Des rires, des cris, la taverne de la Vierge Farouche, des visages, tout dansait dans les limbes de leur mémoire.
Des excès, consommés ou non, de la veille il ne restait qu’un tumulte de sensations indéfinies.

Leurs paupières s’ouvraient et ne voyaient que l’obscurité qui enveloppait tout.

Comment allaient-ils pouvoir se relever alors que leurs têtes souffraient mille fracas, que leurs membres étaient gourds, que leur langue, gonflée et sèche, exhalait une odeur de vinasse éventée ?

Il valait mieux rester les yeux fermés et attendre encore un peu, mal à l’aise, attendre que cette sensation de roulis s’estompe, que ce craquement régulier, véritable supplice tiannais, se taise, sorte de leur esprit.

Mais les paupières avait beau lutter pour rester ouverte, la sensation de n’avoir jamais dessoûlé était trop forte : encore un haut le cœur, encore un tangage, le crâne qui roule, trop lourd, sur un parquet en bois grinçant et malodorant.

Dormir, oui, il vaudrait mieux encore un peu dormir en attendant la fin de la gueule de bois …

Modifié par un utilisateur jeudi 3 mai 2012 23:53:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Le mousse... Le perroquet... Où sont-ils ? » Maureen avait toujors les yeux fermés. Elle émergeait lentement des limbes et son crâne lui faisait un mal de chien. C'est dans un grand effort qu'elle tenta d'ouvrir les yeux, pour les refermer aussitôt. Le roulis malmenait son estomac et chaque tentative pour lever les paupières ne faisait qu'accentuer la sensation que toutes ses tripes allaient se déverser à côté d'elle.

Calistria a fait fort hier soir... D'habitude elle ne me laisse pas ce sale goût dans la bouche et les kavaa jouer du tamtam dans ma tête...

Respirant à grand coups pour passer la nausée, elle tenta de s'appuyer sur ses avant bras et de rouvrir un oeil. Mais la nausée revint aussitôt et elle se rallongea une nouvelle fois. Elle tenta de reprendre une respiration lente et régulière, comme pour chasser par ses poumons les miasmes qui la rendaient malade. Finalement, c'était en restant allongée et les yeux fermés qu'elle se sentait le mieux.

Puis elle réfléchit quelques instants. Essayant de repasser les images de la veille pour comprendre ce qui s'était passé. Elle s'était rendue à la Vierge Farouche pour y rencontrer un fournisseur de son père. Celui-ci lui avait parlé d'attendre un mousse à qui il faudrait demander des nouvelles de son perroquet. Le contact lui avait même payé un verre... Finalement le gosse n'était jamais venu et c'était la dernière chose dont elle se souvenait...

Rester calme, écouter, sentir et réfléchir... Je suis vivante, dans un endroit où tout bouge. Est-ce que j'entends ou sens quelque chose qui pourrait me renseigner ?

Comme mu par un instinct surgi de quelque part dans le brouillard qui envahissait sa tête, Sylandre se tourna sur le côté et il ouvrit la bouche. Il crut un instant qu'il allait vomir à l'aveuglette, sans voir où (ni sur quoi - ou sur qui) il allait se répandre. Mais rien ne vint, si ce n'est un bruit très peu ragoutant entre l'éructation et la toux.

Sa tête était douloureuse, comme si quelqu'un s'était évertué à lui planter des clous dans le crâne… en fait, comme si ce quelqu'un continuait encore à marteler les clous en question pour les enfoncer profondément dans sa tête. La douleur l'empêchait d'ouvrir les yeux.

Puis l'image de la taverne lui revint en tête. Puis une autre image-flash : le visage de l'horrible serveuse qui l'avait servi.

Il tenta de percer les mystères de ce qui l'entourait malgré la bouillie de pois mentale qui l'écrasait.

Je dois être dans une cale de bateau, mais purée qu'est ce que je vais ici? J'ai mal à la tête et ce goût dans la bouche!.. Je ne suis pas seul j'entends bouger. Est ce qu'il s'agit de mes kidnappeurs ?..

« Qui va là?? Qui êtes-vous? Vous m'avez déjà tout pris ? Laissez moi partir » C'était la voix d'un homme qui avait peur.

Modifié par un modérateur samedi 5 mai 2012 23:37:10(UTC)  | Raison: Elentir: relecture

« On nous a drogué » murmura Aelaensilae « et nous n'allons pas tarder à savoir pourquoi... »

Sylandre parvint enfin à trouver le courage et la force d'ouvrir les yeux. Il lui fallut un bon moment avant de pouvoir discerner quoi que ce soit dans l'obscurité, mais sa situation actuelle lui rappela instantanément une autre… quand les Békyars lui avaient mis la main dessus et avaient interrompu ses recherches. L'histoire se répétait-elle ?

Il marmonna entre ses dents « Saloperies d'esclavagistes… » puis se tut. Son visage se referma quand il entendit des pas. À part attendre, il n'avait guère d'options. Heureusement, il sentait encore dans les plis de ses habits la présence rassurante de la baguette d'ébène qui l'accompagnait depuis son départ de l'académie du Vieil Homme.

Yamira resta une nouvelle fois silencieuse face aux pirates qui venaient de rentrer dans la pièce. Malgré la lanterne qui l'éblouissait, elle réussit à voir pour la première fois ceux qui étaient dans la même galère qu'elle. En les regardant les uns après les autres, l'halfeline s'aperçut qu'ils étaient plus nombreux que ce qu'elle avait perçu dans l'obscurité. Elle s'avança vers la sortie à petits pas tout en essayant de se souvenir si elle avait déjà entendu parler du capitaine Harrigan.

Les premières impressions de Maureen lui permirent d'arriver à la conclusion qu'elle avait certainement été droguée, mais elle ignorait avec quoi, et qu'elle se trouvait maintenant sur un bateau. Tout concordait : le roulis, les odeurs et les bruits... Mais sur quel navire avait-elle été embarqué de force, et pourquoi ?

Un début de réponse lui fut donné lorsque la lumière vint percer les ténèbres de la cale dans laquelle la jeune femme était allongée. Ouvrant les yeux à grand peine, elle regarda autour d'elle et remarqua la présence d'autres créatures qui semblaient tout aussi désorientées qu'elle... Ce bateau manquait-il à ce point d'effectifs et son capitaine avait-il autant besoin de s'entourer de précautions pour recruter un équipage qu'il le faisait au hasard en enlevant d'honnêtes buveurs dans une taverne ?

C'est alors que l'homme au fouet pénétra dans la cale et hurla. Inconsciemment ou non, ce dernier avait donné deux indices à la jeune femme sur le bateau : le nom de son capitaine et, selon ce qu'elle pouvait en conclure, le nom de son maître-coq. Se levant et suivant deux de ses compagnons d'infortune vers les escaliers qui donnaient accès au pont supérieur, Maureen fouilla sa mémoire pour essayer d'y retrouver les deux noms et jeta un regard circulaire autour d'elle pour pouvoir essayer de déterminer, par la forme de la cale, le type de bateau sur lequel elle se trouvait. Avec ces informations, peut-être parviendrait-elle à en définir le nom, et comprendre par la même occasion pourquoi on l'avait fait embarquer de force et ce qu'on pouvait attendre d'elle.

Alors qu'elle passait devant l'homme au fouet, elle réajusta machinalement sa coiffure et fut soulagée de s'apercevoir que son peigne s'y trouvait toujours. A première vue, il s'agissait là de la seule chose dont elle n'avait pas été dépouillée.

Modifié par un utilisateur mardi 8 mai 2012 00:04:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

A son réveil, Varius tâta son corps à la recherche de ses fioles, puis de marques ou de bleus. Il avait déjà été violenté et enfermé dans une cave pour le "plaisir" d'un client, mais cette fois-ci, il ne pensait pas y gagner un millier de pièces d'or, comme la dernière fois.

Il observa ses compagnons alentours, des pouilleux, sans abris et sans défenses. Comme lui désormais...

Il chercha encore et encore à la recherche de la plus précieuse de ses fioles, sa plus belle création, le mutagène du monstre marin.

Quand la porte s'ouvrit à la volée, il se remémora ses propres méthodes et se précipita pour répondre le plus vite possible aux attentes de son "nouveau" maître. Il se tortilla un peu, offrit un sourire séducteur, aguicheur même dans l'espoir de se trouver les faveurs d'un protecteur.

Sans jamais oublier. Sans jamais arrêter de compter les points.

Calistria n'oublie jamais.

Et lui non plus.

Modifié par un modérateur mardi 8 mai 2012 23:16:52(UTC)  | Raison: elentir : relecture