« Ce qui m'appartenais m'appartient toujours, à défaut de savoir où je suis, ma guilde sait que je suis vivant, et donc mes biens sont toujours miens. Je ...  » il regardait Célestin comme pour voir s'il bluffait, et soupira.
« Je ne peux vous promettre pareille chose. Il faudrait déjà que je digère ce qu'il m'est arrivé ici, ce qu'on m'a fait, ce que j'ai du faire ... vous ... vous aussi vous êtes une ancienne esclave, pas vrai? » dit-il en changeant son attention vers Alia.

Si Bhaal avait été plutôt rude avec le vieillard, il fut pourtant surpris par la réaction de son ami, et surtout de sa femme. Elle semblait animée d'une colère froide qui ne demandait qu'à exploser, et le géant rouge crut voir venir le moment où elle allait le décapiter proprement, en un éclair. Ou était l'esclave soumise qu'il avait rencontrée il y avait à peine trois mois, et qui répondait à ses maîtres en baissant les yeux ? Son air farouche et sa posture martiale, qui n'enlevaient rien à sa grâce mais, au contraire, magnifiaient sa beauté à ses yeux, le remplirent de fierté et d'amour.

En attendant, la décapitation ne vint pas. En revanche, la perspective de toucher une récompense substantielle s'éloignait comme un mirage dans le désert. Bhaal résolut de faire valoir son point de vue, mais avec la conscience aiguë qu'un mot de trop pourrait lui valoir des jours pénibles. Alia était la douceur même, et cela rendait ses accès de colère encore plus impressionnants.

« Euh... Écoutez, tous les deux, » hasarda-t-il, avant de se rendre compte que ce n'était pas la bonne approche. Il posa sa grosse patte sur l'épaule de la danseuse avant de reprendre. « Alia... Mon amour, je comprends ta colère. Mais ce type, aussi dégueulasse qu'il soit, ne t'a rien fait de mal à toi. Le tuer - ou le laisser mourir - ne servirait à rien. Il y en a des milliers comme lui. Des pires que lui, sans doute, car on peut espérer qu'avoir vécu comme un chien pendant tout ce temps lui ouvrira les yeux. Je veux dire... Regarde-le, c'est une épave. Est-ce qu'il n'a pas déjà été puni, quelque part ? Qu'on se venge de ceux qui nous ont fait du mal, ça me va. Mais là, c'est de l'esclavage que tu veux te venger. De ce qui fonde ce pays. Si tu veux aller jusqu'au bout de ton idée, retournons à Katapesh et... Tuons les Maîtres du Pacte. Tuons ceux qui ont fait confiance à Almah et permis que tout soit à nouveau possible à Kelmarane. Parce qu'il n'y a pas un esclave dans ce pays qui ne subisse son sort par leur volonté. »

Le géant rouge soupira, satisfait de son petit discours, espérant qu'il ferait mouche auprès de sa femme. Il se tourna alors vers Célestin. « "Faites ce que vous voulez, mais n'entravez pas le commerce." J'ai pas besoin de t'apprendre de qui ça vient, ni ce que ça veut dire. Moi je veux bien qu'on le raccourcisse, si c'est important pour elle. Mais le vieux nous a fait une proposition. Allons-nous l'ignorer ? »

Célestin s'apprêtait à répondre lorsque Bhaal prit la parole. Puis Alia se mit à luire, d'une lueur à la fois intense et douce. Il se couvrit les yeux, alors que le marchand d'esclave implorait le pardon de l'aasimar, terrorisé, au point de lui promettre exactement ce qui pourrait achever sa vie...

« Alia... Bhaal a raison, quant à l'ironie et la mise à l'épreuve. Mais je ne pense pas que ce soit pour moi... » Il tentait de la voir à travers la luminosité qu'elle produisait. « Bien sûr, c'est un être immonde. C'est le principe même de la rédemption, ma belle : il faut avoir fauté pour se rédimer. Cet homme est allé loin, très loin sur le chemin du Mal, mais est-il perdu pour autant ? Je l'ignore. »

Il reporta son regard sur le misérable qui se traînait maintenant aux pieds de son amie. « Mais, si nous ne lui laissons pas une chance, nous ne le saurons jamais. Sarenrae est-elle une déesse vengeresse, ou une déesse de tempérance et de patience ? Elle n'abat son cimeterre que sur ceux pour qui tout espoir est vain. Et j'ose espérer et croire que, pour la majorité des personnes, il reste un espoir, parfois très mince, de les ramener sur le bon chemin. Ce peut être long, très long. Cela nécessite parfois de revenir de loin, mais rien n'est impossible à qui le veut vraiment. »

Le jeune homme ne quittait pas le marchand des yeux. « Relevez-vous ! » ordonna-t-il d'un ton sévère qu'on ne lui connaissait guère. « Et cessez vos jérémiades ! J'ai des yeux et des oreilles à Katapesh. Si nous vous libérons - et c'est toujours en délibération - je saurai ce qu'il advient de vous. Que ce soit à Kelmarane ou dans la capitale, nous ne pouvons vous laisser poursuivre vos actes impies. Le commerce d'esclaves est un fait que je déplore au sein de notre pays... Mais certains sont bien traités, tandis que d'autres sont exploités, torturés, ou envoyés à une mort certaine. Si je ne peux aller contre la loi et tous les libérer, je peux du moins m'assurer qu'ils soient bien traités. Puisque c'est là votre métier, puisque nous ne devons pas entraver le commerce... » Il jeta un regard en biais à Bhaal à ces mots. « Puisque vous demander de changer du tout au tout est bien trop tôt. Peut-être pourriez-vous tout au moins changer vos méthodes. »

Il reporta de nouveau son regard vers Alia, dont la luminosité avait baissé, et radoucit sa voix. « S'il meurt, un autre prendra sa place. Un autre, peut-être pire encore que lui. Mais s'il reste en vie... S'il accepte de changer... Il pourrait poursuivre son commerce, en traitant ses esclaves convenablement, en s'assurant de les vendre à des clients plus adaptés à ce que nous pouvons raisonnablement espérer pour eux. Tous ne peuvent pas être affranchis, tu le sais... Tous n'aurons pas votre chance. Et nous ne pouvons rien pour ça. Mais nous pouvons tenter d'adoucir leur vie par ce biais. Qu'en penses-tu Alia-chou ? »

Modifié par un utilisateur vendredi 28 septembre 2018 10:48:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le tempestaire avait suivi la conversation sans s'en mêler. D'emblée, Nedjemibrê n'avait pas aimé cet homme pour ce qu'il s'était révélé être... Et plus le vieux parlait, plus Nedjemibrê le méprisait ; et doutait de la possibilité qu'il changeât.

L'osirien aurait bien voulu qu'ils l'abandonnent là, ce vieil infâme - qu'il se débrouille pour sortir de la forteresse et rejoindre Katapesh... Mais la situation évolua tout autrement.

« సో, పాత విసుగుగా ... మీరు తిన్న ఎంత చూద్దాం ... »
Aérien : Pendant que la discussion battait son plein, Chihili, qui n'entravait rien à la langue commune, et s'ennuyait ferme, se prit d'intérêt pour ce que dissimulait la litière du vieux... La paille se mit à gigoter et, un par un, lentement, les ossements (ou tout ce que Chihili y trouva) se levèrent d'eux-même, s'écartèrent en flottant, pour finalement retomber en tas chaotique - une sorte de danse macabre tragi-comique. Mais personne n'y fit vraiment attention : les regards étaient braqués ailleurs...

Chihili interrompit son inventaire idiot lorsque Alia illumina soudain la pièce de sa colère. La voix sifflante du petit envoyé se fit alors entendre, accompagnée de bruits semblables à des applaudissements étouffés.
« హూ !!! అది, అది! నా పెద్ద ఒక కోసం వెళ్ళండి! అతనికి నీ నీతిని చూపించు! »
Aérien :

Nedjemibrê, comme souvent, s'était perdu dans ses pensées... Pourquoi le Charognard, ou ses sbires, peut-être Crodingue ? ont-ils gardé cet homme - et l'autre - en vie... Si c'était uniquement pour s'amuser, pourquoi lui, ou plutôt eux, et pas des esclaves ?... ... Et... qui était l'autr...

Les réflexions de l'homme à la peau d'ébène s'interrompirent brutalement lorsque Alia se mit à luire, telle une déva vengeresse. Impressionné, presque fasciné, l'homme à la peau d'ébène resta à fixer la lumière dorée qui nimbait la danseuse et la grandissait... Et ne réussit à se reprendre que lorsque ladite lueur commença à baisser et que Célestin se mit à expliquer sa façon de penser à la descendante des anges.

Juste après que Face de Piment, plus jaloux qu'un poux - oubliant sans doute que la vieille carne lui avait promis son or - lui ait câliné les côtes, Nedjemibrê décida de réapparaître.

L'homme à la peau d'ébène se porta alors à la hauteur de la raclure couinante. Là, se drapant dans une posture royale et emplie de dédain - posture que Nedjemibrê n'avait pas conscience d'avoir pris - il baissa ses yeux d'onyx sur le vieux.

« Contrairement à Célestin, je crois que tu es au-delà de toute rédemption, marcheur. Aucun de tes propos ne m'a fourni la moindre lueur d'espoir quant au salut de ton âme... Bien qu'il ne m'appartienne pas de te juger ni de te condamner, sache que je ne t'aiderai pas. Mais... » Nedjemibrê marqua une pause, s'assurant que le vieux commençait à digérer l'ampleur de l'’ire de Bhaal et reprenait ses esprits.
« ... prouve-nous que je me trompe. Qu'Alia se trompe et que, peut-être, Célestin a raison. Reprends-toi, marcheur. Réfléchis. Ne réalise-tu pas qu'en offrant des esclaves pour obtenir notre aide, tu te damnes plus encore ?... Es-tu vraiment prêt à changer de vie, comme Célestin t'en crois capable ? »
Nedjemibrê n'éprouvait aucune pitié pour ce vendeur d'esclave. Tant et si bien qu'il se fichait que le vieux puisse avoir le cerveau complètement embrumé par sa longue détention - ou une côte fêlée.
À l'instar d'Alia, du moins la comprenait-il ainsi, Nedjemibrê sentait la colère l'envahir. Une froide colère, quant à lui.
« Et pour commencer, au lieu de tenter de payer ta misérable vie en âmes, montre-toi utile. Raconte-nous qui était l'autre, celui qui était prisonnier avec toi, marcheur. Et comment il est mort... »

➤ Nedjemibrê ...
➤ Chihili ...

• (Au cas où et au choix du MJ) Nedj intimidation : 1d20+3+2 donne [13] + 3 + 2 = 18
• Ou Nedj diplomatie ? : 1d20+7+2 donne [8] + 7 + 2 = 17

[hrp]Effets Actifs :
⭐︎ Champ de Force (Régen +2PVs : ?/10 rnds)
⭐︎ Aérokinésie (JS +2 vs heat, breath weapons, cloud vapors and gases ☛ Célestin)
⭐︎ Overflow (Immunité Critiques & Dégâts Précision 15%)
⭐︎ Endurance aux Énergies (Nedj - 24h)
★ Telekinetic Invisibility (arrêtée)
★ Assistance Divine (probablement expirée)
⭐︎ Héroïsme

Pas besoin d'être devin pour savoir, qu'après une telle provocation, Bhaal risquait fort d'apporter au vieil idiot la mort rapide qu'il réclamait.

Nedjemibrê fit aussitôt un pas de côté, se glissant entre la carne et le gladiateur et se retournant à demi vers Bhaal. L'homme à la peau d'ébène n'écarta pas les bras, ni ne tenta de bloquer Face de Piment, lui laissant une ouverture. L'osirien savait que, de toute façon, si Bhaal voulait tuer le marcheur, il ne pourrait l'en empêcher... Ses yeux d'onyx plongèrent dans ceux brillant de rage du demi-fiélon.
« Bhaal, ne te laisse pas avoir ! » averti le tempestaire.

« Ce vieux sournois profite de ta colère ; une mort rapide lui siérait bien. Il l'a déjà dit... Et, si nous la lui apportons dans ces conditions, il n'a pas tort : nous ne vaudrions pas mieux que les gnolls qui l'ont torturé. Il me dégoute autant que toi... Mais veux-tu vraiment lui offrir ce soulagement ? User de ta toute puissance, sur un moins que rien, juste parce qu'il a trouvé les mots pour embraser ta colère ? Ne rentre pas dans son jeu : je crois, moi, que tu vaux mieux que ça, mon ami... »
Nedjemibrê, immobile, crispé - car, à se mettre sur le chemin de Bhaal, il s'attendait à en recevoir une bien sentie - interrogeait le fils de la fiélone du regard...


➤ Nedjemibrê ...
➤ Chihili ...
[de][/de]

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Alia serrait les dents convulsivement alors que Bhaal lui parlait, elle le regardait, surprise. Il ne comprenait donc rien à rien ? Comment pouvait-il envisager de laisser cette pourriture en vie ?

Alors que la colère l'envahissait encore plus, son estomac se convulsait, son souffle se faisait plus court et elle explosa. Un grand flash explosa dans son esprit dans un bruit blanc. Pour la première fois de sa vie, elle se sentit complète, quelque chose venait de remplir un vide qu'elle n'avait même pas conscience de posséder. L'esprit de Vardishal l'emplissait entièrement et la sensation était extraordinaire.

Puis l'énergie reflua et elle se retrouva de nouveau seule, elle cligna plusieurs fois les yeux pour se rattacher à la réalité et entendit les voix lointaines de Célestin, Bhaal et Nedj'.

Elle tourna finalement le regard sur l'être pitoyable recroquevillé sur le sol mais qui avait suffisamment de force pour cracher son fiel et entendit le grondement sourd et sauvage de la colère de son époux. Son regard toujours fixé sur le vieillard s'était vidé de toute passion, elle le vit maintenant pour ce qu'il était : un homme pathétique.

Elle avança et s'immisça entre le Géant rouge et l'Osirien en souriant doucement à ce dernier, hochant la tête pour le remercier d'avoir osé se mettre entre le Gladiateur et l'objet de sa colère. Elle posa délicatement sa main sur le torse de Bhaal, un sourire léger aux lèvres et lui parla doucement :
« Que t'importe les insultes d'un être comme lui ? Pense-tu vraiment qu'elles ont la moindre valeur ? Je ne dis pas que le voir mort ne m'emplirait pas de plaisir mais... et après ? Laisse. »

Après un dernier sourire, elle se recula, se tourna vers l'homme à terre et s'accroupit, se mettant à sa hauteur. Elle le regarda fixement de longues secondes, réfléchissant à ce qu'elle allait faire de lui, soupesant chaque possibilité. Enfin, sa voix s'éleva, douce mais glaciale.

« Je pourrais te tuer, ils me laisseraient faire et je pense que j'y prendrai plaisir... Est-ce que ça ferait de moi la semblable des gnolls ? Je ne crois pas, tuer une ordure est normal voire nécessaire. Cependant, je vais suivre les conseils de Célestin et t'accorder une chance. Sauf si tu n'en veux pas. Il y a des conditions évidemment mais ça ne devrait pas te poser problème. D'abord tu feras ce que tu nous as promis : tu nous récompenseras pour avoir eu la vie sauve et tu affranchiras une partie de tes esclaves. Une grosse partie. Ceux que tu garderas seront bien traités et tu ne les revendras que si tu es certain qu'ils seront toujours bien traités. Puis tu feras une recherche pour moi. Tu chercheras une aasimar avec de grandes ailes blanches, d'une centaine d'années minimum, elle était esclave à Katapesh il y a une soixantaine d'années. Quand tu la trouveras, tu me préviendras, tu l'achèteras, l'affranchiras et lui offriras le voyage pour venir ici en toute sécurité. Si elle est morte... je veux savoir quand, comment et à qui elle appartenait. »

Elle fit une courte pause sans quitter du regard le marchand, le temps qu'il assimile bien ce qu'elle lui avait dit.

« Quand tu seras de retour à Katapesh, tu vas penser être en sécurité et tenté de ne pas honorer ta promesse. Ca serait une très mauvaise idée. Nous allons signer un contrat avant ton départ puis comme l'a dit mon ami, nous connaissons des gens dans la capitale, nous saurons immédiatement si tu tiens ta parole ou non. Enfin... tu l'as vu, je ne suis pas seule, Sarenrae et Saint Vardishal me soutiennent et m'apportent leur puissance, tu ne voudras pas être parjure, la Fleur de l'Aube est sans pitié pour ceux qui la trahissent. »

Quelques secondes se passèrent dans le silence, puis :
« Que décides-tu, marchand ? Ce marché n'est pas négociable et c'est ta vie qui est en jeu. »

Lorsque Bhaal laissa exploser sa colère, sans même sans apercevoir, Célestin retint son souffle. A ce moment précis, il pensa que l'homme allait mourir, ici et maintenant, des mains de son ami. Le sarenite ferma les yeux, vaincu, attendant l'exécution de la sentence.

Puis la voix de Nedjemibrê s'éleva par deux fois, en alternance avec celle du marchand et de Bhaal. Rouvrant les yeux, il le vit s'interposer entre le géant rouge et la vermine grouillant à ses pieds, droit et fier, son port de tête noble et altier. Célestin laissa doucement l'air s'extirper de ses poumons, en un long souffle de soulagement. Il regarda Nedj droit dans les yeux, et souffla du bout des lèvres un mot qu'il devina plus qu'il n'entendit : « Merci. »

A son tour, il s'accroupit devant l'homme, aux côtés de son amie, et parla d'une voix douce. « Je comprends votre désarroi. Nous avons tous les quatre une histoire et des origines fort différentes. Ce sont mes amis, des amis que je chérie plus que tout, et avec lesquels j'ai vécu des choses si fortes que nous avons établi un lien qui va bien au delà de ce que la plupart des gens pourraient rêver avoir. Et malgré tout, malgré tout l'amour que je leur porte, malgré toute l'empathie dont je peux disposer, je ne pourrais jamais espérer totalement comprendre la souffrance que laisse dans leur cœur leurs années de servitude. J'ai eu le bonheur de naître en homme libre au service d'une princesse merveilleuse, celle-là même qui les a affranchi. Je n'ai pas leur vécu, et je ne peux que deviner la colère qu'ils ressentent envers des marchands d'esclaves comme vous, envers tout ce que vous représentez à leurs yeux : simplement, des années de souffrance. »

« Tout comme je ne pourrais jamais comprendre ce qui vous a poussé sur la voie que vous avez empruntée, même si vous me racontiez votre vécu, votre histoire. » Il posa une main qui se voulait apaisante et compatissante sur l'épaule d'Alia, qui était encore à sa hauteur. « Mais vous avez raison sur un point : tout se mélange. La fureur et les croyances s'entrechoquent, tentant chacun de s'exprimer en mon amie. Sa volonté de retrouver sa mère, comme vous l'avez deviné, son souhait que nul ne vivent les mêmes douleurs qu'elle, et toute la rage accumulée au cours des années contre les injustices qu'elle a vécu. Et vient à cela s'ajouter tout l'amour d'un mari protecteur pour son épouse, pour celle qui a sauvé son âme.

Car oui, les gens peuvent changer. » dit-il en jetant un regard appuyé à Bhaal. « Les gens peuvent changer lorsqu'ils font les bonnes rencontres. » poursuivit-il alors que son regard se reportait sur l'aasimar. « Mais cela ne peut se faire en un jour, et encore moins en quelques minutes, ni sur la base de demandes personnelles.

Je comprends tes demandes, Alia. Mais nous ne sauvons pas les gens pour leur argent. Ni pour les services qu'ils pourraient nous rendre. Nous les sauvons pour élever leur âme et rendre la société dans laquelle nous vivons meilleure. Si tu veux laisser une chance à cet homme de reprendre sa vie en main, d'expier ses fautes, il te faut lui montrer le bon chemin. Le laisser vivre, le soigner, l'aider à retourner chez lui, pour qu'il puisse œuvrer à rendre la vie des esclaves dont il aura la charge meilleure, et pourquoi pas, les affranchir. C'est tout ce que nous pouvons lui demander sans avoir de visée égoïste.

Mais cela ne t'empêche pas de négocier, de femme libre à homme libre, qu'il t'aide à retrouver ta mère. Il s'agit de sa spécialité - quoi qu'on puisse penser de sa profession - et donc une belle opportunité de retrouver sa trace. Si tu veux signer un contrat, ce devra être sur cette base-là, mon ange. Tu ne peux profiter de ta position de force pour l'y contraindre. Ce ne serait pas honnête. »

Terminant son discours avec un léger sourire implorant, il frotta l'épaule de son amie en une petite caresse de réconfort, avant d'ôter sa main pour la reporter sur son genou.

Modifié par un utilisateur lundi 1 octobre 2018 16:49:23(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le vieux les écoutait, relevant parfois un sourcil soupçonneux, mais semblait, en réalité, bien fatigué. Sans le vouloir, dès que le ton se fit plus cordial et les explications moins musclés, il baissa sa garde, exposant comme il était éreinté.


«  Je ferai de mon mieux. Mais je sais qui je suis. Enfin, qui j'étais. Il me faudra du temps. Il faut du temps pour changer la nature d'un homme. Je ferai ce que je pourrais pour votre mère, et la libérer, si elle est toujours en vie. Qu'est ce que je peux faire pour vous maintenant? Vous ... vous avez prévu de rester longtemps ici? Et ... est-ce que vous auriez un peu de quoi manger? » dit-il en montrant ses plus belles dents pourries.

Alia se redressa et fit un pas en arrière sans lâcher du regard l'homme. Elle entendait bien les arguments des uns et des autres. Elle sursauta et faillit répliquer vertement à Célestin lorsqu'il affirma que ce ne serait pas honnête de monnayer la liberté du vieillard. Pas honnête ? Elle inspira fortement, laissant passer la bouffée de colère qui l'embrasa de nouveau.

Cela laissa le temps à Bhaal d'expliquer son point de vue et à Nedjemibrê de lui donner à manger. A nouveau, elle fut surprise par la tempérance que montrait son mari. Surprise et déçue... Elle l'avait arrêté dans sa rage, mais ne s'attendait pas à ce qu'il soit si tolérant, et de façon injuste, elle lui en voulait.

Alors que le marchand mangeait son biscuit sec, elle reprit la parole, s'adressant exclusivement à ses compagnons.
« Soit. Vous devez avoir raison puisque vous affirmez tous la même chose, pas de marchandage alors, pas de promesse, puisque ce ne serait pas honnête. Laissons-le retourner chez lui continuer son commerce et espérons un miracle pour que, passé un mois, il ne reprenne pas ses anciennes habitudes. Avec de la chance, il mettra plusieurs semaines avant de trouver un nouveau monstre à qui vendre ses esclaves. Ça c'est honnête. »

Puis elle s'adressa directement à l'homme qui mangeait.

« Vous me pardonnerez de ne pas m'excuser mais j'ai dû passer trop d'années en compagnie de salauds de votre genre pour avoir la bonté d'âme de ceux qui m'accompagnent. Mais j'essaie... vraiment. D'ailleurs, un instant. » Elle fouilla dans son sac, en sortit deux petits paquets de tissu huilé enveloppant de la nourriture, et les jeta aux pieds du marchand. « La route est longue jusque Katapesh, tenez, de la nourriture, ça serait dommage que vous mourriez sitôt dehors malgré nos efforts. Oh et puis de l'eau évidemment. » Elle jeta également une gourde pleine suivie rapidement d'une dizaine de pièces dorées. « Pour acheter de quoi améliorer votre route, j'espère qu'il y a assez ? C'est dommage, à quelques jours près on pouvait mieux vous équiper, mais là on est un peu pressé... on doit terminer d'éliminer les menaces laissé par le Roi Charognard. Vous savez l'amateur de plaisirs sexuels violents à qui vous avez amené des jouets ? » Elle s'interrompit et reprit d'une voix faussement contrite. « Excusez-moi, je n'avais pas à remettre ça sur le tapis, vous avez été torturé et vous êtes sur la voie de la rédemption. Le sacrifice de... combien étaient-elles ? cinq ? huit ? au moins ça pour que vous vous soyez déplacé vous-même... donc le sacrifice de plusieurs esclaves n'est que peu de chose si cela amène à la rédemption d'un seul homme. Les âmes de ces pauvres filles peuvent être en paix pour avoir permis cela. »

Elle s'éloigna lentement puis croisant le regard peiné de Célestin, elle lui parla sèchement :
« Quoi ? Mes efforts te déplaisent ? » Elle le regarda quelques secondes et ajouta d'une voix lasse et sincèrement désolée. « Nous ne pourrons jamais nous entendre à ce sujet : tu ne vois que la rédemption du marchand et moi la mort des esclaves. La grande différence est que si tu ne seras jamais comme lui, j'aurai pu être l'une d'entre elles. »

Elle se positionna dans l'embrasure de la porte de la cellule, tournant le dos à la scène.
Mais avant qu'elle ne se tourne, Célestin vit les yeux de la danseuse briller, comme si des larmes étaient sur le point de couler.

Alors que la tension retombait et que Nedjemibrê proposait à manger et à boire à celui qui n'avait plus rien, sans idéologie, disours ou baratin, la réaction d'Alia, pleine d'amertume, surprit tout le monde. En dépit de tout ce qu'ils avaient fait valoir, chacun à sa manière, elle ne pouvait se faire à l'idée que le vieux allait être relâché sans jugement, et sans rien payer de ses crimes passés.

Mais ils ne pouvaient rien faire pour la raisonner car, en raison de ce qu'elle avait vécu en tant qu'esclave, il y avait des sujets sur lesquels elle était inaccessible à la raison. Cela, Bhaal ne le comprenait que trop bien. Il conservait d'ailleurs, malgré quelques rencontres étonnantes, une détestation poussée des magiciens et de leurs apparentés. Cela ne se discutait pas, c'était comme ça, et aucune parole sensée ne pouvait y changer quoi que ce soit.

Célestin, avec son empathie cultivée par un souci constant de l'autre, savait bien qu'il ne comprendrait jamais les souffrances qu'ils avaient endurées dans leurs années de servitude. Il l'avait dit à de nombreuses reprises. Mais il ne comprenait pas qu'eux-mêmes ne puissent comprendre ses appels à la raison, aussi chercha-t-il une nouvelle fois à raisonner Alia, ou en tout cas à tenter de lui exposer son point de vue, alors que la jeune fille leur tournait le dos pour cacher son visage.

Bhaal, lui, savait que c'était peine perdue. Les sollicitudes de Célestin ne pouvaient, à ce stade, qu'amener plus de souffrance chez sa femme. Il s'approcha d'elle et, ne sachant que dire, se contenta de faire ce qu'il faisait dans tous les moments où il ne savait que dire : être là pour elle. Il posa délicatement sa grosse paluche sur son épaule, sans oser pousser plus loin dans l'intimité en présence des autres, et attendit que Célestin eut fini. A un moment, il regarda son ami d'un air de dire « ça va, fous-lui la paix, » afin de lui faire comprendre que ses mots ne changeraient rien et, à ce stade, risquaient d'amener plus de mal que de bien.

Modifié par un utilisateur samedi 6 octobre 2018 22:40:44(UTC)  | Raison: Non indiquée