Barin prit la tête et s'avança résolument sur le chemin. Il était plus lent que les grandes-jambes et il était légitime qu'ils réglassent leurs pas sur le sien. La différence, c'est que lui ne faiblirait pas et que dans dix heures, il irait toujours au même train, infatigable et aussi inexorable que le prochain raid orque.

Comment le paladin supporterait son armure une journée de marche ? Comment la supporerait-il demain ? Qui traiterait ses ampoules ? Si j'avais eu une peau de jeune poétesse elfe, diaphane et glabre comme lui, j'aurais demandé à emprunter le bateau... Faut dire qu'il a l'air un peu absent depuis quelque temps... Si ca se trouve il s'était amouraché de Malya... Ou de Lee... On en voit de toutes sortes chez les races délicates.... Qu'était-ce que des humains si ce n'est des créatures qui se reproduisaient comme les orques, fragiles comme des Elfes, inconséquentes comme des gnomes et agitées comme des Petites-Gens ? Quel dommage qu'ils n'aient rien pris de la seule race réellement exemplaire !
...
Combien de temps faudrait-il laisser reposer la bière, agitée une journée durant sur les cahots de la route, avant de pouvoir la boire ?

Comme on le voit, le Vigoureux Guerrier/artisan ne manquait pas de hautes préoccupations philosophiques pour ruminer durant le trajet.




Sihrl avait tâché d'apprendre les rudiments du soin aux bêtes et surtout les harnachements qui tenaient et ne fatigaient pas l'animal. Il avait fallu caser en effet le tonnelet de Barin.

Durant la soirée, il avait subrepticement placé son grappin dans le sac du nain. Cet instrument déséquilibrait son sac et menaçait de déchirer le cuir sans compter qu'une pointe lui meutrissait le dos.

Le trappu ne s'apercevrait même pas du lest supplémentaire vu qu'il trimballait déjà le poids d'un dragon adulte en armes, armures et choses disparates dont l'unique point commun était d'être métalliques et bruyantes.

Il avait attaché un soin particulier à bien protéger sa potion d'invisibilité, c'était la première fois de sa vie qu'il disposait d'un tel trésor et il était mi-anxieux, mi-excité par rapport à l'objet, se demandant quand l'utiliser, et l'instant d'après s'il n'allait pas s'échapper en gaz méphitique et ruiner le reste de ses affaires.

De même, il n'avait pour l'instant pas pris ses flèches de maître. comme tous les gens de peu, il ne voulait pas gâcher et comptait finir d'abord ses projectiles normaux.
Et puis, il y avait un peu de superstition aussi. A trop se préparer au pire, on l'invoquait fatalement.

Son pourpoint de cuir ne le gênait guère et il appréciait tranquillement le début du chemin sachant qu'ils ne risquaient pas grand chose tant qu'ils ne se seraient pas éloignés du village et des sentiers battus.
De temps en temps, il regardait à la dérobée Horvath pour en apprendre davantage sur ce nouveau compagnon qu'il n'osait pas interroger directement.

« Je vais couper du bois. Nous devrions être assez bien ici. »

Par bien il entendait à l'abri. L'endroit n'était pas d'un confort exceptionnel mais, Varprecel avait du faire face à bien pire dans sa vie. Il chercha une hache pour fendre le bois et de suivre ce qu'annonçait l'ardoise.

Ils passèrent une nuit pas vraiment la plus confortable mais au moins au chaud. Rien n'était venu troubler leur sommeil et l'âne n'avait manifesté sa joie qu'au petit matin. Vaprecel avait remis en état les lieux et même rajouté du bois pour ceux qui lui succèderaient.

Ils repartirent en empruntant le chemin qui progressait le long des berges de la Tourondel. Jusqu'à présent, tout allait bien.



Après plusieurs heures de marche, la couleur des pierres se mit à changer. Loin des couleurs naturelles, il y avait désormais des rochers colorés, dans des nuances souvent criardes, comme si un peintre s'était mis en tête de former un tout autre paysage. Seules les pierres avaient été l'objet de ses attentions.

Prévenus par la rôdeuse, ils n'en furent pas inquiets et finirent sans souci par retrouver le gué qui leur avait été indiqué. Il était marqué de part et d'autre par d'étranges pierres colorées formant une arche au dessus de leur tête. Les poils de Horvath se hérissèrent étrangement en passant à proximité.

Il éprouvait une intense curiosité pour le phénomène.

Modifié par un utilisateur jeudi 11 octobre 2012 08:58:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Mais qu'est-ce que c'est que ça encore ? Des pots de peinture ?

Ne sachant pas vraiment que faire face à cette situation il se contenta de dégainer son arme et de se protéger derrière son écu.

Il doit bien y avoir quelqu'un qui les manipule, ouvrons l’œil.

Vaprecel crut entendre des rires étouffés.

Le pot bleu clair se déversa au dessus de Horvath. Mais le lancer était un peu trop court et la couleur se déversa dans l'eau où elle se répandit dans le courant, maculant plusieurs pierres et quelques poissons qui filèrent dans le courant comme des flèches.

Modifié par un utilisateur dimanche 21 octobre 2012 19:43:58(UTC)  | Raison: Non indiquée

Des esprits de la forêt. Il ne manquait plus que cela. Ils vont jouer avec nous un moment puis s'en aller. Il faut abréger ces plaisanteries de mauvais goûts.

Vaprecel s'approcha des rires qu'il avait entendus. Il ne cherchait qu'à les éviter, bien qu'il garda son arme à la main, mais plus pour écarter les pots qui pourraient le menacer. Voyant l'un d'eux polluer la rivière il tenta quelque chose.

« Moi qui croyait que les protecteurs de la nature prenait grand soin de ne jamais la blesser ou la souiller, et voilà que je vois l'impensable avec cette couleur malsaine répandue dans la rivière. Je me demande bien combien de poissons seront satisfaits d'un tel traitement. A voir leur réaction, très peu apparemment. »

Voyant la créature débarquer de nul part, il prit le parti de penser que c'était elle la responsable de l'agitation des pots de peinture. Il essaya donc de se rendre amical à ses yeux tout en espérant qu'elle le comprendrait et commença pour cela par ranger son arme et la salua.

« Bonne rencontre, noble créature. Heureux de vous rencontrer. Venez-vous vous enquérir des malheurs des habitants de la rivière ? Je me nomme Vaprecel, simple voyageur itinérant accompagné de ces personnes que vous voyez tout autour. A qui avons-nous l'honneur ? »

Tandis que le papillon s'approchait, le pot progressait.

« Perlivash ? Que fais tu encore à ces braves gens ? »
Cettefois Barin et Vaprecel entendirent clairement dans les airs un rire plus franc.

« Je m'amuse encore un peu maman ! »

Le deuxième pot se renversa à son tour.


Là encore, la couleur manqua de peu le pauvre Horvath, toujours fasciné par les motifs dessinés sur le pilier.

Modifié par un utilisateur jeudi 25 octobre 2012 21:46:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sihrl, extrêmement troublé par les évènements, la tension qui se dégage devant l'irrationnel, la magie toujours dérangeante, se remettait à peine de ses émotions de l'autre côté du gué.
A l'occasion de cette accalmie, il se ressouvint avoir étudié la carte et qu'il n'était nullement question de TRAVERSER le gué mais de simplement le LONGER.

Son sens de l'à-propos ne le cédant qu'à une certaine aptitude à la mauvaise foi, il tourna des yeux candides vers Barin et le sermonna gentiment.

– « M'enfin Maître Barin, quelle mouche vous a piqué ? Nous n'avons rien à faire de ce côté-ci. Venez, rejoignons Vaprecel. »

Et vite, avant de subir les imprécations du barbu, il rebroussa chemin.




Mais Barin était trop outré par la nouvelle pour pouvoir protester. Là-bas il voyait la mule qui portait son précieux tonnelet brouter paisiblement, insensible aux pots qui volent.

Elle était comme une terre promise.

Si le Guerrier avait été porté sur la philosophie, il aurait eu matière à penser de l'animal qui, indifférent à l'agitation qui les avait saisis, se nourrissait tranquillement. Et que dire de leur puissante équipe, qui avait dominé tant de squelettes (enfin quatre ou cinq, en vrai), et qui s'était égaillée comme poule devant renard parce qu'un gros papillon leur jouait des tours.

Quels héros !

Barin en fut mortifié et ce fut le bouclier trainant derrière lui et rebondissant sur les pierres moussues qu'il rebroussa chemin.

Modifié par un utilisateur mardi 30 octobre 2012 11:57:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

Vaprecel remarqua l'allusion à un homme masqué et repensa à la découverte du cadavre quelques jours plus tôt d'un homme masqué. Il continua sa conversation en essayant de conserver le même ton, et la même attitude, car il pensait bien avoir lié une sorte de contact amicale avec la créature et ne voulait surtout pas le perdre..

« Je n'en doute pas madame, mais peut-être que cet homme masqué n'aimait pas le rose, allez donc savoir. D'ailleurs, un homme masqué dans cette forêt, on ne doit pas en rencontrer souvent ? Mais dites moi voir, à quoi ressemblait-il donc cet homme au visage caché ? Était-il différent des autres personnes qui fréquentent les lieux ? »