se retrouver en jungle fut un réel bonheur. Malgré une première nuit pas des plus confortable, le shoanti devait bien admettre que la jungle était devenue le lieu qu'il affectionnait tout particulièrement. Les odeurs, les bruits, la faune et la flore qui grouillaient de diversité tant aux niveaux des formes que des couleurs, avaient conquis le coeur du rôdeur. Tout au long de la journée, il apprécia la sollicitude d'Ellawa et bien que ne sachant pas montrer qu'il était touché par son attention, il n'avait en effet jamais eu l'habitude qu'on le materne un peu devant faire face aux problèmes qu'avaient rencontré sa famille à la place de son défunt père, il essaya tout de même de lui montrer sa reconnaissance du mieux qu'il put.

Lorsque l'enfant repartit, après avoir délivré son message, il répondit à la shamane, « Je vais venir avec toi, nous verrons bien. Après tout, l'enfant n'a pas précisé que tu devais venir seule. »

Le vieil homme hocha la tête pour indiquer qu'il était bien la personne qui entretenait régulièrement le petit autel de Sarenrae et il se présenta sous le nom de Ferdnan. Quand Sébrysse se présenta et prononça son nom de famille, il leva les yeux et plongea son regard dans le sien pour la première fois depuis leur rencontre, une petite heure plus tôt. Jusque là, par respect, il avait toujours évité de fixer la jeune prêtresse ou de la regarder trop directement. Non seulement ce respect ou cette crainte s’étaient-ils évanouis mais, en plus, il leva lentement les bras et saisit gentiment la prêtresse au niveau des avant-bras puis, d’une douce pression, l’invita à se tourner et à s’asseoir sur le banc, une expression indescriptible figée sur le regard.

Finalement, quand Sébrysse fût assise (ou que celle-ci refusât de suivre l’invitation de l’homme), il lui esquissa un sourire empreint de tristesse et la lâcha. Il se retourna vers l’autel de Sarenrae et, après s’être incliné respectueusement devant le bloc de pierre illuminé par les premiers rayons du soleil, il s’agenouilla. Il tendit les mains vers une des pierres qui formaient un socle à la base de l’autel et la délogea soigneusement de son emplacement avant de plonger la main dans l’orifice ainsi créé, d'où il ressortit un étui à parchemin. Il replaça ensuite la pierre et se redressa en grimaçant légèrement — visiblement, ses genoux le faisaient souffrir.

Du revers de sa manche, il frotta la poussière qui maculait l’étui de cuir puis, se tournant vers Sébrysse, il déposa l’objet dans ses mains. « Je n’ai pas eu l’honneur de passer beaucoup de temps avec elle, mais votre mère était très fière de vous. Je vais vous laisser lire son message à votre aise. Je serai là demain à l'aube si vous avez d’autres questions pour moi. » dit-il tout en faisant un pas en arrière. « Merci pour la célébration. Acceptez toutes mes condoléances, prêtresse. » ajouta-t-il en s’inclinant, puis il se dirigea vers la sortie.

L’étui à parchemins contenait plusieurs vélins enroulés recouverts d’une écriture élégante que Sébrysse reconnut immédiatement comme étant celle de sa mère. L’espace d’un instant, Sébrysse revit son visage dans l’œil de sa mémoire. Le visage en question était celui d’une femme aux traits élancés que, d’après son jeune âge apparent, personne n’aurait pu prendre sérieusement pour la mère de Sébrysse. Celle qui avait pris le nom de Juliver Zasath après son mariage devait sans aucun doute son apparente jeunesse aux traces de sang elfique qui coulait sans ses veines, une caractéristique dont on pouvait également retrouver quelques indices du côté de la forme particulièrement élancée de ses oreilles et des courbes élégantes de son menton et de ses yeux.





Le temps de compulser les nombreux écrits, de relire encore et encore certains passages ou bien encore de se perdre dans les souvenirs et la méditation et la matinée était déjà bien entamée quand Sébrysse rangea enfin les parchemins dans l'étui de cuir. Il était temps de rentrer au Club pour le repas de midi.

Depuis son poste d'observation, Éphrem put revoir ses compagnons revenir les uns après les autres. Il prit quelques minutes de plus pour vérifier si quelqu'un les suivait — sans repérer qui que ce soit — puis descendit dans la salle commune où ils étaient rassemblés autour de la grande table.

Je ne sais pas si Ellawa et Hogo rentrent au Club à midi ou pas... si une conversation se lance et que vous désirez y intervenir, vous pouvez être sur place.

Modifié par un utilisateur mercredi 28 décembre 2016 22:45:08(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lorsque le soleil fut à son zénith, Ellawa avertit Hogo qu'il était temps de faire un tour au Club afin d'avertir leurs compagnons de leur escapade nocturne. Elle fit donc le trajet jusqu'à la ville puis jusqu'à l'auberge, retrouvant ceux et celles qui étaient là. La gnominette paraissait moins enthousiaste qu'à l'accoutumé et bien-sûr la jeune chamane de la jungle s'enquit de la raison de ce tracas.

« Ce soir, au coucher du soleil, Hogo et moi avons rendez-vous » - Fit-elle simplement. Elle regarda autour pour voir si des oreilles indiscrètes trainassaient ou si des yeux inquisiteurs les fixaient - « Je vous en ai parlé hier. Si vous avez des requêtes particulières les concernant ou concernant notre affaire, c'est maintenant qu'il faut nous les exposer. »

Elle attendit d'éventuelles réponses sans s'attarder sur le sujet, puis se tourna vers Tiriji - « Quelque chose ne va pas ? »

Ephrem avait passé un bon moment à son poste d'observation, finalement cette position et ce moment statique lui rappela sa longue période de captivité, à part que là il pouvait détendre les jambes et s'enfuir au moment ou il le voulait.
Et c'est ce qu'il fit lorsqu'il vit que tous ses compagnons étaient de retour à la taverne. Il décrocha quelques minutes plus tard pour les retrouver dans la salle commune et entendre les récits des uns et des autres.

Mais c'est à la gnome qu'il fit son premier commentaire. « Mmmm!! C'est p'têtre là bas que je devrais me poster plutôt qu'ici??
Pour les filer et voir ou ils les amènent et peut être voir qui les envois? »

« Ne t'inquiètes pas, Jask. Nous souhaitons savoir surtout qui ils sont et quelles sont leurs intentions. J'ai à cœur d'aider notre peuple, bien-sûr, mais je ne mettrai pas en péril notre quête. Nous agirons avec sagesse en gardant l'intérêt général de notre groupe. Comme tu dis, nous aurons besoin d'appuis et d'alliés. Ce sont des locaux qui connaissent bien mieux la région que les envah... colons cheliaxiens et leurs descendants. Si tu cherches un guide, alors nul doute que sans leur accord, tu n'en trouveras pas. Si tu as besoin de main d’œuvre, alors c'est encore avec leur aval que tu en auras. Avoir des contacts et des accords avec eux est tout aussi primordial. Enfin nous verrons bien ce soir. Il faudra sans doute du temps avant qu'ils nous fassent confiance et pour qu'on puisse obtenir leur aide si on en a besoin. En attendant il s'agit de prendre contact et il n'y aura aucune prise de décision sans avoir été mûrement réfléchie et si possible en concertation avec vous tous. »

Modifié par un utilisateur mardi 3 janvier 2017 21:55:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

Hogo hocha la tête aux propos d'ellawa pour montrer qu'il était d'accord avec ce qu'elle venait de dire. Par contre, après avoir entendu Jask, il répondit, « Si je comprends bien ce que tu dis. Tu penses que si on a besoin d'alliés puissants, on ira les chercher dans le gouvernement de ce pays. Bin vu comment ça a l'air de se passer ici, j'ai pas trop envie. Par certains côtés, ça me rappelle ce que vivent certaines tribus de mon peuple en Varisie... Par contre, je ne dis pas non plus que les Hommes Libres sont dignes de confiance. De toute manière, les uns comme les autres m'ont l'air assez dangereux et si on peut trouver une autre solution, elle n'en sera peut-être que meilleur, non ? »

Tout en se grattant la tête Hogo répondit, « J'ai surtout l'impression qu'on met la charrue avant les bœufs. Attendons de revoir l'érudit pour savoir si ce que nous avons découvert en vaut vraiment la peine. Qui vivra verra, non ? »