Talos était heureux de voir les discussion fuser de toutes parts. Ce n'était pas encore la franche camaraderie sans retenue, mais c'était déjà un pas dans la bonne direction. Il tentait de suivre un peu toutes les discussions, mais tous parlaient de choses qui le dépassait un peu, des terres shokuriennes inconnues, des fleurs d'artifices... Il retint un éclat de rire lorsque Mizuki le ramena a un sujet qu'il maîtrisait un peu plus, l'alcool... Enfin, la préparation de liquides fermentés.
« Et bien je ne suis pas un spécialiste, mais peut-être qu'il ne faut pas le boire seul... Quoi qu'on ne devrait jamais boire seul... Mais c'est pas ça que je veux dire... Peut-être le diluer lorsqu'on le sert avec un peu d'eau... Ou alors du vin... Ou encore mieux un jus de fruit... »

Puis en hochant la tête.
« mais oui. Quoi qu'il en soit, toute préparation que vous ne comptez pas boire peut être utilisée comme désinfectant si elle est suffisamment forte en alcool »

Si elle avait espéré détourner l’attention du potentiel offensif de la poudre, la shinobi en était pour ses frais. Essuyant intérieurement une larmichette imaginaire, elle répondit avec une candeur feinte.

« Oh, je perçoit bien le potentiel. Mais quel dommage de voir une pareille utilisation de la poudre prendre le pas sur d’autres plus artistiques. Imaginez ma chère Jing, si à la place d’être réputés pour notre maitrise du mousquet, nous étions reconnus pour l’élégance et le talent créatif de nos artificiers.  »
Un soupir rêveur… en tous les cas, une graine était plantée. On verrait bien si elle portait ses fruits d’autant que Jing n’était ici qu’une interlocutrice commode pour s’adresser à tous en ouvrant une porte.

Oups.. par contre elle avait visiblement attiré aussi l’attention de la fidèle de l’Impératrice des Cieux. La jeune femme adresse un large sourire en coin à la maitre espionne.

« Et bien… oui.  »Yàn repousse d’une main la mèche qui lui obstrue le regard. « C’est même ma spécialité. Le climat ici est humide certes mais c’est surtout un problème pour la conservation des fusées. Pour le tir en lui-même c’est surtout le vent ou la sècheresse qui seraient gênant. » Explique t’elle. « Je ne vais pas vous enquiquiner avec les détails techniques mais… oui, je pense bien qu’il y a moyen d’en faire un ici. Et puis c’est bien le minimum au vu de l’accueil que vous nous faites. Au dessus de la rivière pour amplifier l’effet via les reflets dans l’eau… » réfléchit elle à voix haute.

La jeune shinobi secoue la tête à la question de Tao.

« Non, ce n’est pas un art courant, ce qui est bien dommage tant ca peut être enchanteur. Bon, il faut savoir les manier. Les débutants mettent très souvent le feu autours d’eux. Vous imaginez le problème en ville ? » Elle grimace. « Et je ne parle même pas de la composition artistique dans le choix des fusées. D’ailleurs nous envisageons d’ouvrir une boutique en ville. Bien sur c’est encore petit mais ce village se développera et je suis sure que nous pouvons y former des artificiers si notre art vous plait. D’autant que les petits peuvent être utilisés par tout le monde.

Qu’est ce que vous en pensez ? »

Se concentrer sur les menaces plutôt que sur les compatriotes... Ah cette pensée de Roi... plaisanta Jing qui avait plus d'ennemis chez ses compatriotes que partout ailleurs.

« Je ne vois pas en quoi les deux choses seraient opposées. Pao Lung enseigne que création et destruction vont de pair.  » commenta Jing pour qui la créativité des artificiers pouvaient très bien nourrir les usages offensifs d'un objet et réciproquement. « Nous autres, aranéas, produisons de la soie. Et celle-ci bien que d'une qualité perfectible est suffisamment belle pour nous avoir ouvert les portes de la noblesse (à moins que ce ne soit pour les armures que nous en tiront). Pourtant, cette capacité naturelle d'une araignée à produire et tisser de la soie, est pour faire des pièges destinés à son alimentation. Faire de beaux objets ou nourrir et protéger les siens, aucune de ces aspirations ne me semble malveillante en elle-même... Je pense que le feu n'est pas différent. » commenta la magicienne.

« Si vous avez des problèmes de protection de vos fusées, je connais un sort qui protège de l'eau. Cela dit c'est vrai qu'un feu d'artifice serait un joli spectacle. Nous sommes suffisamment proche du sud pour que les créatures de Shenmen n'y voient pas une activité suspecte dans notre région. »

Et le fait que nous fassions la fête pourrait même attirer du monde.

« Vous devriez en organiser un pour l'enterrement de Chuanyu. Ce serait une belle occasion. » suggéra-t-elle en portant de nouveau son verre à ses lèvres.

Modifié par un utilisateur samedi 14 août 2021 23:16:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

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De son côté, Tao restait aussi timide que dubitatif. Curieux échange. Ne souhaitant pas gêner outre mesure l’échange en place, il répondit brièvement à Yan en tâchant d’imiter ses homologues qui avaient plus de succès.
«  J’imagine bien le problème, et c’est dommage, c’est un bel art. Comme le dit la dame, je trouve que c’est une bonne idée. Excellente même.  » convenu-t-il, plissant amicalement les yeux.

La notion de feux d’artifice pour l’enterrement de Chuanyu était curieuse en revanche… Mais il mit ça sur le compte des différences culturelles entre Po Li et le Lingshen.
«  Enlever le bruit des explosions ? C’est… un peu dommage non ? ça a un quelque chose de festif je trouve. C’est un peu comme enlever le piquant du tofu Ma Po…  »

Modifié par un utilisateur lundi 16 août 2021 14:16:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

18 Gozran 4719 - Yin-Se, province de Siyin


Printemps à Yin-Se



Shiori, Yan et Jing, après avoir pris le temps de se changer, de retrouver les leurs au bout d'une longue expédition, et de se reposer un peu, s'était retrouvée quelques temps plus tard pour aller à la rencontre de ces fameux marchands venus de Goka. Elles furent accueillis par un jeune homme vêtu sobrement mais élégamment dans un style qui mariait les tendances Tian Shu et Tian Min, et qui les accueillit avec des manières affables.
« Mes hommages, gouverneur Wang, mes Dames...c'est un plaisir de vous rencontrer. Mon nom est Pei Ming, je représente la Compagnie du Crépuscule, une humble compagnie basée à Goka. Nos activités sont encore modestes, mais j'ai bon espoir que nous puissions trouver un terrain d'entente qui leur sera bénéfique.

Mais je manque à tous mes devoirs...je crains de ne pas avoir eu l'honneur d'entendre parler de vous, mes Dames...? »

Son regard passa brièvement sur Shiori et Yàn.

Ce marchand paraissait un peu obséquieux. Mais rien n'était forcément extraordinaire vu les circonstances. Visiblement leur invité avait profité de son temps pour faire ses devoirs et s'était au moins renseigné sur les détenteurs du pouvoir en ville. Cela présageait au moins d'un certain niveau de compétence. Ce qui était en revanche surprenant c'est qu'aucun des autres gouverneurs n'avait fait le déplacement pour rencontrer ces marchands... Cela questionnait davantage la magicienne.

« Bienvenue sur le front, Pei Ming. J'espère que mes collègues gouverneurs vous ont bien reçu. Je suis convaincue que Yin Se recèle de nombreuses opportunités pour une compagnie comme la vôtre... Votre nom ne m'est pas connu, mais votre compagnie est enregistrée comme compagnie de commerce maritime. Et comme l'a souligné très justement Dame Zhu avec sa rigueur coutumière, vous semblez bien loin de votre secteur. D'une part, je ne connais pas de fleuve nous reliant à Goka. D'autre part, d'après nos informations, vous avez surtout la réputation de commercer avec l'Avistan. Éclairez-nous... Que peut apporter une terre pleine de monstres face à une mégalopole comme Goka ? » dit-elle en marquant une pause.

Jing n'avait pas eu beaucoup de temps pour préparer cet entretien. Mais grâce à ses agents à Gaotong et à la venue du temple rouge à Yin Se, elle avait eu accès à une liste des entreprises commerçant au Lingshen.

« Il y a un autre point qui m'intéresse. Quel terrain d'entente justifie que vous deviez conclure une entente avec moi plutôt qu'avec les autres gouverneurs ? Leur avez-vous fait une proposition qu'ils ont déjà refusé ? Ou alors, est-ce pour un autre motif ?  »

Modifié par un utilisateur dimanche 22 mai 2022 01:37:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Nous sommes toujours désireux de négocier nos marchandises... Cependant, vous venez de Goka... Une terre d'elfes noirs qui ont tout loisir de vous founir de la soie d'araignée géante et de driders... Vous êtes ici dans un avant-poste dotée d'une seule soierie qui produit de la soie à partir de papillons. Que peut notre soie de papillon du Lingshen face à de tels fournisseurs ? » s’étonna faussement Jing.

Les échanges continuent quelques instants et la gouverneure parvient a extorquer au marchand une petite bribe d'information... Qui te plonge dans de plus grands affres de perplexité. Quelqu'un cherchant a nuire a des drow ne pouvait pas être totalement mauvais... Enfin si, bien sur, puisque c'était là l'une des activités principales d'un bon nombre de ces maudits perdus mais...

Secouant la tête pour éviter de te perdre dans les affres de la paranoïa, tu met le doigt sur l'un des petits riens qui, depuis le début, t'inquiète... Le temps. Si, en théorie, ils pouvaient parfaitement avoir entendu des rumeurs sur l'établissement de la colonie et avoir envoyé leurs émissaires à ce moment... alors qu'il fallait deux mois de voyage pour venir a quelqu'un qui ne perdait pas son temps a commercer en route...

« Si je puis me permettre... une question me taraude...

Comment avez-vous entendu parler de Yin Se ? Je suis étonnée que des rumeurs soient parvenues si vite jusqu'à Goka. »

Était-il en voyage d'affaire a proximité ? Dans ce cas quelle était sa véritable latitude ? Ou avait-il prévu de négocier avec d'autres dirigeants ?

Au moins dans cette histoire, elle savait pourquoi elle était là. Pour évaluer de plus près des individus suspects voulant s’entretenir en privé avec Jing. Et, dans des situations pareilles, ce qui aurait pu passer pour anodin prenait soudainement un éventail de possibilités bien moins innocente.

Il pouvait s’agir d’infiltrés en tout genre, d’assassins payés pour éliminer la tête dirigeante des lieux, d’espions près à rapporter tout ce qu’ils auraient vu, un mélange de ces possibilités, qu’ils soient au service de l’autre sang bleu, de l’araignée en chef ou de quiconque d’autre ou… peut-être, de simples marchands…

En tout cas, elle profitait de l’occasion pour jauger leurs interlocuteurs. Un simple et sobre signe de tête pour les saluer avait suffit, et elle s’était tenue en retrait, prête à réagir dans l’instant si nécessaire.

Il était effectivement… suspect. Mais ce n’était clairement pas un tueur. Sa posture, son équilibre, sa façon de se déplacer.. tout le lui indiquait. Non, ce type n’était pas directement un danger. Ce qui signifiait que le danger se cachait dans ce qu’il pouvait dire, et surtout voir. Pour ce qui était des négociations commerciale, elle laissait cette question à la mage.

Ce qui la dérangeait… c’était plutôt cette idée de… de pari. Non que des marchands n’en soient pas capables mais…

« Et donc plutôt que le commerce de l’argent, vous misez sur celui de la soie. Pour tenter de briser le monopole des… tisseurs… ? C’est un pari sacrément risqué… Vous ne craignez rien ? » Demande elle d’une voix tranquille.

Il y avait un petit quelque chose qui la genait aux entournures mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il y avait quelque chose qu’il leur cachait…

Bon, une conclusion simple : il allait falloir vérifier plus avant.

Chez Shiori durant une période où elle et Jing avait leur après-midi de libre (ce qui n'arrive pas tous les jours)

Note de concordance des pronons : quand les descriptions emploient la deuxième personne du singulier, elles concernent Shiori.

Classer un minimum les ouvrage avait pris du temps mais, comme tu l'avais espéré, dès que vous aviez mis la main sur l'inventaire rédigé par l'expéditrice, les choses s'étaient sérieusement simplifiées. Enfin presque. Si l'inventaire semblait complet, il était évident qu'il n'avait pas été longuement travaillé et le nombre d'ouvrages rajoutés en dehors des classements laissait une bonne idée de l'aspect précipité de l'envois.

N'en restait pas moins que c'était là un merveilleux trésor et que prendre le temps de le lire seule laisserait courir ces problèmes de rituels pendant des mois. Tu n'avais hésité qu'un instant sur la personne a contacter en premier pour t'aider a tirer de ces ouvrages ce qui pouvait l'être et tu avais envoyé un petit plis à la Gouverneure Jing :



Jing et Shiori n'avait pas tellement échangé depuis le conseil où celle-ci avait plaidé la cause de sa parente prisonnière, une certaine Tomoyo ; quête qui les avait finalement conduits à tenter de libérer Chuanyu elle-même. Depuis lors, les deux femmes s'étaient jaugées un peu à distance sans pour autant réellement engager la conversion. De plus, pour des raisons morales (et même si dans le cas de Jing, la morale était surtout une affaire de ce qui était "politiquement acceptable"), Jing n'avait pas participé à l'expédition de chasse en vue d'alimenter le rituel de possession. Elle ne pouvait que désapprouver la méthode. Bien qu'elle ait agi discrètement pour garantir la sécurité du rituel. Par ailleurs, le format de l'expédition au temple de Pharasma était d'un trop gros format et d'une trop grande ampleur pour permettre les discussions personnelles.
A bien y réfléchir, leur dernière expérience commune un peu notable était la rencontre avec l'oiseau mort-vivant. Bien sûr, toutes deux avaient depuis rapidement parcouru les archives. Mais on ne peut pas dire que la méthode de travail eut été de nature à rapprocher les deux femmes. D'une part, les archives du temple étaient facilement sécables en thèmes. D'autre part, il n'y avait pas non plus tant de documentation que cela. Ce simple travail de cotation et d'archivage n'était pas de nature à resserrer les liens. Il en était de même pour l'écriture des "copies de sécurité" des documents qui ne nécessitait que des tours de magie. Ensuite, dans le travail de recherche chacune avait un peu travaillé de se son côté avant que les résultats des calculs ne soient en quelque sorte "mis en commun". C'est pourquoi Jing accueillit l'invitation avec une certaine sentiment de surprise.

Elle s'était rendue chez Shiori dès que les affaires des colonies le lui permirent, accompagnée de son familier. Ne sachant pas s'il y avait besoin de main d'oeuvre, ou si cette initiative serait bien accueillie, la magicienne avait laissé ses apprenties à la tour.

« Salutations, Dame Shiori du clan du Bao. Je vous remercie pour cette invitation qui m'a agréablement surprise. »

Elle tendit un petit sac à son hôte.

« Ce sont des "biscuits des ombres" cuisinés par ma petie soeur. Ne le dites à personne, mais je crois qu'il s'agit en réalité d'une adaptation de la recette de biscuits à base de noisettes de feu notre mère. Ils n'ont rien de particulièrement "ombraux". »

Tu t'incline avec grâce, appréciant le cadeau qui t'es fait.

« Merci... Ce n'était vraiment pas nécessaire. Je n'ai malheureusement pas grand chose a vous proposer en dehors de thé... Nos premières récoltes de miel devront encore attendre quelques mois. »

D'un geste, tu fait signe à ton invitée d'entrer et de te suivre. Si, dans la pièce principale, Sayo est en train de verser de l'au chaude dans la théière, ce n'est pas ici que tu guide la gouverneure. De l'autre côté d'une porte, elle peut découvrir un véritable fouillis : dans une pièce qui n'est pourtant pas si petite, toutes les étagères dégorgent d'ouvrage et plusieurs caisses restent encore au sol, pleines de parchemins.

Si l'ensemble est désormais, approximativement, trié, une vingtaine de mètres cubes ne se range pas aisément... Au centre, un espace de travail a cependant été dégagé pour permettre à toi et ton invitée de vous installer confortablement.

« Je vous en prie installez-vous. C'est encore un peu en désordre mais je ne disposais pas de pièce assez grande pour accueillir tout ce qu'on m'a fait parvenir. »

Après qu'elles installées Jing évoqua à Shiori, elles commencèrent à échanger et Jing évoqua un rêve et les travaux qu'elle avait lancé pour constituer un réseau entre plusieurs écoles de magie.Un problème technique sur discord a entrainé la perte de ces passages RP.

Et bien... voilà qui n'était pas tout a fait dans les thèmes que tu n'imaginais pas voir abordé aujourd'hui mais n'était néanmoins pas sans intérêt. Cette simple présentation t'en disait long sur la gouverneure... Elle regardait au loin. Mais elle semblait parfois en oublier de regarder à ses pieds. Tu avais constaté au fil des décennies que bien des humains partageaient ce trait. Puisque les durées de vies des Araneas étaient, à priori, relativement semblables a celles des humains, qu'ils se ressemblent en cela n'était pas étonnant.

« C'est un beau rêve... Mais peut-on dire que les recherches sont réellement "le travail" ? Et que disaient ces missives que vous avez envoyé à ces écoles ? »

Car ce n'était probablement pas pour leur parler de son rêve... Ni pour se proposer comme sujet d'étude. Elle avait donc probablement demandé des informations. Restait a savoir si elle avait un réseau suffisamment étendu pour être entendue. Enfin... Puisqu'elle semblait souhaiter, et aimer, parler d'avenir plus ou moins lointain, tu pouvais bien lui faire ce plaisir :

« Si je suis bien loin de songer à un demi-plan, j'ai remarqué une colline un peu au Sud qui, après quelques efforts, pourra être le cadre idéal ou installer un lieu de retraite spirituelle...

J'avais dans l'idée d'aménager un lieu ou des érudits et des artistes pourraient venir se ressourcer. Peut-être que des mages de différents horizons seront également intéressés. »

La suite te laisse sceptique... Ce n'était pourtant pas un entretiens d'embauche... si ? A moins que ça ne soit là une manière de montrer sa bonne volonté ? Tu ne doutais pas un instant de sa compétence en la matière et avais pu constater, sur le terrain, qu'elle était bien plus efficace que les mages que tu avais pu rencontrer lorsqu'il était question de préparer des sorts à la volée.
« Et bien je vous laisse juge... Comme je l'expliquais succinctement dans ma lettre, j'ai contacté l'une de nos amies d'enfance dès que j'ai su pour la malédiction de ma soeur. Il se trouve qu'elle travaille à la grande bibliothéque d'Ayajinbo... dans les rayons dédiés à l'occultisme, aux religions rares et aux rituels.

J'ai l'impression qu'elle a fait copier tout ce qui avait une chance d'être utile et qu'elle me l'a fait parvenir. »

Malgré le léger reproche, il est clair que tu es ravie. Tu ouvre le registre qui accompagnais l'ensemble pour le montrer à Jing :

« Elle a fait vite et le registre qu'elle a fourni est... et bien disons qu'il a été remplis au fil de l'eau. Mais il me semble exhaustif...

Pour ma part, j'ai pu confirmer ce que nous avions déjà pu supposer à partir des archives : dans le cas de la générale, il risque d'être nécessaire d'achever le rituel alors qu'elle sera consciente. Ces maléfices enserrent son esprit et il ne suffit pas d'affecter le corps pour qu'on puisse espérer la libérer. »

« Je ne vous suis pas trop. C'est exactement ce que je vous ai dit: un réseau de recherche consacré à l'étude des esprits. Donc je ne peux que vous confirmer les recherches en constitueront le travail. » dit Jing qui ne voyait pas trop où son hôte voulait en venir. Elle ne s'attarda pas sur la question des lettres qui semblait avant toute chose être une question déplacée.

« Ainsi, vous avez une vision de l'avenir. » constata Jing. C'était une bonne chose. L'espoir était une arme dans le conflit contre les jorogumos. « Ne prenez guère ombrage de ma remarque, mais c'est la première fois que je vous entends aborder un autre projet que celui qui vous avait conduit dans ces murs... Nos murs puis-je donc dire. C'est une bonne chose. D'ailleurs, j'espère que votre parente se porte bien. Comment va t'elle ? »

Jing hésita un instant.

« Si vous pouvez garder un petit secret... Comme vous le savez sans doute, mon frère se marie bientôt. En tant que cheffe du clan, je me devais de lui offrir un cadeau. J'ai trouvé un parchemin de sort sacré de niveau VII à Heizong au sud des Marches de Shenmen. J'aiderais Mizuki ou Wolgram a le lancer sur Feng. Cela appelle dès intermédiaires et coûte plus cher que de les acheter sur place et a fortiori de les fabriquer. Mais pour récupérer une main et trois de ses yeux, ce n'est pas cher payé. Une fois que vos affaires seront mieux installées, je pourrais vous transmettre mes contacts. » proposa la magicienne.

Jing lança l'un des deux sorts de lecture rapide qu'elle avait mémorisé avant de venir. Elle toucha le registre présenté par Shiori. Elle en acquis ainsi une compréhension globale comme si elle l'avait lu en diagonale pendant une heure. Cela l'aiderait à comprendre plus rapidement l'organisation des archives et la démarche qui accompagnait toutes ces expéditions d'autres textes.
« Le physique n'est pas vraiment important ou en tout cas, il n'appelle pas beaucoup de recherche. Nous savons qu'il nous faut concevoir un rituel ou jeter l'armure dans un volcan. La seule question est de prévoir suffisamment de force pour détruire une mort-vivante qui devient plus forte à chaque régénération. » se remémore la magicienne. « Que cherchez-vous dans cette archive ? Vous espérez que ces documents nous aide à compléter un premier jet de rituel ? »

Elle doit bien avoir une question de recherche, mais la lettre n'était pas explicite sur le sujet. songea la gouverneure. Shiori devait avoir son idée en tête pour les points d'obscurité qu'il fallait encore éclaircir.

Et bien... tu te doutais que la gouverneure n'était pas une adepte du second degré... mais à ce point là ? Tu tente de garder un visage de marbre plutôt que d'exprimer ton dépit et ne relève même pas la manière dont ton interlocutrice semble ne pas souhaiter développer le sujet qu'elle-même à apporté. C'est sans importance.

La conversation tourne rapidement sur l'avenir et c'est très bien ainsi. Tu répond à la question concernant ta sœur sur un ton peut-être un peu plus sec que tu ne l'aurais souhaité mais ce n'est pas un sujet qui te donne envie de prendre des pincettes...

« Il n'y a pas de mal... Je parle rarement de ce genre de sujets. En ce qui concerne ma soeur... Elle vas aussi bien que possible lorsqu'on vit avec une malédiction Jorugmo gravée dans son âme. Mais bon. Les travaux pour libérer la générale devraient nous aider a mieux comprendre sa situation... Et même si elle est moins... rancunière que moi, je ne doute pas qu'elle sera ravie de démontrer que nous forcer la main n'était pas la meilleur idée qui soit... »

Il faut bien admettre qu'il y a un petit quelque chose de carnassier dans ton sourire... Mais bon... Il y a de quoi. Tu te décrispe dès que Wang Jing évoque un sujet moins inquiétant... Et t'incline légèrement pour signifier que tu apprécie l'offre qui t'es faite.

« C'est effectivement un magnifique cadeau. J'ai moi-même idée de quelques personnes qui pourraient m'aider pour acquérir, ou faire fabriquer, des objets d'une telle puissance... Mais ils sont bien plus lointains, et les dieux savent que faire transiter des objets de grande valeur depuis Ayajinbo jusqu'ici n'à rien de simple. »
Techniquement tu vois bien d'autres personnes que tu pourrais contacter mais tu serais alors soumises aux aléas du marché noir... ou devrait passer par plusieurs intermédiaires.

Alors que la conversation a tourné sur son objectif premier, tu peux apporter plus aisément des réponses à Jing :

« Je doute que ces ouvrages nous apportent grand chose en ce qui concerne l'invocation de l'esprit de la générale. Au mieux confirmeront-il des choses que nous avons pu trouver dans les archives du temple. En revanche pour la partie la plus délicate... j'espère trouver plus de détails technique quand à la manière de sectionner la toile. Et surtout comment le faire sans détruire l'esprit de la patience dans la manoeuvre... et sans alerter trop vivement celle qui a tissé le sortilège. »

« La soif de la justice sévère est une chose que notre clan comprend bien. Soyez certains que c'est un domaine dans lequel nous vous soutiendrons autant qu'il nous sera permis. » dit Jing plus compatissante que d'ordinaire. Après tout, la divinité tutélaire du clan Wang était le ministre de sang, qui outre le tissage était également (et surtout) la divinité de la justice et des punitions. Bien que la magicienne elle-même eut une foi lus versatile, son éducation avait été largement basée sur les préceptes de la morale yaezhingenne avant celle de Pao Lung qui n'en était finalement qu'une dimension supplémentaire.

« Sectionner une toile... Vous n'auriez pas pu choisir meilleure partenaire... » plaisanta Jing.

« Si l'extermination répétée de sa proie n'a pas déjà alerté notre ennemie... Ce dont nous ne saurions être certaines, ni vous, ni moi... Cette histoire a déjà duré bien trop longtemps... Si notre ennemie est compétente et ne s'est pas endormie sur ses lauriers, elle aura affecté sa cible d'un sort de rapport. Et elle est déjà au courant... Enfin... Moi c'est ce que je ferais.

On pourrait toujours se rassurer en se disant qu'une jorogumo est orgueilleuse et stupide, que sa vigilance s'est relâchée, qu'elle n'y a pas pensé... Mais en vrai vous vous souvenez comment elle a possédé le cadavre pile quand nous l'avons détruite la première fois ? Non, notre seul espoir est qu'elle pense que nous sommes une assemblée comme elle de créatures cruelles ayant pris pour jeu de tuer "son jouet" par plaisir... C'est un peu cynique, mais sans cela, elle nous rangera dans la case "proies" plutôt que "jeunes concurrentes". Et c'est une puissance que nous ne pouvons pas affronter. » conclu la magicienne en précisant sa pensée.

« Finalement, ce problème avec le rituel, c'est un peu la même chose qu'avec nos terres si on se risque à l'analogie... »