Alors que Gratiano revenait de son entrevue avec sa mystérieuse visiteuse et leur en faisait la relation, Zûr-Barghal, d'un coup, se mit à ricaner, puis à rire ouvertement (tout en prenant garde à ne pas faire trop de bruit pour ne pas risquer d'attirer un garde trop zélé). « Hahahahaha ! Aaaaah ! J'avais tort, en fin de compte... On a peut-être de bonnes chances de s'en sortir, finalement... Qui l'eût cru ? » Dit-il, hilare, et oubliant que ses quatre frères et sœurs s'étaient montrés peu convaincus par son défaitisme initial.

Alors que certains de ses compagnons de cellule le dévisageaient pour essayer de comprendre pourquoi il changeait complètement d'idée, il expliqua : « Qui que soient ces gens, ils ont manifestement des moyens très importants pour arriver à nous proposer un marché jusqu'ici, dans l'endroit le plus surveillé de tout Talingarde. Et s'ils ont des moyens importants, c'est pas des bouffons mais des gens sérieux. Et s'ils font tout ça mais en nous laissant nous débrouiller tous seuls, c'est sans doute que le risque qu'on n'y arrive pas et qu'on en crève n'est pas si grand. Ils veulent nous tester mais ils pensent qu'on a de bonnes chances d'en sortir. Ouais, » Ajouta-t-il comme pour se convaincre de ce qu'il disait.

Quoiqu'il en soit, à partir de ce moment, Zûr-Barghal ne railla plus les idées échafaudées par ses frères et sœurs, mais au contraire participa activement à essayer de les mettre en pratique.


Finalement, il s'avéra que leurs gardiens ne comptaient pas les laisser mourir de faim, et ils allèrent même jusqu'à les délier en partie pour leur permettre de manger sans s'avilir à laper leur écuelle comme les chiens. Après ce qu'ils avaient traversé ces dix derniers jours, Zûr-Barghal s'attendait au pire. Ils purent dormir par à-coups, réveillés par le bruit des bottes et des clés lors des rondes, bien trop fréquentes à leur goût.

Après leur réveil et une fois venu le jour nouveau (bien qu'ils ne pussent rien en voir), les deux "savants" reprirent leur examen du mystérieux voile rapporté par Gratiano. Voyant qu'ils éprouvaient des difficultés à en définir les fonctions (si jamais il en avait), Zûr-Barghal se redressa pour mieux voir et en distinguer les motifs. Alors que Lorenzo en énumérait les éléments, les prémonitions de l'arcaniste trouvèrent un écho dans l'esprit du tieffelin. « On dirait en effet que... tous ces objets brodés pourraient servir à s'évader d'une forteresse ! Corde, lanterne, clés... La fiole pourrait contenir de l'acide, pour dissoudre quelque chose... Le petit sac, une poudre quelconque... Dis donc Grazzy, Renzo a raison, ça ressemble à une espèce de trousse à outils, ce qu'elle t'a filé, ta copine. »

Modifié par un utilisateur vendredi 28 août 2020 15:42:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Leur premier jour à Branderscar fut étrangement moins inconfortable que la route...elle se sentait toujours terriblement mal à l'aise, et fatiguée, mais au moins n'était elle plus dans le même état de délabrement épuisé et de faim intense qu'à son arrivée, et elle pouvait à présent réfléchir un peu plus clairement. D'ailleurs, les paroles de Zûr attira son attention. Murena intervint à voix basse.
« L'endroit le plus surveillé du pays...? Et pourtant, ils ne sont pas très soigneux, ces gardes. Pour l'instant, en tout cas. J'imagine que si ils n'ont jamais eu d'évasion, ils ont perdu leur vigilance. »

Elle laissa d'abord les experts examiner le voile, mais elle y jeta elle aussi un coup d'oeil.
« Hum...Ce sont des outils de crochetage. Avec ça, je devrais pouvoir nous sortir de là. Mais il va falloir qu'on calcule notre coup avec prudence...Vu qu'ils ne vérifient pas nos menottes, ça veut dire que je peux les déverrouiller en avance. Je suis d'accord avec Gratiano: de nuit on a l'avantage.
Une fois sorti de nos menottes, il faut qu'on sort de la cellule...peut être en attirant un garde à l'intérieur? Après ça, reste sortir de la forteresse elle même. Des idées? »

Tout en parlant, elle jeta un coup d'oeil à la porte, essayant de déterminer comment elle était verrouillée...et reporta aussi son attention sur le voile.
« Mais reste à savoir comment on se sert de ça...? Ca se déchire, peut être? Elle ne t'as pas donné de mot d'activation, ta dulcinée? »

Après l'espoir, la frustration. Le foulard apportait par l'amie de Gratz demeurait indéchiffrable pour les arcanistes de la famille et le temps passant, l’énervement commençait à envahir Soredamor. Pourquoi leur donner un objet qu'ils ne pouvaient utiliser ? La paladine se sentait juger et elle détestait ça. Surtout que jusqu'à présent, ils n'avaient pas beaucoup de réussite.

Elle écouta la prière de Gratz et étrangement la conviction qui transparaissait dans ses paroles la calma un peu. Suffisamment en tout cas, pour qu'elle demanda à voir à son tour le mystérieux tissu.

Elle l'inspecta attentivement, passa ses doigts crasseux sur la fine étoffe, essayant de percer ses mystères. Puis, sachant qu'elle allait certainement être ridicule aux yeux de ses frères et sœur, elle ferma les yeux, essayant de faire le vide en elle, ne pensa qu'au trousseau de clefs tel qu'il était dessiné, et une fois qu'il apparut clairement dans son esprit, fit le mouvement de saisir les clefs de la main droite sur le tissu posé sur sa paume gauche, espérant naïvement sentir le contact du fer et non le simple air vicié de la cellule et le tissus trop de fois inspecté.

Modifié par un utilisateur vendredi 28 août 2020 23:09:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

Murena commençait elle aussi à perdre patience avec les analyses académiques de ses deux frères les plus érudits. Elle comprenait parfaitement que la magie était une science complexe, mais ils n'avaient pas non plus tant que cela de temps devant eux. Elle s'apprêtait à intervenir et à expérimenter elle même quand Soredamor la devança. Avec plus de délicatesse qu'elle même, elle devait en convenir...et surtout, avec succès. Sous l'action de sa soeur, ils venaient d'obtenir des outils pour crocheter leurs menottes.
« Bien joué Sore! »

Soulagée, elle examina le reste tout en réfléchissant à un plan.
« Bon, on a de quoi crocheter les serrures, deux dagues, une sacoche, une lanterne, j'ignore à quoi sert la fenêtre, et de la corde. Pas sûre pour le reste, mais on a l'essentiel.
Reste à trouver comment sortir de là. Je peux nous sortir des menottes avec le rossignol; les serrures sont assez simples.
Pour sortir de la cellule, y'a aussi une serrure crochetable, je pense que c'est la meilleure option pour rester discrets.

Une fois hors de la cellule, faut quitter la forteresse, par contre...plus longtemps on pourra rester discrets, et plus on aura de marge; mais je ne sais pas où est la sortie la plus proche ou la plus facile. A votre avis?

Si je me souviens bien, en sortant du bloc de cellule on peut rejoindre les jardins tout droit, et la grande porte, mais ça laisse les baraquements entre nous et la liberté. Peut être qu'on pourrait descendre les murs avec la corde et traverser à la nage?

Dans tous les cas, je pense que notre meilleur moment pour agir est dans la nuit, juste après le passage d'un garde. Je peux peut être travailler sur nos menottes d'ici là, vu qu'ils ne les vérifient pas. Si on file après le passage du garde, ça nous laisse peut être plusieurs heures avant qu'ils ne remarquent notre disparition. »

Lorenzo eut un large sourire.
« Bien joué Amor ! » félicita-t-il sa sœur à mi-voix. Il écouta ses frères et sœurs avaient à dire, et poursuivit.

« Je suis d'accord avec toi Rena, la nuit c'est le meilleur moment. Par contre s'ils trouvent le rossignol, quelle qu'en soit la raison, tout tombe à l'eau. Sans lui on ne pourra pas s'échapper. Faudrait que tu nous libères au plus vite... »

Il prit une grande inspiration, se remémorant le chemin qu'ils avaient parcouru et essayant d'imaginer la meilleure façon de s'échapper sans se faire chopper. « Bon, les gardes d'à côté ça va pas être compliqué, faut surtout neutraliser le sonneur de cor.
Après l'escalier descend, et il y a un long couloir qui donne sur la cour qui fait probablement le tour du bâtiment. Il y a peut-être une autre sortie, mais ça donnera quand même sûrement sur la cour...
Sur la droite en sortant il y a le chenil puis un potager. Si on sort de ce côté, et que la fenêtre peut bien créer une ouverture dans un mur - ou si on passe par dessus le mur avec la corde - il y a un espace qui surplombe le chemin qui mène à la forteresse, et qui est relativement à l'abri des regards, surtout de nuit. Ce sera plus sûr que d'avoir à passer la barbacane.
Qu'en pensez-vous ? »

« Ne t'inquiète pas pour ça Gratz ! » sourit le magicien. « Je peux nous nettoyer intégralement, y compris les traces de sang sur les habits des gardes si nous voulons tenter le déguisement. Ça prend un peu de temps, mais ça ne demande aucune composante particulière. En fait, j'aurais déjà pu le faire, mais je ne veux pas prendre le risque qu'ils comprennent quoi que ce soit. »

« Ha ha, bien joué ! » Fit Zûr-Barghal à l'intention de Soredamor lorsque celle-ci toucha le voile magique pour en retirer un rossignol. Le voile "fonctionnait" bien comme il l'avait pressenti (bien qu'il ne fût pas le seul), et l'espoir suscité par la relation par Gratiano de son entrevue avec leur mystérieuse bienfaitrice grandit en son cœur. Oui, ils allaient peut-être survivre à tout cela, mais... Pour le moment, il valait mieux ne pas trop s'emballer.

Zûr laissa Murena proposer ses services de cambrioleuse sans mentionner qu'il avait lui-même quelques compétences dans ce domaine. Ses pseudo-frères et sœurs ne le savaient pas mais, dans les complexes souterrains de Ghastenhall qui constituaient le royaume de la Dame d'En-Bas, il avait été initié à l'art subtil de se passer de clefs lorsqu'il le fallait. Il se garda bien de le leur dire, en partie parce que cela l'amusait qu'ils le prennent avant tout pour une grosse brute, mais surtout parce que son art, il en était conscient, était probablement loin d'égaler celui de Murena en la matière.

Pendant que cette dernière s'affairait silencieusement sur ses propres menottes, le tieffelin déclara : « les gardes derrière la porte, j'en fais mon affaire. En tout cas, au moins l'un d'entre eux. Le porteur de cor, certainement. Pas de gorge, pas de sonnerie de cor, » dit-il avec un ton sinistre dans la voix. Enfants, tous avaient été témoins - ou victimes - de la façon particulièrement détestable qu'il avait de se battre, cherchant une ouverture vers le cou de ses adversaires pour les égorger avec ses dents qu'il avait, de par son héritage démoniaque, particulièrement grandes et tranchantes.

L'émerveillement d'avoir réussi à percer le mystère du voile avait laissé la place à l'excitation des combats à venir. Murena avait réussi à les libérer de leurs fers et Sore frémissait d'impatience. En écoutant ses frères et soeur faire des plans dans le vide, elle intervint :

« Pas la peine de se creuser la tête sur ce qu'on va faire une fois sortis de cette fosse à purin, on ne sait pas ce qui nous attend, ou si peu. Va falloir improviser, c'est tout. Par contre, ouais, faut défoncer les gardes qui viendront nous amener la bouffe au plus vite, et ceux qui les accompagnent avant qu'ils donnent l'alarme. Zûr s'occupera donc du porteur de cor, ne le loupe pas ! A nous les autres, on aura la surprise pour nous, faut pas la gâcher. On peut pas attendre pour sortir les dagues, faut le faire maintenant. Rena, prends-en une, je prendrai la seconde. Renzo nous nettoiera une fois les gardes morts. »

Elle fit une légère pause : « Des commentaires ? »

Elle jeta un regard en coin à l'ogre, elle ne lui proposait pas encore de les suivre mais si la première partie de leur évasion fonctionnait, elle comptait bien sur son aide.

Gratiano frissonna au contact d'une liberté partiellement retrouvée, étirant les muscles de sa nuque et de son dos avant de hocher de la tête pour remercier ses sœurs. Il prit plusieurs longues inspirations. Il n'avait qu'une envie, étrangler ces mitrans un à un, mais il le savait, la majorité de sa fratrie s'en chargerait certainement, animé par la rage et la vengeance. Il se devait de voir plus loin.

«  Ouais. Comme disait notre mère, commençons par ranger cette chambre avant de refaire le monde. »
Elle aurait détesté que Sore soit immolée ici. Elle serait peut-être fier de ce qu'ils accompliraient ce soir.

econde après seconde, l'instant fatidique approchait. Le plan était établi, en tout cas, en ce qui concernait le premier affrontement. Imitant sa sœur, Murena extirpa du voile deux dagues ainsi que ce qui semblait être une bourse qu'elle tendit à Lorenzo. A la grande satisfaction de l'arcaniste qui l’entrouvrit, il s'agissait bien d'une sacoche contenant divers objets que certains auraient jugé sans la moindre utilité. Mais, pour qui pratiquait les arts de la magie, il y avait là de quoi aider à lancer des sortilèges peu gourmands en composants.

Dans la cellule voisine, l'ogre observait silencieusement le petit manège, la tête coincée entre deux barreaux. Son regard semblait toujours perdu dans le vide. Avait-il compris ce qu'il se tramait au sein des nouveaux venus ? Cela aurait été difficile à certifier. Quoi qu'il en fut, même drogué, le colosse n'allait pas tarder à être le témoin de mouvements anormaux dans la situation présente. De fait, le temps était venu pour Zûr-Barghal de se lever, d'ouvrir la grille que sa serrure ne retenait plus puis de se faufiler jusqu'à la porte de la salle afin d'attendre l'heure du prochain repas et surprendre leurs geôliers. A ce moment, chacun verrait bien si l'ogre persiste à rester de marbre.




PJ. PNJ. Talingarde et sa carte. BM Banderscar.

Modifié par un utilisateur jeudi 24 septembre 2020 22:34:04(UTC)  | Raison: Non indiquée