Isolde ne recevait que bien peu de courrier, aussi fut-elle particulièrement surprise lorsqu'elle vit un jeune garçon lui tendre une enveloppe. Elle la posa sur une table bancale de son habitation décrépie, puis vaqua à ses occupations quotidiennes. Découvrir ce que lui voulait le monde était le cadet de ses soucis. Une pensée lui effleura néanmoins l'esprit, Et si le vieux professeur avait décidé qu'il était temps pour moi de payer ma dette ? Il y a plus de chance qu'il soit mort avant d'avoir même pu me demander de remplir ma part du contrat, sinon pourquoi attendre si longtemps ? Bref, autant penser à autre chose, cet illuminé aura seulement voulu effrayer une gamine, l'esprit humain est tellement torturé.. La jeune fille donnait des cours de langue depuis quelques mois. L'expérience lui rapportait un salaire lui permettant de survivre et de continuer ses études en empruntant des livres à la bibliothèque d'Ardis, mais force était de constater qu'elle était un médiocre enseignant : elle n'avait aucune patience, méprisait la lenteur d'esprit de ses élèves et se lassait très vite de leur conversation.

Cette pesante, mais nécessaire, tâche achevée, Isolde rentra chez elle en passant par la bibliothèque. Assise chez elle, elle ouvrit son livre. L'enveloppe reçue ce matin attira son oeil pour finalement la gêner terriblement. Ce maigre bout de papier accaparait son esprit. Elle se décida à l'ouvrir afin de pouvoir se libérer de ce poids. Elle parcourut la lettre, puis la reposa. Je me demande bien ce qu'un mort peut bien me vouloir, j'espère qu'il n'escompte pas me voir le faire revenir parmi les vivants sous forme squelettique ! Car ça ne va pas être possible... Le Professeur était mort depuis deux jours et il lui en faudrait environ trois pour arriver à Ravengro. Tel était le compte que la jeune fille opérait mentalement, car jamais elle n'avait ne serait-ce qu'envisagé la possibilité de ne pas se présenter à l'enterrement du Professeur. Mentir ou se jouer d'une autre personne ne la révulsait pas, mais elle avait eu l'impression de lier un pacte de sang avec le vieillard. De plus, sa curiosité était piquée au vif. Elle préparerait donc ses affaires le lendemain pour se diriger vers l'Ouest dès le 9 au matin.

La chose fut vite entendue : une charrette et un chauffeur furent réservés, et un sac à dos rapidement remplis par les quelques objets qui constituaient ses possessions. Elle ne prit pas la peine de prévenir ses élèves de l'interruption momentanée de ses cours. Elle était d'ailleurs intimement convaincue qu'une fois de retour elle n'aurait pas le courage de poursuivre cette expérience, alors pourquoi se donner cette peine ?

Le 9 Calistril au matin, la charrette partit donc, laissant derrière elle Ardis et sa décadence. Mais tout alors qu'elle tournait le dos au Soleil, Isolde s'imaginait que ses prochains pas la menaient vers les ténèbres. N'aurait-elle pas pactisé avec une engeance démoniaque ? Le Professeur était-il réellement ce qu'il disait être ? Ses questions trouveraient sûrement une réponse au bout du chemin. Trois jours plus tard, la charrette s'arrêta à Ravengro. Il était déjà assez tard lorsque la jeune fille foula le sol du village, et la nuit n'allait pas tarder à tomber. L'enterrement du Professeur ne devait avoir lieu que le lendemain matin aussi Isolde prit les quelques minutes qui la séparaient de la nuit afin de visiter, autant que faire se pouvait, Ravengro. Une fois sa curiosité rassasiée, elle entra dans l'auberge locale, réserva une chambre, et ingurgita un repas chaud. Elle avait un étrange pressentiment. Les jours à venir seront bien plus froids.

Kaya se réveilla et s’assit sur son lit. La petite chambre de l’auberge était éclairée par quelques raies de lumière. Confortable et chaleureuse, elle était toutefois dépourvue de choses trop personnelles. Kaya ne savait pas si sa chance aux combats durerait. Elle n’eut pas le temps d’attraper un morceau de pain que la porte s’ébranla.



« Entrez !  »

Un jeune humain entra timidement.

« Vous avez du courrier, Kaya  » en déposant une lettre sur une petite table en rotin au centre de la pièce.

« Merci » répondit-elle, se fendant d’un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu’autre chose.
La porte claqua. Elle était lasse de n’inspirer que de la peur.

Elle fit glisser la lettre entre ses doigts et l’ouvrit avec un petit caillou trouvé sur une des vieilles pierres de l'auberge. Elle parcouru la lettre du regard, puis la reposa, un peu hagarde.

Elle resta perdue une bonne minute dans ses pensées, l’esprit embrumé par un afflux de souvenir soudain. Kaya s’ébroua d'un frisson glacial. Ressasser le passé lui faisait toujours cet effet. Cette lettre lui demandait de participer à la lecture du testament de Petros. Ça constituerait un long voyage, assurément. Peut-être sans retour. Sûrement, même. Pourtant, elle n’hésita pas un instant.

Le respect qu’elle portait à cet homme aurait suffi à la décider, mais au-delà de ça, elle n’avait plus rien à perdre. Aucune attache. Sa vie stagnait. Et elle avait envie de voir de l’herbe et des arbres ailleurs que dans les parcs de cette fichue ville.

Elle s’élança au travers de sa chambre et attrapa son sac à dos. Elle s’habilla en vitesse et jeta quelques pièces d’or sur le comptoir en sortant, les clients s’écartant sur son passage. Elle regardait la foule, les pierres moussues, le caniveau, tout en avançant fixement vers son objectif.

Le changement, enfin …

Elle connaissait la basse-ville par cœur, et elle se retrouva dans le quartier commerçant en à peine 5 minutes, coupant par de petites artères, slalomant entre les étals. Elle s’arrêta, s’appuya à un porche de porte et se mit à réfléchir.
Elle n’avait jamais voyagé. Le message semblait urgent, aussi choisit-elle d’acheter un petit cheval, même si elle n’en avait jamais monté.

Rechignant à demander son chemin, elle observa la rue et se mit à suivre un jeune palefrenier transportant une selle. Étonnamment, chevaucher ne lui parut pas si difficile, son agilité naturelle compensant son inexpérience.

Peu habituée à chevaucher, le voyage lui sembla à la fois pénible et magique. Au bout du troisième jour, elle se fit à ce mode de déplacement et commença à profiter du voyage. L’air frais de Calistril titillait ses narines, et à mesure qu’elle montait vers le nord, le froid se fit de plus en plus mordant.

Son voyage se passa dans une sorte d’euphorie continue, malgré ce froid de plus en plus présent. La joie de la découverte dansait continuellement dans ses yeux. Elle observait chaque petit événement, et une simple herbe volant dans le vent suffisait à la faire soupirer de satisfaction.

Elle suivit les grandes routes commerciales, cheminant le long de l’Andashen jusqu’en Isger, où elle emprunta la voie Conerica passant à l’est du pays, et à l’ouest du Druma. En tout, elle mit cinq de jours à atteindre Detmer, à partir de laquelle elle rallia Calypha en une journée. Une journée éprouvante, elle n’était visiblement pas faite pour la navigation. Encore une journée à cheval lui fut nécessaire pour atteindre Ravengro.

Les champs étaient remplis d’épis commençant à foisonner et à s’épaissir. Malgré son aspect étrange, la petite ville souleva l’espoir d’un peu de chaleur dans ce froid glacial. Kaya entra au petit trot dans Ravengro.

Modifié par un utilisateur lundi 1 octobre 2012 22:04:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

[Souvenirs ...]



A travers les fumées d'un épais brouillard, Torbin se déplaçait tant bien que mal. Au bout de plusieurs heures,de voyage, il aperçut un vieillard dégarnit maculé de boue et un petit homme bossu tout autant souillé. Les deux hommes s'agitaient autour d'une charrette dont la roue droite s'était enfoncé profondément dans une tourbière. Alerté par le bruit des sabots du cheval de Torbin, l'humanoïde bosselé dégaina son arme.

"-N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal" dit Torbin tout en descendant de sa monture.

Le vieil homme fit signe à son compagnon de baisser sa lame.

-A qui avons nous l'honneur?

-Torbin Val D'Hérons, paladin de Vigil.

Le vieil homme s'approcha et tendit la main au chevalier.

-"Professeur Petros Lorimor, et voici mon escorte Beronus Latavig".

Torbin les salua tout deux.

Comme vous pouvez le constater,Torbin, reprit Petros, notre charrette c'est prise dans la boue
et nous luttons depuis une bonne demi heure, pour la sortir d'ici.

Le chevalier détacha une longue corde enroulé à sa ceinture.

-La nuit vas bientôt tomber, il faut nous hâtez avant que morts-vivants et autres abominations
sortent de leur repère ...


-Messire, nous sommes arrivés, Ravengro se trouvent juste derrière ces collines.

Tiré de sa somnolence Torbin, regarda son guide l'aire complétement désorienté.

-Veuillez m'excusez Arbeth, le sommeil commençait à me gagner.

Le paladin se frotta les yeux.

On perd vite la notion du temps dans les brumes d'Ustalav, ce voyage ma paru interminable.



Torbin arrive le 12 en début de matinée.

Modifié par un utilisateur mardi 2 octobre 2012 16:42:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

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