ous la yourte du chef, de nombreuses questions étaient posées, des incertitudes soulevées, et des craintes exprimées.

Mais contre toute attente, malgré la situation, Bors émit un rire, un rire grave et franc, à la question de Móirín relayées par Zorg. « Non, ce n'est pas ce que j'ai dit ! Nous avons acquis la certitude qu'Aksana était à la fois la Guide, mais également la Championne de la Terre, aussi surprenant et inhabituel que ça puisse être. Jormung est le Champion de la Pierre, et depuis l'enlèvement de l'âme d'Ilse par Deskari, Kristen est le Champion des Bêtes Sauvages. Quant à Zorg, n'en déplaise à Ulf, c'est le Champion du Feu, même si celui-ci ne devrait pas oublier à qui il parle. » Il regarda sévèrement le gnome. « Ulf est notre chef de guerre, l'un des trois dirigeants de notre clan, et Champion ou non, tu lui dois le respect. Ne crois pas avoir une immunité de part ton statut. Si le terrible sort d'Ilse nous apprend une chose, c'est qu'un Champion semble pouvoir se remplacer... » dit-il d'un ton grave.

Puis, comme si l'affaire était close, il se retourna de nouveau vers la mystique. « Mais comme je le disais, de tout temps, nos hérauts ont été cinq. Si aujourd'hui ils se trouvent au nombre de quatre, il n'est pas surprenant qu'une cinquième personne viennent les renforcer, même si elle ne fait pas partie des élus des Anciens. J'y vois un signe, et je compte sur toi, Móirín, pour leur apporter ton soutien. Même si Aksana dispose également de visions, vous ne serez pas trop de deux pour croiser vos révélations et les interpréter. »


« En effet. » intervint la vieille chamane. « Aksana est la plus jeune des deux samsarans, et devient donc la Guide dès l'apparition des Champions, cette règle est immuable. Mais ça ne doit pas nous empêcher d'utiliser les forces vives de notre clan. Et elles sont nombreuses. Même si beaucoup de choses reposent sur les Champions et leurs pouvoirs hors norme, nous sommes tous les héritiers de la Foi Verte, et notre clan, les descendants des Yeux des Étoiles, a été fondé pour faire face à ce jour. Les démons vont déferler, ça semble être inévitable, mais nous nous sommes préparés à ce jour. C'est l'avènement d'une nouvelle ère, qui annonce soit notre perte, soit la récupération du pays qui était le nôtre. Et nous allons tout faire pour que ce soit ce dernier cas. »


Ulf semblait se contenir à grand peine, et l'intervention du Chef de Clan sembla le calmer un peu. Il poursuivit à son tour. « Allez parler au prélat, tous les cinq. Voyez avec la Capitaine Matthiesen comment faire. Même si je doute qu'il vous reçoive... Faîtes au mieux pour qu'il ait le message, au minimum. »

Comme le feu, Zorg ne pouvait s'empêcher de vouloir être vu et de chauffer ce qui se trouvait sur sa route.
«  Ilse non plus n'avait personne pour la remplacer, et pourtant, son remplaçant est dans cette même pièce à présent. » dit-il, comme si inconsciemment, il accélérait le processus pour assimiler lui aussi cette information.
«  Mais ... tu as probablement raison Zorg. Nous ne devrions pas aller voir le prélat en premier. Ta proposition me paraît une excellente idée. »

Modifié par un utilisateur lundi 10 mai 2021 11:22:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les lèvres d'Aksana se serrèrent de plus en plus alors que la tension augmentait entre Ulf et Zorg, elle se détendit légèrement lorsque Bors, en chef avisé, réussit à calmer les esprits. Il la conforta également dans sa position de Guide et chassa en même temps les doutes qui s'étaient réveillés avec l'arrivée de Moirin.

Elle réfléchit un instant à la situation et commenta :

« Les temps ont changé et celui des bûchers n'est plus d'actualité. Les Mendéviens ne peuvent plus se permettre de perdre des alliés et puis, si leur venait l'idée d'essayer, il faudra qu'ils s'expliquent également avec nos voisins venus du Chéliax. On ne demande pas au Prélat qu'il nous apprécie, juste qu'il nous écoute, et pour ça, il faut qu'il voit en nous autre chose que des simples "barbares", il nous faut des intermédiaires. La Capitaine Matthiesen peut servir de messager, demandons lui une entrevue avec Miles Semple, le mage Yg'drodan et le prêtre Vernon Henderson, même si ce dernier risque de ne pas avoir de temps à nous consacrer aujourd'hui. Mais nous pouvons déjà expliquer ce que nous savons au Commandant et à Yg'drodan, ils nous connaissent et nous croiront. Même si Hulrun Shrapok ne veut pas nous entendre, ils sauront le convaincre, ou au moins ils prendront des mesures. »

Kristen n'avait pas tords. S'il y avait moyen de répandre la nouvelle d'une attaque imminente parmi les officiers de la ville, ça remonterait forcément au prélat qui serait contraint d'agir, et de fait, de les écouter, au moins en apparence. Restait à se montrer convaincants.
« Vous savez, je ne maîtrise pas non plus les détails du fonctionnement de Kenabres, mais si la nouvelle se répand parmi ses troupes qu'une attaque est imminente, il faudra qu'il y prête un minimum d'attention. Bon, ce n'est pas une garantie, mais si ça permet de nous faire entendre plus vite...nous n'avons après tout que quelques heures et pas un instant à perdre. »

e plan d'Aksana fut approuvé par la majorité, et les Champions, accompagnés de Móirín, sortirent de la yourte afin se rendre vers la cité fortifiée à la recherche de la capitaine Christa Matthiesen. De nombreux regards curieux, étonnés, voire suspicieux, les suivirent des yeux. Pourquoi Ilse ne les accompagnait-elle pas ? Pourquoi Kristen et surtout Móirín, deux membres du clan qui vivaient pourtant plutôt généralement en marge du reste de la tribu, étaient avec eux ? Sans compter ceux qui continuaient à dévisager Zorg et Jormung de façon assez peu amicale, quand bien même la plupart tentaient de le masquer.

A la sortie du campement, les regards hautains des gardes chelaxiens qui les regardaient passer devant leur campement n'étaient guère plus sympathiques, tout comme l'air peu amène des guetteurs de Kenabres qui les virent arriver de loin. A leur requête de rencontrer la capitaine de l'ordre du dragon d'argent, il secouèrent négativement la tête. « Nul n'entre ce matin à Kenabres. » Mais devant l'insistance des sarkoriens, l'un d'eux se décida, avec un soupir qui en disait long sur son envie de bouger de son poste et d'aller faire des pas supplémentaires. Après tout, il n'était pas coursier ! « Très bien. Ne bougez pas d'ici, je vais voir si je peux la trouver. »

De longues minutes passèrent, interminables, jusqu'à ce qu'ils voient revenir des immenses portes renforcées de barres et pointes d'acier qui donnaient sur la ville forte le garde, accompagné de la pâle capitaine.

« Vous m'avez fait demandé ? » les héla-t-elle dès qu'elle fut arrivée à portée de voix, visiblement pressée d'en savoir plus - ou d'en finir. D'un geste sec, elle congédia les soldats, qui se hâtèrent de retourner à leur poste, la laissant seule avec les cinq sarkoriens. Elle écouta leur requête, son visage toujours aussi peu expressif qu'à son habitude. « Vous imaginez bien que les plus hautes instances sont tous très occupés en ce jour particulier. Il va falloir une bonne raison pour que je les dérange. Je vous écoute. » réclama-t-elle d'un ton sans appel.

La stratégie étant approuvée par l'ensemble du groupe et surtout par leurs dirigeants, chacun se mit en marche pour traverser les campements jusqu'aux pieds de la cité fortifiée. Kristen fermait la marche, accompagné de Leikkaus, tous deux avançant d'un pas de félin, agiles malgré leurs statures imposantes. Sa hache massive sur l'épaule fendait l'air poussiéreux de son filet aiguisé, tout comme les regards qu'il jetait aux curieux les fixant avec trop d'insistance. Aucun doute que la discrétion n'était pas de mise avec une compagnie aussi hétéroclite car pour l'heure l'urgence imposait de faire fi de prudence. Les écailles des épaulettes du pisteur reflétaient le soleil chaque fois qu'il tournait la tête pour parcourir l'ensemble des alentours : on pouvait facilement sentir la méfiance dans la posture de Kristen à l'égard du reste des communautés disparates dont ils traversaient les camps!

Somme toute, ils purent atteindre la grande porte sans difficultés, contrairement à ce qu'il aurait pu croire avec la foule aussi cosmopolite qui fourmillait près des remparts de Kenabres. Personne n'avait cherché à les interpeler et c'est naturellement que les premiers à s'interposer furent les gardes. Désormais serein, le colosse sarkorien siffla pour que son smilodon vienne s'assoir à ses pieds puis patienta jusqu'à l'arrivée de la cheffe des lieux.
Et à ses premiers mots, Kristent donna un petit coup de coude à Jormung tout en murmurant :
« C'est elle celle qui doit passer le message à leur général? Si vous la connaissez, faut lui dire qu'on doit prévoir une meilleure défense contre les aberrations : c'est trop exposé tout ce campement! Une téléportation là-dedans après la chute des Pierres et ça sera un carnage! »

La capitaine n'avait pas l'air très réceptive, et Jormung n'allait pas vraiment contribuer à changer la donne malgré ses propos.
« Les démons se nourrissent de la division et des soupçons. Nos peuples ont eut leur lot de blessures et de trahisons et c'est à nous d'essayer de rattraper le coup d'avance qu'ils sont en train de jouer. Il nous faut être prêt pour la tempête qui approche, et qui sera d'une violence inégalée. »

Modifié par un utilisateur mercredi 2 juin 2021 18:10:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Avant d'atteindre les portes

Móirín répondit à Zorg avec un sourire indulgent et une expression confiante, remisant ses a priori sur le gnome qui malgré son allure et son attitude plutôt grossière était plus malin qu'il n'y paraissait.
« Oh, faites moi confiance, Herr Zorg, je crains que les sorcières ne soient la tasse de thé de personne. Je n'ai malheureusement pas trouver de bon remplacement à ce titre qui me colle à la peau.

Mais ce n'est pas la première fois que j'ai affaire aux Mendeviens. Je sais me débrouiller, et je ne vais évidemment pas commencer par la case "rêves prophétiques". J'ai l'avantage d'avoir des rudiments et des notions de magie qui sont suffisantes pour éviter que quelqu'un qui ne s'y connait pas mette mes paroles en doute. Avec un peu de chance, ils verront l'intérêt commun à prendre cette histoire au sérieux. »

Inclinant la tête dans une forme de révérence, Kristen se contenta d'un « Comptez sur nous pour défendre les intérêts des vivants à vos côtés. »
Froid et stoïque, il espéra que cette entrevue suffise à faire prendre conscience de la gravité des événements. Au final, même source de nombreux désaccords, les Mendéviens tout comme toute autre créature de la Nature méritaient qu'on leur accorde un soutien indéfectible face aux hordes démoniaques qui déferleraient bientôt au-delà des pierres de garde!

Un peu comme une voix intérieure, il ressentit le calme et le savoir-faire de son mentor d'autrefois. Incarner le corps d'un Champion des Bêtes lui avait enseigné la puissance mais également la patience, la tactique et l'observation : tel un fauve traquant une proie dans les hautes herbes, il comprenait que son heure n'était pas encore à l'action. Elle arriverait bien assez tôt. Il fallait avancer prudemment. Et si d'ici-là une entrevue avec le dénommé Semple pouvait avoir lieu, alors peut-être que tout ce petit monde citadin pourrait avoir une chance de s'activer à construire des défenses plutôt qu'à festoyer!

La lourde hache sur l'épaule et l'autre main caressant son smilodon, le guerrier d'élite questionna :
« Et maintenant? On retourne attendre sagement au campement en prévenant les Chefs? Parce que si vous avez remarqué, pas mal de troupes cantonnent un peu partout : on pourrait aussi leur passer le message, non? »

Aksana salua la Capitaine Matthiesen avant de prendre congés et commença le chemin vers leur campement. L'attaque aura donc lieu en plein cœur de la cérémonie, l'avantage était que tout le monde sera armé et réuni au même endroit, le désavantage c'est qu'il y aura plein de badauds dans les rues. Ca va être un vrai carnage... Aksana se retint de gémir de frustration. Elle se redressa en entendant Kristen et Moirin.

« Prévenir les autres camps ? Ils doivent savoir que quelque chose se trame, ils n'ont pas pu ne pas voir les démons s'amasser devant les remparts. Mais... si les mendéviens n'ont pas averti leurs alliés, je ne pense pas que ce soit à nous de le faire. Nous allons créer des tensions, les autres vont exiger de savoir pourquoi ils n'ont pas été averti, en représailles ils pourraient même partir. Et puis, ils peuvent également paniquer, c'est une chose de venir combattre bien protéger par des murailles et une autre d'apprendre qu'elles vont s'effondrer. » Elle s'interrompit, pensive. « De toute façon, si nous prévenons les autres, nous engageons la responsabilité de la Tribu, et seul Bors peut prendre cette décision. Allons le voir. »